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Réunion = séparation

Lewis Trondheim à propos de "Ile Bourbon 1730" : "Grâce à ce livre, je vais sûrement me faire ré-inviter par le festival de la Réunion."

Une cat’ de couv’, je tourne le dos, la page aussi, au revoir, adieu, brisons là, je vous quitte, je pars, je suis parti. J’aurai la tête et le reste ailleurs, et n’alimenterai plus ce blog durant au moins une quinzaine – sans doute bien davantage.

Joyeux Presqu’anniversaire ! 9 avril 2008 – 4 avril 2009. Presqu’un an de travail de Fond dans le Tiroir, quatre livres s’il vous plait. Presqu’un an de blog, presqu’une centaine d’articles.

J’aime beaucoup les boucles bouclées, mais je crois que je leur préfère encore les boucles presque bouclées. Les cercles légèrement cabossés et discrètement ouverts, amorces de spirale, par ma chandelle verte. C’est dire s’il est grand temps, à un an moins cinq jours, de faire une pause.

Paradoxalement, l’occasion de cette séparation est fournie par la Réunion. Je m’envole voyez-vous, et c’est inespéré, vers ce gros bout de roche volcanique en plein océan indien qui, pour d’intéressantes raisons historiques, est français, département 974. Jamais encore mes livres ne m’avaient porté si loin, je me sens plein de chance, aussi de gratitude, et de curiosités, je vais voir du pays…  Moi qui, parfois, lors de rencontres scolaires, pontifie aux mômes : « Pourquoi j’écris ? Pourquoi je lis ? Parce que les livres sont un contact entre moi et le monde… On n’a pas tellement le choix, à dire vrai, pour chopper ce contact : soit les livres, soit les vrais voyages avec baluchon. Puisque je ne voyage pas, je lis, j’écris... » Bon, eh bien  je voyage, cette fois.

Je pars grâce au dispositif A l’école des écrivains, des mots partagés piloté par la Maison des écrivains. Je rencontrerai des classes du collège Terre-Sainte, de Saint-Pierre de la Réunion. À tout de suite, jeunes gens, jeunes filles.

Et j’en délaisse mon blog. Un bilan, tant qu’on y est ? Au terme de ce presqu’an de pratique, mon sentiment sur la blogosphère a-t-il évolué ? Eh bien, presque. Voilà comment je me figure la chose. Un blog, au fond, c’est Speakers’ corner, la liberté de parole en preuves et en cause-toujours, mais exponentialisée dans l’espace infini du virtuel… Tous les jours en dimanche, et le vert du gazon… Un hurluberlu débarque dans Hyde Park, déplie son escabeau, grimpe dessus, et clame à la cantonade les choses qu’il croit devoir clamer. Qui l’écoute ? Les badauds désœuvrés, les promeneurs en quête d’une diversion, une poignée d’amis aux oreilles pré-acquises, à l’occasion quelques adversaires de fortune, ravis de croiser le fer parce qu’eux aussi aiment s’exprimer le dimanche, et surtout la foule de hasard, incertaine, distraite et sans visage, en pardessus et adresse IP. La blogosphère est l’impressionnante juxtaposition de  centaines, de milliers, de millions (allez savoir) de Speakers’ corners simultanés, et d’autant d’hurluberlus. Avantage sur le vrai Hyde Park : la possibilité d’établir un lien d’un hurluberlu à l’autre, un clic d’un coin du parc à un autre. Ah, et puis dans le virtuel il ne pleut jamais, aussi.

Je descends de mon escabeau.

Hasard objectif : j’avais repéré un autre hurluberlu avec un autre message que le mien, mais avec le même porte-voix, un autre blog qui s’appelait le Fond du Tiroir… Homonyme non apparenté, vitrine d’un styliste-designer. Eh bien cet autre FdT vient de replier son escabeau, on n’aboutit désormais qu’à une page vide qui prétend « LE FOND DU TIROIR IS DEAD ! »

Dead ? Ça me ferait mal. Je le saurais. Pour évacuer l’effet néfaste de ce que l’on pourrait prendre pour un présage, on peut relire d’anciens articles ici même, alive and kicking. Sur la centaine d’articles, certains étaient par nature périssables, contingents, emportés par le Flux, à jamais illisibles ; d’autres cependant vieillissent bien, ou alors ne vieillissent pas encore, et peuvent être lus longtemps après. J’aime bien celui-ci, par exemple. Je le trouve bien balancé.  Un écrit « de contact entre moi et le monde », pour le coup. Bon équilibre entre « je parle de moi » et « je parle du monde ». Équilibre précaire, toutefois. Pensez : un escabeau.

À plus tard. À l’aventure !

  1. Lolo
    05/04/2009 à 18:54 | #1

    On avait bien ri du parjure de juin 2008 à propos du blog :
    « je vais très prochainement le mettre en veilleuse, pour ne le réouvrir que lorsque j’aurai écrit un livre. »
    Combien de temps Fabrice tiendra-t-il ?
    lo

  2. nadia roman
    18/04/2009 à 09:40 | #2

    je me suis assise sur l’escabeau le temps de vous lire, voyage. comme à chaque fois, le propos central et le petit détail, je prends le petit détail! ha Diogène, toute ma jeunesse classique, allemand latin c’était ce qui se faisait de mieux… et ceci qui me revient du fond (de mon tiroir interne) « h

  3. nadia roman
    18/04/2009 à 09:49 | #3

    je me suis assise sur l’escabeau le temps de vous lire, voyage. comme à chaque fois, le propos central et le petit détail, je prends le petit détail! ha Diogène, toute ma jeunesse classique, allemand latin c’était ce qui se faisait de mieux… et ceci qui me revient du fond (de mon tiroir interne) “habi a sole meo » JE CROIS QUE J AI FAIT UNE FAUSSE MANIP!!! mon commentaire s’affiche au milieu de cette citation sublime!!!
    et le commentaire sur Présent! de Jeanne Benameur, il faut vraiment que je vous en dise qq chose. chaque fois qu’on me parle d’école, de difficultés à enseigner, de Bégaudaud…, je réponds de lire Jeanne Benameur et on en reparle! j’attends la suite des aventures réunionaises en Rar. j’aime les disgressions et la pluie qui ne tombe pas sur le virtuel!!! Nadia

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