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Les Malheurs d’Alain

Ce soir j’ai revu pour la première fois depuis une quarantaine d’année Les Malheurs d’Alfred de et avec Pierre Richard, sur un scénario co-écrit par Roland Topor (à qui je suis tenté d’attribuer les aspects les plus méchants de cette comédie plutôt bon-enfant).

J’ai à l’endroit de Pierre Richard une tendresse enveloppante et chaude comme un vieux pull vert déformé. Car Pierre Richard incarne dans le cinéma français ce qu’incarne Gaston Lagaffe au sein des éditions Dupuis : le pas de côté, la grâce, la joie, l’expérimentation, la résistance par la poésie pure (je nomme poésie pure un rapport direct au monde, sans calcul, sans cynisme, sans compromission adulte), la plasticité d’un corps burlesque en latex, et la subversion que menace d’apporter chacun des éléments sus-dits dans les plans et les comptes des Messieurs Bouliers de tous les milieux.

En outre, à chaque fois que je regarde un film des années 70, y compris lorsque ce n’est pas un chef d’œuvre, et même surtout dans ce cas, je me complais dans ces couleurs, ces costumes, ces musiques, ces effets de zooms, ces motifs de tapisserie, j’éprouve un sentiment doucereux et ambigu de familiarité mélancolique, qui est celui du retour au pays natal : j’ai vieilli mais pas lui.

Cependant, une surprise tout-à-fait singulière m’attendait parmi Les Malheurs d’Alfred. Alors que, vers la moitié du film, défilent diverses trognes d’imbéciles promis aux plus grands succès dans des jeux télé conçu pour être particulièrement débiles, voilà que surgit le visage d’Alain Finkelkraut. Je me sens bien sûr agressé, je sursaute. Bon sang, me dis-je, mais que vient faire ici Alain Finkielkraut ? Qu’il est fort tout de même ce Finkielkraut, il s’immisce partout, même dans un film de 1972 ! Je me suis frotté les yeux et j’ai réalisé qu’en fin de compte il s’agissait de Jean Carmet, déguisé en Alain Finkielkraut. Mais pourquoi Jean Carmet ferait-il une chose pareille ? Il m’a fallu me frotter les yeux une seconde fois, et réfléchir plus au calme, pour comprendre que je m’étais laissé abuser par une illusion d’optique. En réalité, une fois la chronologie restituée, ce n’est pas Jean Carmet qui se déguise en Alain Finkielkraut à l’occasion d’un film de 1972, mais bien sûr Alain Finkielkraut qui, à chaque fois qu’il se présente à nous dans les médias pour nous faire la leçon, imite et, disons le mot, PLAGIE éhontément le look du juriste pisse-froid, étriqué et arrogant campé par Jean Carmet en 1972. Monsieur Finkielkraut, je révèle ici publiquement que j’ai percé à jour votre petit pot-au-rose, vous vous faites passer pour Jean Carmet grimé en Monsieur Boulier, et ce n’est pas joli-joli.

(Sinon, les symptômes du Covid s’éloignent tout doucement de moi, je crois que j’ai passé le col et que je suis dans la redescente, mais quelque chose me dit que j’ai encore un peu de fièvre.)

  1. Christophe Sacchettini
    21/01/2021 à 17:14 | #1

    Encore un p’tit pic de Covid et tu es mûr pour la page FB « les sosies du trad »…

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