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Flux 2011

01/01/2011 5 commentaires

Meilleurs voeux 2011, c’est ça ouais, t’as raison, pour en faire quoi ?

Pour qu’il nous arrive quelque chose.

Il existe deux catégories d’écriveurs de livres. D’un côté, ceux qui écrivent parce que quelque chose leur est arrivé, et peu importe cette chose-ci, une guerre, un viol, une maladie, un traumatisme infantile, un portefeuille de ministère, une émission de téléréalité, une détention par les FARC au fond de la jungle colombienne, un fait littéralement divers ; de l’autre, ceux qui écrivent pour que quelque chose leur arrive, et cette chose-là est la littérature. Ah, voilà qui est beaucoup plus incertain. Ça marche ou ça ne marche pas, un meilleur voeu n’y suffit guère.

Mes chers compatriotes, je vous souhaite, et je me souhaite, qu’il arrive quelque chose en 2011.

Le Fond du tiroir publiera-t-il un nouveau livre en 2011 ? Peut-être que oui, peut-être que non, l’incertitude. Nous avons bien un projet, en souffrance sur l’établi, La légende du monde, livre impossible (qualificatif que je donnais déjà à J’ai inauguré IKEA, j’aime à rendre possibles des livres qui ne le sont pas, j’ai mes raisons). Mais peut-être que non. La trésorerie est peu propice, le coeur n’y est pas tout à fait non plus. On verra bien, il peut s’en passer, en 365 jours.

Il est possible qu’autre chose arrive en 2011 : l’épuisement, non de l’auteur, mais d’un livre. L’un des six livres au catalogue du Fond du Tiroir, le plus petit, le moins cher (12 pages, 3 euros), est en voie de disparition : Le Flux. Il faut dire que je l’ai à peu près autant offerte que vendue, cette carte de voeux perpétuelle et memento mori… Mais enfin je l’ai écoulée, c’est un fait, le mot juste. Encore merci et spéciale dédicace à ma marraine Jeanne Benameur qui, à sa parution, l’avait trouvée tellement à son goût qu’elle m’en avait commandé 60 d’un coup à fin de généreuse distribution tout autour d’elle. Soixante d’un coup ! Record de vente historique du FdT ! Qui n’avait pas peu contribué au financement du livre suivant, c’était le bon temps…

J’avais d’abord envisagé de réimprimer ce mini-livre, j’avais même pour cela prévu d’ajouter une épigraphe, jolie phrase dégotée entre temps et précieusement remisée, sentence qu’on croirait écrite exprès pour nous, c’est le principe des épigraphes :

Le Flux relie, la rive isole.
Marc Augé, Non-lieux

Et puis non, finalement, j’épigraphe à blanc, je souffre placidement l’épuisement, pas de réimpression en 2011, le Flux retourne au flux, et dust to dust, c’est mieux ainsi.

Quant au reliquat du stock, je l’offre en coup de grâce. Comme il m’arrive de le faire sur les salons du livre, je suis prêt à vous adresser gracieusement un exemplaire du Flux si vous êtes né en 1969. Envoyez vos coordonnées (et une attestation de votre millésime, s’il vous plaît) à fvigne-arobase-fonddutiroir.com.

Et la bonne année.