Archive

Articles taggués ‘Ecritures ici (Inédits/chantiers/interventions)’

René Goscinny (1926-1977)

30/04/2008 un commentaire

Le 5 novembre 1977 trépassait René Goscinny, grand écrivain français, ni plus ni moins. J’ai rédigé un hommage de deux pages, et c’est là je vous prie de le croire, la moindre des choses, sur la bénéfique influence d’un auteur qui ne prenait ses lecteurs ni pour des adultes, ni pour des enfants, mais juste pour des gens d’esprit.

Le 13 mai 2007, je me trouve au salon du livre de Caen. J’attends le chaland sur mon stand. Sur le stand d’en face, je guette Anne Goscinny qui signe son roman, « Le père éternel ». Pour me désennuyer (le fait est que je signe moins qu’elle), je lui écris une lettre, au sujet de son papa, que je lui remets discrètement avant de quitter le salon. Elle ne m’a jamais répondu. Je suppose que des hommages à son père, elle en reçoit beaucoup.

Plus tard, je communique ce texte à Michel Lebailly, libraire et infatigable gardien de la flamme goscinnienne. Il me suggère de remanier la lettre en article, d’ôter ce qui en faisait une correspondance privée avec Anne (pour ce qu’elle en a fait, t’façons), pour publication dans son « Bulletin Goscinny ». Je m’exécute. Michel est enthousiaste quant à mon texte, à une phrase près. Cette phrase est « polémique », si l’on veut. Il me prie de l’enlever. Je rechigne un peu, puis finis par concéder à ce qui relève d’une gentille censure. Le n°5 du « Bulletin » vient de paraître, contenant mon article moins une phrase.

Si ça intéresse quelqu’un : quelqu’un peut m’adresser une demande par email, et j’enverrai gracieusement à quelqu’un par retour de courrier l’article (dans sa version non expurgée). Mais que cela n’empêche pas quelqu’un d’acquérir le par ailleurs intéressant « Bulletin Goscinny », disponible à la « Librairie Goscinny », qui est sise à Paris « rue Goscinny » (au moins c’est facile à retenir, tout ça), ou alors par corresponadance :

http://www.librairiegoscinny.com/spip.php?article1525

Pendant ce temps, à Landerneau

19/04/2008 7 commentaires

Si ma visite en Bretagne au mois de mai est finalement annulée, en revanche je provoque quelques remous dans le Landerneau « Littérature jeunesse ». Primo, je suis interviouvé par (la très subtile) Madeline Roth et mis à contribution dans le prochain numéro sur papier de la revue Citrouille, actuellement sous presse (http://lsj.hautetfort.com/). Deuxio, le blog du master 2 professionnel de littérature pour la jeunesse de l’université du Maine, animé par (le légèrement moins subtil) Bertrand Ferrier, cause de moi en se posant les bonnes questions : écris-je pour les ados ? Troisio, et voilà le plus amusant (et le moins subtil), je sers de repoussoir dans une polémique de longue haleine qui fait rage sur le blog de Blandine Longre . Ici, par deux fois, Jack Chaboud me traite à mots couverts d’escroc, parce que j’ai reçu (et même accepté ! et réclamé, si ça se trouve ?) un prix de littérature jeunesse pour un livre que j’avoue avoir écrit « sans me préoccuper de l’âge de mon lecteur ». C’est un scandale ! Je suis entièrement d’accord avec Jack Chaboud. J’ai l’intrépidité et la joie de foncer dans le débat.

Non mais écoute-le parler, l’autre

10/04/2008 un commentaire


Vous trouverez ici deux interviews conduites par mails au sujet des Giètes, la première recueillie par Martine Hamon, étudiante en Master « Littérature Jeunesse », et la seconde par Anne-Laure Cognet pour l’ARALD.

Et puis ici, c’est un peu hors-sujet mais tant pis, une interview sur Jean Ier le Posthume, réalisée par des enfants du Collège Diderot (Nîmes).

Ça a débuté comme ça

09/04/2008 un commentaire

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,

Me r’voilà.
Je sais, je sais…
J’avais dit : « Je ne publierai rien en 2008 ».
J’y croyais, quand je l’ai dit.
Et puis non, et puis si, j’en publie quand même un petit, là.
Un tout petit, mais très beau.
D’où sort-elle, cette grossesse non prévue ? Cet enfant non désiré ? Ce bâtard sans père (sans éditeur) ? A notre époque, pourtant, où toutes les précautions existent !
Voilà l’histoire : l’Arald (bien connue Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation) a eu la gentillesse et l’intrépidité de décerner un prix « Jeunesse » à mes Giètes, vous savez, ce livre paru l’an dernier et dont, depuis lors, je chante sur tous les toits que ce n’est pas du tout un livre jeunesse, mais bien plutôt un livre « vieillesse ». Bon, ce prix « jeunesse » étant assorti d’une forte somme, finalement pour cesser de pinailler je veux bien me montrer aimable et admettre que tout compte fait, en y réfléchissant, c’était un livre un petit peu « jeunesse ». On est bien peu de choses.
J’ai touché ladite forte somme le vendredi 4 avril, lors d’une petite cérémonie dans la cinémathèque de Grenoble (vous n’y étiez pas ? vous auriez dû).
Mais à présent que faire de cet argent providentiel et inespéré ?
Ben un livre, tiens.
Oh, oui, quelle bonne idée, un livre.
Un, livre ! Un, livre ! Un, livre !
Bon, d’accord.
Mais alors, un livre que je ferai tout seul, pour moi, et pour quelques autres, pas plus. Un livre autoproduit. (Vive la culture vivrière ! vive le livre de proximité ! vive l’autogestion ! vive le do it yourself ! vive les punks ! No future, comme je dis toujours.) Un livre sans but lucratif, sans libraires, sans distributeur, sans service de presse, sans prix littéraires, sans débats ni contre-débats pour fixer par décret l’âge du public cible (hi hi hi), sans rien, un livre fin-en-soi.
J’ai, vous le savez sans doute si vous avez reçu mes précédents faire-parts, publié deux livres aux éditions Castells. Cette belle aventure, en cours d’achèvement, ne présente pas un bilan unanimement euphorique, toutefois j’en retire un enseignement précieux, essentiel, lumineux : faire un livre n’est pas compliqué ; ce qui est compliqué, c’est le vendre.
Or, ce livre-ci dont je vous parle, j’ai envie de le faire, ah ça oui, mais pas spécialement envie de le vendre.
Alors c’est dit, c’est parti, hop, je le fais.
J’invente un nom fictif pour une maison d’édition : « Le fond du tiroir », enseigne explicite quant à ses ambitions éditoriales. (Pourquoi pas « Les calbuts qui débordent », tant qu’on y est ?)
Ensuite, je prélève dans le fond de mon tiroir un manuscrit substantiel, auquel je tiens, sinon ce ne serait pas la peine, mais dépourvu de toute chance de connaître le moindre destin éditorial ni commercial.
Ensuite, je le retravaille soigneusement, et l’adrénaline me grise.
Et je le vois prendre forme, et l’adrénaline redouble.
Et je demande un numéro d’ISBN, pour faire vrai, et pour bénéficier d’une TVA à 5,5% au lieu de 19,6, et l’adrénaline est à son comble.
Et je reçois mon n° d’ISBN. Oh, comme il est beau ! J’en ai déjà vus des ISBN, croyez-moi, mais aucun n’était plus beau que celui-ci. Je pourrais le réciter sans fin, élégant et sublime, pur et dense comme un haïku, 978-2-9531876-0-1, 978-2-9531876-0-1…
Et d’un seul coup, ça par exemple, mais ne dirait-on pas que « Le fond du tiroir » est un vrai éditeur, avec logo et tout ?
C’est bien imité, hein ?
Bon sang, mais… mais… mais cela voudrait dire… Je suis éditeur !
Bon, c’est pas tout ça, mais de quoi il parle, ce livre ?
On peut dire, primo, qu’il s’appelle L’échoppe enténébrée, récits incontestables, et que ce titre constitue un plagiat perequien sans scrupules ; secundo, que tant que vous ne l’aurez pas lu vous ne saurez pas si vous êtes dedans ou pas (alors, ça, si ce n’est pas efficace, comme teasing), et voilà strictement les seuls indices qu’on en peut donner sans déflorer l’intense suspense qui court au long de ces pages. N’insistez pas, vous n’en saurez pas plus. À quoi bon ?
Ah, non, attendez, tout de même, une autre précision indispensable : l’habile et exquis Patrick Villecourt, idéal acolyte illico promu au rang de factotum du « Fond du tiroir », a conçu ce livre, c’est dire si le volume flatte l’oeil, la paume, et le bon goût.
Il est imprimé à 260 exemplaires aux dépens de l’auteur (merci qui ? merci l’Arald), qui, pas chien, numérote et signe à la main chaque exemplaire.
Vous le voulez ? Vous y tenez ? Vraiment ? C’est pas pour me faire plaisir, au moins ?
Alors, c’est très simple : vous envoyez un chèque de 13 euros + 2,90 euros de port (si j’ai l’occasion de vous donner l’objet de la main à la main, laissez tomber le port, naturellement), multiplié par le nombre d’exemplaires dont vous avez besoin, à l’adresse suivante :
Le fond du tiroir, c/o Fabrice Vigne, 11 rue du Champa, 38450 Le Gua.
Vous libellerez le chèque à l’ordre de moi-même (mon nom est « Fabrice Vigne »), et ce faisant vous éviterez soigneusement je vous prie de libeller au « Fond du tiroir », option qui serait certes plus rigolote, mais m’obligerait à ouvrir un compte bancaire sous ce nom [Aggiornamento 2010 : c’est fait] – par conséquent je préconise cette plaisanterie exclusivement à ceux d’entre vous pour qui la fin du mois est précoce chaque mois, et qui préfèrent que j’attende un peu voire très longtemps voire la vie des rats avant d’encaisser leur règlement.
En outre, d’avance je vous remercie de vous abstenir de m’envoyer vos manuscrits, je ne les lirai pas, c’est pas parce que je suis « éditeur » (et que je dispose d’ISBN incomparablement plus beaux que ceux des autres) que je vais me mettre à publier des livres comme des petits pains. Eh, oh ! Je sais bien que, vous aussi, vous avez des tiroirs remplis à ras bord de manuscrits, mais si vous voulez les éditer, vos livres, vous savez ce qu’il vous reste à faire : décrocher le prix « jeunesse » de l’Arald.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, faites de beaux rêves.
Fabrice