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Fraises ! Fraises ! Voilà des fraises pas cher !

01/03/2011 2 commentaires

Chic, c’est bientôt le temps des fraises. Le printemps trépigne aux portes. Puisque Louis-Ferdinand Céline, que l’on peut apercevoir dans le document ci-dessus, jouant au figurant dans un film de son ami Jacques Deval (unique apparition filmée de Céline avant-guerre), a été retiré des célébrations officielles de l’année, en lieu et place fêtons le printemps. C’est permis, oui ?

Céline écrivait dans Mort à Crédit « La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C’est moi le printemps. »

Céline est mort depuis 50 printemps, voilà qui s’arrose. Aujourd’hui même paraît la plaquette que j’ai rédigée à son sujet ou à son encontre, lettre ouverte en son honneur ou pour sa conjuration, je ne sais plus, Dr. Haricot de la faculté de médecine de Paris, aux éditions du Pré#Carré. Les souscripteurs la recevront dans quelques jours.

Ça a débuté comme ça – increvable formule magique, incipit de conteur, incantation pour un nouveau départ, signal de redémarrage de la roue, rien ne va plus, ou retour de bâton, attention les bourgeons, beau slogan pour le printemps.

Ça a débuté comme ça – la première ligne de ma lettre au docteur est : « Cher Docteur Haricot, Je pense à vous souvent. Vous êtes mort, mais vous bougez encore. »

Ah, docteur, comme il est difficile, une fois qu’on vous a lu, d’écrire sans faire lever votre fantôme ! Tiens, à cet instant même par exemple, au moment de fixer le titre de mon épître… Sera-ce « Docteur Haricot » ?… ou plutôt « Dr Haricot » ? Bien sûr, que c’est important ! Vous le saviez bien, qui disiez, quand vous révisiez vos manuscrits, « Chaque virgule me passionne ». Lorsque parut votre roman mutilé Casse-Pipe, vous fîtes une scène au correcteur qui s’était permis de rajouter un « s » dans le titre : « Je tiens beaucoup à Casse-Pipe, sans s à Pipe. Je ne sais pas pourquoi , par goût. Casse Pipes : ça ferait NRF ». (L’éditeur du livre était, cela va sans dire, la NRF.) Et vous ajoutiez à l’attention de votre secrétaire : « J’y tiens. Ainsi soit-il. Que les Jean-Foutre respectent mes textes, et merde du reste ! » Et c’est ainsi qu’on pense à vous quand on ajoute ou qu’on ôte une lettre.

Hommage, pas hommage, lâchetés politiques, précautions oratoires, dialectiques en veux-tu, embarras précieux, thuriféraires aux entournures… Tous ces verbiages mien compris vous auraient sans doute fait rire. Rions donc, et mangeons des fraises.

« Vous avez Professeur Y, soit dit sans vouloir vous vexer, la gueule d’être intelligent ! Dialecticien, même !… Vous fréquentez la jeunesse, forcément ! que vous devez lui bourrer la caisse !… Vous devez même être casuistique ! je parie ! Plus casuistique qu’Abélard ! à la mode, donc !… »