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Archives pour 04/2014

Chère Annie Ernaux

28/04/2014 2 commentaires

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J’ai écrit à Madame Annie Ernaux.

Fabrice Vigne
11 rue du Champa
38450 Le Gua

À l’attention de Mme Annie Ernaux
via MM. Rosanvallon et Peretz
« Raconter la vie », éditions du Seuil
25, boulevard Romain Rolland
75014 Paris
Le Gua, le 19 avril 2014

Madame Ernaux

Je lis de longue date et avec passion votre œuvre. Je me suis précipité sur votre dernier, Regarde les lumières mon amour, pour une seconde raison : l’attrait, lui aussi invétéré, et non exempt d’ambiguïté, que j’éprouve pour les hypermarchés, pour les grandes surfaces qui les hébergent.

Parmi vos observations sociologiques et psychologiques, intimes autant que générales, humaines en somme, je me « suis retrouvé », comme on se retrouve régulièrement, fatalement, dans les travées des hypers, lieu commun aussi bien que non- lieu.

Mes propres usages de supermarché (en tant que client, bien sûr, mais également en tant que salarié, puisque j’ai quelque temps empilé des produits dans les rayons entretien et animalerie d’un Intermarché ; et en tant que voleur à l’étalage pincé par un vigile – deux expériences de jeunesse, remontant à plus de vingt ans) recoupent largement votre récit.

Si je devais y apporter une touche supplémentaire, ce serait pour évoquer le supermarché comme lieu érotique, puisqu’il est lieu de rencontre et de croisement, de frôlements. Je crois cet aspect non négligeable, quoiqu’un peu ridicule (je pense au Dragueur des supermarchés de Jacques Dutronc : Le chéri des libres-services/Qui libère les prix et les cœurs/Celui qui porte les paniers/Et qui s´occupe de vos bébés/Le Don Juan des ménagères/Avec son cœur de camembert…)

Je me souviens, lorsque j’étais jeune et employé de la grande distribution, des rapports de séduction, sinon de flirt, entre les caissières (à cette époque et en cet endroit, uniquement des femmes assises) et les manutentionnaires (presque uniquement des hommes debout) ; encore aujourd’hui, je me rends compte que, en plus des deux critères que vous mentionnez pour arrêter le choix de la caisse vers laquelle on va engager ses provisions (on évalue mentalement à la fois le volume du Caddie devant nous, et l’efficacité de la caissière), s’ajoute presque inconsciemment un troisième : j’opterai le cas échéant pour la caissière la plus jolie, alors même qu’il n’y aura aucun contact véritable, juste pour le plaisir de voir passer mes marchandises entre des mains liées à un joli visage. Aujourd’hui, on rencontre beaucoup de caissiers parmi les caissières, donc j’imagine que ces rapports de séduction superficielle, « valeur ajoutée » de la circulation des marchandises, sont susceptibles de concerner tous les sexes et toutes les préférences sexuelles.

Mais surtout, si je vous écris aujourd’hui, c’est que votre livre m’a frappé par ses similitudes avec un bref texte que j’ai moi-même écrit en 2007, dans un magasin IKEA. L’intention était différente, puisque je ne comptais pas en faire un livre – c’est le graphiste avec qui je travaillais alors, Patrick Villecourt, qui a eu l’idée d’en faire un « livre », en réalité un livre-objet ludique, un livre en kit, pastiche « afin de détourner le langage de l’adversaire » selon ses propres termes. La tonalité de mon J’ai inauguré IKEA est également distincte de votre Regarde les lumières mon amour, puisque j’ai glissé, conformément sans doute à ma nature, vers un traitement grotesque, un traitement en farce absurde, tandis que vous êtes sensiblement plus bienveillante (et en conséquence plus profonde, je crois). Cependant la « méthode » était bien identique : pénétrer dans un grand magasin, noter scrupuleusement  ce qu’on y voit et entend, afin de comprendre ce qui nous relie aux autres, et aux choses.

Je me fais une joie de vous offrir ci-joint un exemplaire de ce « livre » à monter soi-même. J’espère qu’il vous intéressera sur son fond, et qu’il vous distraira par sa forme.

Je joins en outre un second livre, Double tranchant, que j’ai réalisé avec le peintre Jean-Pierre Blanpain. Celui-ci est une fiction, le monologue d’un artisan coutelier, et n’a presque rien à voir… si ce n’est qu’en ce moment je tourne avec des musiciens un spectacle adapté de ces deux livres, et que la version scénique tente de rendre explicites les points communs du diptyque, la fabrication, la circulation, la consommation des objets.

Avec mon admiration, mes bien sincères salutations.

Fabrice Vigne

Post-scriptum : J’ai puisé dans votre livre des références littéraires que je ne manquerai pas d’explorer, Contrecoup de Rachel Cusk cité dans l’épigraphe, et De jeunes corps de Jon Raymond.
Réciproquement peut-être serez-vous intéressée par une liste de « films de supermarchés » que j’avais tenté de dresser il y a quelques années sur mon blog ?

Je vous dirai si elle me répond.

Maquille ton esprit

25/04/2014 Aucun commentaire

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Si, comme Saâdi, tu n’as des maîtresses qu’en songe, tu es à l’abri des chagrins et des désillusions.

Bustan ou Le jardin des fruits, première histoire : l’amour.
Saâdi (1210-1292), trad. Franz Toussaint

Lu cette semaine un intéressant petit bouquin de cul : Introduction aux porn studies, du chercheur François-Ronan Dubois.

Depuis que j’ai lu Wilhelm Reich, je sais que le désir sexuel est la plus puissante source d’énergie sur terre, et qu’elle est renouvelable, sans empreinte carbone, et de couleur bleu ciel.

Des preuves chaque jour dans le bulletin de santé de monde, tiens, en Syrie par exemple, et il n’y a pas de quoi rire : on aura beau multiplier les interprétations sociologiques, géopolitiques et religieuses, on n’aura pas épuisé le sujet des jeunes décervelés débordant d’hormones et d’orgone, qui partent faire le jihad en Syrie tant qu’on n’aura pas mentionné qu’en échange de leur martyre ils escomptent pécho 72 houris aux yeux noirs. Le fantasme nous meut, même dans le pire des contextes. Le désir nous fait lever le matin, nous fait coucher le soir (à plusieurs, dans le meilleur des cas – sinon dommage), c’est ainsi, homo sapiens est homo libidens, notre désir est l’un des plus petits dénominateurs communs de l’espèce.

Le sexe, soit on le fait, soit on y pense, puisqu’on ne peut pas le faire toute la journée. Et à force d’y penser on le représente. L’histoire s’est maintes fois répétée : à peine un art est inventé que déjà il s’emploie à représenter le désir sexuel, comme si c’était sa vocation première. Les humains représentent le sexe à la fois pour s’en souvenir, pour l’imaginer, pour le comprendre (parce que son mystère est irrémissible), mais aussi, plus prosaïquement, pour s’exciter le bourrichon, se mettre en état, se préparer à l’acte, ou le substituer faute de mieux. On sait que l’une des fresques rupestres de Lascaux montre un homme en érection. Trique inaugurale: l’histoire de l’art peut s’enclencher, passer par l’Egypte et le Papyrus de Turin, les peintures murales de Pompei, les hentaï d’Hokusai, I modi de Caracci…

Idem pour la littérature, dont l’acte de naissance est L’épopée de Gilgamesh. De quoi nous parle Gilgamesh depuis quatre millénaires ? De cul (ainsi que de naissance de la civilisation, d’aventures, d’amitié, de deuil, de peur de la mort, de sagesse… parce qu’il n’y a pas que le cul dans la vie. Mais il y a le cul). Gilgamesh le civilisateur apprivoise celui qui deviendra son meilleur ami pour la vie, Enkidu l’homme sauvage, en dépêchant auprès de lui une prostituée sacrée. Selon la traduction donnée par Jean-Jacques Pauvert :

« C’est lui, courtisane. Enlève tes vêtements, dévoile tes seins, dévoile ta nudité. Qu’il prenne des charmes de ton corps toute sa jouissance. Ne te dérobe pas, provoque en lui le désir. Dès qu’il te verra, vers toi il sera attiré. Enlève tes vêtements, qu’il tombe sur toi. Apprends à cet homme sauvage et innocent ce que la femme enseigne. S’il te possède et s’attache à toi, la harde qui a grandi avec lui dans la plaine ne le reconnaîtra plus. »
La courtisane enlève ses vêtements, dévoile ses seins, dévoile sa nudité, et Enkidu se réjouit des charmes de son corps. Elle ne se dérobe pas, elle provoque en lui le désir. Elle laisse tomber son écharpe et découvre sa vulve, pour qu’il puisse jouir d’elle. Hardiment elle le baise sur la bouche et lui, Enkidu, tombe sur elle. Elle apprend à cet homme sauvage et innocent ce que peut enseigner la femme, tandis que de ses mignardises il la cajole. Il la possède et s’attache à elle. Six jours et sept nuits, Enkidu sans cesse possède la courtisane.

Idem pour le cinématographe, art de la représentation du mouvement comme dit son étymologie : va pour la représentation du va-et-vient. Le cinéma est inventé en 1895, et F.-R. Dubois date de 1896 le premier film pornographique, Le coucher de la mariée. Le cinéma sert dès l’origine à distraire les foules et les familles dans les foires, mais aussi, plus clandestinement, à montrer l’immontrable à un public averti. Des coïts sont filmés dans (et pour) les bordels et on constate que, les variantes d’intromission fatalement en nombre limité étant connues depuis l’aube de l’humanité, ces films n’ont pas grand chose à envier aux gonzos du XXIe siècle. Une ­lettre de Paul Eluard à sa femme Gala, en 1926 : « Le cinéma obscène quelle splendeur ! C’est exaltant. Une découverte. La vie incroyable des sexes immenses et magnifiques sur l’écran, le sperme qui jaillit. Et la vie de la chair amoureuse, toutes les contorsions. C’est admirable, d’un érotisme fou. (…) Le cinéma m’a fait bander d’une façon exaspérée. Tout juste si je n’ai pas joui rien qu’à ce spectacle. Très pur, sans théâtre, c’est un art muet, un art sauvage, la passion contre la mort et la bêtise. On devrait passer cela dans toutes les salles de spectacle et dans les écoles. » (source : Et le sexe entra dans la modernité. Photographie obscène et cinéma pornographique primitif, aux origines d’une industrie, Frédéric Tachou, éditions Klincksieck.)

Idem pour Internet. Le web balbutiait encore que déjà une poignée de geeks émerveillés découvrait qu’ils tenaient là un moyen formidable de trimbaler des images cochonnes d’écran à écran (cf. les touchantes images archéo-pornos faites de caractères ASCII)…

Je crois qu’on peut aimer la pornographie parce qu’on aime le sexe, de la même façon qu’on peut aimer les romans parce qu’on aime la vie – et certes il existe d’autres raisons, plus obscures, d’adorer les simulacres. « Privé de mon vrai bien, ce bien faux me soulage » , Honoré d’Urfé, L’Astrée, IIe partie, livre 5.

Et puis voilà, désormais la pornographie est dans la place, elle brûle les yeux, court les rues, crève les écrans, et sex est à travers le monde le mot le plus écrit dans la fenêtre de recherche Google. La pornographie est tellement présente dans notre écosystème qu’elle est objet d’études académiques, nommées porn studies. La chair en chaire : sur les campus on cause savamment de sexualité, et de pornographie comme fait culturel, fait social, et discours, bien sûr, mais aussi de sociologie, philosophie, loi, économie, politique, histoire, esthétique, religion, psychopathologie.

Toutes ces contributions sont les bienvenues, mais je suggère de démarrer la réflexion un brin en-deça, d’en revenir aux corps, au plus petit dénominateur commun, à la palpitation organique, au désir universel et bleu. Il m’est venu une comparaison avec la diététique, que je vous livre ici.

J’ai appris un jour de la bouche d’un médecin que nombre des problèmes de santé de masse dans les sociétés capitalistes avancées (hypertension, diabète, obésité, cancer) proviennent d’un décalage hurlant entre nos besoins physiologiques, inchangés depuis des millions d’années, et nos ressources, bouleversées en un siècle. Si l’on ne se surveille pas, l’on a tendance à raffoler de ce qui est gras, salé, et sucré. Pourquoi ? Parce que notre organisme a besoin pour fonctionner correctement d’un peu de gras, d’un peu de sel et d’un peu de sucre. Autrefois, à l’époque où nos ancêtres dessinaient leurs premières pines sur les murs de Lascaux, ces denrées nécessaires étaient fort rares et l’ordinaire en était dépourvu – d’où la gourmandise instinctive, la convoitise pour ces vivres. Aujourd’hui, en notre civilisation de confort et d’abondance, de plaisir et de réconfort à portée de la Visa, la convoitise est intacte. Sauf qu’il suffit d’un seul repas au MacDo pour absorber des rations de gras, de sel et de sucre, qui eussent peut-être permis de tenir six mois à un Cro-Magnon. Le surplus dans nos corps engendre les maladies sus-énumérées.

Convoitise intacte née aux temps de la pénurie à des fins de conservation de l’espèce / offre démultipliée de façon exponentielle par l’économie capitaliste…

Ce schéma semble s’adapter comme un gant à la sexualité (instinct archaïque) et à la pornographie (offre en expansion exponentielle). En cas d’appel du ventre, il est aussi facile de se procurer du malsexe que de la malbouffe. Dans cette perspective, les équivalents de l’hypertension, du diabète, de l’obésité, du cancer seraient les effets pervers du trop-plein de porno. Les tétanisantes invitations au sexe à tous les coins de rue comme mauvaises graisses de la société de consommation. Exemples de dysfonctionnements pathologiques :

* la génération digital native autoformée sur la sexualité grâce à Youporn (courant le risque de confondre le réel et le fantasme, le produit d’appel machiste outrancier et la norme) ;

la banalisation d’un sexisme de convention, rapport de force qui déborde largement de la chambre à coucher (femmes dominées, hommes dominants) ;

* la prolifération d’images porno soft vulgarisées (si l’on ose dire) dans la pub (une paire de seins fait vendre une voiture, recette bien connue : le désir de forniquer, huile dans les rouages économiques, est remplacé par fondu-enchaîné subliminal, par le désir de changer de bagnole) ainsi que dans d’autres champs de communication visuelle, comme la mode ;

* les bimbos de la téléréalité (restez bandés ! ne zappez pas ! juste après la pause de pub vous apercevrez peut-être la culotte de Nabilla !) ;

* la presse féminine qui apprend aux filles dès leur plus jeune âge à se faire belles, à s’habiller, se maquiller, bouger et parler sexy, et à dépendre pour la vie du regard des garçons.

Je me suis laissé fasciner par un article du Huffington Post sur le maquillage des actrices porno. Prenez le temps de faire défiler le diaporama qui présente chaque fille avant et après Avant : des trognes sympas de bonne copine ou de voisine de palier, parfois jolie, parfois pas trop, maigrichonne ou boulote, l’air d’une rigolote ou d’une chieuse, parfois mal réveillée, parfois un bouton sur le nez ou des cernes sous les yeux… bref, un défilé de filles normales, d’êtres humains, infiniment divers en dépit du plus petit commun dénominateur ; après : des bombes sexuelles stéréotypées, uniformes, lisses comme du plastique, toutes bien complètes de leur oeil de biche et de leur bouche luisante entrouverte. L’appel à la reproduction est un goulot d’étranglement. Melissa Murphy, auteure de ces photos, est maquilleuse pro sur les tournages pornos. Elle explique que techniquement, il n’y a pas de différence flagrante entre embellir une actrice de films X sur le point de tourner une scène et maquiller une femme pour le jour de son mariage. Elle prononce en interview ce crédo professionnel, cet adage simple et merveilleux : « Si vous devez rendre une femme magnifique, vous rendez simplement une femme magnifique».

Make up your mind, comme disent les Anglais. Injonction que nous pourrions traduire tendancieusement par Maquille ton esprit.

Conseil de lecture 1 : Paye ta shnek. De la pulsion sexuelle bien dégueu verbalisée en pleine rue. C’est obscène, rigolo, machiste, instructif (voici ce que subissent les jeunes filles dans la vraie vie) et à l’occasion poétique (Mademoiselle t’as des jambes de sirène !) À mi-chemin entre les Brèves de comptoir et la Vie secrète des jeunes de Sattouf.

Conseil de lecture 2 : La technique du périnée de Ruppert et Mulot. Ce n’est pas tout à fait de la pornographie.

Conseil de lecture 3 : bah, lisez donc Reiser, ça ne peut pas faire de mal. Comme je l’ai dit ailleurs, Reiser a toujours raison quand il regarde notre époque depuis sa mort. Ci-dessous son avis sur la question, en 1980 :

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Addendum décembre 2014, conseil de lecture 4 : sous ce lien une tribune anti-pornographie, très bien argumentée, par Ran Gavrieli, dans Libé. La pornographie y est fort pertinemment, y compris du point de vue étymologique, qualifiée de « prostitution filmée ». L’auteur va plus loin, qualifiant toute l’imagerie dont nous sommes bombardés au quotidien (via la publicité, les clips, la téléréalité, la mode, etc…) de « pornographie habillée ».

Si ce bain de culture où nous pataugeons est de la « pornographie » et que la « pornographie » est elle-même de la « prostitution filmée », alors nous baignons (CQFD) dans un monde de propagande pour la prostitution, où toute la culture mainstream dit aux garçons : « vous serez un homme si vous pénétrez une fille à votre désir immédiat parce que la fille est faite pour cela », et aux filles : « vous serez digne d’intérêt si et seulement si vous êtes capables de susciter le désir sexuel chez un garçon ». La société entière, qui est devenue une funeste machine à consommer (une fille à oilpé sur les panneaux des abribus pour vendre un produit non seulement X mais aussi Y ou Z, c’est vachement bien puisque c’est bon pour la croissance) valide ces comportements comme « normaux ». Cela est grave.

J’ai signé, pour ma part, la pétition Zéromacho, mais sans passion ni conviction, parce que je ne crois pas à la disparition de la prostitution (je crains que la rendre illégale ne réussisse qu’à la rendre plus brutale). En revanche je crois, comme en toute chose, aux vertus de l’éducation, plus déterminante que les lois. Il nous faut sans relâche expliquer aux jeunes gens pourquoi la pornographie n’est pas la vie, et pourquoi la prostitution est nocive. (Et la pub aussi, en général, d’ailleurs.)

Maire vert polymorphe

19/04/2014 un commentaire

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J’écoute (en faisant la vaisselle) une intervioue de Jean-Pierre Andrevon à l’occasion de la sortie de sa fabuleuse somme, 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction (ed. Rouge profond). Dites-moi Andrevon, quand et comment avez-vous découvert le fantastique ?

« … Eh bien comme j’ai pu, de là où j’étais, puisque j’étais un provincial. Je suis de Grenoble. Ville dont on n’a pas à rougir, depuis les dernières élections municipales. Première grande ville dont le Maire est écolo, je tiens à le saluer au passage… »

Bon, ce n’est pas tout à fait exact, Montreuil (104 000 hab.) ayant eu sa Maire verte un mandat avant Grenoble (157 000 hab.) mais peu importe, moi aussi je suis provincial, du même coin, et moi aussi je me réjouis de l’élection de M. Eric Piolle à la Mairie de Grenoble.

Le week-end dernier, le dit Piolle, nouvel édile des jeunes faisait le tour des stands du salon de Grenoble, serrant chaque paluche de façon en somme désintéressée, le scrutin étant passé. Je lui ai présenté mes petites productions bio, et parmi celles-ci je me suis fait une joie de lui offrir ce que je considère comme mon livre écolo.

Et tout en rinçant ma vaisselle j’essaye de faire le lien entre l’optimisme distillé par cette élection, et le bouquin fantastique (tous sens du terme) d’Andrevon. Le rapport me saute aux yeux. Pour porter l’écologie au pouvoir, il faut de l’imagination.

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ᏍᏏᏉᏯ

18/04/2014 un commentaire

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ᏏᏉᏯ (ᏍᏏᏉᏯ Ssiquoya ᎭᏫᎾᏗᏢ ᏣᎳᎩ) (ca. 1767 – ᎫᏰᏉᏂ ᎠᎴ ᎦᎶᏂ 1843), ᎤᎾᏅᏛ ᏥᏄᏍᏗ ᏣᏥ ᎢᏰᎵᏍᏗ, ᎠᏓᏩᏛᎯᏙᎯ ᎠᎴ ᎠᎴᏂᏙᎲ, ᏥᏄᏍᏛᎩ ᏣᎳᎩ ᎠᏕᎸ ᎤᏁᎬ ᎠᏥᏅᏏᏓᏍᏗ ᎦᎪ ᎪᎷᏩᏛᏗ ᎯᎠ ᏣᎳᎩ ᏗᎪᏪᎵ, ᎯᎠ ᎢᏴ ᎠᏓᏠᎯᏍᏗ ᎾᏍᎩ ᎠᏍᎦᏯ ᏀᎾᎢ ᏀᎾ ᎯᎠ ᏙᎪᏩᎸ ᎪᎷᏩᏛᏗ ᎠᏃᏪᎵᏍᎬ ᎢᏯᏛᏁᎵᏓᏍᏗ.

ᎾᎥ ᏔᎾᏏ ᏛᏍᎩᏥ ᏙᏧᏙᎥ ᎦᏚᎲ, ᎤᎿ ᎨᏎ ᎤᎨᏓᎵᏴ ᏕᎨᎦᏨᏍᏔᏁ ᎠᏣᎳᎩ ᎤᎬᏩᏳᎯ ᎤᏪᏥ, ᏭᏖ, ᏃᏊᎴ ᏅᏕᏂᎵ ᎩᏍᏗ. ᏗᎦᏁᎦ ᏗᎦᎾᏕᎩ ᎨᏎ ᏅᏕᏂᎵ. ᏭᏕᏁ ᏏᏉᏯ ᎦᎵᏆᏍᎪ ᎦᎵᏆᏚ ᏑᏓᎵ ᎤᏕᏗᏴᏌᏗᏒᎢ.

ᎠᏲᏟ ᏥᎨᏎ ᎤᏓᏂᏰ ᏔᎾᏏ ᎤᎾᎴᏅ ᎠᏂᏲᏁᎦ ᎠᏂᎷᎬᎢ. ᏣᏥᏱ ᏗᏝ ᏭᏓᏅᏎ ᏭᏕᎶᏆᎡ ᏧᎸᏫᏍᏓᏁᏗ ᎪᏢᏅᏍᎬ ᎠᏕᎳ ᎤᏁᎦ ᎢᎬᏗᏍᎬ. ᎠᏍᎦᏯ ᎤᏩᏎ ᎤᏬᏢᏅ, ᎠᏥᏁᏍᏓ ᏁᎴ ᏏᏉᏯ ᏚᏙᎥ ᎤᏬᏪᎶᏗ ᎤᏬᏢᏅᏅ ᎦᎾᏕᎬ. ᎤᏚᎸᎮ ᏚᏙᎥ ᎤᏬᏪᎶᏗ ᏏᏉᏯ. ᎠᏎᏃ Ꮭ ᏯᎦᏔᎮ ᎤᏬᏪᎶᏗ. ᎪᏟᎩ ᎨᏎ ᎤᏪᎿᎢ ᎠᏍᎦᏯ ᏗᎦᎶᎩᏍᎩ. ᏣᎵ ᏧᏙᎢᏓ ᎥᏍᎩᏃ ᎤᏎᎮᎴ ᏲᏁᎦ ᎢᎬᏗ ᏚᏙᎥ ᎤᏬᏪᎳᎾ. ᎾᎯᏳ, ᏁᎳᏚ-ᏐᏁᎳ ᎤᎴᏅᎮ ᎠᏓᏅᏕᏍᎬ ᏣᎳᎩ ᎪᏪᎶᏗ. ᎤᏓᏅᏒ ᎠᎳᏆᎹ ᏗᏝ ᏬᎶᏒᎢ. ᏭᏖᎳᏕ ᏣᎳᎩ ᎠᏂᏲᏍᎩ ᎠᎾᏟᎲ ᎤᎾᏙᏢᏒᎢ. ᎾᎯᏳ ᏓᎿᏩ ᎠᏍᏆᎵᏍᎬ ᎤᏕᎳᎰᏎ ᏂᎦᎥ ᎦᎷᎶᎬ ᏣᎳᎩ ᎪᏪᎶᏗ. ᎬᏩᎵᏨ ᎨᎡ ᏙᏧᏁᏅᏒ ᏗᎪᏪᎵ ᏧᏃᏪᎳᏅ ᏫᏚᏂᏅᏗ ᎠᎴ ᎤᏃᏪᎶᏗ ᏂᎦᎵᏍᏔᏅᏍᎬᎢ.

ᏓᎿᏩ ᎤᎵᏍᏆᏙᎾ ᎤᎴᏅᎮ ᏙᏳ ᎨᏒ ᏚᎸᏫᏍᏓᏁᎲ ᏕᎪᏢᏍᎬ ᏣᎳᎩ ᏗᎪᏪᎶᏗ. ᎤᎴᏅᎮ ᏕᎪᏪᎵᏍᎬ ᏂᎦᎵᏍᏗᏍᎬ ᎦᏁᎬᎢ. ᏁᎵᏍᎪ ᏑᏓᎵ ᎢᏳᏓᎴᎩ ᎦᏁᏍᏗ ᏚᏬᏪᎳᏁᎢ. ᎤᏍᏗ ᎠᎨᏳᏣ ᎤᏪᏥ, ᎠᏲᎦ ᏧᏙᎢᏓ, ᎠᎯᏓ ᎤᏕᎶᏆᎡᎢ ᎤᏬᏪᎶᏗ ᏣᎳᎩ. ᎤᏎᎮᎴ ᏔᎵᏁ ᎠᎾᏟᏅᏢ, ᏣᏥ Lowery, ᏙᏱᏗᏝ ᏭᏎᎮᎴ ᎤᏪᏅᏍᏗ ᎠᏲᎦ, ᏅᏊ ᏅᏛᏛᏁᎢ ᎪᎰᏍᏗ ᏣᏥ. ᏏᏉᏯ ᎤᏬᏪᎳᏁ ᎤᏬᎭᎵᏴᏓ ᏅᏊᎴ ᎤᏛᏛᏁᎢ ᎠᏲᎦ ᎤᎪᎵᏰᏗᎢ. ᎤᏍᏗᏰᏔᏁ ᏣᏥ ᎠᏂᏐᎢ ᏴᏫ ᏧᏎᎮᏗ ᏂᎬᏁᎲ ᏕᎪᏪᎵᏍᎬᎢ. ᏁᎳᏚ ᏌᏊᏦᏁ, ᎤᎾᏠᏯᏍᏔᏁ ᏣᎳᎩ ᎠᏰᏟ ᎤᎾᏤᎵ ᎤᏅᏔᏁ ᏗᏣᎳᎩ ᏗᎪᏪᎶᏗ.

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ᎠᏂᏍᏆᏂ ᏗᏁᎲ ᏗᏝ, ᎢᎦᏓ ᎠᏂᏣᎳᎩ ᎤᎿ ᏥᏭᏂᎶᏒ ᏓᏲᎲ ᎪᎱᏍᏗ ᏧᏩᏂ ᏭᏲᎱᏎ ᏁᎳᏚ ᏅᏍᎪ ᏦᎢ ᎤᏕᏗᏴᏌᏗᏒᎢ. Ꮭ ᎩᎶ ᏳᏅᏔ ᎤᎿᎢ ᎦᏂᏌᎲᎢ.

Toute une vie bien terminée

12/04/2014 un commentaire

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On trouve sur le blog de Fabrice Colin un très beau projet qui incite à parler à ses morts. J’ai envie de participer, mais je laisserai sûrement passer la date.

Oh merde, le temps d’écrire ceci, j’ai un mort de plus. À l’âge encore infantile de 64 ans, Pierre Autin-Grenier a fini par succomber ce matin à son cancer – appelons un chat Mistigri, pas la peine d’user de la périphrase pénible longue maladie, ça ne nous portera pas davantage malheur.

J’adorais le bonhomme, j’adorerai encore l’écrivain. Le premier était joyeux, libre et libertaire, chaleureux et désopilant, une voix de titi dans une carcasse de colosse ; le second était tout pareil, mais désespéré en plus. Une élégance folle. Un modèle pour la jeunesse française (enfin, modèle, façon de parler… ne fumez pas jeunes gens, ne picolez pas trop).

Je le voyais chaque année au délicieux salon du livre de Montfroc, on causait de littérature, mais surtout on buvait des coups et on disait plein de bêtises, on riait comme des vivants, on braillait en pleine nuit et en pleine rue Prenez garde à la jeune garde, c’était bien, elle avait une drôle de gueule avec nous la jeune garde.

Condoléances et embrassades et tendresses à Aline.

(J’ai appris la nouvelle de la bouche d’Hervé Bougel, à l’heure d’ouverture du salon du livre de Grenoble, ah ben merci beaucoup Hervé, de quoi plomber le jour. Désormais il nous appartient, en hommage, de causer littérature, d’Aimer boire et chanter, entre vivants – photo de mézigue et RVB ci-dessous prise le jour même sur le salon.)

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Redouble (2/2)

01/04/2014 Aucun commentaire

La modernité, c'est nous.

Quoi, encore un article sur Double tranchant ? Plus qu’un, c’est promis ! Suite-et-fin de celui-ci. Après j’arrête.

Dernier rappel avant décollage ! Le nouveau tirage de Double tranchant est sous presse ! Il était très beau, il sera magnifique ! Commandez-le dès tout de suite ! Vous vous ferez plaisir, et vous nous rendrez service. Comme ce majestueux quoique délicat volume est imprimé en offset, le premier exemplaire est de loin le plus cher à fabriquer. Ensuite, une fois les couleurs calées (surtout le rouge), la machine lancée, les rotatives crachent l’œuvre et les prix de revient décroissent… Toutefois il nous faut atteindre un certain palier afin d’éviter les coûts exorbitants. Ici, le palier est 400. Quatre cents coups, quatre cents coûts. 400 exemplaires de Double tranchant s’entassent bientôt mon garage, par cartons de 40. Peut-être le vôtre s’y trouve-t-il. Ne l’y laissez pas, il a peur du noir.

Hasard (ou pas) du calendrier, le dossier de présentation du spectacle musical Double tranchant et son double est enfin prêt. Vous souhaitez accueillir MM. Pignol, Sacchettini et Vigne dans votre T2 sous les toits, ou dans votre auditorium de 800 places, pour un happening électro-artisanal ? Consultez ce dossier en ligne, puis appelez-moi, qu’on discute.

Que resterait-il à révéler, pour le plaisir de l’anecdote ? Parmi les modifications apportées par cette version revue et corrigée, une nécessaire ; une autre très heureuse.

La nécessaire, c’est une coquille corrigée. Remarquez, elle était mignonne, je l’aimais bien. Mais elle faisait tache. Je vous raconte : au détour d’une phrase, le coutelier narrateur, tripotant son couteau, murmure en lui-même « De mon poing gauche je sers ma lame… » Du verbe servir, troisième groupe. Le gars en somme s’avoue serviteur de son couteau, lapsus loin du contresens, mais tant pis, j’ai préféré rétablir : « De mon poing gauche je serre ma lame », serrer, premier groupe.

La très heureuse, c’est l’apparition au générique du nom d’un des acteurs sinécoinonnes. L’impeccable graphiste qui conçut visuellement ce livre, innombrables trouvailles en prime, avait préféré lors du tirage initial jouer la discrétion… Cette fois-ci, elle a accepté (j’ai insisté) que son nom figure dans le colophon. Justice est enfin rendue à son travail. Elle s’appelle Muriel Truchet. Gloire à elle et mille grâces.