Archive

Articles taggués ‘Musique’

Viron-souscription

09/11/2014 2 commentaires

P1030820

L’enregistrement du versant musical de Vironsussi, prochain livre du Fond du tiroir, est terminé. Encore toute notre gratitude à Norbert Pignol, et à tous les musiciens impliqués, très impliqués même. On vous en offre un échantillon : une prise alternative du duo Destéphany/Vigne à écouter ici même. Le chasseur et le chassé (duo-duel). Document brut non mixé, hein. La version gravée sur le CD sera sensiblement différente, un peu plus longue, sans bafouilles et avec plus de reliefs, de cris et de chuchotements… mais déjà, ça donne une idée de ce que nous tentons de faire.

L’enregistrement… Okay. Le roman… Okay. La mise en page… Okay. Les illustrations… Presqu’okay. (courage, Romain ! Tu vois le bout !) Reste à faire tout ce qui coûte beaucoup d’argent : le mixage, la gravure de la galette, l’impression du livre.

Donc, on a besoin d’argent. Donc, faites chauffer sans tarder le carnet de chèques, ou un vironsussi viendra vous dévorer cette nuit pendant votre sommeil. Donc, imprimez le bon de souscription, remplissez-le, joignez un chèque de 25 euros seulement (port offert aux souscripteurs), adressez-nous l’ensemble dans les plus brefs délais, puis trompez l’impatience en lisant par exemple d’autres livres, moins palpitants mais on fait avec ce qu’on a, avant de recevoir chez vous, vers la mi-décembre, ce volume unique en son genre (promis, il ne ressemble à rien, pas même à un autre livre du Fond du tiroir) agrémenté et augmenté d’un CD contenant sa bande, elle aussi, originale.

192 pages, 15×19 cms, reliure cartonnée, CD en pochette de protection transparente, ISBN 978-2-9531876-8-7.

Henry Cording

27/10/2014 Aucun commentaire

Vironsussi 013

Toute cette semaine : gaffe à la loupiote rouge SVP, enregistrement en cours.

Olivier Destéphany et moi-même enregistrons, en compagnie d’une tétra-tripotée de musiciens invités, et grâce aux compétences d’ingénieur-son, cyniquement exploitées et outrageusement sous-payées, de Norbert Pignol, le CD qui sera joint au roman Vironsussi (bon de souscription en ligne ici même, sous peu, on ne sait pas trop, disons la semaine après la semaine prochaine).

Ce CD sera constitué de sept pistes. Les six premières, instrumentales, constituent la « bande originale du roman » . L’ultime, d’une durée d’un petit quart d’heure, est un duo entre Olivier (à la contrebasse solo) et moi-même (aux murmures, aux vociférations, aux hurlements bestiaux et chuchotements gutturaux, aux poussées de fièvre, aux postillons expressionnistes et à la littérature). Bref, un authentique morceau de Fais-moi peur comme si vous y étiez. Un quart d’heure de transe pour seulement cinq pages du roman (qui en compte quelques 200) – équation qui nous laisse perplexes lorsque nous nous rappelons avoir envisagé, pas très longtemps mais tout de même, d’enregistrer l’intégralité du livre. Nous étions jeunes et idiots.

Le fruit de ce travail sera également exhibé sur scène le 21 janvier 2015, cochez-moi ça dans votre agenda.

Vironsussi 017

Norbert et Olivier écoutent le résultat. Et simultanément le regardent, en pleine synesthésie.

Vironsussi 030

M. Olivier Destéphany, quelques secondes avant sa transformation en vironsussi. Ensuite, on ne l’a jamais revu.

quatuor

Le quatuor, à cordes, et à l’oeuvre.

Vironsussi 024

Mon pupitre, avec le texte, le casque, le micro, et à titre d’inspiration une gravure signée Romain Sénéchal.

Le Nobel c’est de la dynamite

13/10/2014 un commentaire

patrick-modiano-hugues-de-courson-fonds-de-tiroir

Ah, tiens ? Patrick Modiano. Un prix Nobel de littérature que j’ai lu. Ça ne m’était pas arrivé depuis 2008. C’est bien, lire un Modiano de temps en temps. Même un nouveau, on a l’impression de l’avoir déjà lu, mais peu importe, le précédent aussi était bien.

Comme s’il était mort, sauf qu’en plus il est vivant et qu’il vient de sortir un livre, les hommages à, et biographies de Modiano ont pullulé dans les médias, et ça nous a ventilé les neurones, ça nous a reposé de Zemmour,  un petit air frais comme si quelqu’un avait ouvert une fenêtre.

J’ai appris à cette occasion que Modiano avait écrit tout un album de chansons, enregistré par son vieil ami Hugues de Courson, sous le titre Fonds de tiroir. Je me suis rendu compte, creusant la question, que je connaissais certaines de ces chansons par des reprises, notamment La coco des enfants sages par le groupe Casse-Pipe.

Un chansonnier nobélisé ? C’est sa fille qui doit être fière, chanteuse de la famille ! Sincères félicitations à Modiano ! Toutefois… J’avoue être très réservé quant à l’intitulé de cet album… Fonds de tiroir, il faut reconnaître que ça ne fait pas très sérieux… Pas vendeur du tout, aucune chance de marcher, aucun avenir, suicide commercial, facilité, humour potache, autodérision balourde, nihilisme et balle dans le pied…

Ah ah ah, tu en veux-tu, de la dérision, mon p’tit gars ? Bouge pas, j’en ai, écoute ça. Mes beaux-parents déménagent. Ils passent ces jours-ci d’une grande maison à un petit appartement. Ils bazardent à tour de bras, ménagent par le vide, toute une vie bien siphonnée, par pans à la benne… J’avais toujours vu chez eux une élégante et intimidante collection de livres, un alignement d’épais volumes reliés, par dizaine, cuir blanc ou simili, crobard de Picasso sur la couverture. Il s’agit de la collection Prix Nobel de Littérature des éditions Rombaldi, commercialisée par correspondance dans les années 60 et 70. Plusieurs mètres linéaires, chaque Nobel par ordre chronologique depuis 1901 avait droit à sa reliure blanche et à son Picasso, une bibliothèque qui tenait toute seule, un patrimoine culturel qui imposait le respect,  qui serait transmis de génération en génération, qui était très répandu dans les bonnes familles bourgeoises des Trente Glorieuses… Aujourd’hui, plus personne n’en a que faire. Cette magnifique somme populaire de Littérature estampillée Nobel a trop couru, a vécu, n’a pas été beaucoup lu, et aujourd’hui elle se trouve facilement sur eBay. Mes beaux-parents ont essayé de placer leurs Nobel d’occase sur Leboncoin, à vil prix, puis à très vil prix, puis gratos à enlever sur place. Jusqu’ici, pas de client. Sic transit gloria liberi. Nobel, t’façons, c’est de la dynamite.

It don’t mean a thing (if it ain’t got that swing)

20/09/2014 Aucun commentaire

satchmo_13

Le défi a été lancé par mon vieux complice JP Blanpain : « Le festival Jazz en Velay organise un concours de nouvelles, dont le thème tient en un seul mot : jazz. Tu sais écrire ? Tu aimes le jazz ? Alors on s’y colle, hop, on écrit une nouvelle chacun » . Chiche. Sacrée tête d’émule !

Or dans le même temps, Christophe Sacchettini me faisait découvrir le travail d’artiste-colleur de Louis Armstrong. Quelle révélation ! Armstrong est une de mes idoles, depuis longtemps, depuis toujours puisque j’écoute The Good Book sans interruption depuis ma vie intra-utérine, et j’ignorais tout de son activité picturale. Satchmo a passé sa vie, lorsqu’il ne soufflait pas dans sa trompette, a jouer du rouleau de Scotch, composant des montages relevant de l’art brut, ou naïf, ou surréaliste, ou égocentrique, comme on voudra. Il n’était pas du genre à intellectualiser les choses ainsi, mais quant à moi je trouve que le ruban adhésif fonctionne très bien comme métaphore du lien immatériel entre les gens, de ce qui relie et retient toute une époque de façon invisible… De la musique, en somme.

Ma nouvelle parlerait donc d’Armstrong, d’un rouleau de Scotch, et de musique qu’on n’écoute pas mais qu’on regarde.

Jazz en Velay a débuté le 21 septembre 2014, le résultat du concours a été révélé, je n’ai pas gagné (Jipébé non plus). Tant pis ! L’avantage, c’est que je n’irai pas au Puy-en-Velay, je ne serai pas obligé de serrer la main de son député-maire. Reste que je suis  content d’avoir écrit cette nouvelle, je swingue de la tête. Elle vous est offerte (la nouvelle, pas ma tête, dont j’ai encore besoin) ici même en téléchargement gratoche.

Je remonte mon groupe

09/07/2014 4 commentaires

fabrice vigne45316

Le portrait ci-dessus, signé Denis Rouvre, me fait peur. Tout porte à croire que la personne représentée est Fabrice Vigne. Disons que je le sais. Je ne le sens pas. Je me reconnais à peine. Mais qui se reconnaît, qui d’abord se connaît ? L’image n’est pas la réalité, pourtant elle est réelle. Contrairement à ce que prétendent certaines images pour nous égarer, ceci est bien une pipe, ceci est bien une pomme, ceci est bien Fabrice Vigne. La vache.

Forte expérience, passer entre les mains d’un photographe de cette trempe. Quelqu’un soudain vous regarde vraiment, et en sus est capable de montrer comment il vous regarde. J’ai eu la chance de faire partie de l’échantillon de Français dont Denis Rouvre a tiré le portrait en même temps qu’il leur demandait : ça vous fait quoi, ça veut dire quoi pour vous être français, la francitude s’inscrivait sur nos traits et sous le flash, pour un projet intitulé Des Français, Identités et territoires de l’intime. Le projet désormais achevé prend simultanément la forme d’un livre aux éditions Somogy, et d’une exposition visible en ce moment et jusqu’au 21 septembre dans le cadre des Rencontres photographiques d’Arles. L’expo est également déclinée sous la forme d’un film de 35 minutes visible sur le site de Denis Rouvre, au long duquel défilent nos trognes et nos voix.

Les images et les textes y sont saisissants, beaux d’une part, essentiels d’autre part en tant que contribution plurielle et paradoxale au débat le plus moisi de la décennie, celui sur l’identité française. (Le climat social actuel, qui rend possibles divers surgissements de violence identitaire, incite à suspecter qu’un débat sur l’identité n’est pas autre chose qu’une rationalisation du repli identitaire. On sait depuis longtemps, on sait pour rien, on sait sans solution, que identitaire c’est eux, et que l’identité est une panthère féroce et avide de sang.)

Me v’là d’vant vous là, dans mon vieux cuir, mes plis, mes tempes grises. Ne dirait-on pas une rock star sur le retour, rejouant le défi et promouvant l’énième tournée d’adieu de son groupe.

Tiens, puisqu’on parle de Mick Jagger.

Mick Jagger m’a bien fait rire en se prêtant à une promotion à rebours pour la reformation sur scène des Monty Python. Il déclare, pince-sans-rire, « Les Monty Python ? Ils sont encore là ? Oh, non… Qui a envie de payer une fortune pour voir cette bande de vieillards fripés qui ne cherchent qu’à se faire un max de blé et revivre leur jeunesse… D’accord, ils étaient cool dans les années 60, mais là, à rabâcher encore une fois leurs vieux numéros que tout le monde a déjà vus sur Youtube, c’est pas seulement du réchauffé, c’est limite ringard. De toute façon, le meilleur de leur bande est mort il y a des années. » Il enchaîne distraitement en donnant à son assistant la playlist du prochain concert des Stones, Satisfaction, Let’s spend the night together

Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur et l’immense joie de profiter de cette conférence de presse pour vous annoncer que moi aussi je reforme mon groupe pour une tournée d’adieu. Le prochain livre du Fond du tiroir sortira cet hiver, en pleine saison du loup, et pour l’occasion j’ai reconstitué le duo originel du FdT canal historique : le sémillant mais désormais bourdonnant Patrick Villecourt, factotum éternel, compositeur des sept premiers titres figurant au catalogue, a accepté de reprendre du service en compagnie de moi-même-dans-mon-vieux-cuir. Les affaires comme on dit reprennent. On laisse passer l’été et on en recause.

Ne vous en faites pas, je vais de mieux en mieux

23/01/2014 2 commentaires

faismoipeur 016 faismoipeur 034faismoipeur 025faismoipeur 004
Les quatre portraits flatteurs de ma personne ci-dessus, respirant la santé, la fraîcheur, le bon air, l’équilibre mental et cinq fruizélégumes par jour, furent saisis durant la représentation de Fais-moi peur saison IV, palpitant morceau de musique live, mardi 21 janvier à l’Odyssée (fervents remerciements à mes partenaires, Olivier Destéphany, Christine Antoine, Mathieu Tomasini, et tous les musiciens, que Nyarlathotep vous encaustique, paix, amour, et combustion lente), et non pas, comme on aurait après tout le droit de le supposer, au moment précis où, quelques heures plus tard, je découvrais stupéfait, écarquillant pareillement les lotos, un autre indice de la mort du disque.

Je viens de changer de voiture. Comme mon goût pour ces engins est pour ainsi dire nul, je ne me suis guère documenté sur l’offre, et j’ai commandé le modèle que je porte déjà, ainsi que je pratique avec mes paires de chaussures. Après tout je suis content de ma vieille bagnole, elle m’a donné de l’usage, onze ans pensez, onze ans déjà que cela passe vite onze ans, je ne peux pas me tromper sur la date, je me souviens que je l’avais en partie payée avec mes premiers droits d’auteur. De onze ans en onze ans je ne verrais aucun inconvénient à conduire le même véhicule jusqu’à ma mort.

Bref – je réceptionne aujourd’hui la caisse neuve, que j’imagine à l’image fidèle à son ancêtre. Las ! Pas tout à fait. Outre quelques retouches cosmétiques que le commercial du magasin me présente comme d’époustouflants progrès, je constate que l’autoradio n’a plus de fente mange-CD mais, en lieu et place, une prise USB. Le CD, ex-produit d’appel des supermarchés et des garagistes, n’existe plus, à quoi bon un appareil pour les entendre résonner au sein des habitacles ? J’en tombe mélancolique à un point difficile à exprimer, comme si j’étais moi-même bon pour le rebut. Que faire de mes piles de compacts, tant d’années de joie laser ? Les écouter chez moi, certes je peux encore. Mais en roulant ? N’aurais-je d’autre expédient que l’USB, et faudra-t-il me résoudre à plier mes oreilles à l’infâme format MP3 ?

Je lance ici un appel solennel. Annonce sérieuse. Quelqu’un dans la salle connaît-il un modèle de lecteur CD externe qu’on brancherait sur la clef USB d’un autoradio ? Ou sur allume cigare ?

Ma mélancolie se prolonge, se diffuse, je médite, c’est un tic, sur les mentalités… et j’en viens à songer que la fatale dématérialisation des biens culturels, musiques, films, livres, idées, ne s’accompagne paradoxalement pas du moindre détachement envers les valeurs matérielles. Seules les œuvres de l’esprit s’évanouissent dans l’éther. Pour le reste, jamais n’avons-nous été si rageusement matérialistes, ni si obsédés des biens de ce monde. Tiens, pendant ce temps à Davos

Une belle bande de blaireaux

18/12/2013 Aucun commentaire

Ils se font appeler Les Blaireaux et font semblant de le regretter : leur premier album s’appelait Pourquoi vous changez pas de nom ?, et le dernier dix ans plus tard On aurait dû changer de nom. Ils sont du ch’Nord et plus rigolos que Dany Boon. Ils sont six, soit mine de rien 50% de bonus par rapport aux Beatles.

Et grâce à eux ces temps-ci mon trombone et moi nous jouons de la musique deux à trois heures par jour. J’aime bien. Parce que je ferai partie de l’orchestre qui accompagnera les Blaireaux aujourd’hui mercredi 18, pour deux concerts à l’Heure Bleue, Saint Martin d’Hères, 15h et 19h.

En guest-stars, car eux aussi aiment bien les Blaireaux : Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Trenet, Barbara, et Serge Gainsbourg. Si, si, c’est vrai, la preuve ici.

Chat mignon

13/12/2013 2 commentaires

AFFICHE-fais moi peur

Vendredi 13 : date parfaite pour publier la réclame de Fais-moi peur.

Après une saison III au taquet qui engendra un roman monstrueux, et peut-être même un livre à paraître au Fond du tiroir, le vibrionnant Olivier Destéphany et moi-même avons quelque peu raboté les ambitions de notre rendez-vous annuel d’épouvante et de musique, Fais-moi peur. Pour construire cette saison IV, à forte teneur en spectres, nous revenons aux fondamentaux, et puisons dans le répertoire, comme nous l’avions fait lors des deux premières moutures. Nous donnerons à entendre du Poe, du Maupassant, du Lovecraft, du Dickens… ainsi que des compositions originales d’Olivier, interprétées par l’orchestre à cordes les Aventuriers de l’archet perdu, toujours fermement dirigé par Christine Antoine.

Devinette : en examinant le charmant chat borgne qui orne l’affiche, dessinée par Ludo Chabert (cliquer ici pour entendre un autre des talents du gaillard), saurez-vous identifier la nouvelle d’Edgar Allan Poe j’aurai le terrible honneur d’incarner ce soir-là ? À gagner : une entrée gratuite pour ce spectacle gratuit. Mardi 21 janvier 2014, Espace culturel l’Odyssée, Eybens.

 

Qui est le vrai ambassadeur ?

01/08/2013 3 commentaires

All I do is play the blues and meet the people face-to-face
I’ll explain and make it plain, I represent the human race
In my humble way I’m the USA
That’s what I stand for, I’m the real ambassador !

Et ainsi les idées s’associent (III).

* Je suis dans l’avion. Je lis dans le dernier numéro de Sofilm une interview de John Landis, très vive et dénuée de toute langue de bois promotionnelle, puisque Landis n’a pas sorti de film depuis des années et ne semble pas pressé de se remettre à l’ouvrage. Il cite Mark Twain : « En Europe, ce qui caractérise un artiste, c’est sa plus grande œuvre. En Amérique, c’est la plus récente. » Ensuite il se cite lui-même : « Mes amis européens ne comprennent pas ce qu’est l’Amérique. L’Amérique est un endroit fabriqué par des immigrants, ce qui veut dire qu’on a le meilleur et le pire du monde entier. Le problème, c’est que les Américains se pensent les meilleurs, et que le reste du monde pense qu’on est les pires. Alors qu’on est comme tout le monde. » Ah, bon.

* Papiers, New York, vitrines, you see what I mean ? Pompiers, trop tard, Madison Square, struggle for life et business show, salaud ! Lis ton journal, crise mondiale partout partout ! Je rêve tout éveillé à Paris New York, New York Paris comme si vous y étiez, comme si tu y es !

* Je retrouve dans mes archives l’incipit du film Poussières d’Amérique d’Arnaud des Pallières, entièrement composé d’images d’autres films : « L’Amérique, je n’y suis jamais allé. Aller pour de vrai en Amérique ne serait ni l’aventure ni la découverte mais l’occasion de vérifier à quel point ce que j’y vois est proche de ce que j’en sais déjà. Au fond, que l’Amérique soit un pays, rien n’est moins sûr…« 

* Je suis à New York pour de bon. T’imagines ? Le vrai moi dans le vrai New York, c’est dingue, la ville debout comme dit Ferdine, la ville par excellence, que j’ai tant vue au cinéma et tant rêvée, ce qui revient au même. New York capitale de la liberté et de la physiocratie, et un peu de la planète terre, de même que Paris était celle du XIXe siècle d’après Walter Benjamin, puisqu’on la reconnaît quand on la voit pour la première fois. On a beau raviver à chaque coin de rue un souvenir de film ou de livre ou de série (Dream on, du précité John Landis) ou de musique, ou de comics (dès l’âge de 7 ans, je savais ce qu’était New York : le terrain de jeu des super héros et notamment de mon préféré, Spiderman – puis, quelques années plus tard, quand je m’intéressais davantage aux auteurs qu’aux personnages, je reconnaissais en New York la matrice, à la fois écosystème et cosa mentale, de  l’œuvre de Will Eisner), l’émotion n’en est pas estompée, le coeur s’emballe pour de bon quand approche la skyline.

* Je visite la bibliothèque municipale, comme je fais systématiquement partout dans le monde. Et ça ne manque pas : celle de New York, je la reconnais instantanément, avec son escalier et ses deux grands lions, je l’ai déjà visitée dans Ghostbusters, dans Diamants sur canapé, j’ai sais ce qu’il en restera dans Les évadés de la planète des singes.

* Je traverse à pied le pont de Brooklyn, puis Broadway. Je croise un nombre ahurissant de t-shirts geeks, des Superman et des Batman en veux-tu. Moi-même, aussi pétri de culture US que le premier venu, j’arbore ce jour-là un t-shirt reproduisant la pochette de A love supreme de John Coltrane. Déambulant, j’ai les yeux forcément tirés vers le haut, mais une voix me rappelle vers le trottoir : « John Coltrane sucks ! » (John Coltrane c’est nase !) Je baisse la tête vers la source de l’agression verbale. Un jeune homme en tailleur fait la manche en insultant tous les passants, outrageant leurs signes extérieurs (T’as failli me marcher dessus, pas la peine d’avoir des lunettes ! T’as vraiment une casquette de merde !) ou, en l’absence de traits saillants, leur adressant des doigts d’honneur. Il tient à la main un carton où est écrit au feutre « Fuck you ! Pay me ! I need your money to buy my drugs ! » Le concept est original (et l’originalité est tout) : demander la charité par le cynisme grimaçant plutôt que le pathétique souriant, jouer sur l’humour et le Xième degré plutôt que sur la culpabilisation du touriste par définition plein aux as, au risque de se faire péter la gueule. Peut-être ce briseur d’ambiance est-il un comédien en plein exercice actors’ studio, je n’oublie pas que nous sommes dans Broadway. Je me demande s’il récolte réellement des dollars, je suppose que oui, c’est New York, ici tout peut arriver, quant à moi je ne lui donne rien, mauvais public, je ne suis pas suffisamment acclimaté, c’est ma première journée.

* Un peu plus bas, j’arrive au cul de sac sur la mer, Battery Park, vue sur le monument aux morts de la guerre de 1941-1945, et, au loin, de dos, Lady Liberty. Je mange mon sandwich sur un banc, et j’entends une trompette. Un gars tout seul en train de choruser sur un CD. Pour lui, d’accord, bon public : je me lève et vais dépose un dollar dans son chapeau. Il s’interrompt immédiatement et m’engage la conversation tout sourire : « John Coltrane ? So you play the tenor ? No ? Oh, the trombone ! Where are you from ? Did you bring your horn ? You can jam anywhere, here ! » (Oh no, I’d never dare…) Il s’appelle William Spaulding, je m’assois à côté de lui et on discute un quart d’heure de musique, de New York, de jazz, « Les amateurs de musique dépensent des fortunes pour aller s’ennuyer dans des boîtes chic genre le Blue Note, laisse tomber, va plutôt au Cleopatra’s Needle, tiens je te donne la carte, j’y joue demain soir, tu diras que tu viens de ma part… » J’ai déjà un copain à New York et je trouve ça naturel, ici on engage le bout de gras avec son voisin et on en tire forcément quelque chose, c’est grâce à la musique, mais aussi à la nature de la ville, quelle ville extraordinaire.

* On sort d’une station de métro new yorkaise, un plan à la main et la mine déroutée. Un ou deux autochtones se précipitent déjà, c’est à celui qui saura le plus rapidement nous indiquer notre chemin. Ils sont fiers de partager leur ville, ils sont empressés de rendre service. J’essaie d’imaginer un comportement comparable de la part de Parisiens… Hmm… Non, rien à faire, je n’ai pas assez d’imagination.

* Illumination en comptant les drapeaux stars n stripes dans les rues : différence fondamentale entre les peuples, les Américains sont contents d’être américains / les Français ne sont pas tellement contents d’être français. C’est comme dans un couple, comment aimer l’autre si l’on n’est pas fichu de s’aimer soi-même ?

* Une fois l’illumination passée : bah, idée trop simple pour être vraie.

* J’ai dévoré des yeux et des oreilles l’an passé l’excellente série de David Simon, Treme (ma tête est pleine d’images de La Nouvelle Orléans, désormais), aussi bonne au fond que l’était The Wire (images de Baltimore), mais avec la musique en plus, ce qui fait que, contrairement à The Wire, j’aurais envie de voir à nouveau Treme, comme on se repasse un disque.

* Par suite, j’admire d’autant plus les musiciens du cru et je lis les mémoires du plus célèbre musicien de la Nouvelle Orléans. Good ol’ Satch. Une saga de violence et de musique, mélange que je fais mien ces jours-ci. Les souvenirs d’Armstrong regorgent d’anecdotes (on y apprend p.32 qu’adolescent, il fut interné dans un institut de réinsersion pour jeunes délinquents noirs et que, au sein de cet établissement, il se mit à chanter « dans la classe de Mme Vigne, la professeur de chant ») et révèlent en outre une curieuse obsession pour la purge. Il revient régulièrement sur les laxatifs et les bons conseils que lui administrait conjointement sa maman, Mayann : « Fils, garde toujours tes intestins dégagés, et rien ne pourra te nuire » (…) Je n’ai jamais oublié les paroles de ma mère chaque fois qu’un voisin mourait d’indigestion ou autre problème gastrique : « Il ne chiait pas assez ». La négligence est source de tous les maux. On néglige trop les intestins. » Conseil que je ne manquerai pas de retenir lors de mes voyages.

* En guise de purge pour les oreilles, j’écoute ou réécoute de nombreux albums d’Armstrong, y compris certains dédaignés des connoisseurs, comme celui-ci, The real ambassadors (1962). Atypique, et très bon, débordant de joie, d’invention, de swing, un album bien dégagé des intestins. D’où sort-il ? De la diplomatie explicitement machiavélique de la Guerre froide.

* En ces temps où le concept de puissance douce n’était pas encore au point, les Etats-Unis déploient les grands moyens, pas seulement militaires, pour montrer au reste du monde la valeur de l’American way of life. L‘entertainment en éclaireur. Le « vrai ambassadeur », ce n’est pas tel ni tel, ce n’est même pas sa majesté Louis Armstrong, c’est le divertissement de masse. Séduction planétaire par l’industrie du show business, domination symbolique aussi radicale que la bombe A, les paroles avouent candidement leur valeur de propagande : Remember who you are and what you represent/Jelly Roll and Basie helps us to invent/a weapon that no other nation has/especially the Russians can’t claim jazz
Ecrite et composée par les époux Dave et Iona Brubeck, la comédie musicale The real ambassadors s’inspire des tournées de jazzmen qu’organisait le Département d’Etat des Etats Unis dans le monde entier, dans les années 50 et 60.
L’intrigue se déroule dans le pays fictif africain de Talgalla, qui accueille un Armstrong dans un rôle proche de sa propre vie de musicien : pour la première fois, Armstrong pouvait sur scène exprimer des idées politiques qu’il prônait dans sa vie privée, et condamner le racisme en public. Dave Brubeck raconte qu’il avait écrit les paroles « They say I look like God. Could God be black ? My God ! » (Ils trouvent que je ressemble à Dieu. Dieu serait-il noir ? Mon Dieu !) dans le but de faire rire le public, mais qu’Armstrong fondit en larmes en les chantant…
La portée politique et historique de cet album ne doit pas faire oublier que les mélodies y sont tout bonnement merveilleuses. Armstrong et Brubeck ont embarqué chacun avec ses musiciens de scène. Outre Satchmo, les chants sont assurés par une Carmen MacRae au faîte de ses moyens vocaux, et par le trio Lambert, Hendricks & Ross.

L’œuvre ne fut interprétée qu’une seule fois sur scène, le 23 septembre 1962, lors du festival de Monterey, mais nulle trace n’en subsiste. Reste, heureusement, l’album studio enregistré l’année précédente à New York. La réédition 2012 propose, outre l’intégralité de ces sessions, quelques chansons supplémentaires enregistrées par Brubeck et MacRae à la même époque. On le trouve à trace-de-prix, puisque les CD ne valent plus rien.

* Or là, je me trouve à New York, figurez-vous. Maintenant que je suis dans la place, et même si je pousse quantité de oh! et de ah!, figurez-vous encore un peu, je crois bien que je préfèrerais visiter La Nouvelle Orléans, berceau mythique où naquit cette musique. Non parce que je ne suis jamais content, mais parce qu’il faut toujours garder un peu de frustration pour continuer à désirer.

(suite de la visite de New York ici.)

Tout ne s’apprend pas dans les livres, comme je l’ai lu dans un livre

27/03/2013 un commentaire

Mardi 26 mars

Descendre d’un train, sortir d’une gare, et marcher dans les rues d’une ville inconnue, est l’un des plus grands bonheurs de mon existence, un délice, un privilège, un luxe exorbitant. Je marche, je me perds, j’écarquille les lotos, je me repère, je reprends le pâté à l’envers, oh comme c’est joli, les filles sont jolies, les lampadaires sont jolis, les tramways sont jolis, je suis sûr que les autochtones ne s’en rendent pas compte, mais moi oui, je marche, je suis content. J’aime aussi passionnément marcher dans la forêt, mais ce n’est pas la même chose. Pour que je comprenne la différence, il faudrait que j’essaye de l’expliquer à quelqu’un. À vous, peut-être ? Disons provisoirement que marcher dans la forêt, c’est bien parce que c’est toujours pareil même si c’est toujours différent, tandis qu’au contraire marcher dans les rues d’une ville inconnue, c’est bien parce que c’est toujours différent même si c’est toujours pareil.

Je me suis donc offert ce suprême plaisir hier, j’ai arpenté pour la première fois de ma vie les rues de Bordeaux, fière ville bourgeoise ayant, comme son nom l’indique, prospéré grâce à l’alcoolisme, vice national. C’est très joli, Bordeaux. Oh, là, voyez, à gauche, à droite, des filles, des réverbères et des tramways, tels que nulle part ailleurs. Et une plaque qui dit que Victor Hugo, député de la Seine, a habité cet immeuble un peu moins de deux mois en 1871, quand, à la suite de la débâcle de Sedan, le Parlement en exil siégeait dans le Grand Théâtre de Bordeaux, et que c’est ici aussi que son fils Charles est mort d’une apoplexie, oh, c’est bien triste, mais c’est joli. Je suis le seul à m’arrêter devant cette plaque, tout le monde je vous jure passe devant, dessous, remonte son col et presse le pas comme si de rien. À l’autre bout de mon errance ou de ma journée j’avise la sévère statue de Francisco de Goya, mort ici en 1828 parce qu’il fuyait le régime totalitaire espagnol. Les gens traversent Bordeaux, ils y vivent, parfois il y meurent. Quand je vous disais que c’est exactement comme ailleurs quoique très différent.

Une inquiétude, tout de même : le logo de la ville est un peu anxiogène. On le confond facilement avec un autre, et cheminant on se demande sourdement si toute la ville ne serait pas contaminée chimiquement.

Au reste, j’ai passé l’essentiel de la journée à l’abri, non sur le pavé toxique mais dans une médiathèque, parce que je ne suis pas là que pour faire le ravi. Médiathèque où j’ai constaté, dans le rayon CD, que Noir Désir était rangé dans le bac « Scène locale ». Soupesant un album digipack, je me demandais, perplexe, si à l’étage en-dessous Montaigne, Anouilh, Sollers ou Mauriac se voyaient classés sur une étagère à part, « Auteurs régionaux ». Bien sûr, il faut être de quelque part. Victor Hugo était bien de Besançon, et Goya d’Aragon.

Ensuite, j’ai passé la soirée chez deux auteurs régionaux, et des meilleurs, qui me font l’honneur de m’héberger : les frères Coudray, Jean-Luc et Philippe, toujours aussi charmants et originaux, toujours nés jumeaux à Bordeaux, mais l’un des deux a le bon goût de se laisser pousser la barbe, ce qui fait qu’on ne se trompe jamais sur celui auquel on s’adresse. Forcément, nous avons longuement évoqué ce qui nous lia en premier chef, c’est-à-dire l’aventure tragi-comique des éditions Castells, où nous publiâmes deux livres chacun (pour moi, suissi et suila) vers 2006. Philippe Castells, dont j’ignore le lieu de naissance, était un drôle de type. Un tiers flambeur, un tiers menteur, un tiers magouilleur, un tiers dandy, un tiers clochard. Ah, et puis un tiers escroc, aussi. Ça fait beaucoup, mais comme on dit à Marseille tout dépend de la taille des tiers. En tout cas tout ces tiers mélangés ne faisaient pas un éditeur, finalement. Les Coudray et moi-même en sommes convenus, observant cependant que le temps avait passé, que nous n’avions plus de rancune à son endroit, qu’avec le recul des années même de lui nous pouvions ne garder que les bons côtés (il publiait de beaux livres, ce salaud) et que nous pouvions même changer de sujet (alors les Coudray m’ont narré en riant certains actes d’innocent terrorisme qu’ils commirent tous deux nuitamment dans les rues de cette même Bordeaux).

Nous changions de sujet et nous parlions de logo des dangers biologiques, lorsque sur ces entrefaites un de leurs amis est entré qui, muni d’un gâteau (c’était justement l’anniversaire des Coudray : il convient, en plus de naître quelque part, de naître un beau jour) et de diplômes en biologie, m’a appris la stupéfiante chose suivante. Du pur point de vue de la logique génétique, le chromosome « X », majestueux, galbé, redoublé en « XX » chez la femme, est la norme, le point de départ. Tandis que le chromosome « Y », nettement plus rabougri et moche, le pauvre ressemble à une crotte de nez, semble n’être ni plus ni moins qu’une altération survenue dans un second temps de l’Évolution, une dégradation programmée, un mal nécessaire permettant la reproduction sexuée de l’espèce, non mais regardez-les côte à côte, Madame X et Monsieur Y, remontez en haut de cette page, on jurerait un couple dessiné par Dubout. Par conséquent nous ferions bien d’admettre une fois pour toutes que nous sommes tous des femmes, et qu’une femme sur deux (celle avec le chromosome dénaturé tout rabougri) est un homme. Quitte à ré-écrire toutes les cosmogonies : manifestement le job de Dieu le 6e jour à consisté à créer Eve, puis à lui prélever un chromosome, dans la côte admettons, pour ensuite le chiffonner mâchouiller rouler en boule rabougri crotte-de-nez, et qu’à partir de ce « Y » mutant il a conçu Adam. On en apprend des choses à Bordeaux.

Mercredi 27 mars

Mardi soir, pour mon plaisir susdit, j’ai arpenté Bordeaux pendant plus d’une heure. J’ai vu un beau coucher de soleil sur la Garonne. Puis un événement est survenu comme pour apporter sa contribution à mes réflexions « il faut bien être né quelque part » .
À un moment, je me suis assis sur un banc pour regarder couler le fleuve, et j’ai sorti un livre de ma poche. Au bout de quelques minutes un gars nonchalant est venu s’asseoir à côté de moi, un Noir habillé en rouge avec un grand bonnet vert-jaune-rouge qui enveloppait des dreads, un bouc au menton et une canette de bière à la main, qui m’a demandé ce que je lisais. Sans attendre la réponse il s’est présenté comme rastafari et comme Sénégalais. Troisième identité manifeste, il était bien défoncé, les yeux dans le vague, mais amical.
Il vivait à Bordeaux depuis six mois. Je lui ai demandé s’il aimait ça, il a répondu à côté, parlant très lentement :
« You know Dakar ? Tu es déjà allé au Sénégal ?
– Non.
– Vas-y. Tu dois y aller. C’est beau, là-bas. Ici, rien à voir. Bordeaux n’est pas belle, elle est plus que ça. Bordeaux est une ville sacrée ! A holly town, man. C’est ici, place des Quinconces, que vos grands parents débarquaient nos grands-parents, et nos grands-parents descendaient du bateau la tête baissée et des chaînes autour des mains et des pieds, comme ça, man (il fait le geste, croise ses poignets, quelques gouttes de bière s’échappent de sa canette), c’est comme ça que nos grands-parents ont découvert la France, à Bordeaux. Et c’est comme ça que Bordeaux est devenue une grande ville. Tu es de Bordeaux ?
– Non.
– Ah. Tu m’avais dit hier que tu étais de Bordeaux. Why did you lie to me ? Or do you lie today ?
– I don’t. Don’t tell me I’m a lier. I’m not from Bordeaux, I wasn’t even here yesterday and I see you for the first time in my life.
– Ah. Tu es de la banlieue de Bordeaux, alors ?
– Non. Je suis de passage, je rentre chez moi demain.
– Ah. (pensif) Alors ce n’était peut-être pas tes grands-parents.
– Mon grand-père n’était pas français.
– (geste de la main) Peu importe. Tout ça c’est le passé. Moi, you know, je suis rastafari, je suis pour la paix. You know, 77%… (il s’interrompt une minute, comme s’il recomptait les pourcentages dans sa tête) 77% des Africains ne pensent qu’à ça, à ce passé d’esclave, ces chaînes aux mains et aux pieds, ils les ont encore dans la tête. Mais moi, non. Moi je suis rastafari, je suis pour la paix. Le cœur, man, le cœur, il n’y a que ça de vrai. »
Il s’est alors frappé le cœur de la main droite. J’ai fait de même, et je lui ai serré la main, on s’y est repris à plusieurs fois, pas tellement parce qu’il visait à côté, plutôt parce qu’il voulait faire comme ceci, et comme cela, puis finir par le cœur. Ensuite je suis parti.
C’était ma carte postale, « Bons baisers de Bordeaux » .