La soif du Mall (Troyes, épisode 7)
Nous paradons dans les galeries marchandes, l’air d’être là en fraude mais sans remords.
Alan Moore, La Coiffe de naissance
Et qu’est-ce que vous nous écrivez de beau ? Six pains fantaisie, hum-hum… Avant-hier, ma métaphore boulangère me permettait surtout d’éviter d’entrer dans les détails sur ce que je bricole au juste. Très consciemment je louvoie et cabotine. La vérité est que je n’ai pas très envie de parler de ce que j’écris, de crainte de ne plus écrire ce dont je parle. Ce n’est pas là superstition, mais conviction tout-à-fait rationnelle : trop dire avant de faire risque toujours de devenir fin-en-soi, dissiper l’envie, assouvir le désir, consumer l’énergie. En conséquence le verbiage du blog prend la tangente, et vous comprendrez que je préfère parler ici de mon rude combat contre un compteur électrique plutôt que d’écriture. Ou, à la rigueur, de l’écriture de livres échus.
Mais après tout, le pot-au-roses est déjà exposé au grand jour ! Puisque j’ai déjà circonscrit noir sur blanc mon principal chantier dans le dossier de candidature qui me bombarda troyens. Le titre est connu, et même reproduit sur le site de l’ORCCA : je suis en train d’écrire un livre qui s’intitulera L’arbre et le bâton. Du reste j’avais moi-même grillé le secret de longue date, par cette phrase imprimée dans l’opuscule tragico-ludique J’ai inauguré IKEA, p. 9 : « Je pense à L’arbre et le bâton ». Un peu que j’y pense, et depuis des années. J’ai de la suite dans les idées, au point de laisser dans un livre publié une allusion à un livre que j’écrirai un jour. Oui, il y a bien un rapport avec IKEA, et aussi avec l’une des nouvelles de mon recueil, « La gondole aux lutins », car mes marottes viennent de loin.
Pour la faire brève, ce livre que son titre camoufle en conte rustique raconte la grande distribution, et une catastrophe, et la grande distribution en tant que catastrophe, d’après un fait divers traumatisant survenu en août 2004. Mais il y aura aussi des scènes en forêt.
On ne trouve pas d’IKEA à Troyes (existe en revanche, misère des temps, une page « Pour un IKEA à Troyes ! » sur Facebook), mais ce ne sont pas les supermarchés et centres commerciaux qui manquent. Ni les forêts. Voilà pour l’inspiration.
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