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Dans l’enfer des magasins d’usine (Troyes épisode 92)

Edouard Levé écrit dans son Autoportrait : « Pour me rassurer, si je suis perdu dans une ville étrangère, je vais au supermarché, c’est un endroit familier » . Oui, je connais et expérimente cette louche familiarité, mais non sans bouffées de chaleur. Les grandes surfaces commerciales m’angoissent. Or, elles sont l’une des spécialités de Troyes : la ville est encore plus célèbre pour ses trois gigantesques zones de magasins d’usine que pour son andouillette. Malgré mon urticaire, je ne pouvais faire autrement qu’aller les voir de près, après tout c’est pile mon sujet d’étude.

Je m’attendais, dix jours avant Noël, à une cohue extraordinaire, une marée humaine indescriptible, un avant-goût de l’enfer et de ses cohortes de damnés passant la porte, per me si va tra la perduta gente… Et puis non, en fait, pas trop, parkings clairsemés, boutiques semi-désertes. Tiens. La crise partout-partout, par conséquent ici aussi. Ce qui m’a frappé davantage que la relative affluence, c’est l’architecture du lieu. Cet amas de logos est agencé comme un village de vacances, ou un parc à thème, avec animations perpétuelles, décorations qui clignotent, sourires professionnels, facilité d’entrée, difficulté de sortie. On quitte un endroit, on est orienté vers le même en face, « Pensez aux 40 boutiques de l’autre côté de la rue » , on est surveillé, on aura du mal à fuir le Village.

J’avais emporté de quoi écrire, on ne sait jamais, comme pour IKEA, si quelque chose devait venir sur place… Mais rien de spécial. Traverser l’enfer pour n’y gagner qu’un peu plus soif, comme dit Céline.

Plutôt que s’entasser dans ces camps de rééducation qui sauveront coûte que coûte le pays, son euro à poil ras, sa croissance dépressive, son ministre du Budget (ah, tiens, à propos du ministre du Budget et de la Consommation de masse, n’espérez pas voir le spectacle de Michèle Laroque à Troyes, les 2200 places pour les deux séances se sont vendues en quelques heures), et ses andouillettes AAAAA labellisées Moody’s, autant recourir à la vente par correspondance. Et puisqu’on en parle veuillez prendre à présent connaissance de mon spam d’hiver, que vous avez peut-être reçu par mail, mais peut-être pas, parce que je l’ai envoyé au petit bonheur et pas à vous :

Le Fond du Tiroir vous souhaite une bonne Saint-Glinglin !

Non, c’est pour déconner. En fait, Le Fond du Tiroir vous souhaite un joyeux noël, comme tout le monde, pardon.

Et en outre vous signale, au cas où vous n’auriez pas encore achevé vos corvées de cadeaux, que son catalogue fourmille de livres chics, bon marché et cependant de bon goût.
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Puis imprimez ou recopiez à la main (en vous dispensant de reproduire tout le baratin), et choisissez le cadeau qui comblera de plaisir celui ou celle à qui vous ferez la bise à côté du sapin. Le Fond du tiroir ? Un succès garanti triple AH du fond de la gorge par les agences de notation les plus sérieuses et les moins corrompues !

* Pour la frangine qui aime lire des nouvelles parce que c’est moins long que les romans et franchement c’est une motivation suffisante : offrez sans hésiter le recueil Voulez-vous effacer/archiver ces messages ?
* Pour le neveu altermondialiste et bricoleur : le livre en kit-à-monter-soi-même, ludique et pédagogique, J’ai inauguré IKEA pour jouer à se moquer des franchises d’ameublement suédoises et globalisées.
* Pour le tonton né en 1969 : le mini-livre Le Flux s’impose. No comment. Il vous remerciera plus tard.
* Pour la cousine qui est toujours célibataire et bientôt catherinette : ABC Mademoiselle, livre d’art et de sensualité pour tous, mais SURTOUT pour les cousines toujours célibataires et bientôt catherinettes.
* Pour la grand-mère qui s’est endormie avant la bûche : L’échoppe enténébrée afin de faire de beaux rêves.
* Pour le petit dernier qui, depuis qu’il a appris à lire, commence a trouver cette histoire de père noël trop chelou, ce serait les parents qui attendent qu’on roupille pour poser les paquets que ça ne l’étonnerait pas : La Mèche, bien sûr, conte de noël terriblement (quoique perpétuellement) de circonstance.
* Pour le cousin intello à lunettes qui relit une fois par an La vie mode d’emploi de Georges Perec afin d’en percer tous les mystères : Ce qui stimule ma racontouze, un (presque) inédit dudit Georges Perec qui explique (presque) tout.
* …

Après, vous pouvez intervertir comme vous le sentez, la Mèche pour le tonton, le Flux pour la cousine, ABC Melle pour la grand-mère, je ne sais pas, je ne connais pas votre famille.

Le Fond du tiroir vous souhaite de bonnes prises de tête de fin d’année, et il prend la vôtre juste le temps de vous embrasser affectueusement.

  1. Laetitia
    15/12/2011 à 02:04 | #1

    Aaahhhh…les magasins d’usines…piètre tentative de remplacement d’un secteur dévasté, que dis-je? RAVAGE…
    Ma hantise, lorsqu’il s’agit d’accueillir quelque relation de passage: « Tu m’emmèneras aux magasins d’usines? »…moi qui ai n’aime le shopping que lorsque je trouve immédiatement ce dont j’ai envie…Pas une vraie fille? Peut-être bien…
    Comme beaucoup d’étudiants « de par chez nous », j’y ai travaillé…c’est en janvier ou en juillet, pendant les soldes, qu’il convient des les expérimenter: lorsque les clients arrivent par les train de dix heures (plus ou moins, je ne me suis pas encore tenu informée des nouveaux horaires de la SNCF), qu’ils ont mis de côté pendant aux moins un semestre pour s’arracher la meilleure affaire…je n’y ai travaillé qu’un mois…et ai mille anecdotes inimaginables à relater de cette folie dure qui me dépasse allègrement! On se racontera ça quand vous repasserez dans le coin?
    Sinon, je peux faire un effort…

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