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Pour notre amie la jeunesse (Troyes épisode 33)

Le dernier livre de Jean-Philippe Blondel s’intitule Et rester vivant, joli titre aux échos spinozistes. Je ne l’ai pas lu, mais il a plutôt bonne presse. Non, non, ne me faites pas dire que je refuse de le lire au seul prétexte qu’il a plutôt bonne presse… Je le lirai, sous peu.

Jean-Philippe fait partie des auteurs aux côtés de qui j’ai fait mon entrée dans le monde (cf. le carnet de bal des débutantes, en sélectionnant l’année 2004), ce qui explique que je le suis, de loin en loin. Je n’aime pas tous ses livres, mais ceux que j’aime, je les aime beaucoup (problème stylistique : comment éviter qu’une phrase pareille répète trois fois le verbe aimer ? Je pose la question pour moi-même, aucun livre dédicacé en jeu aujourd’hui).

Jean-Philippe est, par ailleurs, vraiment par tout-à-fait ailleurs, Troyen. Il m’a gratifié peu de temps après mon arrivée d’une visite guidée dans le centre ville et d’un historique très éclairant sur l’état des livres et des libraires de sa ville, merci collègue.

Jean-Philippe est, en outre, l’auteur d’un beau récit autobiographique intitulé G229, qui m’a fait m’exclamer, en débarquant à Troyes, « Wow, je me trouve désormais dans la même ville que la salle G229 », parce qu’on attrape les repères qu’on peut.

Jean-Philippe est, enfin et surtout, un auteur qui alterne les littératures adulte et jeunesse, situation qui m’intéresse tout spécialement. Et son cas est édifiant : en tant que lecteur je ne parviens pas à faire la différence entre ses deux registres de production, j’y vois une unité fondamentale. Certains de ses livres m’épatent, ceux dont je me dis « Là, il a fait fort, il a pris des risques, il s’est aventuré, il est fébrile et moi aussi » ; certains autres échouent à me surprendre, je me dis « Okay, c’est seulement pas mal, il se contente de faire ce qu’il sait faire, allez, au suivant ». Or, cette discrimination est la seule qui m’importe, et qui transcende à l’aise l’autre, l’officielle, celle qui labellise et frontiérise « Adulte » ou « Jeunesse ».

Ma position sur ce qu’on appelle littérature jeunesse est claire, et cependant, malgré moi, quelque peu hérétique – ce n’est pas ma faute mais celle du climat ambiant. Je la rabâche sur demande : règle une et unique, il est capital de placer entre les mains de notre belle jeunesse de bons livres. Point. Que ces livres soient jeunesse ou pas, on s’en fout complètement. De même, il est préférable, pour la santé des individus et des sociétés, que les adultes, quel que soit leur âge, lisent de bons livres. Y compris jeunesse, eh oui messieurs-dames. Ainsi, les lecteurs assidus de JPB ne savent pas ce qu’ils perdent s’ils sont passés à côté de l’un de ses opus les plus tranchants, les plus urgents, les plus vifs, les plus droit-au-but et les plus importants : Un endroit pour vivre. Estampillé Jeunesse. Et après ?

(Sinon, y’a ça, aussi : “Le théâtre pour enfants, c’est le théâtre pour adultes en mieux” – Stanislavsky, 1907.)

  1. Laetitia
    03/10/2011 à 17:33 | #1

    Tiens, pas de londonomètre…c’est qu’ici, le temps est un peu différent: on est encore dimanche!
    Faisant partie des Troyens qui n’ont pas encore osé ouvrir un des livres de Jean-Philippe…je pense que cet article m’aidera à sauter le pas!
    Merci

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