Prochain stage de création de chansons assuré (et faut voir comment) par Marie Mazille & Fabrice Vigne : les 22-23 mars 2025, à Solexine, Grenoble. Comme l’échéance est dans 15 jours, il est grand temps de relever le compteur : restent non pas mille non pas cent non pas dix places vacantes, mais DEUX. Figurez-vous qu’on ne vend pas ces deux ultimes aux enchères, elles restent au même tarif dérisoire que les autres : 160 euros le week-end. Merci à Véronique Stouls qui nous a concocté l’attrayant support de com ci-dessus. Les autres détails à retrouver au Fond du Tiroir.
J’annonce les tarifs de notre stage et brusquement je découvre le dernier trumpisme à la con : le fou dangereux orange et blond vient de déclarer “tariff is the most beautiful word in the dictionary”. Comme je refuse d’avoir quoi que ce soit en commun avec ce type (à part à la rigueur les organes de base équipant un être humain), et certainement pas un mot fétiche, je m’indigne, m’ulcère et objecte qu’il existe des centaines de milliers de mots plus beaux que tarif. Figurine. Ombilical. Geyser. Confidentiel. Projectile. Relief. Graminée. Couleuvre. Iceberg. Chenil. Bronches. Kangourou. Agrafe. Collision. Marguerite. Pécamineux. Crocus. Tremblement. Acrobatie. Lénifiant. Et combien d’autres. Je me demande si tous les mots du dictionnaire ne seraient pas sensiblement plus beaux que Tarif.
Bref, pour jouer avec plein de jolis mots, rendez-vous le 22 mars. Is there Life on Mars ? Ben oui ! (Message subliminal : vive David Bowie, à bas Elon Musk.)
Je me trouve, à pied et par hasard, à chercher mon chemin dans les ruelles de l’une des plus petites préfectures de France, Digne-Les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence, ex Basses-Alpes).
Je remonte, toujours par hasard, la rue de l’Hubac lorsque soudain, au n°47, je tombe nez à nez avec une plaque m’informant qu’ici vécut l’évêque De Miollis, que Victor Hugo prit pour modèle en écrivant Monseigneur Myriel dans Les Misérables.
J’en suis bouleversé comme si je découvrais accidentellement l’authentique lieu natal de quelque héros. Ulysse, D’Artagnan, Jean Moulin, Spider-Man, Paul Watson ou Greta Thunberg, ce calibre, pas moins.
Monseigneur Myriel est introduit dans une séquence qui fonde à la fois l’incomparable roman-fleuve (dont le tout premier paragraphe, le fil qui dépasse et s’apprête à dévider toute la bobine, est : « En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siége de Digne depuis 1806. »), bien des consciences politiques dont la mienne, et diverses théories éducatives.
Myriel est « Un juste » (titre du livre premier) qui donne sa confiance à Jean Valjean et lui montre, par l’exemple et sans prêchi-prêcha, que le bien est possible. La bonté advient si la bonté est possible, et la bonté est possible aussitôt qu’un geste de bonté prouve qu’elle est possible. Elle est non seulement possible, mais elle est là, entre toi et moi, et maintenant à toi de jouer, non non, c’est à toi, tu peux garder les chandeliers, tu les avais oubliés.
Considérer que son interlocuteur est bon le rend bon (inversement, considérer qu’il est mauvais le rend mauvais – et ad libitum on peut remplacer « bon » ou « mauvais » par ce qu’on voudra, « intelligent » ou « stupide », « généreux » ou « égoïste », le paradigme s’appliquera).
Je me trouve devant le 47 rue de l’Hubac à Digne (quel nom de ville prédestiné, au fait) et je suis ému, presqu’aux larmes, comme si j’avais devant moi le nombril du monde, le centre natif de tout espoir possible.
Au cul les tristes sires et les fauteurs de guerre, Trump, Musk, Poutine, Bardella ! Vos gueules puisque la bonté est possible !
Je m’ébroue pour ne pas céder à l’angélisme mou, et plutôt que de citer Mgr Myriel, j’ai envie de donner ici un poème d’un autre natif des ex-Basses-Alpes, le poète Lucien Jacques, pote et par certains aspects Doppelgänger de Jean Giono :
CREDO
Je crois en l’homme, cette ordure. Je crois en l’homme, ce fumier, Ce sable mouvant, cette eau morte. Je crois en l’homme, ce tordu, Cette vessie de vanité. Je crois en l’homme, cette pommade, Ce grelot, cette plume au vent, Ce boute feu, ce fouille-merde. Je crois en l’homme, ce lèche-sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire De mortel et d’irréparable. Je crois en lui Pour la sureté de sa main, Pour son goût de la liberté, Pour le jeu de sa fantaisie
Pour son vertige devant l’étoile. Je crois en lui Pour le sel de son amitié, Pour l’eau de ses yeux, pour son rire, Pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui Pour une main qui s’est tendue. Pour un regard qui s’est offert. Et puis surtout et avant tout Pour le simple accueil d’un berger.
Aujourd’hui avec ma camarade Marie Mazille : journée de travail un peu pleine. Six ateliers d’écriture de chansons dans les six classes d’une école élémentaire = six chansons créées. Le rythme est trop stakhanoviste à mon goût et au crépuscule quelques-uns de mes neurones ont fondu, mais peu importe, comme toujours lorsqu’il s’agit de création, seul le résultat compte. Le résultat cogne dur. Le thème général imposé était le tour du monde et les droits des enfants. La dernière classe de la journée, un CM2, a choisi de travailler sur la Chine… Comme j’objectais que la Chine était un trop grand pays pour être traité en une seule fois et qu’il faudrait cibler davantage le propos, au fil de la conversation le thème de la chanson s’est précisé, s’est même radicalisé. Nous en avons fait un petit tract anti-capitalisme et anti-globalisation. Hé ben dis donc ! Ils sont bien, ces petits. Vive l’avenir, finalement.
THÉO ET TAO
Tu t’appelles Tao T’as pas eu de pot Douze ans, à l’usine Tu es né en Chine Travaille dans le noir Du matin au soir Fabriquer t-shirt Fabriquer t-shirt Fabriquer t-shirt … Et livrer t-shirt Qui part en cargo Qui casse ton dos Au suivant !
Tu t’appelles Théo Toi t’as eu du bol Douze ans, à l’école Et à faire le beau Pour le karaté Ou pour la soirée Acheter t-shirt Acheter t-shirt Acheter t-shirt … Et jeter t-shirt Qui t’a rendu beau Qui t’a fait héros Au suivant !
Théo et Tao Sont dans un bateau Un seul tombe à l’eau Théo et Tao Sont dans un t-shirt Le monde les heurte
Cette nuit, je reprenais mes études. Je me suis inscrit en licence de lettres, après tout pourquoi pas, je n’ai jamais fait d’études de lettres, si ça se trouve ça me plairait, et, si j’en juge par les paysages que je vois défiler depuis la plateforme supérieure du bus qui m’emmène sur le campus le long du fleuve, je l’ai fait à Montréal. C’est jour d’examen. La lumière de l’aube est douce sur la jetée. Je m’étonne d’avoir si peu le trac mais la raison en est simple : l’obtention de mon diplôme est un enjeu dérisoire face à la situation politique internationale apocalyptique. Donal Trump a annoncé qu’il allait annexer le Canada dans la journée, les indépendantistes québécois en ont profité pour ressurgir en force, et fédérer la population à la fois contre Trump, contre les USA, contre le Canada. Le Québec veut son indépendance, maintenant ou jamais, les rues sont pleines d’un flot humain brandissant des drapeaux bleus à fleur de lys, et j’entends des slogans comme Sécession du Canada, à bas le 51e état ! Je me dis : tiens, je pourrais écrire un mirliton sur l’actu. Mon bus est immobilisé, il est même balloté sur ses essieux par les mouvements de foule, et j’hésite. Dois-je descendre et finir mon trajet en courant vers l’amphi, ou bien me mêler à la manifestation et au mouvement historique ? Je remets à plus tard le moment de trancher car pour l’heure je cumule, tentant de conjuguer mes intérêts du jour et ma conscience politique : je sors du bus et je fends la foule compacte en direction du campus, mais comme j’ai toujours sur moi mon mug à motif de fleur de lys, je le dégaine et je cours tout en l’agitant au-dessus de ma tête en signe de solidarité avec les militants. J’atteins l’université tant bien que mal, essoufflé, en nage. Je ne me souvenais pas du tout à quel point le campus de Montréal ressemble à celui de Grenoble, c’est pratique, j’ai quelques repères. La circulation y est très dense, l’activité y est typique d’un jour d’examen ou d’une fourmilière, et j’ai le temps de regretter que les étudiants soient si peu mobilisés par la cause géopolitique mais qui suis-je pour donner des leçons à quiconque. Avant de rejoindre mon amphi (zut, je vais vraiment finir par être en retard) je dois faire un crochet par l’administration parce que sur mon planning d’examens, j’ai noté deux convocations à la même heure, pour un écrit et pour un oral, j’ai dû encore choisir des options inconciliables, voilà ce que c’est que de vouloir tout faire alors qu’on ne peut faire qu’une chose à la fois. La queue dans le couloir du secrétariat est très longue, je n’en vois pas le bout. Je suis découragé d’avance et prêt à renoncer lorsque j’avise au sol une petite pile instable de papiers pliés en huit. Ah ben ça alors, le papier du dessus porte mon nom en écriture manuscrite. Il s’agit de messages adressés aux étudiants, quelle drôle de manière de communiquer, empiler les papiers à même le sol du couloir et charge à chacun de prélever ce qui lui revient, il faut croire que les mails et les téléphones sont tous hackés ? Je pose un genou à terre et je déplie le mémento à mon nom. Il y est question d’une formation à la science fiction, et à nouveau j’ai un doute, permis par la formulation ambiguë : me propose-t-on ici de suivre des cours sur la littérature d’anticipation, ou de me préparer à un futur proche bouleversé ? Je n’ai pas le temps d’y réfléchir davantage, je dois reprendre ma course, je cavale derechef à travers des couloirs, des galeries et des escaliers, et je me présente enfin devant la porte de l’amphi de mon examen, il était moins une, je pénètre juste avant le clac de la fermeture définitive. Je m’assois tout en haut de l’amphi et je sors mon stylo. L’examen porte sur l’allégorie de la caverne. Moi qui n’avais pas trop révisé, je suis soulagé de constater que les sujets d’examens sont stables depuis 3000 ans. Bien sûr, j’ai des choses à dire sur l’allégorie de la caverne, mais à peu près les mêmes depuis 3000 ans, à peine réactualisées par la technologie, ça m’ennuie un peu. J’ai une idée pour casser la routine et m’exciter le ciboulot : je vais écrire ma dissertation en vers. Ah, oui, super idée. Le premier me vient assez vite.
La grotte est au grand jour, en lumière bleutée.
Il est bien gaulé, j’en suis très content, je hoche la tête. J’attaque le deuxième qui me donne du fil à retordre.
Nos écrans sont en fer…
Je n’arrive pas à dépasser le premier hémistiche qui me semble perfectible, je le retravaille sans relâche, je le pétris, je tente d’autres solutions, j’essaie Nos écrans sont nos fers que je trouve un peu trop démonstratif, puis Nos écrans sont l’enfer, trop mélodramatique… Zut, si je pinaille de la sorte je ne sais pas si je vais avoir le temps de composer ma légende du nouveau siècle, l’aiguille tourne tandis que la rumeur des manifs enfle derrière les fenêtres. Je me réveille. Il fait encore nuit. Bon, j’ai un quatrain à finir avant de commencer ma journée.
La grotte est au grand jour en lumière bleutée Nos écrans sont en fer, et nos chaînes mobiles. La communication nous a rendu débiles Pommettes en valise à force de zieuter.
Je vais me recoucher mais je ne sais pas si je vais me rendormir.
Ultimes lectures de l’année 24 : enchaînés, deux délicieux essais du docteur Maboul de la littérature, alias Pierre Bayard. Oedipe n’est pas coupable (2021) et Hitchcock s’est trompé – ‘Fenêtre sur cour’ contre-enquête (2023). Fidèle à sa méthode paranoïaque-hérétique, le professeur Bayard nous (me) retourne à nouveau le cerveau à coups de paradoxes ludiques mais impeccablement érudits (Cf. cette rediffusion au Fond du Tiroir).
La méthode de Pierre Bayard reste inchangée, garantissant une rigueur universitaire irréprochable, et la table des matières de chacune de ses oeuvres est reconduite à l’identique : une introduction pour poser le problème ; quatre parties de quatre chapitres chacune pour déployer une dialectique claire, rationnelle et toujours référencée ; une conclusion.
Sauf que cette exigence de sérieux est un trompe-l’oeil et une pince (sans rire). Les thèses de Bayard sont toujours abracadabrantes – et cependant convaincantes. Nous en sortirons enrichis de la meilleure récompense que peut léguer une recherche académique : le doute en cerise sur le savoir.
Dans cette série-là, de « critique policière » , comptant déjà six tomes, il s’emploie à réouvrir le dossier de meurtres célèbres afin de démontrer qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, car l’assassin n’était peut-être pas celui que l’on croyait – l’auteur, absolument pas fiable, du texte originel, n’y avait lui-même vu que du feu. À moins qu’il ne soit suspect d’avoir sciemment aveuglé son lecteur. Hamlet, Roger Ackroyd, Le Chien des Baskerville : le coupable était innocent et réciproquement.
Son enquête sur Fenêtre sur Cour incite bien sûr à revoir le film d’Hitchcock d’un oeil nouveau (sachant que l’oeil est le sujet et le moteur même de ce film).
Quant à celle sur Oedipe, elle est particulièrement retorse : non, Oedipe n’a pas tué son père, et Bayard, renversant cette doxa, foule aux pieds une autre mythologie, celle de la psychanalyse ! Qui donc a tué Laïos ? On le découvrira au terme d’un dossier aussi rigoureux que d’habitude, mais sensiblement plus inquiétant que les précédents opus… Car Bayard n’a jamais autant qu’ici parlé de lui-même à la première personne, mettant en scène l’enquêteur en sus de l’enquête, et pour ce faire il prend des accents lovecraftiens : il a mis au jour une vérité indicible, qu’aucun mortel n’était préparé à appréhender… et cette vérité bouleversant l’ordre cosmique l’a rendu fou. Il a déterré Des choses cachées depuis la fondation du monde pour reprendre le si beau titre d’un auteur qu’il cite d’abondance, et pour cette faute prométhéenne il est maudit ! Maudit, maudit ! À Thèbes, dans le milieu des psychanalystes, et dans le monde entier !
Le prolixe Bayard publie un livre par an et dans sa toute dernière enquête farfelue, à nouveau à la première personne, intitulée Aurais-je été sans peur et sans reproche ?, il se mesure à son « ancêtre » le chevalier Bayard… Si jamais il manque d’idées (ce qui m’étonnerait un peu) pour ses prochaines contre-enquêtes littéraires, je lui suggère de se frotter à un autre type de classiques et un autre genre de mythologie : les récits religieux. Que sait-on au juste des circonstances de la mort du Christ, et les boucs émissaires si commodément désignés par la tradition (Judas, Ponce Pilate) ont-ils vraiment joué le rôle qu’on leur assigne ? Cette mission, si vous l’acceptez, comporte par les temps qui courent des risques mortels. Comme toujours, si vous ou l’un de vos agents étaient capturé ou tué, la Sorbonne nierait avoir eu connaissance de vos agissements.
Dernier rattrapage en DVD de l’année : Reality de Tina Satter (2023). Dernier gros choc rétinien, également. Film unique en son genre, au dispositif radical et intrépide.
Le 3 juin 2017, Reality Winner (« Gagneuse de réalité » quel nom incroyable, purement conceptuel ! il est pourtant authentique…) est arrêtée chez elle par le FBI qui met un temps fou à lui révéler ce qui lui est reproché : elle est accusée d’avoir fait fuiter un document confidentiel suggérant l’ingérence de la Russie lors de la première élection de Trump, en 2016.
Le dialogue entre Reality et les agents fédéraux, d’une durée de près de deux heures, a été enregistré sur place, et le film est tout simplement (?) la mise en scène de ce verbatim, n’inventant pas un seul mot mais, en revanche, de multiples et fascinants stratagèmes de thriller en huis-clos.
Cependant, le plus troublant pour moi dans ce film qui repose sur un effet de réel absolu, est son aspect lynchien, c’est-à-dire absolument irréel. Car le réel n’est qu’apparences, couche après couches, rideaux de velours et de fumée. À mille lieues du rythme trépidant et codifié des films d’espionnage hollywoodiens, les hésitations, les lenteurs, les maladresses, les embarras qui émaillent les paroles, les étranges échanges entre les « personnages » qui s’étirent en perpétuels travaux d’approche, qui seraient burlesques s’ils n’étaient si inquiétants, comme s’ils ne parlaient pas la même langue et abordaient chacun par une face différente une vérité qu’aucun d’entre eux ne connaîtra tout à fait… ont l’air de sortir tout droit de Twin Peaks.
Alors, la révélation m’est venue. Le monde est devenu Twin Peaks. David Lynch a gagné. Il a contaminé le réel. Pas seulement le cinéma : le réel. Ou du moins, il a contaminé la façon de le regarder, la seule façon d’avoir accès à lui : accès bancal, irrationnel, anxieux, absurde, drôle dans le meilleur des cas – sinon menaçant. David Lynch le voyant, poète et prophète a révélé (a pressenti) la bizarrerie du réel en sorte que le réel sonne et sonnera désormais bizarre « à la Lynch ».
Je suis fort chagrin depuis que j’ai appris que David Lynch, fumeur depuis 60 ou 70 ans environ (je me souviens de cette réplique autobiographique dans Sailor & Lula : « Sailor, à quel âge as-tu fumé ta première Marlboro ? – Euh, je crois que j’avais 4 ans » ) est atteint d’un emphysème pulmonaire, qu’il ne respire plus qu’assisté par une bouteille d’oxygène, et qu’il ne réalisera plus de film. D’un autre côté, il n’a plus besoin de réaliser des films puisqu’il a réalisé le monde.
Voilà pour moi la leçon essentiel de ce Reality qui parle effectivement de reality, à l’époque trumpienne de la post-vérité, des faits alternatifs et de l’oppression technologico-policière. Usuellement, pour nous comprendre les uns les autres comme si cela était possible, nous qualifions notre époque de « trumpienne » mais si ça ne tenait qu’à moi nous dirions évidemment lynchienne, histoire de rendre à César.
Addendum du 16 janvier 2025 : aujourd’hui Los Angeles est en flammes et David Lynch est mort. Qu’il ait succombé aux mégafeux léchant Mulholland Drive ou aux décennies de tabagie revient au même, il a été consumé. Nous ne pouvons dire qu’une prière pour lui : Fire, walk with him.
Bienvenue dans l’expo « Pays Bassari », musée Dauphinois. Photo Laurence Menu
« Où tu es allé pendant les vacances ? – En Afrique, presque. Mais juste à côté de chez moi. »
Je suis grenoblois depuis 38 ans, oh comme c’est amusant, 38 comme l’Isère, et depuis 38 ans je m’époustoufle des expositions du Musée Dauphinois.
Vu là-haut aujourd’hui l’expo « Pays Bassari » consacrée à ce territoire certes non dauphinois mais africain, qui se déploie à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali (car la cartographie des populations et des civilisations a peu à voir avec les frontières tracées à la règle et au compas par les colons). Territoire dont la richesse humaine est telle qu’il est inscrit depuis 2012 sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. L’expo est à voir au Musée Dauphinois jusqu’en septembre prochain.
Il n’y a rien de mieux (au monde, hein) que l’ethnologie. L’ethnologie est à la fois une méthode scientifique, une pédagogie, un art de la narration (on comprend un peuple avec ses contes : avec ce qu’il se raconte à lui-même), une ouverture d’esprit, un enregistrement du temps qui passe ici comme partout, des constantes qui demeurent ici comme partout et des changements qui adviennent ici comme partout, une prise de conscience que si l’humanité compte huit milliards d’individus alors chacun des huit milliards est une possibilité de l’humanité, et enfin, par-dessus tout, fondamentalement, l’ethnologie est un exercice de pur accès à la beauté, et si elle n’était pas cela aussi elle ne serait rien de tout le reste.
Une fois la beauté assimilée, et peut-être seulement à ce moment-là puisque le contact avec le monde est d’abord sensible, l’ultime vertu de l’ethnologie est bien sûr politique : l’accès à l’idée même que « d’autres mondes sont possibles » . Ainsi, nous autres occidentaux baignons tellement dans la société de classes, bien complète de ses rapports de domination et de ses inégalités systémiques, nous encourons le risque calamiteux de croire que cette construction par classes sociales est « normale » voire « naturelle » ; or une salle de l’expo, particulièrement bien conçue, décortique la construction sociale des ethnies du pays Bassari non par classes socio-économiques mais par classes d’âge. Dans certaines d’entre elles, on change de catégorie, et donc de rôle et de fonction sociale, tous les trois ans. Et ça marche ? Ça ne marche pas plus mal que chez nous.
Quand j’étais étudiant je pensais qu’ethnologue était le meilleur métier du monde. Je ne suis pas devenu ethnologue, je suis devenu fainéant, mais cela ne m’empêche pas de lire de l’ethnologie, encore heureux, ce n’est pas parce qu’on n’est pas poète qu’on n’a pas le droit de lire de la poésie.
Je me demandais si c’était vraiment adapté à un public jeunesse, mais bon, pour une fois qu’on reçoit une commande, qu’on nous promet un cachet, on ne va pas cracher dessus, pas de fine bouche allons-y, va pour une école. Lorsque j’arrive sur place, j’apprends que c’est organisé dans le cadre d’une journée de sensibilisation aux handicaps. Ah, bon ? Mais quel rapport avec la guerre de 14 ? Oui, c’est vrai que beaucoup de poilus sont revenus handicapés mais tout de même, je me demande s’il n’y aurait pas un malentendu… Bon, je ne discute pas, je me prépare, j’enfile mon costume noir pendant que les enfants jouent dans la cour de récré. Mais merde, me voilà en solo pour un spectacle conçu en trio, mes textes à moi je les connais à peu près, mais ceux de Stéphanie ??? Ah tant pis, je n’ai plus le temps de réfléchir, je me débrouillerai, il faut juste que je vérifie que j’ai bien le bouquin original dans mon sac et pas seulement mes propres textes réécrits à la main. Et la musique, au fait ? Bordel, mais Tof et sa cornemuse ne sont pas là non plus ! Ah ben oui l’école n’avait d’argent que pour un seul cachet ! Qu’est-ce que je peux mettre comme musique à la place ? Attends voir ils ont quoi sous la main ? Sur le bureau de la maîtresse devant le tableau : un lecteur de CD, et c’est quoi les albums à disposition ? Steve Waring, Henri Dès… C’est pas du tout adapté, ça va faire un contraste très bizarre, je vous le dis tout de suite ça va être n’importe quoi cette représentation… Mais bon, il faut que je me répète que c’est payé, et que ça nous vaudra peut-être une meilleure invitation ailleurs, faut que j’ai le réflexe effet domino, ah au fait je les ai pris les flyers ? Plus le temps de finasser, je vois les parents d’élèves faire la queue devant l’entrée, certains ont des bébés dans les bras, ils ont tous l’air de bonne humeur, les pauvres ne savent pas ce qui les attend, je vais te casser l’ambiance, moi, ça va pas tarder, j’entends les flonflons et les boums-boums, les hauts-parleurs dans la cour de récré, en fait c’est la kermesse de fin d’année, je vois dans la cour un stand de tir sur boîtes de conserve, vite, il faut que j’invente un moyen de rattacher le spectacle à ce stand, inviter les parents d’élèves à tirer sur des boîtes de conserve pendant que j’énumère mes morts, un semblant de cohérence rétabli, ça pourrait marcher, allez on y va, aux grands maux… Heureusement, sur ce je me réveille.
Depuis l’annonce, le lundi 23 décembre 2024, du nouveau gouvernement sélectionné à la main par le premier ministre François Bayrou, l’une des expressions récurrentes employées par la presse pour qualifier les impétrants ministres est Fonds de tiroir. J’en prends ombrage. J’en fais une affaire personnelle. Je n’ai rien à voir là-dedans. Not in my name.
Le Fond du Tiroir tient à affirmer solennellement n’avoir donné aucune consigne de vote et n’avoir pas été appelé par Matignon. Si cela avait été le cas, il aurait conseillé à Bayrou, par souci d’apaisement, un authentique gouvernement d’union nationale incluant Jean-Pierre Raffarin, Jérôme Cahuzac, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Georges Pompidou, Guy Mollet et Edouard Herriot. Bayrou n’a hélas pas jugé bon de solliciter les conseils du Fond du Tiroir, mais il faut reconnaître avec fair-play qu’il s’en est très bien tiré tout seul, avec un résultat très comparable.
Les journalistes manquent peut-être de vocabulaire ? On pouvait dire, oh ! Dieu ! bien des choses en somme, par exemple, tenez. Le gouvernement que François Bayrou a offert à la France au pied du sapin, remarquable non-événement, aligne les increvables opportunistes, les losers repêchés, les droitards qui font comme si de rien, les fantoches utiles, les ringards retourneurs de chemise, les zombies politiques à la gamelle, non, pardon, je retire ce que je viens de de dire, c’est désobligeant pour les zombies, car les zombies y en a des bien.
Parmi ces éternels de retour, Catherine Vautrin, ex-RPR, ex-UMP, ex-mise en examen (en 2014, en tant que trésorière de l’UMP), ex-LR, actuelle Renaissance, hérite de ce qui est qualifié de « super ministère social » : la voici Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles . Elle était déjà en charge de ce portefeuille fourre-tout en début d’année et avait déjà commencé à nuire en préparant une réforme de l’assurance chômage toujours plus sévère envers les chômeurs. Entre elle et le « social » l’histoire d’amour est fort ancienne, puisqu’elle fut « Ministre de la cohésion sociale » dès 2005, sous Chirac.
Or d’où vient cette ministre super-sociale ? Elle a suivi une formation de droit des affaires et, avant de se vouer à la politique, a appris la vie à la dure, en tant que cadre, cheffe de produit, directrice du marketing et de la communication pour la branche européenne d’une grande compagnie d’assurance américaine – c’est dire si c’est une pro, et qu’elle a à la fois la fibre nécessaire et les références suffisantes pour incarner le « social » dans le gouvernement Bayrou : nous pouvons être certains qu’il ne se passera absolument rien dans ce domaine, à part peut-être des économies sur le dos des maudits fainéants que sont les assistés sociaux.
J’en ai déjà parlé ici : j’ai mis fortuitement la main sur un lot de correspondance familiale couvrant près de deux décennies (1963-1981) et me suis plongé dans l’archéologie de moi-même.
Une lettre datant de 1976, j’ai 7 ans, raconte qu’avec mon grand frère, ainsi qu’avec le fils du voisin et sa petite soeur, nous jouons tous les quatre à un jeu sérieux, nous avons fondé une tribu indienne, la Tribu de l’Aigle bleu, au sein de laquelle, comme je suis le plus jeune et le dernier dans la hiérarchie, je reçois le titre mystérieux d’aide de camp (anamnèse express ! me jaillit à la figure cette source souterraine d’Ainsi parlait Nanabozo ! Wakan Tanika soit loué !) ; une autre lettre, datant de noël 1971 évoque une traversée de la France en train de nuit, de la Bretagne aux Alpes, pour que mes parents, mon frère et moi-même passions les fêtes dans nos montagnes natales. J’ai deux ans et demi et ce voyage en train est peut-être bien mon plus vieux souvenir, j’en garde des images du couloir dans le wagon (un magicien y montrait des tours de cartes, j’en suis sûr) et surtout du hall de gare à Paris lors de la correspondance.
Mais c’est un autre passage de cette même lettre que je relève avec le plus d’émotion.
La personne qui tient la plume, avec qui hélas je ne peux plus échanger oralement, mentionne qu’à deux ans et demi je fais encore beaucoup pipi dans ma culotte et que j’aime la musique, les chansons, que je réclame qu’on rejoue sans cesse le même microsillon de Léo Ferré, et que j’aime notamment la chanson Dieu Vinaigre que j’identifie et que je cite lorsqu’elle passe à la radio.
Dieu Vinaigre ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Le manuscrit entre mes mains ajoute des guillemets et un point d’exclamation qui sonnent comme une private joke. J’adorerais qu’une chanson porte un titre aussi splendide, tellement chargé de symboles (ben tiens : la sainte éponge imbibée de posca pour désaltérer le Christ… les aigreurs religieuses diverses…). Hélas Youtube est formel : Dieu Vinaigre n’existe pas. Il ne me reste qu’à l’écrire.
Par associations et recoupements d’idées plus artisanaux qu’algorithmiques, je retrouve le titre original, déformé par le marmot de 1971 : Dieu est nègre est une chanson germanopratine de Ferré évoquant le jazz, le black power, les négro spirituals, la trompette d’Armstrong, les nuits et les bars de Manhattan à Pigalle. Je suis sidéré par la constance de mes goûts, quoique je ne pisse plus trop dans mes culottes.
Même si cette chanson de Ferré a été créée par Juliette Greco dès les années 50, bien avant que son auteur se la réapproprie, son titre constitue une provocation plutôt typique des années 70, mot d’ordre pro-Noirs, anticolonial et anticlérical. Dans le même esprit, en 1971, Anne-Marie Fauret, des Gouines Rouges, proclamait « J’ai vu Dieu, elle est noire, communiste et lesbienne » (L’Antinorm numéro 1, page 8), ajoutant ainsi anti-patriarcat, féminisme et lesbianisme aux précédentes revendications ; en 1972 Hugues Aufray chantait À propos d’un détail: Car le Bon Dieu du ciel, maintenant, c’est certain/Est un être charmant de sexe féminin/Et je dois ajouter à sa plus grande gloire/Que c’est une jolie fille et qu’en plus, elle est Noire.
Bref, Dieu est nègre était un blasphème, né dans une époque où le blasphème choquait (il servait à cela) mais où pour autant on n’envisageait pas de modifier la loi pour le condamner. Pourvu que ça dure. Du haut de mes deux ans et quelques, très innocemment j’allongeais de vinaigre la provocation blasphématoire. J’en faisais une jolie comptine.
Ce qui me conduit, toujours par associations non-algorithmiques et irrationnelles, à penser à autre chose, à d’autres comptines. Nos chansonnettes de cour de récré aussi étaient pénétrées de religion et (par conséquent ?) de blasphèmes.
Le p’tit Jésus a une quiquette/Pas plus grosse qu’une allumette/Il s’en sert pour faire pipi/ Vive la quiquette à Jésus-Christ ! Nous chantions cela. En voilà de la comptine très gentiment blasphématoire, qui ne saurait faire tiquer que les plus secs bigots, et qui au contraire rend à qui veut l’entendre Jésus infiniment sympathique, puisque tiré vers son versant humain. Verbe fait chair, Jésus est peut-être Dieu, mais il est en même temps notre semblable, notre frère, puisqu’il a une quéquette et qu’il a besoin de faire pipi comme vous et moi. Certes, cela contrecarre candidement la théologie chrétienne ordinaire qui a pour principe général de toujours nier les organes, non seulement des personnages de sa propre mythologie, mais aussi de vous et moi.
Nouvelle association d’idées para-algorithmique. L’autre jour, une personne fort proche de moi se voit contrainte d’interrompre par un hoquet la conversation qu’elle me faisait. Aussitôt je lui récite une formule, aussi mécaniquement que surgirait un « À tes souhaits » : J’ai le hoquet/Dieu m’l’a donné/Petit Jésus/Je ne l’ai plus, da capo ad libitum accelerando.
Cette comptine a valeur de formule magique, d’incantation de protection, de conjuration propitiatoire : la réciter enlève le hoquet par la grâce de Dieu et de Jésus. Et d’ailleurs, ça marche. La preuve ! La preuve de quoi ?
Il convient maintenant de parler des métaphores. Dans « Mon credo » j’écrivais ceci à propos des métaphores (c’est long : je prends ici le risque de perdre les moins motivés de mes lecteurs – à ceux-là, salut et joyeux noël) :
Je ne crois pas en Dieu à proprement parler, mais je crois en l’univers. C’est-à-dire que je crois aux métaphores : l’univers est vieux de 13,7 milliards d’années ; dieu au sens monothéiste du terme en est la métaphore, jeune d’environ 6000 ans. Dieu est donc né il y a 6000 ans pour se substituer en tant que métaphore, en tant que concept plus facile d’accès, en tant que manière de parler et de penser, à l’univers de 13,7 milliards d’années. Y compris pour moi qui ne croit nullement en Dieu, Dieu est recevable en tant qu’idée, que concept, qu’image, que métaphore de tout ce qui est plus grand que nous – l’univers, la vie, la mort, l’humanité qui a commencé longtemps avant moi et se terminera longtemps après (« Apprenez que l’homme passe infiniment l’homme et entendez de votre Maître votre condition véritable que vous ignorez. Écoutez Dieu. », Pascal), le peuple, la connaissance, la nature (« Deus sive Natura » Spinoza), la danse (« Je ne croirai qu’en un dieu qui danse » Nietzsche), le ciel, la forêt, la mer, l’amour, l’avenir, le passé, le temps-qui-passe… (Pour consulter ce que Nietzsche pensait des métaphores en tant que visions du monde/fictions du monde, lire Vérité et mensonge au sens extra-moral). Sans aucun doute je me sens davantage frère des mystiques foudroyés par la révélation parmi des ruines antiques inondées de soleil, tel un Albert Camus dans Noces à Ibiza, ou bien au cœur d’une forêt, tel un Romain Rolland écrivant à Freud la fameuse lettre du 5 décembre 1927 où il évoque le sentiment de ne faire qu’un avec l’immensité du monde : « …le fait simple et direct de la sensation de l’éternel (qui peut très bien n’être pas éternel, mais simplement sans bornes perceptibles, et comme océanique) », que d’un Claudel, converti à Notre-Dame derrière le second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Moi qui vous parle j’ai connu une sorte de révélation devant le bureau des postes de Chambéry, c’est pour dire. Une forêt, une bourrasque, un bureau de poste ou même, à la rigueur, pour les moins imaginatifs, une église, tout peut servir de support à cette métaphore universelle qu’est Dieu. Exemples de métaphores usuelles (petit jeu amusant : dans chaque cas, vous remplacerez le mot Dieu par un autre qui vous semblera plus approprié) : À Dieu vat ! Dieu seul le sait. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Dieu te garde/protège/guide/bénisse. Dieu soit loué ! À Dieu ne plaise. Dieu m’est témoin.Chaque jour que Dieu fait. « La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits » (Monseigneur Barbarin). « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! » (François Villon) « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » (Arnaud Amaury) Mon pauvre enfant, à présent ta maman est auprès de Dieu. Vaya con dios. Inch’Allah. God save our gracions Queen. Gottverdammt ! Dieu ait son âme. Dieu vous le rendra. Mon Dieu je jouis. Etc. En revanche l’espérance en Dieu en tant qu’être, vaguement anthropomorphe et traditionnellement plus viril qu’efféminé, doté d’une conscience, parfois d’une barbe, et surtout d’un quelconque intérêt pour ma petite personne, m’apparaît comme la manifestation du besoin infantile de croire que papa pense encore à moi lorsque je suis tout seul dans la nuit.
Qu’on ne s’y trompe pas : j’aime, j’adore et je respecte le pouvoir des métaphores (je suis écrivain), qui ajoutent du sens à nos visions du monde, et des visions à nos sens du monde… et nous rappellent à l’humilité, puisqu’il ne faut jamais oublier que la vision du monde n’est pas le monde. En cela, je peux dire que j’aime, j’adore et je respecte Dieu ou le petit Jésus, oui, pourquoi pas (même si je préfère Wakan Tanka). J’adule d’ailleurs la pensée magique en général pour ce qu’elle contient de poésie, mais je n’oublie pas qu’elle n’est pas le monde. Croire en la littéralité des métaphores : définition acceptable de tout délire.
Revenons à J’ai le hoquet/Dieu m’l’a donné/Petit Jésus/Je ne l’ai plus ! Repenser à cette mignonne comptine anti-hoquet, la réciter encore et la prescrire, me fait réaliser que Dieu et Jésus sont ici la métaphore d’autre chose. De quoi ? De la respiration. Du souffle. Et c’est tout sauf une nouveauté : le souffle, c’est l’esprit de Dieu depuis Job 33:4, et même depuis la première ligne de la Bible, La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.
Ne confondons pas la vision du monde et le monde. Ce qui t’a donné réellement le hoquet, ce n’est pas Dieu, c’est un dysfonctionnement momentané de ta respiration (une contraction involontaire, spasmodique et coordonnée de tous les muscles inspiratoires (diaphragme et muscles intercostaux), associée à une fermeture de la glotte) ; ce qui t’a ôté réellement le hoquet par magie, ce n’est pas le petit Jésus, c’est le fait de bloquer et réguler ta respiration le temps de répéter à toute vapeur et en boucle une formule magique – le miracle opérerait de même si on remplaçait la mention de Dieu et de Jésus par le Monstre de spaghetti volant, Dracula, Manuel Valls ou Riri-Fifi-Loulou. La prochaine fois que tu choperas le hoquet, essaye avec J’ai le hoquet/Joseph Staline m’l’a donné/Nicolaï Ceausecu/Je ne l’ai plous, je te parie ma chemise que le tour sera joué.
Vive le blasphème ! Vive la chanson ! Vive l’enfance ! Vive la quiquette à Jésus Christ ! Vive la pensée magique ET vivent les Lumières ! Vive la laïcité ! Vive la République ! Vive la France ! Joyeux noël !
Éditeur et blogueur depuis avril 2008.
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