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Un italien introverti pense avec les mains (Troyes, épisode 5)

Donc, j’écris. Je profite de cette conjonction extraordinaire, rarissime : Je peux écrire/J’ai envie d’écrire/Je sais quoi écrire. J’ai des fourmis plein les doigts, j’attaque on verra bien. « Il faut rater, s’y remettre, et rater mieux » (Beckett). Je viens d’entamer, dans la joie je vous jure, quatre mois de ratages, meilleurs à chaque fois.

Je suis en mesure de vous délivrer deux exemples circonstanciés de meilleurs ratages. Un : Hervé Bougel vient de republier ma Lettre ouverte au Dr. Haricot, de la Faculté de Médecine de Paris. J’ai sauté sur l’occasion du retirage pour remanier de la tête aux pieds et augmenter légèrement ce texte (vous n’avez pas encore cette délicate plaquette ? Commandez la nouvelle version sur le catalogue du pré#carré ; vous l’avez déjà ? Achetez-la pour comparer, c’est intéressant aussi)… Hervé, dont je salue la compréhension et même la complaisance (sans aucun doute facilitées parce qu’il écrit aussi, il sait de l’intérieur le bordel, tous les éditeurs ne savent pas) a donc été contraint de refaire de A à Z la maquette de l’opuscule. Je lui ai promis que, désormais, je ne le lirai plus jamais, puisque la relecture entraîne, fatalement, désir sans fin de retouches. En douce, j’ai tout de même jeté un œil… Plus fort que moi, un vice… Et je vois bien une phrase de traviole… Verrue, là… Tant pis, je me la garde…

Deux : attention, l’histoire qui suit est spécialement cruelle, et je ne la raconte pas sans quelque accablement. Comme on le sait, le Fond du tiroir a republié en 2010 La Mèche, mon livre-de-père-noël épuisé depuis lurette chez son éditeur initial. Trop heureux, là encore, d’amender un texte très bon mais perfectible, j’ai révisé chaque page, chaque phrase, chaque mot. Au passage j’étais satisfait d’avoir débusqué et éradiqué une vilaine coquille, une tache de moins, plaisir des yeux… Patrick Villecourt le Factote-Homme et moi-même étions très fiers, nous avions bien travaillé ! Nous délivrions la version définitive, impeccable (= dénuée de péché) de cet ouvrage chéri ! Las… Le jour où l’imprimeur nous a remis le tirage, la première personne, oui, la toute première personne à qui tout jovial j’ai donné à admirer l’ouvrage s’est exclamée : « Mais… Attends voir… C’est quoi, là, ce mot en quatrième de couverture ? » C’est quoi ? C’est quoi !? C’est une coquille que nous avions AJOUTÉE à la relecture bordel de merde ! J’en deviendrais grossier de rage ! Le mieux est l’ennemi de quoi, dit-on ? C’est mon ennemi personnel, oui ! Salaud de mieux ! Ah, je ne peux même pas vous spécifier la bourde, elle m’écœure trop, vous n’avez qu’à aller vérifier sur votre exemplaire, septième ligne de la cat’ de couv’

Conclusion : il est temps pour moi d’écrire des nouveaux livres au lieu de relire les vieux. Il est temps aussi que je détaille sous vos yeux les six pains sur ma planche. Oui, six : j’ai l’ambition mégalomane d’avancer et peut-être d’achever durant cette résidence six chantiers d’écriture, celui bien sûr que j’ai présenté dans le dossier de candidature à la résidence, et cinq autres en souffrance.

Une fougasse, une miche, un pavé de campagne un peu trop cuit, un gressin, une couronne, et bien sûr un bâtard.

 Vous voilà bien avancés. Et pour le monsieur ce sera ?

  1. 06/09/2011 à 17:25 | #1

    Ouais, où qu’elle est cette réparation à faire ? Commence à me courir sul’ Haricot, le Dr Vigne … Fais vite, je viens de trouver un peu de papier…

  2. 08/09/2011 à 21:55 | #2

    « vous n’avez besoin de rien » Monsieur Fabrice?

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