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Le complotisme est un rapport au monde

« Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot exige un esprit rare. » Ce principe de précaution politique attribué à Michel Rocard, facile à trouver en ligne mais difficile à sourcer (quand, où, pourquoi Rocard a-t-il prononcé cette phrase ? on ne sait pas ! c’est louche !) semble une paraphrase du célèbre rasoir d’Hanlon qui lui, en revanche, est fort bien documenté : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer », et youpi.

Reste que les théories du complot existent (les complots aussi, quoiqu’un peu plus rarement), qu’elles ont même tendance à pulluler à la faveur d’un climat favorable et constituent un phénomène imaginaire très fertile, machines à histoires, fictions en marche, sensibilités exacerbées, élucubrations créatives, pelotes déroulées jusqu’au délire, exégèses infinie et sauvages à partir des moindres signes (par exemple d’une série de chiffres, y compris de chiffres attribués aléatoirement tel un numéro d’ISBN), apophénie parade, source intarissable de fascination et de griserie. Qui mérite bien qu’on lui consacre un livre, voire un millier. J’ai fait ma part, j’ai écrit le mien. Je lui ai donné la forme d’une blague politique de veine un peu comparable à Fatale spirale. Il s’appelle La théorie de la compote (j’ai hésité quelques secondes, je l’avoue, avec La théorie du compost), il paraîtra le 19 mai prochain (19, date intéressante parce que 1+9= 10, le un et le zéro, hum-hum, belote, disons, d’autant que mai 23 = 05.23 = 0+5+2+3 = 10, hum-hum les indices se recoupent) chez l’Atelier du Poisson soluble, et youpi.

Le Poisson soluble et moi, on se tourne autour depuis des lustres, on se cherche, on se renifle, on s’examine. Il aime ce que je fais, j’aime ce qu’il fait, il fallait bien que quelque jour nous concrétisions et apposions nos deux noms, non sur un parchemin mais sur une couverture. La Compote reposait dans un placard depuis des années, c’est le moment, elle est mûre, elle sort et youpi.

Le Poisson soluble est un éditeur étiqueté jeunesse, par conséquent ce livre va tomber sous le coup des mêmes malentendus que certains de mes précédents, avec la question pénible en épée de Damoclès : à qui ça s’adresse ? Idéal à 10 ans ? à 19 ans ? 28 ? 37 ? 46 ? Oh la la. J’ai une infinie gratitude à Olivier Belhomme, éditeur, de ne pas me l’avoir posée une seule fois durant tout le processus de création, et youpi.

Il s’agit de mon 22e livre et de mon 6e éditeur (je ne compte pas le Fond du Tiroir parmi mes éditeurs). Hum hum. Attends je recompte, suis-moi bien. J’additionne les livres et les éditeurs, 22 + 6 = 28. Et 2 + 8 = 10. Hum-hum. Rebelote : le un et le zéro. Et youpi.

Ce livre a pour numéro d’ISBN 978-2-35871-181-4 (indéniablement l’un des plus beaux numéros d’ISBN du monde, ex-æquo). Or si l’on ajoute tous les nombres qui le composent on obtient 64, et (suis-moi toujours) 6 + 4 = 10 ! Encore 10 ! Carrément 10 de der, un et zéro, soit les deux seuls caractères de l’alphabet universel et numérique permettant de tout exprimer, le oui et le non, le vrai et le faux, l’être et le néant, le plein et le vide, le tout et le rien, le singulier et le grand saut, le yin et le yang, la vie et la mort, l’absolu et la case départ, l’exigence et l’opiniâtreté, le mur et la fenêtre, le confit de canard et le steak de tofu, le poisson et le soluble, la compote et la théorie, le passé et le futur, en un mot (plutôt en deux) ce numéro d’ISBN est le signe, peut-être même la preuve, que ce livre marque un changement de cycle et d’ère et d’énergie. Et youpi.


(Pour lire une autre hypothèse sur le contraire de un, c’est par ici)

(Pour lire une autre obsession numérologique, cf. Le Produit de ses fouilles in Voulez-vous effacer/archiver ces messages ?)

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