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Les Giètes, dernière

J'y étais

« Fatigué : qualificatif universel, verdict absolu. On peut l’employer sans risque de se tromper à propos de n’importe qui. Je suis fatigué, tu es fatigué, il est fatigué. Vous allez bien Mme Lomza ? Oh je suis fatiguée. Comme tout le monde. Nous sommes fatigués, voilà. Ce qui veut dire : nous sommes mal fichus, malades, ou bientôt malades, ou mal rétablis,  nous sommes à l’agonie, nous sommes résignés, nous sommes pratiquement morts. » (Les Giètes, pp. 122-123)

Quant au livre, il est épuisé.

Deux ans que j’attendais ça.

Après la parution des Giètes, début 2007, dès que j’ouvrais ce livre, je trouvais à redire. Je me lamentais d’avoir lâché ce texte trop tôt, truffé de scories. Je bombardais Charlotte Goure, à l’époque mon interlocutrice chez Magnier, de mails sur l’air de « Mais comment ai-je pu laisser passer ça ? Il faut corriger ! corriger ! corriger ! » Charlotte (que je remercie encore de sa patience) compilait soigneusement mes remarques, plus ou moins essentielles (pensez donc ! une virgule mal placée fout une phrase en l’air) – tenant au chaud pour le jour du retirage une bonne quinzaine de repentirs, depuis tel détail qui manquait, jusqu’à tel mot qui méritait mieux, en passant par telle erreur grossière corrigée (Ray Barretto saxophoniste ? Où avais-je la tête ?) et telle syntaxe malheureuse amendée.

Deux ans plus tard, je viens d’apprendre que le temps est venu, et je l’ai appris de fort brutale façon : invité à une dédicace dans une librairie de Lyon, je me suis retrouvé, situation comique et inédite, en situation de devoir signer un livre que le libraire n’avait pas réussi à se procurer.

Bref, nous avons enfin écoulé le tirage initial (3000 ex.), et la réimpression aura lieu. « L’édition définitive » des Giètes paraîtra au mois de mai. Je sais, c’est tard, un long hiatus, trois mois d’indisponibilité, mais la maison Magnier estime que c’est un livre très cher, très peu rentable (ah comme je les comprends ! mal placé pour me plaindre ! je m’y connais désormais, en livres non rentables !), alors par mesure d’économie elle attend l’impression des deux prochains volumes de la collection Photoroman, en mai, pour réimprimer le mien dans la foulée, tant que les machines sont chaudes.

Vous pourrez donc l’acheter, en mai. Cette fois c’est la bonne. Moi je ne l’ouvre plus, c’est plus prudent.

  1. 04/03/2009 à 16:29 | #1

    salut Fabrice,

    félicitations, le succès du livre est mérité !

  2. 11/03/2009 à 15:15 | #2

    Voici une petite dizaine de fois que, par la grâce de Fabrice qui m’a fait l’amitié de me demander de monter avec lui une lecture musicale à partir des « Giètes », et embarqué dans le tourbillon du spectacle, je prends un air pénétré en assénant aux spectateurs un certain nombre de propos signés, j’ai nommé Gustave Flaubert, florilège puisé dans une liste à ma convenance mais finissant invariablement par celui-ci: « Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps. »

    Et les yeux dans les yeux du public, s’il vous plaît, cette phrase qui résume sinon la lettre, du moins le « cahier des charges » formel (le rapport entre les mots et les photos ayant servi de prétexte à l’ouvrage).

    Et c’est pas fini.

    Or voici qu’hier, le diable me glisse sous les yeux ces propos:

    « Quand je lis les magazines, je me contente des images et je ne lis généralement pas les textes. Les mots n’ont pas de sens, je perçois seulement leurs formes avec mes yeux et, d’ailleurs, je me suis rendu compte que si vous regardez quelque chose assez longtemps, toute signification disparaît. »

    C’est signé d’un certain Andy Warhol. Jamais entendu parler.

    …Flaubert n’aurait donc pas dit toute la vérité ???????????????

    Je ne sais plus qui croire, moi.
    Je crois que je ne vais plus lire que les quotidiens gratuits.

  3. 02/04/2009 à 08:34 | #3

    Ah oui, la vie est longue et pleine de contradictions, nous zigzaguons dans une forêt de thèses et d’antithèses, c’est le sel de la promenade… Tiens, dans le même genre, écoute un peu celle-ci : pendant des années, j’ai remâché cette phrase de Céline (je crois qu’elle est dans Mort à Crédit) : « On ne sera tranquille que lorsqu’on aura tout dit ». Et puis je tombe un jour sur cette recommandation de Voltaire : « Le secret d’ennuyer, c’est de tout dire ». Que faire, juste ciel, que faire ? Continuer à zigzaguer dans la forêt !

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