Accueil > En cours > L’âge du capitaine

L’âge du capitaine

Passion.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxKiller joe.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Encourageons les jeunes artistes émergents ! Je viens de voir coup sur coup Passion, dernier film de Brian De Palma (74 ans), et Killer Joe, dernier film de William Friedkin (79 ans).

Le De Palma m’a paru un exercice de fantasme sur papier glacé, parsemé de couleurs (la brune, la blonde, la rousse) qui sont autant d’idées, d’idées qui sont autant de coups de pinceau ou de caméra, de coups de caméras qui sont autant de citations voire d’autocitations… mais tout ceci désincarné, dévitalisé comme une dent qui ne ferait plus souffrir – un désir qui n’aurait plus mal aux dents. L’histoire n’a aucune consistance, aucun lien avec la moindre émotion vécue, si ce n’est celle, trop rabâchée, trop fabriquée pour être trouble, du voyeur qui surprend deux jolies jeunes femmes se rouler un patin, et de se demande laquelle prendra le pouvoir sur l’autre. L’un dans l’autre, joli, poussif et un brin rasoir. Je me suis dit, « Bof, œuvre tardive typique, redite en moins bien, film de vieux monsieur au bout du bobinot, qui n’a plus rien à prouver, qui veut bander encore un peu derrière la caméra ». J’ai même évoqué par-dedans moi, à titre de comparaison, la navrante dernière période érotico-soft-et-sénile d’Antonioni, naufrage de sinistre mémoire, c’est dire si j’ai baillé.

Le Friedkin est un putain de coup de poing dans la gueule, qui me lance encore la mâchoire. Killer Joe est un film d’une radicalité, d’une incarnation, d’une crudité, d’une noirceur, d’une violence, d’une ambiguïté, d’une santé, d’une férocité, d’une empathie… Un film subversif, nécessaire pour son auteur et pour son public, un film… tiens, je ne sais pas dire mieux : un film de jeune homme. Friedkin cependant est de cinq ans l’aîné de De Palma. C’est à n’y rien comprendre. Mieux vaut ne pas être sûr de nos certitudes.

Pendant ce temps, De Palma, qui n’a peut-être plus grand chose à filmer mais continue d’en parler avec une grande intelligence, affirme dans une interview, quoique sans étude statistique à l’appui : « La plupart des réalisateurs ont fait leurs meilleurs films entre 40 et 50 ans ».

Ah, bon, je le note. D’ailleurs j’ai 45 ans. D’un autre côté, je ne fais pas de films.

  1. Pas encore de commentaire
  1. Pas encore de trackbacks

*