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Pellicules et bobines

Vu Les années super 8, film qu’Annie Ernaux a composé avec son fils à partir de leurs films familiaux en super 8 des années 70.

Ce montage d’archives familliales est passionnant et, pièce à part entière du puzzle de l’œuvre d’Ernaux, me fait en gros le même effet que ses livres : quand elle parle d’elle, elle parle toujours un peu de nous, et de moi.

Moi aussi quand j’étais petit je rêvais d’une caméra super 8 parce que je rêvais de m’approprier le cinéma qui était, pensais-je, la plus belle chose du monde (c’était avant que tout le monde prenne des vidéos avec son téléphone, c’était même avant le camescope). La caméra super 8, parmi toutes les choses qui incarnaient l’épanouissement consumériste des Trente Glorieuses, était l’une des plus désirables. Je n’en ai jamais possédé, je suis resté avec ce désir-là, jusqu’à ce que les caméras super 8 disparaissent de la circulation, voire un peu après.

Tout film super 8 documente un peu ce rêve-là, le rêve d’avoir le cinéma chez soi (le home cinema est un concept distinct), le rêve d’être le cinéma à la place du cinéma, en plus de documenter la vie très locale (la biographie du filmeur et des filmés) et très globale (l’époque en personne).

Et aujourd’hui, quand je regarde des photos ou des films intimes d’il y a 40 ou 50 ans, j’éprouve des sentiments complexes qu’Annie Ernaux cerne mieux que je ne saurais le faire.

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