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Archives pour 05/12/2008

Le Flux dans l’Echoppe

05/12/2008 un commentaire

Rêve des livres en papillotes de papier sulfurisé

Lundi 1er décembre 2008

Je suis assis à mon stand, qui est un bureau de modèle collège très ancien (avec trou pour l’encrier), sur un salon du livre. Le « salon » est en réalité une galerie unique, longue et étroite, où de semblables bureaux sont alignés. C’est apparemment la fin de la journée, parce qu’il n’y a plus grand monde, les allées sont jonchées de détritus, nappes déchirées, prospectus, gobelets, papiers divers. Personne ne fait attention à moi. Je suis très nerveux pourtant, parce que j’attends une livraison. Je ne peux quitter ce salon absurde sans avoir reçu ce que j’attends.
Finalement, à un moment où je reviens m’asseoir à ma place, la livraison a eu lieu pendant mon absence, je n’ai pas vu le livreur. Il s’agit de deux cartons empilés par terre, devant mon stand. J’ouvre fébrilement le premier carton avec un cutter. Il contient de minuscules cocons de papier sulfurisés, comme des poissons en papillotes prêts à mettre au four. Je déploie un de ces cocons dans le creux de ma main : il contient bel et bien mon nouveau livre « Fond du tiroir », intitulé Le Flux, que j’attendais. Il se présente sous la forme de quatre feuilles volantes et infimes, comme du papier à cigarette, quatre feuilles pliées en deux les unes dans les autres. Je peine à lire ce qui est imprimé dessus, je suis perplexe, quel lecteur va s’intéresser à ce « livre » illisible ?
J’ouvre le deuxième carton. Il contient l’accessoire indispensable à la lecture de ce livre : une visionneuse en plastique, de la taille d’un grille-pain mais bien plus légère, comme si elle n’était qu’une coque vide. Je l’inspecte de tous côtés, je hoche la tête, je la trouve bien sale pour un matériel neuf, je crois bien que je me suis fait refiler un truc d’occasion, et je me demande si je vais parvenir à en saisir le mode d’emploi. Peut-être qu’en rajoutant le logo Fond du Tiroir sur le côté… Non, même comme ça, cet engin abscons pue la camelote. Je le secoue légèrement, des bruits de légers entrechocs trahissent des pièces brisées. Je crois reconnaître sur le côté, en ôtant la poussière avec mes doigts, un gyrophare bleu, mais je ne vois pas où sont cachées les piles. Ce gyrophare est mort, ainsi peut-être que l’objet en entier. J’essaye de comprendre comment je dois insérer à l’intérieur le cocon de papier sulfurisé afin de rendre possible la lecture du Flux.

Je me réveille.