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Instantanés scéniques

21/11/2025 Aucun commentaire

Samedi dernier…
Non seulement mes cinq camarades (Marie Mazille, Laurence Dupré, Patrick Reboud, Christophe Sacchettini, plus Thierry Ronget en coulisse) et moi-même avons représenté notre Alice, Charles & les autres dans l’auditorium du Conservatoire de Bourgoin-Jallieu… non seulement les conditions étaient optimales et nous n’étions pas mauvais non plus… non seulement le spectacle était fabuleux-bravo-merci… mais en plus, de nombreuses photos ont été prises qui permettront désormais de documenter ce spectacle en images.

Ci-dessous une petite sélection des meilleures et des plus avantageuses, mais dorzédéjà je propulse en tête d’article celle-ci qui m’épate : la photographe (Sandra Darnand, grand merci à elle) a déclenché la prise de vue au moment pile (l’instant décisif, disait Cartier Bresson) où mon oeil se trouvait encadré par mon index et mon pouce. Par la grâce de la légère surexposition on dirait que j’ai sur la face un bizarre tatouage en forme de doigts, voire de cornes, allez savoir. C’est beau. Si les règles administratives n’étaient pas si sévères j’en ferais ma photo d’identité.
Crédit photos CHB CAPI

Pour mémoire, ici la bande-annonce sonore du spectacle

Courbet partout, courbettes nulle part

17/10/2025 Aucun commentaire

Pour la génération post-romantique à laquelle appartient Gustave Courbet, Victor Hugo reste un modèle d’engagement politique couplé à l’intégrité artistique. Courbet marche sur les traces d’Hugo puisqu’ils sont presque nés voisins : Hugo en 1802 à Besançon, Courbet en 1819 à Ornans, 25 kilomètres de distance, et lorsqu’il sera collégien à Besançon, Courbet logera fortuitement dans la maison natale du poëte. Pourtant ils ne feront, toutes leurs vies, que se croiser. Dans une lettre tardive mais révélatrice de son exaltation, datée du 28 novembre 1864, Courbet écrira à Victor Hugo pour lui proposer de peindre son portrait. Il se déclare prêt à aller visiter le « Cher et grand poète » à Guernesey où Hugo a choisi de s’exiler par opposition à Napoléon III. Courbet énumère ses propres déboires politiques pour souligner qu’ils sont faits du même bois. Courbet mise sur la connivence de leur supposée rudesse franc-comtoise commune :

« Vous l’avez dit, j’ai l’indépendance féroce du montagnard ; on pourra je crois mettre hardiment sur ma tombe […] : Courbet sans courbettes. […] Malgré l’oppression qui pèse sur notre génération, malgré mes amis exilés, […] nous restons encore 4 ou 5 assez forts, malgré les renégats, malgré la France d’aujourd’hui et les troupeaux en démence nous sauverons l’art, l’esprit et l’honnêteté dans notre pays. »

Hélas nous ignorons si Hugo a répondu, et Courbet ne peindra jamais son portrait. Ce n’est que bien plus tard, aux premiers jours de la Commune, que Courbet et Hugo auront l’occasion de se serrer la main…

Mais retenons l’expression Courbet sans courbettes, jeu de mots signature, qui frise la prétérition lorsqu’il s’adresse avec force flagorneries envers Hugo, mais qui révèle tout de même une attitude d’indépendance et d’irrévérence qui caractérisa toute la vie du peintre. Et qui nous tient, du moins me tient, lieu de modèle. Je suis ces temps-ci tellement imprégné de Courbet que je le vois partout – je m’efforce de repérer et saluer sa présence et son actualité, tout en évitant la vénération du fanboy.

I

Le désespéré, vers 1844-1845

Pour le coup, voici une histoire pleine de courbettes.

Le Désespéré, connu aussi sous les titres Désespoir (ce qui du reste est curieux, puisqu’on y ressent davantage d’angoisse que de désespoir) ou Autoportrait de l’artiste, est l’une des oeuvres les plus célèbres de Gustave Courbet. Elle décroche sans doute le deuxième rang de la notoriété juste derrière l’Origine du monde. Or elle est le plus souvent invisible et n’est montrée en France que sporadiquement, la dernière fois remontant à 2007.
Elle est la propriété de Qatar Museums, organisme de développement des musées de l’émirat, dirigé par son excellence Cheikha Al Mayassa bint Hamad al-Thani, sœur de l’émir du Qatar, organisme qui en a fait l’acquisition auprès d’un propriétaire privé à une date et pour un montant inconnus…
Le Qatar en effet n’achète pas en France que de l’immobilier ou des équipes de foot. Il développe tous azimuts sa stratégie de soft power y compris par l’acquisition de chefs d’oeuvres de l’Histoire de l’art (certes, pas l’Origine du monde, on se demande pourquoi… de toute manière celle-ci n’est pas à vendre) afin de devenir une destination touristique majeure, se faisant désirable jusqu’aux yeux de l’élite culturelle internationale : Le Désespéré sera l’une des pièces maîtresses du futur Art Mill Museum de Doha dont l’ouverture est prévue en 2030. Le Louvre n’a qu’à bien se tenir (ah, non, je confonds, au temps pour moi, le Louvre est déjà répliqué dans un autre émirat).
En attendant ce jour, le Qatar, grand ami de la France puisqu’il est riche, a accepté de prêter Le Désespéré au Musée d’Orsay où l’on peut l’admirer depuis le 14 octobre dernier. Transaction qui nous vaut une magnifique photo de son excellence Cheikha Al Mayassa bint Hamad al-Thani aux côtés de Brigitte Macron et de Rachida Dati, toutes trois arborant de gigantesques sourires satisfaits, mains croisées sur l’entrejambe. Au centre de cette mise en scène, pour le coup pleine de courbettes, immortalisée par l’agence de presse Qatar News Agency, Courbet jurerait presque, chien dans un jeu de quilles. Il est le seul à ne point sourire et ses mains volubiles écarquillent son visage pour l’éternité. Son angoisse, son incrédulité, son regard tourmenté qui nous perce et nous brûle, irréductibles au bizness et à la diplomatie, sont intactes.

II

Hector Berlioz, Gustave Courbet, 1850.

Berlioz est une figure aussi fondamentale que Courbet dans l’idée, ou disons dans l’imaginaire, que depuis le XIXe siècle l’on se forge de ce qu’est un artiste : intransigeant, indépendant, anti-académique, travaillant obstinément puis imposant sa vision singulière face à un monde contraire (sans doute faudrait-il, pour compléter la triade fondatrice de cet archétype, adjoindre Flaubert).

Toutefois existait une différence majeure entre le peintre et le compositeur : Courbet écrivait à la va-comme-je-te-pousse, sans se relire, sans souci du style ni de l’orthographe, cultivant les particularismes pour surjouer son côté paysan franc-comtois… Tandis que Berlioz écrivait magnifiquement. Berlioz est pratiquement autant écrivain que musicien. Il écrit vif, imagé, drôle, parfois cinglant, toujours subtil. Même ses écrits théoriques sont agréables à lire.

Je cite pour exemple un extrait de son Grand traité d’instrumentation et d’orchestration. Je choisis (absolument par hasard, bien sûr) ce qu’il écrit à propos du trombone :

Le trombone est, à mon sens, le véritable chef de cette race d’instruments à vent que j’ai qualifiés d’épiques. Il possède en effet au suprême degré la noblesse et la grandeur; il a tous les accents graves ou forts de la haute poésie musicale, depuis l’accent religieux, imposant et calme, jusqu’aux clameurs forcenées de l’orgie. Il dépend du compositeur de le faire tour à tour chanter un chœur de prêtres, menacer, gémir sourdement, murmurer un glas funèbre, entonner un hymne de gloire, éclater en horribles cris, ou sonner sa redoutable fanfare pour le réveil des morts ou la mort des vivants.
On a pourtant trouvé moyen de l’avilir, il y a quelque trente années, en le réduisant au redoublement servile, inutile et grotesque de la partie de contrebasse. Ce système est aujourd’hui à peu près abandonné, fort heureusement. Mais on peut voir dans une foule de partitions, fort belles d’ailleurs, les basses doublées presque constamment à l’unisson par un seul trombone. Je ne connais rien de moins harmonieux et de plus vulgaire que ce mode d’instrumentation. Le son du trombone est tellement caractérisé, qu’il ne doit jamais être entendu que pour produire un effet spécial; sa tâche n’est donc pas de renforcer les contrebasses, avec le son desquelles, d’ailleurs, son timbre ne sympathise en aucune façon. De plus il faut reconnaître qu’un seul trombone dans un orchestre semble toujours plus ou moins déplacé. Cet instrument a besoin de l’harmonie, ou, tout au moins, de l’unisson des autres membres de sa famille, pour que ses aptitudes diverses puissent se manifester complètement. Beethoven l’a employé quelquefois par paires, comme les trompettes; mais l’usage consacré de les écrire à trois parties me parait préférable.
[…]
Outre cette vaste gamme ils possèdent, à l’extrême grave, et à partir du premier son de la résonance naturelle du tube, quatre notes énormes et magnifiques sur le trombone ténor, d’une médiocre sonorité sur le trombone alto, et terribles sur le trombone basse quand on peut les faire sortir. On les nomme pédales, sans doute à cause de leur ressemblance avec celui des sons très bas de l’orgue, qui portent le même nom. Il est assez difficile de les bien écrire et elles sont inconnues même de beaucoup de trombonistes. […] »

III

En visite à Lyon.
Illustrations ci-dessus : le Musée des Beaux-Arts de Lyon peut s’enorgueillir de posséder quatre tableaux de Gustave Courbet, dont deux qui frôlent le sublime et que plus de vingt ans séparent : La Remise des chevreuils en hiver (1866) et Les Amants heureux, aussi connu sous le titre Les Amants dans la campagne (1844).

IV

Encore une date qui tombe pour la tournée du spectacle Courbet : je fais comme la lumière
Une date, mais pas n’importe quelle date.
Celle-ci, ce serait plutôt LA date.
Nous avons été sollicités pour aller jouer au Musée Courbet, installé dans sa maison natale à Ornans (Doubs) !
Gloups.
Moi qui suis assez sûr de mon fait, « assuré dans mon principe » ainsi que Courbet disait à propos d’un autoportrait bravache, et qui n’ai guère le trac pour ce spectacle que j’adore… Le voilà qui pointe, l’insidieux trac, je le sens là qui s’immisce doucement, prêt à tout contaminer.
Dame !
Aller raconter Courbet à Ornans est à peu près aussi outrecuidant que de prétendre donner à des Inuits une conférence sur la neige.
Je crains de pérorer en transpirant devant une assemblée d’augustes courbetistes à lunettes et bloc-note qui vont fissa me remettre à ma place : Je ne peux pas vous laisser raconter n’importe quoi, Monsieur Vigne ! Ce tableau n’est pas de 1852 mais de 1854 !
Mais tu sais quoi ?
Le trac, j’aime ça.
Sinon à quoi bon.
Ça m’avait manqué.
Date (sous réserve) : samedi 30 mai 2026.

V

Anecdote puisée dans L’exemple de Courbet de Louis Aragon, qui reproduit intégralement le mémoire écrit par Courbet en prison.

Après la chute de la Commune, Courbet est emprisonné. Les motifs à charge sont très nombreux, en particulier on lui fait porter le chapeau de la mise à bas de la colonne Vendôme. On le condamnera, lors de son second procès, à une amende exorbitante pour la reconstruction de ce symbole de l’Empire, et cette dette impossible à rembourser abrègera sa vie. A sa mort Jules Vallès dira « La colonne Vendôme a perdu son otage ». En attendant il se défend comme il peut, explique qu’il n’a jamais voulu détruire cette foutue colonne mais seulement la « déboulonner » (il semble qu’il ait inventé ce mot) pour la déplacer aux invalides… Sur la demande de son avocat il rédige un mémoire en défense où il donne sa version des faits, et de son implication dans la gestion des monuments de Paris. Il raconte notamment cette anecdote à propos d’un projet de monument à la gloire des « quatre Césars », projet qui est parfaitement identifiable en tant qu’hommage à un Empire qui ne prend jamais fin. Dans ce mémoire, Courbet parle de lui à la troisième personne :

« Un jour, le sculpteur [Auguste] Clésinger, qui est son compatriote, envoya chercher [Courbet] par un camarade et le conduisit à Enghien un dimanche matin, résidence du sculpteur. Il ignorait le but de cette visite, mais bientôt après Clesinger le conduisit devant une espèce de monument qui était dans son jardin, projet qui était dans une réduction de 35 pieds de hauteur, ainsi conçu :
Deux colonnes corinthiennes couplées reliées entre elles par un panneau, surmontées d’un chapiteau sur lequel était un guerrier à cheval, génie de la guerre. Ces deux colonnes reposaient sur un soubassement, piédestal carré, aux quatre coins duquel se trouvaient sur la partie supérieure quatre guerriers, assis ou debout, adossés aux colonnes jumelles.
« Ce projet, lui dit-il, doit être exécuté sur une échelle de 160 pieds de hauteur, et sera le plus haut monument connu, destiné à occuper la place de l’Obélisque place de la Concorde. C’est un monument que je fais de participation de l’Empereur qui me préfère à tout sculpteur. Il vient ici m’aider de ses conseils presque tous les jours. »
À son insu, le peintre avait été appelé comme critique, car ces deux compositeurs [Clésinger et Napoléon III] n’étaient pas très assurés de l’effet que pourrait produire leur composition.
Tout en regardant ce projet, le peintre réfléchissait, puis enfin il dit : « Je ne comprends pas bien cette idée, à deux points de vue, d’abord pourquoi ces ruines grecques sur la place de la Concorde, on se croirait non pas en France, mais dans la campagne de l’Illyrie, ensuite pourquoi ce panneau qui les relie, menacent-elles ruine ? Puis après… Quels sont ces bonhommes qui semblent jouer au pot de chambre sur les quatre coins du piédestal ? Quant au génie casqué, lance au point, écumant, pour moi il ressemble aussi bien à Don Quichotte qu’à un génie. »
Le camarade et le sculpteur se regardaient entre eux, pas très satisfaits, puis Clesinger dit : « Si l’Empereur t’entendait!
– Ça m’est égal, dit le peintre, l’Empereur m’importe peu… Voudrais-tu m’expliquer votre idée ? Car je ne suis pas fort sur les allégories.
– Hélas, ces quatre bonhommes, ces quatre grotesques comme tu les appelle, ce sont les quatre Césars, qui ont sauvé le monde. C’est Jules César, Charlemagne, son oncle [Napoléon Ier], et puis lui.
– Votre idée me paraît mal digérée, dit le peintre, et si tu crois que ces quatre gaillard-là ont sauvé le monde, tu es aussi fort que l’Empereur sur l’histoire et la philosophie. Et moi, je crois qu’ils l’ont détruit. Vous voulez donc tourner la France en bourrique ? J’espère bien que vous n’allez pas mettre cette saloperie-là sur la place de la Concorde ?
– je te demande pardon, il y tient.
– On va rire, répond le peintre. Et l’Obélisque, qu’en ferez-vous ?
– Nous la mettrons dans la cour du Louvre.
– C’est cela ! Vous allez encore étouffer cette cour avec un morceau de pierre, comme on a étouffé la place Vendôme avec cet autre monument de sauvage. J’en ai assez, allons déjeuner. »

VI

L’actualité de Courbet, c’est aussi cela : Marine Carteron fait paraître le roman pour ados Les effacées (Rouergue, 2025). Courbet, qui fut l’inventeur du verbe déboulonner, se fait ici à son tour, sinon canceller, du moins remettre à sa place dans un contexte post#metoo.

Une fois passé outre les conventions et ficelles ordinaires du roman jeunesse (la jeune héroïne, lycéenne noire stigmatisée, en galère et en voyage scolaire, se bat les steaks de l’histoire de l’art lorsque débute le roman mais s’y intéresse par accident surnaturel, et elle offrira en miroir sa propre empathie à celle de la lectrice), l’écriture est enlevée, le point de vue inédit. Le personnage clef est Virginie Binet, qui fut la compagne de Gustave Courbet durant les années d’apprentissage du peintre à Paris, et la mère d’Émile, le fils qu’il ne reconnaîtra pas mais qui figure, petit bonhomme curieux, au centre de l’Atelier du peintre et a droite des Cribleuses de blé.

Virginie est morte vers 1865, Émile en 1872 à 24 ans, ses propres enfants meurent en bas âge, enfin Courbet en 1877, sans descendance…

Virginie a déjà fait l’objet d’un roman, pour adultes celui-là : Le modèle oublié (Pierre Perrin, Robert-Laffont, 2019). Ici, elle prend la parole depuis un tableau du Musée d’Orsay, L’homme blessé, puisqu’elle avait figuré sur la première version de celui-ci, intitulée La sieste champêtre, avant d’être effacée par le peintre vexé lorsque Virginie l’a quitté. Le peintre, par chagrin d’amour, orgueil ou égocentrisme, s’est concentré sur un autoportrait à l’agonie.

L’effacement de la femme sur le tableau retouché permet au roman d’aborder le thème de très contemporain de l’invisibilisation (des femmes, notamment celles ayant vécu à l’ombre des Granzommes, mais aussi des Noirs, des pauvres… des femmes noires pauvres), et c’est de bonne guerre.

Pourtant, Courbet qui passe ici pour le méchant misogyne abuseur lâche, assimilé pour les besoins de l’intrigue à un harceleur de lycée, avait peint Virginie maintes fois sans la cacher (c’est elle que l’on voit dans Les Amants dans la campagne, cf. ci-dessus), et s’était battu dans son oeuvre « réaliste » pour montrer les femmes telles qu’elles étaient – les ouvrières, les paysannes, les demoiselles de village, etc… Les nuances seront pour une autre fois, si jamais ce roman permet d’ouvrir le débat. En revanche si le débat n’est pas ouvert, il est dommage que de jeunes lecteurs n’ayant jamais entendu parler de Courbet retiennent seulement que c’était un salaud, son cas réglé, patriarcat à lui tout seul.

Icônes

21/09/2025 Aucun commentaire

Ci-dessus : trois icônes de l’angoisse affichées à la une.

– En 1972, pour la réédition en collection Folio de son roman Éducation européenne, Romain Gary demande à Chagall l’autorisation d’en orner la couverture de son tableau Guerre (1943, Musée National d’art moderne).
– En 2025, Gérald Bronner utilise pour son dernier ouvrage À l’assaut du réel, consacré à la post-réalité, le terrible Saturne dévorant son enfant de Goya (1819, musée du Prado).
– Quelque part entre les deux, en 2001, André Markowicz retraduit L’idiot de Dostoïevski et choisit pour les couvertures des deux tomes (livres 1 & 2 / livres 3 & 4) les deux moitiés du visage du Désespéré de Courbet (1843, coll. particulière).

Pendant ce temps, nos trois spectacles, Goya : démons et merveilles, Chagall : l’ange à la fenêtre et Courbet : je fais comme la lumière courent les routes. Les trois tableaux iconiques cités ci-dessus en font bel et bien partie et désormais, à chaque fois que je les croise, ils me font de l’oeil.
Cette trilogie scénique a été conçue avec mes camarades Christine Antoine (violon) et Bernard Commandeur (piano et arrangements) pour évoquer la vie, l’oeuvre, et l’époque d’un peintre, y compris les bouleversements politiques que chacun a traversés : le renversement de la royauté et les guerres napoléoniennes pour le premier, la révolution russe et la Seconde guerre mondiale pour le deuxième, la Commune de Paris pour le troisième… Chacun des trois a pris son époque en pleine figure et c’est peu de le dire.
Le principe du spectacle est d’entrelacer un récit écrit et dit par ma pomme aux projections d’oeuvres de l’artiste, et aux interprétations des musiques de son temps, de son pays, ou bien, tout simplement, de ses goûts.
Aussi bien, les trois titres pourraient être :
Goya : musique espagnole et latino-américaine ;
Chagall : musique klezmer, russe, française, et l’opéra ;
Courbet : musique romantique et chants de la Commune.

Nous apprécions de jouer ces spectacles dans de « vraies » salles équipées, avec scène, écran, fauteuils… mais nous adorons aussi les présenter chez les particuliers, dans l’intimité de leur salon, à un mètre des genoux du premier spectateur. Si cette offre-ci vous intéresse et que vous avez un grand salon, contactez-nous ! Les coordonnées de Christine : 06 30 20 59 43 / antoine.christine@gmail.com.

Prochaines dates :
* Le Goya : vendredi 3 octobre 2025, 20h, à Bourg de Péage (26), salle François-Mitterrand.
* Le Courbet : samedi 10 janvier 2026, 19h, chez l’habitant à Saint-Martin d’Uriage (38), demandez-moi les coordonnées.

Je reviens au re-re-re

25/07/2025 Aucun commentaire

La chanson du Rerere (prononcer Reu-Reu-Reu comme un vieux moteur, ne jetez pas vos vieux moteurs, ils peuvent encore servir, transformés en chansons par exemple !) est en ligne sur Soundcloud, merci à Mali Billiau.

Voici pour mémoire d’où sort cet improbable tube :
La fine équipe des fées-marraines penchées sur le berceau des chansons (Fabrice Vigne, aide à l’écriture/Marie Mazille, écriture, composition et chant/Patrick Reboud, arrangements, accompagnement, sonorisation) accepte à l’occasion quelques commandes publiques et mercenaires.
Ainsi, nous avons accompagné fin 2024 un atelier de création chansonnante et trébuchante sur le thème du réemploi-recyclage-réparation-économie circulaire, pour le compte de la Métro, communauté de communes de Grenoble.
Même si en pareil cas un délicat équilibre est à rechercher entre création artistique et com institutionnelle, j’affirme haut et fort qu’il n’est pas déshonorant d’accepter une commande lorsqu’elle n’interfère pas avec nos propres valeurs (c’est vachement bien et vertueux, l’économie circulaire ! En contre-exemple je n’eusse pas accepté de mener un atelier de création, disons, à la gloire d’une loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » dite loi Duplomb).
Environ quinze personnes ont participé à l’atelier d’écriture, que j’ai choisi d’orienter vers l’omniprésent préfixe re-, histoire de voir où il nous mènerait. Il nous a menés là où j’espérais : vers du sens très propre et du sens très figuré, intriqués et indissociables (car sont toujours à réparer nos amours, nos idées et nos gadgets), vers des slogans politiquement corrects aussi bien que vers des confidences infiniment plus personnelles et des envolées poétiques surprenantes.

Refrain
Je reviens au re-re-re, je reviens au refrain
Rengaine ritournelle je reviens, je reviens
Seconde chance, seconde main
Je re, je re-re, le monde est re-re !
Je reviens au re-re-re, je reviens au refrain
Je recycle et je réemploie, je reviens, je reviens
Seconde chance, ensemble enfin
Je re, je re-re, le monde est heureux !

La chanson a été soigneusement ré-(sic)écrite par moi en respectant autant que possible les contributions de chacun, composée et chantée par Marie Mazille, enfin arrangée et enregistrée (avec plein de « re-re » comme il se doit) par Patrick Reboud, et a été créée sur scène par la plupart des participants initiaux venus chanter en choeur à l’occasion d’un « événement institutionnel » théoriquement ouvert au public mais où l’élue tutélaire était à peu près l’unique spectatrice extérieure, ce qui ne l’a pas dissuadée de faire un petit discours. Bref, cette chanson n’a quasiment jamais été entendue, et c’est dommage, elle est rudement bien troussée. Donc merci Soundcloud.

Image ci-dessus : fresque collective conçue puis inaugurée au même moment et au même endroit et dans le même esprit (work-in-progress participatif et écoresponsable, avec des matériaux de récup) que la Chanson du Rere. Atelier artistique animé par Nisrine Bahi, Pôle R, Grenoble.

« Marc Chagall : l’ange à la fenêtre » (note d’intention)

10/06/2025 Aucun commentaire

Malgré tous les ennuis de notre monde, je n’ai jamais abandonné dans mon cœur l’amour dans lequel j’étais élevé ou l’espoir de l’homme dans l’amour. Dans la vie, comme sur la palette de l’artiste, il n’y a qu’une seule couleur qui donne un sens à la vie et à l’art : la couleur de l’amour.

Marc Chagall

Trilogie Un peintre en musique(s) – 2 (création 2023)

La biographie de Marc Chagall (1887-1985) est un voyage. Né au sein d’une famille juive dans un shtetl de Biélorussie, il fait ses études à Saint-Pétersbourg et dès 1910 rejoint Paris, alors capitale mondiale des arts.
Il retourne en Russie pour participer à la Révolution et sera même promu « commissaire aux beaux-arts » de la jeune URSS, avant de fuir définitivement son pays natal pour Berlin, les USA, le Brésil…
La dernière partie de sa vie s’ancre en France, qui reste son pays de cœur.

Nous évoquerons ses pérégrinations, son art et son époque, en mêlant le récit biographique, les images projetées… et bien entendu la musique, si présente dans son œuvre, avec un répertoire dominé par la musique russe mais s’autorisant, comme lui-même, des détours par le klezmer, la musique française du début du XXe siècle, et même l’opéra : l’une des dernières grandes œuvres de Chagall n’est-elle pas la fresque au plafond de l’opéra Garnier à Paris ?

Christine Antoine : violon
Bernard Commandeur : arrangements et piano
Fabrice Vigne : texte et voix

Durée approximative : 1h20

– Biographie des artistes –

Christine Antoine, violon
Christine Antoine a fait ses études au CNR de Grenoble, dans un cursus complet couronné de plusieurs prix, dont celui de violon dans la classe de C. Munch. Elle se perfectionne à Paris auprès de Jean Lenert pendant 5 ans, puis entre à l’orchestre des Pays de Savoie. Après deux années avec de grands chefs, comme Patrice Fontanarosa, Tibor Varga ou Reinhart Goebel, elle se passionne pour la musique ancienne et entre au Conservatoire de Genève. Là, elle se confronte à la technique du violon baroque avec Chiara Banchini, Odile Édouard, Gabriel Garrido, Enrico Gatti, les frères Hantaî, Jaap Schrôder. Après son Diplôme mention très bien de musique ancienne, c’est tout naturellement qu’elle collabore avec divers ensembles baroques comme Ad Fontès (Allemagne), Swiss Consort (Genève) Anachronismes (Valence), l’Hôtel-Dieu (Lyon), Acorte Musicale (Lausanne). On peut l’entendre au Festival d’Ambronay, Royaumont, Sylvanès, Mont-Blanc, Jean de la Fontaine, souvent en duo avec la claveciniste Irène Assayag.
Elle fonde en 2007 l’ensemble « Le Jardin Musical » qui promeut la musique ancienne et la musique contemporaine. Titulaire du C.A de violon, elle est actuellement professeur au Conservatoire d’Eybens et dirige l’orchestre symphonique « OSE ! » ainsi que le chœur « Vox Clamans ».

Bernard Commandeur, arrangements et piano
Bernard Commandeur a eu un parcours musical diversifié: comme pianiste il a été l’élève d’Aldo Ciccolini au Conservatoire supérieur de Musique de Paris; comme chef d’orchestre il a travaillé avec Pierre Dervaux à l’Ecole Normale de Musique de Paris. Il est licencié en Philosophie de la faculté de Nanterre. Intéressé par toutes les formes de pratique musicale, il a composé des œuvres de styles contrastés: des mélodies pour voix et piano sur des poèmes de Prévert et Lorca ; Rap pour voix d’ados , cordes et saxophones ; des gingles pour diverses formations ; TANGONORA , pièce chorégraphique pour 6 instruments. APPELLATION CONTRÔLEE est sa 1ère musique de film publicitaire pour les « Côtes du Ventoux » qui a fait l’objet d’un prix. Il a écrit de nombreux arrangements pour différents spectacles. Il a été professeur de piano, puis directeur des Conservatoires de La Rochelle, Grenoble et Valence.

Fabrice Vigne, texte et voix
Fabrice Vigne est écrivain. Son premier roman, intitulé TS, paraît en 2003 aux éditions l’Ampoule. Une vingtaine de titres suivront, les plus remarqués en édition jeunesse (Les Giètes, éditions Thierry-Magnier, prix du livre Rhône-Alpes 2008). En 2008 il dilapide ses revenus littéraires dans une structure d’auto-édition, Le Fond du Tiroir, où il invente librement et confidentiellement des livres avec divers artistes. Dernier titre paru : La théorie de la compote, éditions l’Atelier du Poisson Soluble, 2023. L’écriture lui est indispensable mais, exercice solitaire et de longue haleine, elle ne lui suffit pas. Aussi, il s’adonne aux arts de la scène, plus immédiats et plus collectifs : il est comédien, conteur, musicien, et conçoit divers spectacles soit à partir de ses propres textes, soit à partir d’autres. Il est en outre président d’un label de musique (MusTraDem). Parmi ses fertiles collaborations avec des musiciens, il co-anime régulièrement des ateliers d’écriture de chansons avec l’autrice-compositrice-interprète Marie Mazille. Dans le civil, il est également, parfois, bibliothécaire.

Programme de salle, verso (clic droit pour agrandir) :

Programme de salle, recto (clic droit pour agrandir) :

Affiche :

« Francisco de Goya : Démons et merveilles » (note d’intention)

09/06/2025 Aucun commentaire

Ensuite [après Goya], commence la peinture moderne.

André Malraux, Saturne, le destin, l’art et Goya

Trilogie Un peintre en musique(s) – 1 (création 2022)

Espagne, crépuscule du XVIIIe siècle.
L’époque regorge de splendeurs et d’horreurs. De fastes et de guerres. D’or et de sang. D’illusions et de désillusions. De rêves autant que de cauchemars.
Un homme, familier de la cour puis paria, a tout vu de son temps, tout absorbé et tout sublimé dans sa peinture.
Il s’appelle Francisco de Goya.
Ses tableaux, qu’ils soient nés d’une commande au grand jour ou bien d’une recherche secrète et cachée, mais également ses gravures, les Caprices et les Désastres de la guerre, sont autant de témoignages sur une époque tourmentée, mais aussi sur un inconscient collectif qui est encore le nôtre :

« Le sommeil de la raison engendre des monstres… »

Au fil de ce spectacle, la vie, l’œuvre et l’époque de Goya (1746-1828) sont évoquées à la fois par le récit, par les images, et par la musique, sur une partition espagnole et latino-américaine.

Christine Antoine : violon
Bernard Commandeur : arrangements et piano
Fabrice Vigne : texte et voix

Durée approximative : 1h20

– Coupure de presse, journal Les Affiches, 2023 –

– Biographie des artistes –

Christine Antoine, violon
Christine Antoine a fait ses études au CNR de Grenoble, dans un cursus complet couronné de plusieurs prix, dont celui de violon dans la classe de C. Munch. Elle se perfectionne à Paris auprès de Jean Lenert pendant 5 ans, puis entre à l’orchestre des Pays de Savoie. Après deux années avec de grands chefs, comme Patrice Fontanarosa, Tibor Varga ou Reinhart Goebel, elle se passionne pour la musique ancienne et entre au Conservatoire de Genève. Là, elle se confronte à la technique du violon baroque avec Chiara Banchini, Odile Édouard, Gabriel Garrido, Enrico Gatti, les frères Hantaî, Jaap Schrôder. Après son Diplôme mention très bien de musique ancienne, c’est tout naturellement qu’elle collabore avec divers ensembles baroques comme Ad Fontès (Allemagne), Swiss Consort (Genève) Anachronismes (Valence), l’Hôtel-Dieu (Lyon), Acorte Musicale (Lausanne). On peut l’entendre au Festival d’Ambronay, Royaumont, Sylvanès, Mont-Blanc, Jean de la Fontaine, souvent en duo avec la claveciniste Irène Assayag.
Elle fonde en 2007 l’ensemble « Le Jardin Musical » qui promeut la musique ancienne et la musique contemporaine. Titulaire du C.A de violon, elle est actuellement professeur au Conservatoire d’Eybens et dirige l’orchestre symphonique « OSE ! » ainsi que le chœur « Vox Clamans ».

Bernard Commandeur, arrangements et piano
Bernard Commandeur a eu un parcours musical diversifié: comme pianiste il a été l’élève d’Aldo Ciccolini au Conservatoire supérieur de Musique de Paris; comme chef d’orchestre il a travaillé avec Pierre Dervaux à l’Ecole Normale de Musique de Paris. Il est licencié en Philosophie de la faculté de Nanterre. Intéressé par toutes les formes de pratique musicale, il a composé des œuvres de styles contrastés: des mélodies pour voix et piano sur des poèmes de Prévert et Lorca ; Rap pour voix d’ados , cordes et saxophones ; des gingles pour diverses formations ; TANGONORA , pièce chorégraphique pour 6 instruments. APPELLATION CONTRÔLEE est sa 1ère musique de film publicitaire pour les « Côtes du Ventoux » qui a fait l’objet d’un prix. Il a écrit de nombreux arrangements pour différents spectacles. Il a été professeur de piano, puis directeur des Conservatoires de La Rochelle, Grenoble et Valence.

Fabrice Vigne, texte et voix
Fabrice Vigne est écrivain. Son premier roman, intitulé TS, paraît en 2003 aux éditions l’Ampoule. Une vingtaine de titres suivront, les plus remarqués en édition jeunesse (Les Giètes, éditions Thierry-Magnier, prix du livre Rhône-Alpes 2008). En 2008 il dilapide ses revenus littéraires dans une structure d’auto-édition, Le Fond du Tiroir, où il invente librement et confidentiellement des livres avec divers artistes. Dernier titre paru : La théorie de la compote, éditions l’Atelier du Poisson Soluble, 2023. L’écriture lui est indispensable mais, exercice solitaire et de longue haleine, elle ne lui suffit pas. Aussi, il s’adonne aux arts de la scène, plus immédiats et plus collectifs : il est comédien, conteur, musicien, et conçoit divers spectacles soit à partir de ses propres textes, soit à partir d’autres. Il est en outre président d’un label de musique (MusTraDem). Parmi ses fertiles collaborations avec des musiciens, il co-anime régulièrement des ateliers d’écriture de chansons avec l’autrice-compositrice-interprète Marie Mazille. Dans le civil, il est également, parfois, bibliothécaire.

Programme de salle, verso (clic droit pour agrandir) :

Programme de salle, recto (clic droit pour agrandir) :

Je peins ce que je vois, je fais comme la lumière

08/06/2025 Aucun commentaire

Toute l’histoire de l’art depuis cent ans peut être étudiée
du point de vue du schisme qui s’y établit
entre fidèles de Courbet et ennemis de Courbet. 
(…)
La bataille pour Courbet, la bataille pour le réalisme,
fait éclater cette vérité, qu’il n’y a pas deux choses distinctes,
l’histoire et l’histoire de l’art, qu’il n’y a que l’histoire.

Louis Aragon, L’exemple de Courbet

Le fou de peur, vers 1844, musée national d’Oslo
(bouche en cul de poule, figure A)

« Gustave Courbet : Je fais comme la lumière »
(note d’intention du spectacle)

Gustave Courbet, géant de la peinture aux yeux (encore) plus grands que le ventre, a toujours été en décalage, plus moderne que son époque ou, peut-être, que la nôtre.
Jamais consensuel, on l’a dit scandaleux, humaniste, vulgaire, socialiste, orgueilleux, violent, prétentieux, outrancier, radical, provocateur, obscène, libre…
Il était surtout pétri de contradictions : paysan de Paris, féministe misogyne, matérialiste athée saisis d’élans mystiques, égocentrique obsédé du bien commun, âpre au gain et infiniment généreux, solitaire en perpétuelle quête de reconnaissance, ne jurant que par la révolution de l’art mais s’engageant dans la Commune de Paris, persuadé que l’art ne s’enseigne pas mais ouvrant un atelier pédagogique, profondément français mais plaidant pour la création des États-Unis d’Europe en pleine guerre franco-allemande, né trop tard pour le romantisme et mort trop tôt pour l’impressionnisme…
Une seule chose réconcilie ces paradoxes : Courbet ne fut peut-être rien d’autre que peintre, passionné.

Je n’ai jamais eu d’autres maîtres que la Nature, et mon sentiment.

Notre spectacle, entrelaçant les toiles de Courbet, le récit de sa vie et les musiques de son temps, entre mélodies romantiques et chansons de la Commune, vient conclure une trilogie d’art, de musique et de politique débutée avec « Goya : démons et merveilles“ et poursuivie avec ”Chagall : l’ange à la fenêtre ».
Christine Antoine : violon
Bernard Commandeur : arrangements et piano
Fabrice Vigne : texte et voix. »

Sans atteindre les sommets de morgue et de fatuité de Courbet lui-même, homme le plus fier et le plus orgueilleux de France, j’avoue éprouver un enthousiasme délirant pour ce spectacle, volet le plus long, le plus politisé, et le plus personnel (personne ne s’en rendra compte, mais j’y ai copié-collé une page entière du blog du Fond du tiroir, consacrée à la Commune, et j’y récite Le Temps des cerises comme dans Les Giètes) de notre trilogie.

(Quiconque a six heures devant soi est invité à écouter la causerie d’Henri Guillemin sur la Commune.)

Représentations :
* Vendredi 27 juin, 19h, au château de Seyssins
* Samedi 28 juin, 11h, chez Mme Evelyne Reinhart, Claix (coordonnées par MP)
* Dimanche 21 septembre, deux séances : 16h & 18h (dans le cadre des journées du patrimoine), en l’église Notre-Dame des Vignes, Sassenage
… d’autres à venir.


Addendum juillet 2025

De gauche à droite : moi ; L’homme à la pipe (autoportrait de Courbet, 1849, Musée Fabre, Montpellier) ; Christine (bon anniversaire) ; Bernard (invisible, caché derrière son piano)

Le spectacle a beau être enfin créé et avoir trouvé sa forme définitive (ah ah ah ah !) je ne puis m’arrêter de bûcher, je continue d’engranger compulsivement les informations sur l’affreux réaliste et communard.
Je dévore l’essai de Louis Aragon, L’exemple de Courbet (1952), excellent, malgré l’obsolescence de sa vaine et stalinienne tentative de valider une filiation problématique entre le réalisme de Courbet et le réalisme soviétique qui n’était absolument pas réaliste, mais idéaliste et idéologique, tout ce que Courbet détestait.
Je prélève et approuve l’épigraphe placée en entête du présent article.
Et aussi, je complète ma collection d’injures endurées par Courbet. Cette somme d’indignités est fascinante, y compris en tant que moteur d’un destin. Courbet s’en est longtemps régalé, avant d’en être détruit. Depuis L.-F. Céline, je ne m’étais pas passionné pour un artiste à ce point couvert de crachats, de pissats, de diarrhée.
Aragon cite ce bijou d’anthologie écrit par Alexandre Dumas fils, le jour même (quelle classe) où Courbet est déchu, à terre, emprisonné :

De quel accouplement fabuleux d’une limace et d’un paon (…) peut avoir été générée cette chose qu’on appelle Monsieur Courbet ? De quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d’œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, incarnation du Moi imbécile et impuissant ?

Aragon commente :

Quel principe pouvait être celui de ce genre d’écrivain, sinon la haine basse, la bassesse dans l’injure ? Il y a aura longtemps qu’on ne lira plus La Dame aux camélias, que ces phrases resteront dans la mémoire des hommes à titre d’exemple de la critique bourgeoise, pour montrer jusqu’où peut descendre le porte-monnaie enragé.

Prochaine représentation : 21 septembre, 16h puis 18h en l’église Notre-Dame des Vignes, Sassenage (dans le cadre des Journées du patrimoine).

Pendant ce temps (1), rincez-vous bien l’oeil avec le tableau ci-dessous, La femme aux bas blancs (1864, Coll. de la Fondation Barnes, Philadelphie) qui NE FAIT PAS partie du spectacle puisque je ne saurais citer ni toutes les audaces, ni toutes les insultes.
Pendant ce temps (2), le précédent spectacle du trio formé par Christine Antoine, Bernard Commandeur et moi, Chagall : l’ange à la fenêtre, court toujours. Trois dates à l’automne :
samedi 20 septembre 11h au château de Valbonnais (38) ;
dimanche 21 septembre 11h à Venon (38) ;
vendredi 3 octobre 20h, à Bourg de Péage (26), salle François-Mitterrand.

La femme aux bas blancs
(bouche en cul de poule, figure A)

Jules qui ?

21/05/2025 Aucun commentaire
(photo Marie Mazille)
« J’étais proche il n’y a pas de doute, un des plus proches. On me voit sur les vidéos « AA ». Souvent de dos mais si on connaît mon dos on me reconnaît. » (Ainsi parlait Nanabozo, chap. I)

Encore un lundi très (et bien) rempli : cinq classes à la suite, miam-miam, cette fois-ci dans une école élémentaire au Grand Lemps. Et à la fin de la journée : une chanson par classe, une bonne s’il vous plaît, bien ficelée, entraînante et intelligente, on ne bâcle jamais… Stakhanovisme créatif qui est à la fois une routine d’atelier et un miracle perpétuel, avec ma partenaire de jeu Marie Mazille.

Particularité et émerveillement du jour : les élèves de CM2 à qui nous demandions sur quel sujet ils souhaitaient composer leur chanson nous ont répondu : « Jules Ferry ». Pardon ? Vous êtes sûrs ? Bon, d’accord, va pour Jules. Quel étrange centre d’intérêt pour des enfants de 11 ans. Ces mômes très sages avaient l’air sortis d’ailleurs, d’un autre siècle peut-être, ou au minimum d’un cours de sensibilisation à la République façon hussards noirs, et nous avons écrit avec eux l’hymne de gratitude dont on lira les paroles ci-dessous.

J’avoue que j’ai trouvé rafraichissant, reposant et inespéré cet exercice politiquement correct : se souvenir fugitivement que l’école publique, gratuite, laïque, obligatoire (oui, les enfants m’ont récité l’intégralité du chapelet), la seule authentique école libre, est une bien belle invention.

Ces élèves de CM2 auront tout le reste de leur vie, ou bien de l’année scolaire, pour découvrir la complexité du monde et le côté obscur de Jules Ferry, qui était aussi un affreux idéologue du colonialisme, méritant sans aucun doute déboulonnage (« La France a le devoir de civiliser les races inférieures« , etc.).

« Merci Jules ! »

REFRAIN
L’école c’est gratuit
Depuis Jules ferry
Un siècle et demi
L’école c’est la vie

COUPLET 1
Nous en avons bien de la chance
De pouvoir passer notre enfance
Au Grand Lemps ou partout en France
Ailleurs ignorance et souffrance
Sierra Leone ou Éthiopie
Gambie Mali ou Djibouti
Et dans combien d’autres pays
Pas assez d’écoles aujourd’hui

REFRAIN

COUPLET 2
Égalité fraternité
Sans oublier la liberté
Trois mots d’amour à partager
Dans la classe ou à la récré
Égalité fraternité
Sans oublier la liberté
Trois mots d’amour à partager
Trois mots que nous allons chanter

REFRAIN

COUPLET 3
Se cultiver s’améliorer
Bien conjuguer savoir compter
Apprendre à lire et à écrire
Nager courir et convertir
Pour tous ces mots en préambule
Du matin jusqu’au crépuscule
En minuscule en majuscule
Je le dis fort comme un Hercule :
Merci Jules !

Good night, sweet princess

14/04/2025 Aucun commentaire
Le Sommeil, aussi intitulé Les Deux Amiesles Dormeuses ou Paresse et Luxure (1866, Musée des beaux arts de Paris, Petit Palais)

Je teste la censure de Meta (ou plutôt son absence) en publiant sur Facebook l’aimable tableau de Gustave Courbet ci-dessus, pudiquement intitulé Le Sommeil (c’est ça, ouais, sommeil, mais bien sûr, elles dorment à poings fermés, là, que votre nuit soit paisible les filles, et surtout faites de beaux rêves hein).

Car est venue l’heure de révéler officiellement la date de création du spectacle en trio Courbet : Je n’ai jamais eu d’autres maîtres que la nature et mon sentiment (titre trop long mais provisoire).
Christine Antoine au violon,
Bernard Commandeur au piano et aux arrangements,
Fabrice Vigne à l’écriture et à la voix.

C’est calé, c’est réglé, c’est dans le marbre. Le spectacle sera dévoilé le vendredi 27 juin 2025 au Château de Seyssins, et rebeloté dès le lendemain samedi 28 tant qu’on est chaud, chez Mme Evelyne Reinhart à Claix.
On lui souhaite le même succès que les deux précédents, Goya : démons et merveilles et Chagall : l’ange à la fenêtre, joués une quinzaine de fois chacun et ce n’est pas fini, des dates continuent de tomber, ça pourrait être assez classe de tourner simultanément les trois spectacles au catalogue, voire de se programmer un petit marathon, matin, après-midi, soir. Si quelqu’un est tenté : message privé hop hop.

Or la réaction (et c’est le cas de le dire) n’a pas tardé : il reste bel et bien un peu de censure sur effebé. Le réseau m’informe illico que le chef d’oeuvre de l’art moderne que je viens de diffuser est « rétrogradé dans le fil » (quoi pardon ? j’ai comme l’impression que c’est une contrepèterie, ah ah je vois ce que tu veux dire petit coquin Mark Zuckerberg) parce qu’il « ne respecte pas nos Standards de la communauté, des restrictions peuvent être imposées à la Page. »

Mais c’est bon. Je crois que j’ai trouvé le moyen de contourner la censure de FB pour vous annoncer la création du spectacle « Gustave Courbet » (le 27 juin à Seyssins, le 28 juin à Claix, venez nombreux).Mesdames et messieurs, j’ai la joie de dévoiler devant vos yeux éblouis… L’Origine du Monde !

Nan c’est même pas vrai, il s’agit de la cascade du Furet, photographiée depuis Barraux, dimanche dernier à l’ occasion du brunch des Détours de Babel, oh le beau paysage.

Bon, pour de vrai ça me saoule. Comme je le fais de temps en temps, je déserte FB.

On ne peut pas lire en boucle Je me souviens de Perec.
Je lis J’ai oublié, le beau recueil de mémoire plein de trous de Bulle Ogier (Seuil, 2019), écrit très élégamment, avec poésie, douceur, nonchalance et cependant conscience écrasante du tragique (nul chapitre sans une pensée pour ma fille Pascale).
Je tombe dès la page 26 sur une citation de Marguerite Duras que Bulle avait immédiatement adoptée, et, aujourd’hui, moi aussi, merci à toutes les deux : « Si j’avais le courage de ne rien faire, je le ferais. »
Je gougueule cette phrase merveilleuse parce que j’aime avoir les références exactes des mots que je fais miens. Hélas tous les résultats dans le moteur renvoient au livre de l’actrice. J’en déduis que Duras n’a jamais écrit cette phrase, elle l’aura sans doute prononcée en présence de Bulle Ogier sur le tournage de l’un des trois films qu’elles ont faits ensemble. Car elles ont fait des films, beaucoup de films, probablement par manque de courage.
Duras, dont Bulle dit ailleurs (p. 142) « Notre amitié s’était tissée sur le plus commun de la vie, il n’y a rien de plus passionnant que les choses sans intérêt. Marguerite se concentrait toujours intensément pour exprimer des choses tout à fait banales » et il me semble que c’est un bel hommage alors que d’autres y verraient peut-être une moquerie.
Moi aussi j’aimerais parfois avoir le courage de ne rien faire. Mais c’est plus fort que moi, je fais. J’ai la chance d’être en paix relative avec mon prénom : Fabrice c’est celui qui fait, Homo Faber, « nomen est omen » allons-y.
À mon âge on finit par avoir une vague idée de qui l’on est : je suis un fainéant contrarié.
Alors je fais des trucs. Une masse de trucs. Pas un jour sans un truc. J’ai tellement de trucs à faire que j’annonce ici-même, avec effet immédiat, un nouveau sevrage de Facebook, pour une durée indéterminée, pardon, ces jours-ci j’ai trop de trucs à faire pour guetter les trucs faits par les autres. Je prends congé en postant ci-dessous la réclame d’un autre truc que je ferai bientôt : le prochain stage de création de chansons avec Marie Mazille se tiendra les 14-15 juin à Solexine (merci Véronique Stouls pour la com).
Salut !

Chacun sa chanson

27/03/2025 Aucun commentaire

Photo de famille : la dream-team du week-end dernier. De gauche à droite : Véronique Stouls, Denis Chatroux, Mali Billiau, Valda Daligand, un type chelou en sweat à capuche, Marie Mazille, Helene Hirtz, Claire Guy, Laetitia Plançon, Chantal Bouziat.
Encore un magnifique stage de création de chansons, joyeux et fertile, encadré par MMMM (Marie Mazille et moi-même).
Neuf stagiaires au total (l’un a dû s’éclipser avant l’heure de la photographie).
Soit neuf imaginaires à accompagner, neuf univers intérieurs à explorer ou ré-explorer sans relâche, neuf idées précises ou vagues, à sculpter par les mots et par la musique. Neuf improvisations dirigées. Neuf progressions, d’où que l’on parte.
Et, à la fin du week-end : neuf chansons.
Le miracle s’accomplit à chaque fois. Pas d’erreur, malgré la régularité qui le rend prévisible, il s’agit bel et bien d’un miracle, nous n’en sommes pas blasés.
D’ailleurs, nous pouvons d’ores et déjà révéler la date du prochain miracle : il aura lieu le week-end des 14 et 15 juin 2025 à Solexine, Grenoble.
Contrairement à ce que nous avions imprudemment annoncé, faute de trouver un créneau commun en croisant trois agendas chargés, CE NE SERA PAS un stage en trio, avec session d’enregistrement aux bons soins de Patrick Reboud… mais un « simple » stage en duo, même miracle ordinaire que le précédent.
Bien à vous et à bientôt,
MMMM.

(Les détails à l’adresse habituelle : https://www.fonddutiroir.com/blog/?page_id=17801)


Chacun de nos stages de création de chansons se concrétise par un certain nombre de titres, l’équivalent d’un EP voire d’un LP. Je veux dire : un extended play ou un long play, oui, pardon, je cause comme on causait au XXe siècle, lorsque la musique se consommait par albums conçus par les artistes plutôt que par flots de titres enchaînés par les algorithmes.Une fois ces chansons enregistrées dans des conditions professionnelles (merci Patrick Reboud), elles sont postées sur Soundcloud (merci Mali Billiau).
Certes, avec pas mal de retard, puisque la fournée publiée aujourd’hui même met en valeur des chansons créées il y a deux ou trois stages… mais peu importe, le résultat est là, bel accomplissement pour nos chantistes, et superbe carte de visite pour Marie Mazille et moi :
https://soundcloud.com/mariemazille-861880613
On découvrira dans cette cuvée, aussi hétéroclite que les autres, dix chansons (un album, vous dis-je) :

Le vrai Cularo puis Buralist song, deux chroniques urbaines avec supplément de gouaille dauphinoise, par Caroline Sebaibi ;
Recueil, poignante visite d’un garde-meuble comme on ouvre un album de famille ; puis Drôle de décor, prière athée, par Chantal Bouziat ;
Brutal, récit d’une tragédie et d’un traumatisme, comme son nom l’indique pudiquement ; puis Page d’écriture, discours de la méthode, c’est-à-dire deux facettes de Véronique Stouls (qui est une fille marrante, mais pas que) ;
Le bureau des souvenirs perdus, délicieuse fantaisie fleuve qui pourrait aussi bien être une nouvelle fantastique mais qui a bien raison d’être plutôt une chanson, par Mali Billiau ;
D’un sort malin, récit d’un fait divers paysan rendu à la fois hermétique, légendaire et universel par la grâce de la pure poésie, par Valda Daligand ;
Le plein de ta peau, déclaration d’amour épidermique et maritime, et mes fesses tu les aimes mes fesses, par Sylvie Reghezza ;
– Et puis bien sûr la chanson collective pour conclure cet album-ci, car où en serions-nous sans collectif : Jaloux, une java qui pose les vraies questions : « Où est l’amour ? Entre quatre mours ! Où est ma mère ? Qui m’exaspère« , etc.