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La boîte de maquillage d’Orson Welles (Troyes épisode 73)

Comme promis il y a une poignée de jours, voici l’histoire de la boîte de maquillage sous la table.

Jeanne Moreau raconte dans une interview le tournage du Falstaff de Welles (je réinvente de mémoire) : « Orson se montrait très actif, débordant d’énergie, s’occupant personnellement de tout, décors, costumes, acteurs, prises de vue… Il tournait, oui, mais je me suis rendu compte qu’il ne tournait que les scènes où son propre personnage, pourtant central, n’apparaissait pas. Je lui demandais : Orson, allons-nous bientôt répéter les scènes que nous jouons ensemble ? Il me répondait systématiquement, jour après jour : impossible, je ne peux pas jouer aujourd’hui, je ne sais pas où est ma boîte de maquillage, il faut que je remette la main dessus, j’espère qu’elle n’est pas perdue, en attendant le temps presse, il faut bien tourner le reste… Au bout de quelques jours, j’ai découvert par hasard sa boite de maquillage : il l’avait lui-même planquée sous une table. Aussi étonnant que cela paraisse, Orson, grand démiurge, maître d’oeuvre de son film, avait le trac. Il préférait se consacrer à tout plutôt que de se lancer en tant qu’acteur… »

Je vous raconte cette anecdote uniquement parce que je l’aime, n’allez pas croire qu’il s’agit d’un bulletin météo de Troyes. Certes, ma façon de travailler ici prend des formes diverses, et j’avoue bien volontiers qu’il m’est arrivé d’employer le truc de Welles, car il faut s’inspirer des meilleurs : du bout du pied, je planquais ma boîte de maquillage sous la table, et plutôt que d’attaquer les yeux dans les yeux les ouvrages qui m’impliquent profondément, feignais de croire que j’avais plus urgent à faire (par exemple alimenter un blog quotidien)… Il faut pourtant bien l’ouvrir, cette boîte. Les bons jours, je l’ouvre, et me maquille, et avance.

La preuve : Londonomètre (longtemps que je n’avais pas fait le compte), 3 ou 4000, dont une bonne page de mathématiques. Je suis incollable sur le théorème de Thalès. Je vois le rapport. Le livre sur lequel je turbine procède notamment de collages, Arbre + Bâtôn = feu de tout bois, y compris la trigonométrie.

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