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Sociologie de comptoir de librairie (Troyes épisode 87)

09/12/2011 Aucun commentaire

Je glisserai pudiquement sur le bilan de ma journée de dédicace la semaine dernière. De toute façon c’est toujours un peu la même chose, vous voyez le tableau, on réaligne devant soi les piles de livres qui n’en ont pas besoin, on tapote sur la table le capuchon de son stylo, on fait bonne figure, on renseigne les gens qui nous demandent où se trouve le rayon poches, et on attend que ça passe. Une grand-mère est restée une bonne heure dans la librairie à la recherche d’un livre pour son petit-fils, et quatre fois au moins elle a fait station devant moi, elle hésitait, empoignait un livre, le reposait, me posait une nouvelle question, « Et c’est bon pour quel âge ? », retournait réfléchir au fond de l’échoppe, revenait… Finalement elle était presque décidée, elle a saisi le Posthume, l’a ouvert à une page au hasard, et a lu une phrase à voix haute : « Mon papa dit que tous les enfants sont des pervers polymorphes » . J’ai précisé, en bafouillant, « Euh, oui, c’est parce que c’est une comédie, c’est un roman très drôle en fait, ah ah » . Elle a reposé le livre, perplexe, m’a regardé droit dans les yeux, puis est partie en me remerciant, un peu gênée. Je ne l’ai pas revue. Ah, zut, c’est comme ça qu’on loupe des ventes.

Comme d’hab, en dédicace on tue le temps en échangeant avec son camarade de stand. En l’occurrence, je voisinais avec une poétesse troyenne qui signait son premier recueil. Elle connaissait tout le monde, et sa conversation était aussi divertissante qu’enrichissante : « Tu vois cette dame, là, qui achète son journal ? C’est la femme de l’ancien maire, qui était le mentor de Baroin. » Ah, bon. Elle m’a en outre peint un instructif tableau sociologique de la ville de Troyes : depuis la disparition de la classe ouvrière traditionnelle et du secteur industriel dominant (la bonneterie), il reste essentiellement à Troyes une classe bourgeoise aisée, et un Lumpenproletariat, chomdu, fragile, paupérisé, la crise partout-partout en bandoulière. Je me suis mis à ruminer de sombres pensées : des très riches, des très pauvres, et entre les deux l’éradication progressive de la classe moyenne, Troyes est un laboratoire pour la France, une anticipation, un modèle réduit.

Autre événement ayant donné un peu de relief à ma vie sociale troyenne : le duo Fred Bernard/François Roca nous a rendu visite il y a quelques jours. J’aime autant leurs livres que leur compagnie (j’ai remarqué que souvent on préfère l’un ou l’autre, on ne gagne pas à tous les coups), et la soirée fut très agréable. Comme l’un est né en 1969 et l’autre un 17 avril, je leur ai offert un Flux à chacun, pour marquer le temps qui nous passe dessus. Nous avons pourchassé la nuit jusque chez moi, à boire des coups, fumer des clopes, et apposer sur le monde une nouvelle couche de sociologie sauvage. Fred me fait observer : « Tu ne te sens pas trop seul, ici ? Moi, je ne crois pas que je pourrais, je sais quelles sont mes priorités. J’atteins un âge où je vois des potes finir seuls, ce n’est pas tentant… L’homme est un animal social, c’est ainsi. Bien sûr, on peut toujours mettre de la musique et danser tout seul dans son appartement… »

Euh… Eh bien, puisqu’on en parle, oui, j’avoue que cela m’arrive quelquefois, je me cale sur Youtube un bon vieux tube funk et hardi petit, bouge ton corps, Lève-toi ! Monte dessus ! je m’en fous, personne ne me regarde, à part mon voisin. Je suis sans doute un animal un chouia moins social que Fred. Ce qui n’empêche pas le besoin de contact. J’adore aller voir de la vraie musique en compagnie de vraies gens. C’est ainsi qu’à deux jours d’intervalle j’ai assisté à un gigantesque concert du très classe Orchestre symphonique de l’Aube puis à un minuscule concert blues-funk dans un pub irlandais (très bon, mais ça manquait de cuivres à mon goût)… Je suis presque sûr que j’étais la seule pièce commune de ces deux auditoires. Je ne suis pas ennemi de la vie sociale, mais dans ce cas autant en avoir plusieurs.

Pieds nus sur la TerreNoire

17/06/2011 Aucun commentaire

Service consommation, bonjour. L’heure est grave. La transaction commerciale devient, on le sait, la norme du rapport interindividuel, et l’humanité est refaite, littéralement, sa nature changée, sans pitié pour qui n’est pas représentant de commerce. Qu’est-ce qu’il te reste à vendre, misérable ? La révolution aurait des raisons d’être gratuite.

Le blog du Fond du tiroir, tant qu’il durera bonan-malan, aura au moins un mérite : celui de témoigner des faits et gestes d’un activiste de la micro-édition, loin du grand marché de la pâte à papier, mais proche de la schizophrénie. C’est-à-dire qu’il aimerait bien que vous achetiez ses livres, mais qu’il n’a pas grande envie de vous les vendre. Étant donnée l’atmosphère qu’en commun l’on inhale et exhale, faire des livres et n’avoir rien à vendre sont deux positions de principe, deux actes de résistance au décervelage, deux ambitions nobles hélas incompatibles : double bind.

Ma sinistre vie de VRP l’hiver dernier (oh j’en ai encore les dents qui grincent, plus jamais ça, tant pis, je préfère encore endurer la pyramide de cartons dans mon garage, pour ceux qui suivent) aura eu, quant à elle, au moins un avantage : elle m’a aussi permis de rencontrer, presque par hasard, des gens à qui je n’avais rien à vendre, et à qui je n’ai rien acheté. Et c’est ainsi que nous avons échangé. J’aime passionnément le troc.

Alors que j’errais sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, à la recherche de libraires susceptibles d’accueillir avec bienveillance mes publications, je suis tombé sur l’atelier TerreNoire éditions et sa vitrine agressive, subversive, combative et cependant décorative. Je connaissais et estimais déjà le collectif TerreNoire, éditeur incorruptible de livres « faits à la main par des chômeurs, par des précaires dans des conditions précaires », militant on-ne-peut-plus radical, sciemment sérieux comme la mort pour « En finir avec la défiance systématique à l’égard d’autrui, l’ironie pathétique, le second degré branché, les poses rebelles adulescentes, les prétentions artistiques », éditeur, entre autres misfits,  d’Ivan Brun que je tiens pour l’un des auteurs de bandes dessinées les plus puissants et originaux du néo-royaume de France. J’ai poussé la porte, j’ai discuté avec Lionel Tran, l’une des têtes pensantes du repère, et voilà : nous avons troqué nos ouvrages. Un J’ai inauguré IKEA contre une sélection de leurs brûlots maison, insidieux comme une affiche situ, et artisanaux comme un cocktail Molotov.

TerreNoire est à ce point en marge de la société marchande que beaucoup de leurs livres sont, partiellement ou totalement, en téléchargement gratuit – faites le détour, il y a là quoi de quoi passer quelques bonnes heures de remise en forme politique. Espérons que la gratuité, revendiquée comme partie intégrante du projet, ne dissuade personne de commander les ouvrages en chair et en os, pour la survie de ces trouble-fêtes (double bind toujours). Je préconise spécialement leur Dictionnaire des marques déposées et des mots privatisés, la démonstration est redoutable, on le lit et on se dit merde, bien sûr que je connais tout ça, que s’est-il passé, mes mots ne sont plus à moi, j’ai du poison dans la tête.

L’une de leurs collections les plus étranges, les plus stimulantes esthétiquement et narrativement en plus d’être une matière à penser de première catégorie, est le comix intitulé Socio. Cette série de fascicules (cinq livraisons en trois ans) est un détournement manifeste des comics de super-héros américains, et plus spécifiquement de leurs traductions les plus cheap, celles que nous lisions enfants, les petits formats tout moches Aredit/Artima, noir et blanc sur papier journal spongieux, avec lettrage mécanique, caractères gras aléatoires, et redécoupage des vignettes à la serpe.

Les codes super-héroïques y sont respectés (le héros mène une double vie, le bien donne de grands coups de lattes au mal dans des combats outrageusement bavards…), ainsi que les modes de conception (travaux d’écriture et de dessin par un collectif constamment renouvelé, comme dans les chaînes de montage Marvel – on a notamment vu passer la signature de Fabrice Neaud pour un épisode), les graphismes 3D vous agressent par leur touche anonyme, industrielle et, il faut le dire, assez repoussante (sans doute volontairement)… Mais il ne s’agit ni d’un plagiat, ni (encore moins, on n’est pas là pour rigoler), d’une parodie.  C’est, disons, une subversion du super-héros. Le discours est stupéfiant, passionnant, éminemment politique puisque l’environnement hostile dans lequel s’ébattent les personnages est familier, c’est notre société libérale « avancée » à peine exagérée, disons anticipée. Bienvenue à Epura.

Contrairement au New-York des X-Men, Epura est un monde infernal seulement parce que c’est le nôtre. On y subit le martèlement publicitaire, la collusion entre le pouvoir et les puissances d’argent, le chômage de masse, la précarisation généralisée, l’atomisation sociale et la ghettoïsation par classes, la violence légitimée, la consommation comme horizon, le marketing comme way-of-life (au passage, l’anglomanie rampante du vocabulaire), le viol cynique du sens des mots (la zone insalubre avec HLM clapiers, poubelles et vidéosurveillance s’appelle « Quartier Bien-Être »), la traque aux « sans-pass » bouc-émissaires mais main d’œuvre bon marché (le « pass » universel d’Epura sert de carte à la fois d’identité et de crédit, puisque c’est un peu la même chose), la peur comme ressort politique, l’éradication de la moindre niche pour l’esprit ou la connaissance, la décrédibilisation de toute possibilité d’opposition,  la haine, le mépris, le mensonge, l’obscurantisme, la guerre de tous contre tous… Outré, le tableau ? Oh que non, on y est, on y est presque ! La récente psychose délirante de Concombre-qui-tue et de son sidekick Steak-haché-de-la-mort était par exemple étonnement anticipée dans le quatrième épisode de Socio, où la mort d’un enfant après intoxication alimentaire présumée est montée en épingle par les medias et instrumentalisée par les politiques – diversion.

Le thème général de la série est l’aliénation, terme qui se fait rare depuis que les études marxistes sont désaffectées. Le héros est un spécimen pathétiquement aliéné du nom d’Alexandre Souché, loser gras du bide, binoclard et dépressif, diplômé d’un master en sociologie et travaillant depuis dix ans comme serveur dans un fast food. À la suite d’un accident aussi miraculeux qu’une morsure d’araignée radioactive, il se retrouve propulsé dans l’envers du décor : « l’Indicible », dimension où seules les idées existent (on soupçonne les auteurs d’avoir emprunté le concept au Promethea d’Alan Moore, c’est de bonne guerre). Dans ce monde-là, Alexandre devient « Socio », le super-héros qui « démantèle les rouages sociaux ! », et tout en citant Chomskiy affronte ses adversaires, de monstrueux « super-vilains » incarnant les instances aliénantes, les véritables menaces qui pèsent sur le monde et sur les esprits : le rachitique  Haine de soi, le boulimique Plus, l’odieuse Viol psychique (dont la tête reproduit le chat horriblement mignon de « Hello Kitty », cette merde), le conquérant Ego à la bite turgescente et démesurée, la vieille bodybuildée Hédonisme, la sèche grosse tête Masturbation mentale

Moi qui, d’une part, ai appris à lire dans Strange et qui étais Spider-man à fond jusqu’à un âge avancé ; qui d’autre part ai fait des études de sociologie, également à fond, jusqu’à un âge encore plus avancé (25 et mèche), bardé de diplômes démonétisés sur le marché de l’emploi mais riche d’une formation irremplaçable sur l’appréhension des processus sociaux (en gros, voici l’idée qui change tout : l’état présent des choses a une raison, une origine, une organisation, il n’est ni fatal ni naturel ni incompréhensible, bref il peut se penser, se discuter, voire se combattre) ; moi qui frémis aujourd’hui quand j’entends un abruti UMP proposer la suppression pure et simple des filières socio et psycho qui « ne mènent à rien », moi qui, paranoïa oblige, y vois l’une des phases du plan délibéré d’abrutissement du monde par ses maîtres… Je salue cette salutaire création graphique, qui pense le monde en BD trash et donne une forme populaire à ce qui se passe dans nos têtes. Je prends Socio de plein fouet.

Ouaip, je le prends. Socio, c’est mon héros. À fond.

***

Par ailleurs et plus globalement, l’époque est rude aux tenants de l’auto-gestion, des initiatives a-commerciales ou in- ou dé- ou à la rigueur para-commerciales, et de la bande dessinée dite alternative. Les Requins Marteaux sont au bord du gouffre financier en dépit des multiples chef-d’œuvres à leur catalogue, dont le Pinocchio de Winshluss ou le supernanar Villemolle du même, croisement selon son auteur « entre Rohmer et Romero ». Il est donc temps, ou jamais à proprement parler, de leur passer commande – sachant, tant pis pour vous, que le Boulon du bonheur est épuisé. (Anecdote spéciale Requins Marteaux : le nom de l’un des protagonistes de mes Giètes, le maire Balloni, est un hommage à Franky Baloney, impayable rédacteur en chef de Ferraille Illustré, incarnation de la démagogie souriante, matoise et un peu ringarde – pile ce dont j’avais besoin pour mon édile, du prêt-à-porter, merci pour tout Franky, bisous.) Et ça barde sévère du côté de l’Association, ce berceau historique de la bande dessinée telle qu’on l’aime. JC Menu, autocrate génial, mais autocrate, a fini après des mois de conflit, par claquer la porte, contesté par les autres membres fondateurs de retour dans la place. Une page, comme on dit pudiquement, se tourne. Heureusement, le tampographe Sardon va bien, c’est à dire qu’il va sans doute mal, enfin il est fidèle à lui-même, exemplaire du petit artisanat anarchiste anti-commercial et son blog reste l’une des choses les plus affreusement drôles qu’on peut lire en flux RSS.

CLS

29/09/2008 4 commentaires

Septembre 2008. Claude Levi-Strauss a presque cent ans. Je serais bien outrecuidant si je prétendais que l’oeuvre de ce grand savant m’a « influencé », et cependant comment le dire autrement ? Puisque je ne suis pas tout à fait le même que lorsque j’ignorais ce que je lui dois.

Ce que je lui dois ? D’abord, un inépuisable et perpétuellement délicieux vivier de connaissances, un vivier d’histoires, de mythes, d’imaginaires (Les « Mythologiques », néologisme à la fois limpide et à tiroirs). Mais plus que l’étendue du corpus, c’est la subtilité de la méthode qui m’a marqué à jamais : le regard qui change.

Je suivais un cours d’anthropologie le lundi soir, à la fac, il y a presque vingt ans. Je prenais des notes, énormément de notes, je ne voulais rien perdre, j’abrégeais son nom, « CLS », j’avais du CLS plein mes feuilles de cours. Je sortais de l’amphithéâtre la nuit tombée, à 20h, ébloui dans le noir, plein d’admiration et de gratitude pour CLS. Tant pis pour ceux qui trouveront ceci grandiloquent : je suis persuadé que l’anthropologie est la discipline intellectuelle la plus précieuse, la plus essentielle, la plus nécessaire, et qu’il conviendrait de l’enseigner dès l’école primaire. Oui, sans aucun doute dès le CP : savoir que chaque homme n’est qu’une possibilité de l’humanité, et que cette possibilité-là n’est a priori ni plus respectable, ni plus méprisable que la suivante ou que soi-même, est une information au moins aussi capitale que des rudiments d’arithmétique ou de géographie. (Du reste il ne faut négliger ni l’arithmétique ni la géographie : elles sont très utiles en anthropologie.)

Entre autres vertus, l’anthropologie structurale de Levi-Strauss déjoue le racisme élémentaire (élémentaire, lui aussi, dès les classes de CP) bien plus efficacement, plus calmement et plus scientifiquement, que les simples réflexes bien-pensants, ou que la bonne conscience mécanique.

De même qu’il convient de bien observer les autres espèces animales, voire végétales, pour se faire une idée de la vie en général, il faut sans relâche observer les autres hommes, les autres peuples, les autres cultures, les autres pays, les autres civilisations, afin d’apprendre d’eux ce que nous aurions pu être, afin de prendre du recul ( « le regard éloigné »), et espérer se figurer un jour, à force de juxtapositions, de comparaisons, de mises en relation ( « penser par les relations » étant la définition la plus pédagogique de la notion de « structuralisme »), ce qu’est au juste l’être humain. Ce que, au juste, je suis. Révélation « spirituelle » si l’on veut, et cependant rationnelle.

Claude Levi-Strauss aura peut-être cent ans, le 28 novembre prochain. Qu’il meure avant ou après cette date ne changera plus rien, je serai triste.

La forme de ma poche

22/05/2008 un commentaire

Ma poche est déformée par un ou plusieurs livres. Ceci en permanence, et depuis que je lis. Ainsi je vais toujours, faussement seul, empli de mots que je poursuis et laisse me poursuivre.

Les volumes se succèdent au fond de ma poche intérieure, nuançant sans fin et par roulement sa forme et la mienne. J’en ai fait l’une des rubriques du présent blog, où je me contente de copiercoller une couverture, sans commentaires.

Une fois, pas coutume : j’en ai faits, des commentaires, au sujet des Années d’Annie Ernaux. Je les reproduis sur cette page pour ne pas tout à fait les perdre.

Coïncidence (ou alors, conjonction née de solides causes) : ce livre-ci présente de fortes ressemblances avec le livre-qui-déformait-ma-poche la semaine précédente.

Deux beaux textes de mémoire, deux recueils de fragments sauvés, deux vies pudiquement mises à distance par l’habitus de leur auteur même, deux « non-autobiographies » sociologiques. Une nuance de style et d’ambition, toutefois : le sociologue écrit le « Je », alors que la femme de lettres l’esquive, écrit « on », « nous », « ils », « elles », et éventuellement, poussée dans ses retranchements, « la petite fille », « la jeune fille », etc.

Du reste, en matière de « non-autobiographie sociologique », ils ont tous les deux été précédés par celui qui demeure le plus grand inventeur de formes littéraires autobiographiques, celui qui donne et redonne envie d’écrire, dont les livres ont autrefois beaucoup déformé mes poches et formé mon esprit. Cette veine m’avait inspiré voici dix ans trois ensembles de textes autobiographiques, sériels et sociologisants – textes qui demeureront inédits, même au Fond du tiroir. Pourtant l’un deux portait les mots « à tiroirs » dans son titre.