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Articles taggués ‘ABC Mademoiselle’

Célébration du philtrum

21/07/2020 Aucun commentaire
Dante Gabriel Rossetti (English, 1828-1882)
Jane Morris, the blue silk dress
1868
Oil on canvas
110.5 x 90.2 cm
Londres, The Society of Antiquaries

Je lis un livre anglais sur mon second écrivain anglais préféré (le premier est Shakespeare car je suis très académique comme garçon), Alan Moore.
J’en suis à un témoignage du dessinateur Bryan Talbot. Je trébuche sur une phrase, je la relis trois fois mais un mot m’échappe :

[Alan] loved my suggestion of basing her [Talbot parle du personnage principal d’une bande dessinée qui finalement n’a jamais existé, Nightjar] on Jane Morris, the pre-raphaelite model and wife of William Morris. The straight nose, strong jaw, and pronounced philtrum. [She] went against the then contemporary received wisdom of never drawing philtrums on attractive female characters, as it made them look masculine. »

Philtrum ? Mais qu’appelez-vous au juste un philtrum ? Je crois comprendre que le mot désigne un détail anatomique, mystérieuse partie d’un visage qu’a priori les canons esthétiques interdisent ou du moins interdisaient de représenter chez un personnage féminin, mais qui était cependant bien visible chez Jane Morris, égérie des préraphaélites (cf. portrait ci-joint, que j’observe à la loupe), diable diable.
S’agirait-il d’un mot existant en anglais mais absent de la langue française ?

Vérification faite, le philtrum existe aussi en français, puisqu’il existe sur tous les visages. Il est cette petite gouttière, plus ou moins prononcée selon les individus, qui relie le nez à la lèvre supérieure et qui, pivot central, est le garant de la symétrie de tout faciès. Le philtrum est aussi visible que le nez au milieu de la figure et j’ignorais jusqu’à ce soir, parvenu minimum à la moitié, peut-être aux trois quarts de mon existence, qu’il s’appelât philtrum ! Je n’ai pas souvenir que le mot philtrum apparaisse dans L’empreinte de l’ange de Nancy Huston pourtant c’est bien de lui qu’il est question… Notons pour le plaisir que philtrum provient du grec φιλέω, par conséquent l’amour.

Il y a une douzaine d’année, alors que j’écrivais un abécédaire gentiment sensuel pour Marilyne Mangione, ABC Mademoiselle, ce recoin que j’aimais pourtant beaucoup n’avait pour moi pas de nom. J’imaginais peut-être que j’étais seul au monde à le contempler. Quand on est amoureux on croit toujours être le premier amoureux du monde. J’avais décidé de le caser à la lettre K, orpheline et exempte d’autres organes plus proéminents, de mon énumération du corps féminin :

« Mon Kiki que je Kiffe… Mon Koin préféré, dont j’ignore le nom, ma rigole en forme de Kayak… Kiss ! »

Je saurais aujourd’hui qu’il convient de le ranger à la lettre P. On n’a jamais fini d’apprendre, en ces domaines.

Sexe et violence

13/01/2013 Aucun commentaire

2013, retour aux fondamentaux : sexe et violence pour tout le monde, c’est ma tournée ! Pour mes deux premières apparitions publiques de l’année, je donnerai ici dans l’érotisme, et là dans le gore.

Sexe : le vendredi 25 janvier à 19h, j’inaugurerai le cycle Lectures clandestines au Lys noir, 1 rue des Clercs à Grenoble, où je procèderai à la lecture d’ABC Mademoiselle avec mademoiselle (il est désormais défendu de dire « mademoiselle » paraît-il, je m’en fous, j’aime ce mot, j’en ai même fait le titre d’un livre, alors je continuerai à m’en servir) Marilyne Mangione, qui expose pour l’occasion les originaux de l’ouvrage sur les murs de ladite échoppe. Dans la foulée je lirai, je crois, des poèmes et proses de mon érotomane préféré, Pierre Louÿs, que je puiserai dans des livres admirables et précieux tels que Les Chansons de Bilitis, Trois filles de leur mère, Douze douzains de dialogues, Manuel de civilité pour les petites filles et même, pour finir, car dans un coït le crescendo fait tout, l’hallucinant Pybrac. Ceci avec la complicité de mademoiselle Vanessa Curton et de mademoiselle Nathalie Tjernberg, et l’amicale participation du comédien Eric Trung Nguyen. Réservations au 06 10 02 67 57.

Violence : le mardi 19 février à 20h dans l’auditorium l’Odyssée d’Eybens, mon camarade et maître Olivier Destephany et moi-même exécuterons sauvagement la lecture musicale de Fais-moi peur saison 3, Du sang sur l’archet, avec le soutien de l’orchestre à cordes Les Aventuriers de l’archet perdu (direction Christine Antoine). Ou l’histoire sanguinolente mais bien sentie d’un pauvre contrebassiste qui se transforme en loup-garou en pleine représentation du Requiem de Mozart, mésaventure qui hélas arrive tous les jours, on ne le sait pas assez. L’affiche dans le plus pur style films-de-la-Hammer ci-dessus est signée Romain Sénéchal, avec qui je n’ai pas fini de travailler.

Je précise que ces deux happenings seront à entrée libre et but non lucratif. J’avais initialement songé à faire de 2013 l’année Sexe, violence et pognon, mais finalement c’eût été abuser de démagogie, le sexe et la violence sont encore meilleurs s’il s’agit d’actes gratuits, venez donc nombreux et sans votre carnet de chèques. Sauf si vous tenez à acheter des livres, bien sûr.

ABC Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

14/02/2009 Aucun commentaire

Oui, bon, allez, d’accord, c’est la Saint-Valentin, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Saint-Valentin, fête la plus inepte du monde, source d’anxiété pour les couples (« ça va ? j’ai bon ? suis-je assez amoureux cette année ? avec tout ce que je lui offre ? »), et d’amertume pour les esseulé(e)s (« mon Dieu ! tous les garçons et les filles de mon âge savent bien ce que c’est qu’être heureux, oui mais moi etc »), Saint-Valentin ne fait rien pour exalter nos réelles aptitudes à l’amour. Au contraire, elle nous ferait douter – cette célébration dans le calendrier ressemble à une commémoration je trouve, un deuil, une pensée obligatoire pour nos poilus, 11 novembre en février. Saint-Valentin donne envie de détester l’amour à mort et le soldat inconnu et de brailler à tue-tête une chanson de Brigitte Fontaine.

Oh, et puis ça suffit, hein, vous avez, nous avons, ils/elles ont, presque aussi peu besoin d’une chronique, d’un billet d’humeur, d’un coup de gueule supplémentaire contre Saint-Valentin, que de Saint-Valentin. Vous avez, nous avons, ils/elles ont, besoin d’amour, c’est tout. L’amour, fête intime la plus précieuse qui soit, tourne à l’horreur et au grotesque quand elle devient fête sociale et institutionnelle, ou bien en critique de la fête sociale et institutionnelle. Ce n’est pas une raison pour ne pas nous aimer les uns les autres ; simplement, aujourd’hui on peut jeûner, faire relâche, dès demain on s’y remettra. Sinon, c’est nous qui sommes morts.

Tiens, si vraiment vous souhaitez vous abandonner au consumérisme valentin plutôt que d’être authentiquement amoureux, vous n’avez qu’à vous offrir mutuellement ABC Mademoiselle, et si vous êtes seul(e), vous l’offrir à vous-même ; cadeau de très bon goût dans tous les cas, idéal pour fêter l’amour puisque c’est un conte joyeux à propos de la solitude, l’amour en jachère dans un joli terrain, en attendant que ça pousse.

Et moi, ce que je vous offre : ci-dessous une trouvaille de l’habile et diligent Patrick « Factotum » Villecourt qui, fouinant sous la surface du web, a dégoté ce bel abécédaire, vingt-six photos qui ne sont pas sans lien avec les vingt-six gravures de Marilyne Mangione (exposées à la bibliothèque du centre-ville de Grenoble jusqu’à la fin du mois). L’auteur en est le photographe russe Oleg Origin. Et sur le même sujet, certainement inépuisable, des liens charnels entre le corps du désir, et le corps des lettres qui expriment ce désir, vous trouverez ici deux autres variations, transmises par une lectrice non moins diligente et habile, que je remercie chaleureusement.

Filmographie sélective : allez donc voir (ou lire) La fête de l’amour de Philippe Caubère, film drôle et profond sur l’amûr, son intériorité et son extoriorité, ses rituels et ses serments, ses euphories et ses tourments, son éternelle surprise et sa fatalité. Tant que vous y serez, voyez donc Le Roman d’un acteur en entier, les onze épisodes, ça ne peut pas vous faire de mal.

Le Fond du Tiroir vous aime.

les grands esprits se rencontrent

 

Je dis ça, je dis rien

04/02/2009 8 commentaires

Abaissez quoi, au juste ?

ABC Mademoiselle : un troisième opus jaillit orgasmatiquement du tréfonds du tiroir. C’est mon huitième livre, je dis ça, je dis rien…

Et c’est mon premier livre érotique, je dis ça, je dis rien…

Je réalise au passage que, jusqu’à présent, je n’avais encore jamais publié trois livres chez le même éditeur. Un seul chez l’Ampoule, deux chez Magnier, deux chez Castells.

Trois chez moi.

Je dis ça, je ne dis rien de spécial.

Ce que je dis, en revanche, c’est que vous êtes cordialement invités au vernissage du nouveau-né, demain jeudi 5 février 2008 à 18h30 à la bibliothèque du centre-ville de Grenoble, où la charmante Marilyne Mangione et moi-même tâcherons d’accomplir une lecture de cet ouvrage en conservant notre sang-froid.

Et puis faites-vous donc plaisir en commandant l’ouvrage, car du même coup vous me ferez également plaisir : cet ABC a beau chanter les plaisirs solitaires, quand c’est partagé, c’est bien, aussi.

Voilà l'invitation diffusée par Marilyne. Je suis très choqué ! Je suis un auteur jeunesse, moi ! C'est obscène ! Indécent ! Scandaleux ! Que fait la police des moeurs ?

(bien sîr que c’est fait exprès, les deux V de Février, qu’est-ce que vous croyez.)

Sous les jupes des filles ? Une fleur.

21/01/2009 2 commentaires

gentil coquelicot, mesdames

« Le premier homme qui compara une femme à une fleur était un poète ; le deuxième était déjà un imbécile. » (Orson Welles, je crois. Mais peut-être que lui-même citait quelqu’un d’autre ?)

Tant pis ! Je suis le dernier (en date) des imbéciles ! J’aime les fleurs, elles sentent bon, et leur parfum est toujours neuf, figurez-vous.

Ci-dessus une composition florale que Marilyne Mangione a déclinée de l’une de ses 26 lettrines (la « D »). Marilyne expose ses belles-lettres (ainsi que quelques autres travaux) à la bibliothèque du centre-ville de Grenoble du 3 au 28 février 2009. Je la rejoindrai le jeudi 5 à 18h30 au même endroit, pour une lecture à deux voix de l’ABC Mademoiselle, et pour la sortie officielle de cet objet d’art, troisième Fond-du-tiroir, livre sensuel et insensé, hédonisme éhonté qui me ruine et que pourtant je vends très peu cher (20 euros ! tu parles ! il m’en coûte pratiquement autant ! Je vous fais une fleur, pour le coup !), au beau milieu de la crise non seulement mondiale mais en plus partout-partout.

Si vous ne pouvez assister à la lecture, c’est fort regrettable pour vous, mais consolez-vous je vous en prie en commandant l’ouvrage.

Voyages d’hiver

20/01/2009 3 commentaires

C'est joli aussi, le bleu.

Voici mes dates de tournée cet hiver.

  • Mardi 27 janvier : lycée Récamier à Lyon (classes de seconde et première autour de TS et des Giètes) puis, à 17h, rencontre dans la librairie L’Etourdi de Saint-Paul, 4 rue Octavio Mey, Lyon – ultime rencontre subventionnée Rhône-Alpes dans le cadre du PRAL.
  • Du mercredi 28 janvier au dimanche 1er février : Fête du livre jeunesse de Saint-Paul-Trois-Centrales-Nucléaires (hé, je blague, hein ! sans rire, je suis fou de joie de retourner à Saint-Paul-Trois-Châteaux ! J’adore Saint-Paul-Trois-Châteaux ! je n’oublierai pas mes capsules d’iode !), avec notamment au programme :
  1. une tripotée de rencontres scolaires du CM2 à la 3e,
  2. Mercredi 28, 16h30 : portrait de votre serviteur dans l’espace débat du salon ; 20h : lectures de textes de ma bonne marraine Jeanne Benameur (en compagnie de Bernard Friot).
  3. Jeudi 29 (jour de grève nationale ! donc programme sous réserve), 10h45 : intervention dans le cadre des journées professionnelles, sur le thème Ce qui nourrit la création littéraire (Le thème global du salon, cette année, étant « Se nourrir pour grandir »), en compagnie de la même Jeanne B. et de Hubert Ben Kemoun.
  4. Dimanche 1er février, 16h : partez pas, il en reste ! Le salon de Sain-Paul n’est pas encore terminé ! Christophe Sacchettini et moi-même donnerons notre pestacle musical adapté des Giètes.
  • Jeudi 5 février 18h30 : lecture d’ABC Mademoiselle avec Marilyne Mangione, à la bibliothèque du centre ville de Grenoble, à l’occasion de la sortie de ce livre échappé du Tiroir, dont je vous recauserai, évidemment. Cette lecture-ci, contrairement à celles sus-évoquées, me flanque un trac terrible, je ne sais pas encore comment on va faire… Une seule chose est sûre : les belles gravures de Marilyne, à l’origine de ce texte, seront exposées à la bibliothèque du 3 au 28 février…
  • Mercredi 18/jeudi 19 février : variation sur les Giètes, toujours avec Christophe, lors d’un stage de musiques improvisées en Ardèche. Je ne sais pas au juste où ça se passe, il faudrait que je prenne du souci…
  • Mardi 3 mars : rencontre à la bibliothèque Malraux de Saint-Martin d’Hères.
  • Samedi 7 mars : « les Giètes, the musical », en version spectacle d’appartement, toujours à Grenoble. Renseignements auprès de l’hôtesse : demander Rachel au 04 76 42 56 31/06 79 46 96 95.
  • Lundi 23 au jeudi 26 Mars, pas à proprement une tournée, mais largement aussi bien : un voyage d’étude à la foire internationale du livre de jeunesse de Bologne. Chic !
  • Week-end du 28-29 mars : le FdT aura son stand sur le Printemps du livre de Grenoble.
  • Lundi 30 mars : rencontres au lycée Albert Thomas (Roanne).
  • Mardi 31 mars : rencontres au lycée Mounier (Grenoble), avec l’après-midi exécution des Giètes Musicales avec Christophe et ses instruments.
  • Samedi 4 avril 20h30, à Charavines : Giètes again lues et musiquées par Christophe et mézigue, à l’invitation de l’association « De bouche à oreille« . Ce sera peut-être l’ultime représentation (à moins bien sûr que quelqu’un nous le réclame expressément et poliment) de ce spectacle qui aura tourné un an, c’est pas mal.
  • et on arrête là parce qu’on sera déjà sorti de l’hiver.

Et si c’est le vrai Voyage d’hiver que vous cherchiez, rendez-vous plutôt ici.

Ou éventuellement .

Tout ça c’est dans la tête

09/01/2009 Aucun commentaire

Vous dansez mademoiselle ?rochainement sur cet écran…

ABC Mademoiselle, troisième livre édité par le FdT, existera dans moins d’un mois. Déjà un autre livre ? Est-ce bien raisonnable ? Vous avez raison, on ne voit pas le temps filer, ni le flux hanter, et ce livre-ci est tout sauf raisonnable. Les circonstances dictent et me bousculent. Même pas sûr de concocter un bon de souscription dans l’intervalle. Mais vous pouvez dès à présent et à tout moment envoyer vos dons, je vous en prie, nous ferons les comptes plus tard.

Celui-ci va me coûter les yeux de la tête. J’aurais préféré, très honnêtement, qu’un autre éditeur, un vrai, le publie, c’est à dire le rende « public » davantage que je ne saurais faire. Marilyne Mangione (l’illustratrice) et moi-même n’avons pas trouvé preneur. Allai-je laisser cette belle chose au fond de mon tiroir ? Allons donc ! Je le fais ! Tant pis ! Tant mieux !

Après L’Echoppe qui, comme on sait, était un documentaire, et Le Flux, qui était une carte de vœux/faire-part, avant un hypothétique 4e ouvrage qui serait un reportage, l’ABC sera la première authentique bonne vieille fiction publiée sous label Tiroir-qui-vole. Pas n’importe quelle fiction : je me love dans la tête d’une jeune fille. Et quand je dis « dans la tête », je me comprends.

Branleur

06/10/2008 4 commentaires

Comment ça, branleur ? Mais je bosse ! Je bosse beaucoup, figurez-vous ! Je viens de terminer un texte intitulé ABC Mademoiselle, destiné à accompagner le joli abécédaire gravé par Marilyne Mangione, que j’ai déjà évoqué ici. C’est bref, mais enlevé, joyeux, ludique, très innocemment érotique (trop mignon, au fond, pour combler l’une de mes ambitions à long terme : écrire un vrai roman pornographique). Il y est question d’un branleur, justement. Plus exactement, d’une branleuse. Voilà qui ne va rien faire pour améliorer ma vague réputation de chantre de l’onanisme, née de certain chapitre de TS et surtout du Produit de ses fouilles (comment ? il avoue, persiste, revendique ? et on remet des prix de littérature jeunesse à pareil pervers, à tel pourrisseur d’enfants ? Ma foi, pour le coup, je m’en branle. La masturbation rend sourd aux persifflages).

Marilyne et moi cherchons désormais un éditeur susceptible d’être charmé par cet objet sensible et délicat, j’ai fait quelques envois, pas beaucoup. Si personne n’en veut d’ici le printemps, je le ferai au Fond du tiroir, pardine. En attendant, les lettrines de Marilyne seront exposées dans une bibliothèque de Grenoble début 2009 (nous en reparlerons en temps utile), et il est question que je lise ce texte en public pour l’occasion. Je ne sais pas si j’oserai… Il faudrait plutôt une voix de fille (si jamais vous connaissez une jeune fille un peu comédienne qui serait tentée, envoyez-la moi)… Mais après tout pourquoi pas, je veux bien m’y coller… Encore du pain sur la planche ! Et on me traiterait de branleur ?

Bon. La masturbation est certes un sujet badin, et l’on pourrait multiplier à l’envi plaisanteries et calembours. Mais l’on pourrait aussi causer sérieusement, voire anxieusement. Suis-je vraiment un branleur ? Un velléitaire, je veux dire ? (« Je suis le pro de la crastination« , Loco Locass.) Mes livres commencés, vais-je un jour les finir ? Je bosse, oui ou zut ? J’avance, j’écris ? Autre chose que vaines blogueries et bricoles de circonstances, fussent-elles ravissantes ? Progressent-ils pour de vrai, mes chantiers ouverts il y a six mois ou huit ans ? Est-ce que j’oeuvre ?

La vérité, je le crains, est que je suis, cliniquement parlant, maniaco-dépressif. J’alterne des phases d’euphorie où je commence des choses qui s’annoncent tonitruantes, et de longues phases d’abattement où je ne termine pas, terrassé par la prise de conscience d’être un bon à rien. Que faire ? Je ne me soigne même pas. Les divers articles du présent blog donnent peut-être une image de désinvolture, d’assurance, d’aisance à la plume… Mon œil, oui ! Illusion d’optique ! Les moments vides existent aussi, et en plus grand nombre, simplement de ceux-là il n’y a pas matière à étalage on line. C’est donc très laborieusement, en doutant l’enfer, que je suis présentement en train de raturer et remâcher, de documenter et redéployer, mon paraît-il « prochain roman » que je souhaite, au contraire de sa conception, très léger et distrayant, et que je croyais, comme d’habitude, facile comme tout, rapide à faire – Jean II le Bon, séquelle. Deux ans que je suis dessus ! Deux ans que je me branle, oui !

Oh dis donc fais-moi voir le fond de ton tiroir !

07/09/2008 Aucun commentaire

Oui, c’est vrai, avec tout ça, on ne cause guère du Fond du tiroir, sa vie son oeuvre, sur ce blog. Ni du pain qui se trouve présentement sur ma planche. Or, voici ce qui constitue mon chantier du moment :

C’est joli, hein ? Ce « A » est la première planche d’un abécédaire gravé par Marilyne Mangione, à partir duquel j’écris peut-être un texte que j’espère bien assorti, méthodique et sensuel, et qui sera éventuellement publié, mais sans doute pas au Fond du Tiroir. Ce projet embryonnaire, confidentiel et disons-le sous réserves, est pour l’instant dépourvu de titre. A(h) ! L’existence est tissée de tant d’incertitudes !