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Comme une plume d’ange dans l’état des lieux (Troyes épisode 99)

Le temps est venu de faire le ménage, laisser l’endroit dans l’état dans lequel j’aurais aimé le trouver en entrant (je précise qu’en entrant j’ai trouvé l’état impeccable), disparaître comme si je n’étais même jamais venu. Je restituerai tout à l’heure les clefs et le vélo. Le temps des bilans, alors, aussi ?

Non. Pour le bilan j’attendrai d’avoir fait le ménage aussi à l’intérieur de mon ciboulot. Provisoirement, je peux certifier que j’ai avancé, ciboulot compris, moins que je n’espérais, mais j’espérais peut-être trop. Je continuerai ce que j’ai débuté, ailleurs, autrement, dans d’autres conditions. En attendant une synthèse raisonnée, je n’ai de ce séjour de quatre mois à Troyes qu’une accumulation informelle de joies et de frustrations. En voulez-vous une de chaque, à titre d’échantillon ?

J’ai été, je ne le cache pas, un peu affecté par le bide radical essuyé par la représentation troyenne de la lecture musicale de mes Giètes – malgré toute la prévention et la délicatesse d’Amélie, qui n’a cessé de m’avertir que ce spectacle était atypique dans une programmation jeunesse, qu’il fallait s’attendre à une audience restreinte, qu’elle en était désolée pour moi… Tristounette jauge : quatre spectateurs à la séance dite « tout public », quatre pour tout public, pas bézef. Comme, entre temps, j’ai eu moultes preuves de la curiosité culturelle des Troyens, je n’ai pu m’empêcher de garder en bouche le goût amer du rendez-vous manqué. Voilà pour la frustration.

Mais voici la joie. Quelques semaines plus tard je rencontre par hasard une dame, que je ne connais pas, qui me connaît, qui me déclare : « Ah comme je suis contente de vous revoir ! Je n’avais pas eu l’occasion de vous dire à quel point votre spectacle m’a bouleversée ! C’est un très beau texte, et très bien interprété, c’est drôle, c’est émouvant, et c’est vrai quand même, bravo, un grand moment. En plus, vous avez une si belle voix. »

Ah, bon ? Je n’en demandais pas tant, le coup de la belle voix on ne me l’avait encore jamais fait. Bon, alors je suis comblé, pour un moment : une seule personne (sur quatre) accuse réception, cela suffit pour prendre du sens… Comme pour mes livres : je ne rêve pas de gros tirages, j’espère au fond la réception d’un seul, un que je ne connaitrais pas et qui viendrait me le dire, un seul lecteur mais un bon, un yann-garavel. Je suis d’accord avec Nougaro : qu’un seul humain te croie, et ce monde malheureux s’ouvrira au monde de la joie, qu’un seul humain te croie avec ta plume d’ange.

  1. 31/12/2011 à 11:46 | #1

    C’est vrai que t’as une « belle voix » ; elle fait « chaud au coeur » (Deyfellah).
    Sans charre, tu as fini de faire l’andouillette ?!?
    Bon retour et bonne année IN SITU, IN GRE…

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