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Lonesome George(s)

Il y a quelques jours, j’ai croisé dans le bus une dame, très gentille, qui m’a abordé : « Vous êtes Fabrice Vigne, n’est-ce pas ? Je me souviens de vous, vous étiez venu présenter votre livre sur le suicide dans ma bibliothèque il y a… Oh, peut-être dix ans. Vous avez publié un deuxième livre, depuis ?  » Il arrive aussi qu’en cours de conversation, profitant d’un moment creux, un interlocuteur me demande, très bienveillant : « Et sinon, au fait, tu écris toujours ? » Je réponds toujours poliment, je suis un gars civil. Mais grince au tréfonds de moi la réponse que fit Louis Armstrong à un journaliste qui lui demandait de définir ce qu’était le swing : If you need to ask, you don’t need to know.

Oui, j’écris toujours, j’écris encore, j’écris parfois, je réécris. Mon nouveau livre est en vente par souscription dès aujourd’hui, et sera envoyé aux souscripteurs dès sa sortie de l’imprimerie dans une bonne quinzaine de jours. Il s’appelle Lonesome George(s). Il est imprimé à 300 exemplaires, coûte 9 euros, compte 32 pages plus une élégante jaquette à rabats et fenêtre, sa couverture et ses culs-de-lampe sont dessinés par Jean-Pierre Blanpain, et son ISBN, sans pareil à travers le vaste monde, est le plus sexy qu’on ait su voir, attention roulement de tambour s’il vous plaît, ISBN 978-2-9531876-6-3. Il est mon opus 13, finalisé deux mois après mon opus 14, Double tranchant, car nos chronologies sont moins plates que la ligne d’horizon observée à la jumelle en pleine mer un jour sans vent. On tombe parfois sur des os. J’ai dit adieu à mon factotum, et j’ai dû chercher une alternative – que fallait-il faire, privé de mon acolyte ? Un seul salut : Laurel s’enhardit.

D’autres questions ?

Non ? Alors je continue à soliloquer. Je précise que pour George(s), le FdT n’enverra pas de bon de souscription par courrier postal, mais seulement par mail à imprimer. Pardon d’avance à ceux que ce spam importunera. Je compatis : quant à moi je suis, tel que vous me voyez, fumasse, mon premier mail de la journée ayant été une sollicitation pour signer une pétition CONTRE le mariage homo. Qu’est-ce que j’ai fait juste ciel, dans quelle newsletter malpropre ai-je donc traîné, pour recevoir ce torchon ? Pourquoi pas un appel à départager Fillé et Copon, les Dupondt de l’UMP ! Quel foutu pays rance et moisi, celui qui mobilise une plus grosse manif pour renvoyer les homos en enfer que contre un aéroport inutile désastreux destructeur et offert à cette bande de racailles racketteurs de Vinci ! Qu’on leur foute donc la paix, aux homos ! Qu’ils le prennent et le gardent, le mariage, je le leur laisse, ils en ont plus besoin que moi puisque la société n’a visiblement toujours pas admis que leur couple était possible, moi on s’en fout de mon couple, je suis pacsé ne vous déplaise. Le mois dernier à Paris j’ai visité l’instructive expo Bêtes de sexe, consacrée à la sexualité des animaux. (Étaient notamment projetés les désopilants courts métrages d’Isabella Rossellini, Green porno). Là, j’ai appris que des pratiques homosexuelles étaient recensées chez 430 espèces (on ne sait pas si l’homo sapiens était inclus dans les statistiques). Voilà qui volatilise une fois pour toutes l’argument des cathos selon lequel l’homosexualité est contre-nature.

Allez tous en paix dans le giron notre mère nature, bienveillante et généreuse ! Hétéros et homos, embrassez-vous, et commandez ensemble et offrez-vous les uns les autres des tas de Lonesome George !

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