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Mot clé : ‘la mèche’

Récupérez-moi !

21/12/2014 Aucun commentaire

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Illusion d’optique : ce n’est pas parce que nous approchons de Noël que la bougie ci-dessus illustre un énième article sur La Mèche (toujours en vente, ceci dit). Cette faible flamme sur fond jaune qui vacille derrière les barbelés est en réalité le fameux logo d’Amnesty International. D’ailleurs sans me vanter je risque gros, la menace sur leur site est explicite, ça fait peur : « Le logo d’AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE a fait l’objet d’un dépôt de marque auprès de l’Institut national de la propriété industriel (INPI). Cette marque ne peut donc être reproduite sans l’autorisation du  secrétariat national. Toute utilisation du nom ou du logo d’AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE, sans autorisation constitue une contrefaçon, dorénavant punie de peines pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende en cas de poursuites » , la vache, si je me retrouve en taule trois ans pour usurpation de logo, tu sauras pourquoi, n’oublie pas de militer pour mes droits, me laisse pas croupir au fond d’une geôle humide, je suis un être humain merde, je ne sais pas, moi, fais quelque chose, alerte Amnesty.

Et pourquoi que je le reproduis effrontément, le logo, assumant de si terribles risques ? Je vais t’expliquer, pourquoi, attends, laisse-moi digresser, je te raconte.

Je me sens irrécupérable. Parfois, par mélancolie, par pessimisme pathologique, il m’arrive d’être certain que le pire est inévitable. Je prophétise que l’avenir ressemblera fatalement à Zemmour, à Daesh, à Gattaz, à Cahuzac, à Swagg Man, à Guantanamo, à Closer, à Pascal Brutal, à Jessica Deboisat, à Davos et à Fukushima. Et parfois non. Parfois je suis récupérable. Je suis même récupéré.

Hier soir je me trouvais au bord de la route et je me suis fait récupérer. Je rentrais tard du boulot, j’ai couru mais j’ai loupé mon bus, à ça, à rien, sous mon nez. Le suivant et dernier passerait une heure plus tard. Alors j’ai levé le pouce. Je n’avais pas fait du stop depuis des années. C’est très bien, le stop, de temps en temps, pour éprouver son taux de récupérabilité.

J’ai été récupéré successivement par deux personnes qui m’ont chacune offert la moitié de la route. Un militaire (je ne suis pas capable d’aimer l’armée, j’ai mes raisons, j’ai fait mon service, mais je suis capable d’apprécier un militaire, d’aimer un être humain) et une paysanne (et j’aime les paysans comme la paysannerie, moi-même petit-fils de).

D’abord le militaire, qui revenait du Mali, un Noir avec l’accent antillais qui écoutait du zouk mais qui se disait Normand, qui m’a raconté que le plus difficile tout de même à la guerre, c’est que ses enfants lui manquent, un garçon une fille, quatre et six ans, les voir grandir, les voir tout court, enfin là pour ce soir que faire d’autre, il partait rejoindre des collègues pour faire la fête, pas de problème il avait bien le temps de faire un petit détour pour moi ; puis l’agricultrice, une camionnette chargée des provisions hebdomadaires, et l’odeur de fromage, qui m’a dit avoir hésité à me prendre parce qu’elle était épuisée par sa longue journée, elle havait hâte, levée à 4 heures pour son troupeau de brebis, puis là toute l’après-midi jusque trois heures après la nuit pour tenir la permanence de son magasin de producteurs, à quelques jours de Noël tout se jouait, mais que bon, à cette heure-ci il ne passait plus grand monde alors elle ne pouvait pas me laisser là au bord de la route avec le froid, et où est-ce que j’habite ? ah, alors, elle va faire un petit crochet pour moi, oh, non, ça ne la rallonge presque pas. Je suis parvenu chez moi, plus vite qu’en bus et surtout mieux, je me sentais superbien, remonté comme une pendule, méditant la tripartition dumézilienne, le soldat le paysan et le clerc, je voyais bien le rôle qu’il me restait, le costard à enfiler : le scribe, la souveraineté magique et juridique. J’ai encore cette humeur-là ce matin, à t’écrire, à estimer que le pessimisme est un vilain luxe pour qui n’a pas besoin de lever le pouce.

Mais revenons.

Comme je suis irrécupérable mais que j’aime être récupéré, j’ai écrit un livre l’an dernier. Il s’appelle Fatale spirale. Il sort dans quelques jours. C’est un livre à l’envers, qui prend à rebrousse-poil la catastrophe, qui dit Cessez-le-feu sur un ton tout bizarre, tout burlesque, le ton optimiste contrefait par un pessimiste, tout y est à double-fond. Je viens d’apprendre que ce livre a tapé dans l’œil d’Amnesty International France, qui, quelques fois l’an, appose son logo sur la couverture d’un livre choisi dans le catalogue Sarbacane, et explique pourquoi en quat’ de couv’. Je suis soutenu par Amnesty, rends-toi compte, c’est aussi bien que de soutenir Amnesty. Y’a pas à tortiller les gars, faut qu’on se serre les coudes ! Je suis récupéré par Amnesty. Oh oui, récupérez-moi, s’il vous plaît ! Je ne demande que ça, me faire récupérer avec ce bouquin : je veux aller le lire dans les écoles, les lycées, les agoras, les rues, les manifs, partout. À bon entendeur.

À chacun, joyeuse fête de la lumière. Fêtons le solstice, ce jour à partir duquel tout s’arrange, fêtons les Lumières.

Noël-Noël est-il le fils caché de Lola Lola et Humbert Humbert ? Et sinon, quoi ?

05/12/2014 Aucun commentaire

Franquin

Pour le plaisir, je reproduis un dessin d’André Franquin. J’admire Franquin avec constance depuis une bonne quarantaine d’année, soit depuis l’instant crucial où, à peine capable de me tenir assis tout seul sur mon derrière, je fus (je me revois) saisi soudain par l’intuition que la destruction par mâchouillage n’était pas le seul usage possible de l’objet « livre » qu’une grande personne avait placé entre mes mains. Depuis lors, jamais je n’ai vu un mauvais dessin de Franquin. Je ne connais que le trait toujours bienveillant de Franquin, expressif, drôle (alors que l’homme était dépressif chronique), généreux, humaniste… Franquin est nourrissant. On puise dans son dessin une joie sans cesse renouvelée, une évidence, une justesse, une souplesse qui est aussi souplesse de l’esprit, on puise tout ce qui semble couler de source mais qui en réalité provient d’un travail acharné, d’une pratique quotidienne. La maîtrise sereine mêlée à la recherche perpétuelle (comme chez Moebius ou Crumb, deux similaires passions de longue durée). Un grand artiste. Une humilité maladive, avec ça.

Pour le plaisir, je reproduis CE dessin d’André Franquin. Autoportrait expéditif, crobard modeste et cependant merveilleusement représentatif de son art. Le contexte a beau être poignant voire funeste (Franquin se remet alors de son premier infarctus – quelques années plus tard, le prochain aura raison de lui), ce dessin est un memento mori plein de grâce, d’esprit, de vie même, de profonde légèreté, de métaphysique-pour-tous, qui rendrait des points aux variations sur le même thème par les maîtres de la Renaissance.

Je constate que je me suis laissé déborder… Je voulais procéder comme d’habitude, glisser une illustration sans rapport direct avec mon propos, et sans prendre le soin d’expliciter le lien, débrouillez-vous lecteurs, je vous tiens pour intelligents… Mais ce matin, pour une fois, l’exégèse du dessin a pris le dessus, j’en ai finalement écrit deux paragraphes. C’est parce que j’aime Franquin. (Sous ce lien, une mise en scène maison, autre hommage à un gag de Franquin.)

Revenons tout de même au sujet. Or quel est-il ?

Il est plus tard que je ne croyais. Le temps vole : c’est un oiseau, c’est un voleur.

Deux ans que je n’avais pas publié de livres. Je rattrape en vitesse, avec un doublon, un doublet, un doubli, un double-clic, deux livres en quinze jours. Des faux jumeaux, comme en 2010.

* Vironsussi, avec Olivier Destéphany et Romain Sénéchal, Le Fond du Tiroir, décembre 2014 (op. 15)

* Fatale spirale, avec Jean-Baptiste Bourgois, Sarbacane, janvier 2015 (op. 16)

Tous deux sont calés, chez l’imprimeur, cordon coupé, je ne peux plus corriger, je peux toujours me gratter. Ils ne se ressemblent pas tellement. Je sais de moins en moins quoi répondre quand on me demande Vous faites quoi comme genre de livre, aucune idée, un livre après l’autre, pas très vendeur l’absence de genre. Ces deux-là je leur cherche des points communs… À première vue je n’en trouve qu’un, peu significatif : ils contiennent tous deux l’expression « œil pour œil dent pour dent ». Je suis le maître es-Talion, ou quoi ?

Concernant l’arrière-boutique au Fond-du-Tiroir, sachez que la souscription de Vironsussi a relativement bien marché : plus de 30 souscripteurs à ce jour, merci à eux. Le livre atteindra son seuil de rentabilité au bout de 230 exemplaires écoulés, c’est dire si nous ne sommes pas encore extraits des ronces (certes on a fait pire : certains titres antérieurs, comme La Mèche ou L’Échoppe n’ont remboursé leurs frais de fabrication qu’au bout de plusieurs années ; d’autres comme ABC Mademoiselle ou Lonesome George n’y parviendront a priori jamais…), donc continuez à remplir et renvoyer le bon de souscription, braves gens ! Et vous recevrez avant Noël un bel ouvrage augmenté de son CD. En déballant le paquet, vous découvrirez en outre et en exclusivité la vraie couleur de sa couverture, différente des quatre précédemment envisagées… Encore plus belle, je ne vous dis que ça. Les non-souscripteurs ne savent pas ce qu’ils perdent. C’est même à cela qu’on les reconnaît.

L’affaire du siècle !

01/09/2014 Aucun commentaire

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Amis des bonnes affaires, sinon du Fond du tiroir, cette annonce est pour vous !

La situation économique française est sinistre ? Le nouveau Ministre « socialiste » attitré mille fois plus encore ?  (Que comprend ce gouvernement de « gauche » à la crise partout-partout, pour confier l’économie du pays à un banquier d’affaires millionnaire ?) Casse la tienne ! Le Fond du tiroir en plein redressement productif vous offre sur un plateau rien de moins que l’affaire du siècle. Tout son catalogue (à l’exception notable de la Lettre au Dr Haricot parce qu’on n’a pas de stock, pour celui-ci veuillez vous adresser au pré#carré) à prix désopilant ! Toute son œuvre depuis six ans sacrifiée en lot ! Tout son travail orfévroïde bradé à vil prix. L’offre dure tout le mois de septembre, et, attention, seulement le mois de septembre : 9 livres non à -5% comme le voudrait la loi Lang, non à -10, non à -20… mais à -50%. Moins-cinquante-pour-cent, mesdames et messieurs !

Soit : Voulez-vous effacer/archiver ces messages ? (Prix initial 18€) / L’Échoppe enténébrée (13€) / Le Flux (3€) / ABC Mademoiselle (20€) / J’ai inauguré IKEA (4€) / La Mèche (12€) / Ce qui stimule ma racontouze (8€) / Lonesome George (9€) / Double tranchant (17€). Tout le Caddie à 104 € immolé rituellement, coupé en deux dans le sens de la hauteur, 52 € pour vos beaux yeux.

Et avec ça qu’est-ce que je vous mets ? Sans supplément de prix, en confidence je vous révèle la raison, qui pourtant ne vous regarde pas plus que ça (je vous rappelle que dans l’économie de marché bien comprise après tout c’est chacun pour sa gueule, la fameuse logique gagnant-gagnant qui se substitue aux gagnants pluriel), de cette exorbitante promotion, que notre service marketing a intitulée, au terme d’un brainstorming de 72 heures à Ibiza, le Superultramégapack®.

La raison, elle est double : primo je ferais bien un peu de place dans mon garage, où les cartons de livres s’entassent. Secundo, et principalement, le Fond du tiroir publiera cet hiver son livre le plus compliqué, et donc, a priori, le plus cher à fabriquer (un roman illustré accompagné d’un CD). Or, Le Fond du tiroir n’a à peu près pas un rond en caisse. Mais il a des livres. Fort bien, vendons des livres ! À perte, s’il le faut. Liquidons, ça fera des liquidités.

Ne soyez pas vache, ne laissez pas passer ce train de temps perdu et retrouvé sans grimper à l’arrachée : télécharger le bon de commande sous ce lien, imprimez-le, remplissez-le, envoyez-le au Fond du tiroir. Transférez aussi à tout votre carnet d’adresse de notre part, les amis de nos clients sont nos clients. Merci pour vous, et pour nous. Grâce à votre geste, le Fond du tiroir produira prochainement un livre qui à son tour vous sera proposé très cher, que vous n’achèterez pas à ce prix-là, faut pas déconner, enfin vous verrez bien, vous attendrez quelques années la prochaine opération vide-tiroir.

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Les livres distribués par le Fond du tiroir

25/10/2013 Aucun commentaire

Les treize livres publiés (ou, pour deux d’entre eux, seulement distribués) par la maison, sont énumérés sur cette page dans leur ordre chronologique de parution.

Les bons de commandes originaux en lien sous chaque couverture de livre sont donnés uniquement pour mémoire, et parce qu’ils font rire certaines personnes, mais leur validité est bien sûr échue (et puisqu’il y a prescription, je consens à avouer que le verbiage massif qui accompagnait les premiers formulaires était directement inspiré des désopilants paratextes accompagnant les numéros de l’ACME Novelty Library de Chris Ware).

Pour acquérir les treize merveilles ci-dessous en 2022, et non en 2006 ou en 09, rendez-vous au bon de commande courant.

Voulez-vous effacer/archiver ces messages ? ed. Castells, 2006, 18 €. Recueil de nouvelles. Préhistoire et archéologie du Fond du tiroir. Première collaboration avec Patrick Villecourt. Détails ici.

* L’échoppe enténébrée, 2008, 13 €. Premier livre officiel du FdT. On avait d’abord l’intention de le faire bleu avec des coins arrondis. Finalement il est rouge et anguleux. Attention : si vous souhaitez vous le procurer, contactez-nous pour qu’on vous file un PDF, parce qu’il est définitivement épuisé. Bon de commande original ici.

* Le Flux, 2008, 3 € (gratuit pour les natifs de l’année 1969 – sur justificatif, hein). Livre beaucoup plus offert que vendu. Tirage initial 365 ex. épuisé. Retirage en 2013 d’une poignée d’exemplaires, avec le marque-page en moins mais une épigraphe en plus. Bon de commande original ici.

* ABC Mademoiselle, avec Marilyne Mangione, 2009, 20 €. Lui aussi commence à se faire rare. Bon de souscription original ici.

* J’ai inauguré IKEA, avec Patrick Villecourt, 2009, 4 €. Best-seller de la maison (tout est relatif). Bon de commande 2009 ici.

* La Mèche, illustrations Philippe Coudray, 2010, 12 €. Premier livre jeunesse du FdT. Réédition sous une nouvelle couverture d’un livre précédemment paru aux éditions Castells. Bon de souscription original ici. Bon de commande 2010 ici.

* Dr Haricot, de la Faculté de Médecine de Paris, ed. pré#carré, 2011, 6 €. (quasi-introuvable, mais on peut aussi tenter de frapper à la porte de l’éditeur, pour lui demander poliment s’il lui en reste.) Bon de souscription original ici.
Notons qu’en 2022 ce texte corrigé et augmenté est réédité aux éditions Le Réalgar (non distribué par le FdT). N’empêche que l’édition pré#carré de 2011, avec sa reliure de raphia et dans son enveloppe bleue, est sacrément élégante.

* Ce qui stimule ma racontouze, Georges Perec, préf. Fabrice Vigne et Hervé Bougel, co-édition pré#carré/Le Fond du tiroir, 2011, 8 €. Livre non-distribué en librairie, pour respecter la demande des éditions Joseph K. Bon de souscription original ici.

* Lonesome George, avec Jean-Pierre Blanpain, 2012, 9 €. Bon de souscription original ici.

* Double tranchant, avec Jean-Pierre Blanpain, 2012, 17 €. Le plus beau livre du FdT. Mais ce n’est que mon avis et je ne suis que l’auteur, c’est Jean-Pierre qui a fait l’essentiel. Bon de souscription original ici.

Couverture

* Vironsussi, livre-CD co-écrit par Olivier Destéphany, illustré par Romain Sénéchal. Décembre 2014, 25 €. Ceci n’est pas la vraie couverture mais un leurre : nous avions créé un petit suspense autour de la couleur définitive. Bon de souscription original ici.

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* Reconnaissances de dettes, archéo-mémento et chant du cygne, premier et dernier travail du Fond du tiroir, après ça on écrase une larmichette et on ferme. Parution juin 2016, 381 p., 20 €, tirage 50 exemplaires seulement, épuisés en un rien de temps. Pas non plus la vraie couverture mais l’un des premiers essais… Bon de souscription original ici.

* Au Premier Jour de la Confine, livre-DVD avec Marie Mazille (paroles, musiques et chants), Capucine Mazille (illustrations) et Frank Argentier (musique et vidéo). Souscription en crowdfunding sur Ulule. Parution décembre 2021, 128 p. + 1 DCD d’1h 38 mn, 27 €, tirage 500 exemplaires. Ce coup-ci, c’est le vrai dernier-final-ultime livre du Fond du Tiroir, merci bonsoir.

Petit cahier, grands carreaux

30/12/2012 Aucun commentaire

J’aime retourner à l’école, c’est une fibre que j’ai, fortement chevillée, je crois en peu de choses à part l’école, je l’ai dit maintes fois, dont quelques vibrantes. Ce mois de décembre finissant m’a vu, sous la neige, accomplir ma dernière intervention littéraire en milieu scolaire avant très longtemps, au moins un an, peut-être deux. Attendu fébrilement comme le prophète caché (pas celui en vert, le rouge, là, avec la houppelande), j’ai rendu visite à deux classes d’une école primaire de Grenoble, exercice d’autant plus excitant que je n’en ai guère l’habitude, plus coutumier des collèges et lycées. J’en ai rapporté plein de jolies choses. Le dessin ci-dessus à la manière de Ph. Coudray, le poème ci-dessous à la manière de Desnos et de moi un petit peu aussi, attendrissant parce que sa forme et son fond sont intimement liés à La Mèche. Ces gamins avaient lu correctement et savaient recevoir, merci à tous, aux instits aussi bien sûr, joyeux noël, pardi.

Et pourquoi pas ??

Un singe avec des ailes
En train de manger une pelle,
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un requin malin vilain
Portant des bOttes en daim
Ca n‘existe pas, ça n’existe pas.

Une araignée qui grime au plafond
Pour construire un grand pont
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une bougie avec des cheveux
Et qui réalise des vœux
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un chat avec des gros yeux globuleux
En train de pondre des œufs
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une noisette dans la mer
Avec 98 têtes mais une seule casquette
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une souris qui sourit
Tous les Minuits et les fins d’après midi
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une chauve-souris qui rit
Toute la nuit en mangeant de la Vache qui rit
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un chaton bleu, rouge et gris foncé
Qui chantonne sous l’eau en apnée
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une oie faisant l’arbre droit
Qui reste hors la loi
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Ma mère portant un dromadaire
Avec les pieds en l’air
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un chameau qui vole dans les airs
Dans l’atmosphère au dessus du désert
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un âne qui parle chinois
Tout en mangeant des noix
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un ours violet qui passe le balai
Toute la sainte journée
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une armoire qui, de colère,
Aboie et dicte sa loi
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Des Fleurs de toutes les couleurs
Qui mangent toutes les 4 heures
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Des cadeaux qui tombent du ciel
Et qui sont équipés de bretelles
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une vache toute verte
Mangeant autre chose que de l’herbe
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un cartable qui parle arabe
Et qui avale des fables
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une crevette qui fait la fête dans sa tête
Avec une paire de chaussettes
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Une patate qui mange du miel
Sur un nuage dans le ciel
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un cheval qui nage sous l’eau
En mâchant des Chamallows
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

Un blaireau buvant de l’eau
Qui se transforme en goutte d’eau
Ca n’existe pas, ça n’existe pas.

CM2 Beauvert – Grenoble – novembre 2012

Les enfants des rencontres scolaires nous comblent toujours de cadeaux faits main, ils sont largement plus père-noëls que nous, et qu’en fait-on de ces précieuses offrandes enfantines ? Je connais des auteurs qui s’en débarrassent le jour même, première poubelle venue, hop discrétion. Je ne balance pas la pierre, ce n’est pas indifférence de la part, encore moins cynisme, l’évacuation ne les empêcha pas d’être émus aux larmes à l’instant du présent (visez un peu la richesse de ce mot, à la fois don et actuel), merci les enfants ! Adieu ! Adieu ! et pfuit, corbeille, suivant, ils ont peu de place chez eux mais l’espoir que l’échange advenu dans la journée restera dans les mémoires de part et d’autre sans nécessité de l’objet.

Moi, je commence toujours par conserver, j’accumule un peu, pas tant que ça du fait du nombre relativement limité de mes interventions, mais je finis tout de même par trier, neuf mois ou cinq ans plus tard jeter est plus ou moins facile, souvenez-vous le temps que vous mettiez à liquider vos cahiers après la fin de l’année scolaire. J’ai conservé ce portrait aux mains en fleurs, par exemple, qui flatte pas mal mon ego, j’aimerais tellement avoir les mains qui poussent et sentent bon. Je pense aussi à une magnifique maquette qu’une classe de 6e m’avait confectionnée en 2006 d’après le décor et les personnages de Jean Ier le Posthume roman historique. Je l’ai gardée longtemps sur ma bibliothèque, jusqu’à ce que la couche de poussière soit plus épaisse que le carton, alors je l’ai jetée, l’an passé, un soir, pour faire de la place, avec un pincement. Entre temps j’avais ouvert ce blog. Je reproduis un dessin et un poème de l’école Beauvert, je les garde ici pour l’éternité, celle du moins dispensée par mon serveur, mon disque dur, mon abonnement à WordPress et la patience de mon dévoué webmestre.

Sans grand rapport avec ce qui précède mais tout de même allez savoir peut-être que si, je suis bien heureux que le texte ci-dessous soit étudié au lycée, ah, vous voyez bien que ça sert à quelque chose l’école, le voilà le rapport, et je suis également heureux de vous le citer ici même, un peu de Spinoza derrière la cravate pour finir l’année, ça de pris contre l’obscurantisme, et pourquoi pas.

« Les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent, comme eux-mêmes, en vue d’une fin… Si par exemple une pierre est tombée d’un toit sur la tête de quelqu’un et l’a tué, voici la manière dont ils démontreront que la pierre est tombée pour tuer cet homme. Si elle n’est pas tombée à cette fin , par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances ont-elles pu se trouver par chance réunies ? Peut-être répondez-vous que cela est arrivé parce que le vent soufflait par là et que l’homme passait par là. Mais, insisteront-ils, pourquoi le vent a-t-il soufflé à ce moment ? Pourquoi l’homme passait-il par là à ce même moment ? Si vous répondez encore : le vent s’est levé parce que la mer, le jour avant, avait commencé à s’agiter, l’homme avait été invité par un ami, alors ils insisteront encore, car ils n’en finissent pas de questionner : pourquoi donc la mer était-elle agitée ? Pourquoi l’homme a t-il été invité à ce moment ? Et ils continueront ainsi de vous interroger sans relâche, sur les causes, jusqu’à ce que vous vous soyez réfugiés dans la volonté de Dieu, cet asile d’ignorance. De même, quand ils voient la structure du corps humain, ils sont frappés de stupeur, et, de ce qu’ils ignorent les causes d’un ouvrage aussi parfait, ils concluent qu’il n’est point formé mécaniquement, mais par un art divin ou surnaturel. Et ainsi arrive-t-il que quiconque cherche les vraies causes des prodiges et s’applique à connaître en savant les choses de la nature au lieu de s’émerveiller comme un sot est souvent tenu pour hérétique et impie par ceux que la foule adore comme les interprètes de la Nature et des Dieux. Et c’est qu’ils savent que détruire l’ignorance, c’est détruire l’étonnement imbécile, c’est-à-dire la sauvegarde de leur autorité. »

Spinoza, L’Ethique, Livre I, « Savants et ecclésiastiques »

Une bougie de plus pour Noël

01/12/2012 Aucun commentaire

Chacun en a fait l’expérience : il est difficile d’échapper au plus vieux media du monde. À l’approche de Noël, vous serez sans doute la cible et le réceptacle involontaire d’anciennes rumeurs ressuscitées chaque année dès les premiers frimas…

Il est possible, c’est arrivé à d’autre, autant vous y préparer, il est probable que ces jours-ci un « ami », une connaissance, un petit-malin-qui-en-sait-plus-long-que-vous, vous toise de haut dans la cour de recré (ou, pour les plus vieux, devant la machine à café) et vous déclare, une malice dans l’oeil et une nuance de cruauté dans l’autre, savourant l’effet de chacun de ses mots : « Le Fond du tiroir n’existe pas. C’est ton père déguisé. »

Halte à la paranoïa ! Ne croyez rien de ces fumeuses théories complotistes qui ébranleraient les esprits les plus sereins ! Comme si nous avions besoin d’une angoisse supplémentaire en ce monde anxiogène et la crise partout-partout… Allez sans crainte, le Fond du tiroir existe bel et bien, je suis idéalement placé pour le savoir, et pour vous en persuader il n’est de meilleur remède que de commander ses livres ! Notamment La Mèche, de Fabrice Vigne et Philippe Coudray, le livre de noël et des bougies, qui vous révélera pour un prix modique, ni plus ni moins, toute la vérité. Sur presque tout.

Le bon de commande, désormais riche de dix titres, est ici.

Le fonds (de pension) du tiroir (caisse)

02/11/2012 2 commentaires

Le Fond du tiroir étant une association, il convient d’en dresser régulièrement le bilan financier puis de le délivrer à tous les adhérents. J’ai en main la liste à jour des adhérents, je constate non sans quelque regret que vous n’en faites pas partie (ah ne jouez pas les innocents la main sur le coeur, n’aggravez pas votre cas vous êtes grotesque, « Mon Dieu est-ce possible j’ai donc omis de renouveler ma cotisation comment ai-je pu négliger »), mais je vous le donne tout de même ce bilan. Parlons argent.

Jusqu’à cette année, lors de chaque nouvelle publication, mon rêve d’autofinancement du FdT était systématiquement remis à plus tard, et il me fallait cracher au bassinet peu ou prou si je voulais vraiment que le livre existe. À titre indicatif, quand le FdT a réédité La Mèche en 2010, j’ai dû afin de boucler le budget de fabrication du livre pré-acheter environ 90 exemplaires et signer un chèque de 90 x 12 euros, moi Fabrice Vigne, au Fond du Tiroir, à charge pour moi de revendre de la main à la main ces 90 foutus exemplaires (aux dernières nouvelles, il m’en reste 12 à écouler avant d’être intégralement remboursé, or ça me plaît cette douzaine, on se console comme on peut, il se trouve que La Mèche est un livre sous le signe du 12).

Eh bien là, non ! La perfusion est conjurée, au cul la danseuse, eh oh y’a pas marqué mécène de moi-même. Grâce à une heureuse conjonction de trois facteurs : la co-édition raisonnée avec Jean-pierre Blanpain, une bourde de dernière minute qui a diminué drastiquement le tirage sans modifier le prix de revient par exemplaire, et surtout une excellente réponse à la souscription (nous misions sur 100 souscriptions, nous en avons reçu 97, autant dire que c’était gagné, merci à tous, merci 97 fois), Double tranchant, qui est pourtant le plus beau livre du Fond du tiroir (puisqu’il est le dernier en date) a pu être produit avec les fonds propres de l’association, sans que je ne débourse un centime.

Oh, la crise (partout-partout) c’est comme la guerre, elle ne peut se conjurer que temporairement, et j’ai le vague pressentiment qu’en 2013, lorsqu’il me faudra procéder à la réimpression dispendieuse de Double tranchant, cette fois-ci sans réserves financières ni souscription possible puisque mon réseau sera tari, je devrai à nouveau mettre la main au porte-monnaie…

Mais à court terme ces comptes sains ont des conséquences énormes : d’abord je suis de bonne humeur, ensuite je ne change pas mes jetons, je les pousse avec désinvolture sur le tapis, je remise tout sur le numéro 13, allez hop, tournez croupier, valsez martingale ! Tenez-vous bien, le FdT publie un nouveau livre dès le mois prochain, oui messieurs-dames.

Quel livre ? Celui qui a été abandonné au printemps dernier après moult péripéties, je ne résume pas les épisodes précédents, vous n’aviez qu’à suivre : Lonesome George, mais si, souvenez-vous, ce livre qui évoque au passage la fin du monde du 21 décembre prochain, et dont j’avais dit Ouais ouais soit je le fais avant le 21 décembre 2012 soit jamais, or c’était bien parti pour être jamais, il y a quelques mois le FdT m’apparaissait à l’article de la mort, l’annulation de ce livre entraînait avec lui la fin pure et simple de l’aventure, mais la vie est pleine de surprises.

Autant Double tranchant se voulait (et se révèle) objet d’art, majestueux qui se pose un peu là, beauté du geste en accord avec son sujet même, autant George sera un livre plus lâché, plus modeste, plus cheap (le prix de vente provisoire est 9 euros), plus d’actualité, plus petit, numérique, mais très beau quand même parce c’est plus fort que nous. Autre différence : pour celui-ci nous n’enverrons pas de souscription par courrier timbré (en lettre verte). Si le FdT dispose de votre adresse mail, vous recevrez dans quelques jours le bon de souscription par ce moyen. Et sinon ? Bah, si vous êtes parvenu jusqu’ici, vous trouverez bien le bon de commande en temps utile.

Procédons à présent au bilan carbone. Soucieux d’écologie, le FdT renonce définitivement à faire imprimer ses livres en Chine. Le précédent livre ainsi que le prochain sont tous les deux imprimés par les Impressions Modernes, en Ardèche, et nous en sommes contents.

Merci à Franck Prévot pour le titre de cet article.

Quadrennat (bilanzeperspectiv 1/2)

09/04/2012 Aucun commentaire


Par essence est obscur ledit Fond du tiroir. J’y joins de la lumière, et vlan, fiat lux. En chandelles, par exemple. Par groupe de quatre. J’aime la lueur des bougies. La Mèche qui vacille et fait danser les ombres…

9 avril 2008 / 9 avril 2012 : quatre bougies pour le FdT ! Le webmestre dévoué (et masqué) vient de renouveler le bail annuel, on le remercie et on lui colle une bise sur chaque joue. Au terme de mon mandat, je tire tête haute le bilan de ce quadrennat et présente à mes e-lecteurs un programme courageux pour temps de tourmente, afin qu’ils me renouvellent leur confiance pour les quatre prochaines années. (Hum, pardon, j’ai du politiquement correct dans la gorge, le climat actuel est mauvais pour les bronches, je crache ce vilain glaire, ric-ptou, et reprends ma causerie au coin du feu.)

Quatre ans d’écritures, quatre ans d’art et essai, de tentatives, de rêves, d’exaltations, d’improvisations et de constructions remises sur le métier, quatre ans de livres et de doutes. Et ensuite ? Four more years ? Sera-t-on encore là en 2016 ? Je ne sais vraiment pas… Il a peut-être fait son temps, le FdT, je pourrais aussi bien passer à autre chose, m’empoisonner et m’enchanter l’existence autrement. Comme l’écrit très justement un ami libraire qui s’apprête à fermer sa boutique sans la moindre rancoeur, et à qui j’adressais mes condoléances en déplorant l’incompatibilité de la passion et de l’économie réelle, « Je dois t’avouer que je trouve intéressantes ces fameuses lois de l’économie dans leur rude franchise ! Au moins on ne peut pas tricher. Un projet qui n’intéresse que peu de monde risque – s’il perdurait – de passer de passion à caprice. Et ça n’est pas forcément intéressant. » J’en prends bonne note.

En ce qui concerne les publications, le rythme est d’ores et déjà brisé, puisque je renonce formellement à pérenniser l’ambition initiale de deux livres par an (certes, à ma montre, quatre ans = huit livres au catalogue, on y est, même si deux parmi les huit enfin bon bref). Pour faire des livres, il faudrait vendre ceux qui existent. Les cartons s’accumulent dans mon garage, les stocks pâteux font des grumeaux dans le flux, et la trésorerie manque. Pourquoi ajouter sur cette terre des livres que je trouverai à nouveau les plus beaux du monde mais que je ne vendrai pas non plus ? D’autres problèmes s’ajoutent à ceux de type grec. Je ne vous dis pas tout.

Financièrement, l’association « Le Fond du tiroir » n’aura jamais réussi à trouvé son équilibre. Le seul livre dont les ventes ont permis de rembourser ses frais de fabrication est J’ai inauguré IKEA (et presque pour la Racontouze). C’est peu. La Mèche, particulièrement, que je me figurais compromis idéal entre mes exigences artisanales et un accès tout-public, et pour lequel le FdT a accompli de sensibles et peut-être malencontreux efforts de normalisation et de distribution, me reste finalement sur les bras par palettes. Je dois bien avouer, sans vouloir gâcher l’anniversaire, que le pari initial, à savoir vendre un minimum, oh pas dans le but de dégager le moindre bénèf, mais juste afin de financer le livre suivant, n’a jamais été atteint, et j’ai avalé bien des couleuvres. Le réalisme économique a fini par me rattraper, et la crise, partout-partout, ne m’arrache plus qu’un sourire crispé. 2012 est l’année où j’ai repris mon emploi salarié à plein temps, bien content de pouvoir, même. Tu m’étonnes, que je trotte !

Demain, suite et fin du rapport moral : perspectives 2012. Il y en a.

C’est bien parce que c’est vous et que Noël approche (Troyes épisode 94)

20/12/2011 2 commentaires

Ouvrant les yeux ce matin, je fermai le rideau sur un thriller anxiogène dont il ne me reste que des bribes. Mon rêve tournait autour d’un empoisonnement criminel, et d’une femme mystérieuse, empoisonnée ou empoisonneuse, je ne me souviens pas, qui se nommait Clomédia Archipel. Patronyme invraisemblable et connoté, gentiment biscornu comme dans un roman d’Amélie Nothomb. Clomédia Archipel, femme fatale. Je constate, un peu perturbé, que mon cerveau, de nuit, fonctionne à la façon de celui de Nothomb, de jour.

Autre image nocturne : c’est bien parce que c’est vous et que Noël approche, je vous régale ci-dessus avec une linogravure composée par Jean-Pierre Blanpain pour notre projet commun Double-tranchantJe ne voulais rien en dévoiler avant d’être sûr que ce projet aboutisse. Je ne suis toujours pas certain d’où-quand-comment, mais comme la médiathèque de Troyes est partante, la concrétisation sous forme d’expo est désormais en bonne voie – par conséquent je vous régale, profitez. Voyez comme elle est trop mignonne, la famille cro-magnonne. Si tout se passe bien, l’inauguration aura lieu en octobre 2012, pendant le prochain salon du livre de Troyes.

Je n’épiloguerai pas, je ne veux pas tout éventer d’un coup, je ne montrerai rien d’autre avant l’an prochain, je ne vous expliquerai même pas en quoi les dessins que JPB m’envoie au compte-goutte sont à la fois magnifiquement fidèles et fertilement infidèles à mes mots, mais je peux au moins dire ma joie : quel cadeau il me fait. J’avais déjà éprouvé cet immense plaisir avec la Mèche et Philippe Coudray, et aussi, d’une autre façon, en oeuvrant avec un musicien : on écrit un texte, on le confie à un artiste qu’on aime et en qui on a confiance, et il ne reste q’à voir ce qu’il en fait, on reçoit sa vision en boomerang, au mieux on comprend enfin ce qu’on a écrit. Merci mon vieux. Ces allers-retours des idées dans des formes neuves me consoleraient presque de ne pas savoir dessiner.

Dans l’enfer des magasins d’usine (Troyes épisode 92)

15/12/2011 un commentaire

Edouard Levé écrit dans son Autoportrait : « Pour me rassurer, si je suis perdu dans une ville étrangère, je vais au supermarché, c’est un endroit familier » . Oui, je connais et expérimente cette louche familiarité, mais non sans bouffées de chaleur. Les grandes surfaces commerciales m’angoissent. Or, elles sont l’une des spécialités de Troyes : la ville est encore plus célèbre pour ses trois gigantesques zones de magasins d’usine que pour son andouillette. Malgré mon urticaire, je ne pouvais faire autrement qu’aller les voir de près, après tout c’est pile mon sujet d’étude.

Je m’attendais, dix jours avant Noël, à une cohue extraordinaire, une marée humaine indescriptible, un avant-goût de l’enfer et de ses cohortes de damnés passant la porte, per me si va tra la perduta gente… Et puis non, en fait, pas trop, parkings clairsemés, boutiques semi-désertes. Tiens. La crise partout-partout, par conséquent ici aussi. Ce qui m’a frappé davantage que la relative affluence, c’est l’architecture du lieu. Cet amas de logos est agencé comme un village de vacances, ou un parc à thème, avec animations perpétuelles, décorations qui clignotent, sourires professionnels, facilité d’entrée, difficulté de sortie. On quitte un endroit, on est orienté vers le même en face, « Pensez aux 40 boutiques de l’autre côté de la rue » , on est surveillé, on aura du mal à fuir le Village.

J’avais emporté de quoi écrire, on ne sait jamais, comme pour IKEA, si quelque chose devait venir sur place… Mais rien de spécial. Traverser l’enfer pour n’y gagner qu’un peu plus soif, comme dit Céline.

Plutôt que s’entasser dans ces camps de rééducation qui sauveront coûte que coûte le pays, son euro à poil ras, sa croissance dépressive, son ministre du Budget (ah, tiens, à propos du ministre du Budget et de la Consommation de masse, n’espérez pas voir le spectacle de Michèle Laroque à Troyes, les 2200 places pour les deux séances se sont vendues en quelques heures), et ses andouillettes AAAAA labellisées Moody’s, autant recourir à la vente par correspondance. Et puisqu’on en parle veuillez prendre à présent connaissance de mon spam d’hiver, que vous avez peut-être reçu par mail, mais peut-être pas, parce que je l’ai envoyé au petit bonheur et pas à vous :

Le Fond du Tiroir vous souhaite une bonne Saint-Glinglin !

Non, c’est pour déconner. En fait, Le Fond du Tiroir vous souhaite un joyeux noël, comme tout le monde, pardon.

Et en outre vous signale, au cas où vous n’auriez pas encore achevé vos corvées de cadeaux, que son catalogue fourmille de livres chics, bon marché et cependant de bon goût.
Téléchargez ici le bon de commande.

Puis imprimez ou recopiez à la main (en vous dispensant de reproduire tout le baratin), et choisissez le cadeau qui comblera de plaisir celui ou celle à qui vous ferez la bise à côté du sapin. Le Fond du tiroir ? Un succès garanti triple AH du fond de la gorge par les agences de notation les plus sérieuses et les moins corrompues !

* Pour la frangine qui aime lire des nouvelles parce que c’est moins long que les romans et franchement c’est une motivation suffisante : offrez sans hésiter le recueil Voulez-vous effacer/archiver ces messages ?
* Pour le neveu altermondialiste et bricoleur : le livre en kit-à-monter-soi-même, ludique et pédagogique, J’ai inauguré IKEA pour jouer à se moquer des franchises d’ameublement suédoises et globalisées.
* Pour le tonton né en 1969 : le mini-livre Le Flux s’impose. No comment. Il vous remerciera plus tard.
* Pour la cousine qui est toujours célibataire et bientôt catherinette : ABC Mademoiselle, livre d’art et de sensualité pour tous, mais SURTOUT pour les cousines toujours célibataires et bientôt catherinettes.
* Pour la grand-mère qui s’est endormie avant la bûche : L’échoppe enténébrée afin de faire de beaux rêves.
* Pour le petit dernier qui, depuis qu’il a appris à lire, commence a trouver cette histoire de père noël trop chelou, ce serait les parents qui attendent qu’on roupille pour poser les paquets que ça ne l’étonnerait pas : La Mèche, bien sûr, conte de noël terriblement (quoique perpétuellement) de circonstance.
* Pour le cousin intello à lunettes qui relit une fois par an La vie mode d’emploi de Georges Perec afin d’en percer tous les mystères : Ce qui stimule ma racontouze, un (presque) inédit dudit Georges Perec qui explique (presque) tout.
* …

Après, vous pouvez intervertir comme vous le sentez, la Mèche pour le tonton, le Flux pour la cousine, ABC Melle pour la grand-mère, je ne sais pas, je ne connais pas votre famille.

Le Fond du tiroir vous souhaite de bonnes prises de tête de fin d’année, et il prend la vôtre juste le temps de vous embrasser affectueusement.