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ABC Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Oui, bon, allez, d’accord, c’est la Saint-Valentin, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Saint-Valentin, fête la plus inepte du monde, source d’anxiété pour les couples (« ça va ? j’ai bon ? suis-je assez amoureux cette année ? avec tout ce que je lui offre ? »), et d’amertume pour les esseulé(e)s (« mon Dieu ! tous les garçons et les filles de mon âge savent bien ce que c’est qu’être heureux, oui mais moi etc »), Saint-Valentin ne fait rien pour exalter nos réelles aptitudes à l’amour. Au contraire, elle nous ferait douter – cette célébration dans le calendrier ressemble à une commémoration je trouve, un deuil, une pensée obligatoire pour nos poilus, 11 novembre en février. Saint-Valentin donne envie de détester l’amour à mort et le soldat inconnu et de brailler à tue-tête une chanson de Brigitte Fontaine.

Oh, et puis ça suffit, hein, vous avez, nous avons, ils/elles ont, presque aussi peu besoin d’une chronique, d’un billet d’humeur, d’un coup de gueule supplémentaire contre Saint-Valentin, que de Saint-Valentin. Vous avez, nous avons, ils/elles ont, besoin d’amour, c’est tout. L’amour, fête intime la plus précieuse qui soit, tourne à l’horreur et au grotesque quand elle devient fête sociale et institutionnelle, ou bien en critique de la fête sociale et institutionnelle. Ce n’est pas une raison pour ne pas nous aimer les uns les autres ; simplement, aujourd’hui on peut jeûner, faire relâche, dès demain on s’y remettra. Sinon, c’est nous qui sommes morts.

Tiens, si vraiment vous souhaitez vous abandonner au consumérisme valentin plutôt que d’être authentiquement amoureux, vous n’avez qu’à vous offrir mutuellement ABC Mademoiselle, et si vous êtes seul(e), vous l’offrir à vous-même ; cadeau de très bon goût dans tous les cas, idéal pour fêter l’amour puisque c’est un conte joyeux à propos de la solitude, l’amour en jachère dans un joli terrain, en attendant que ça pousse.

Et moi, ce que je vous offre : ci-dessous une trouvaille de l’habile et diligent Patrick « Factotum » Villecourt qui, fouinant sous la surface du web, a dégoté ce bel abécédaire, vingt-six photos qui ne sont pas sans lien avec les vingt-six gravures de Marilyne Mangione (exposées à la bibliothèque du centre-ville de Grenoble jusqu’à la fin du mois). L’auteur en est le photographe russe Oleg Origin. Et sur le même sujet, certainement inépuisable, des liens charnels entre le corps du désir, et le corps des lettres qui expriment ce désir, vous trouverez ici deux autres variations, transmises par une lectrice non moins diligente et habile, que je remercie chaleureusement.

Filmographie sélective : allez donc voir (ou lire) La fête de l’amour de Philippe Caubère, film drôle et profond sur l’amûr, son intériorité et son extoriorité, ses rituels et ses serments, ses euphories et ses tourments, son éternelle surprise et sa fatalité. Tant que vous y serez, voyez donc Le Roman d’un acteur en entier, les onze épisodes, ça ne peut pas vous faire de mal.

Le Fond du Tiroir vous aime.

les grands esprits se rencontrent

 

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