Diabolus in musica
Oyez oyez braves gens, et vous aussi, bande de gougnafiers galapiats et gredins, parce qu’on est comme ça, nous, on s’adresse à tous, on ne vous trie pas en fonction de vos mérites, on veut pas savoir si vous êtes braves ou non.
Le 28 juin 2016 à 20h, à l’espace culturel l’Odyssée, Eybens (38) sera donnée la sixième « saison » de Fais-moi peur, cycle de spectacles-qui-font-peur-aux-oreilles que je conçois depuis 2008 avec mon compère Olivier Destéphany. La cinquième édition, souvenez-vous, était à forte teneur en vironsussi ; la sixième mouture s’intitule « Saison 666 : Diabolus in musica » et invoque comme de juste le Prince des Enfers himself.
Comme d’habitude, Olivier a composé la musique (à un seul morceau près, elle sera originale, et gorgée de quartes augmentées), je jouerai tous les rôles avec ma grosse voix, et l’orchestre à cordes mêlant amateurs et professionnels sera dirigé d’une main ferme mais sûre par Christine Antoine ; pas comme d’habitude, nous bénéficierons de la participation exceptionnelle du choeur Vox Clamans (car, notre histoire impliquant des voix humaines, je me suis fait un malin (uh uh) plaisir d’écrire une messe satanique en latin de cuisine) ainsi que des élèves de l’école de danse, sous la direction d’Erasmia Kapous (car en outre, nos rituels démoniaques nécessitent quelques chorégraphies infernales bien senties… Nous escomptions également, je vous ai déjà expliqué le processus de création avec Olivier, comment on se monte le bourrichon, sacrifier une vierge ou deux durant le bouquet final, hélas ! le pompier de service a posé son véto, soit-disant que les rivières de sang attaquent le vernis du plancher et gnougnougnou et gnagnagna c’est toujours pareil avec les pompiers, leurs intraitables normes de sécurité brident la créativité des artistes et s’assoient sur des traditions millénaires). Nous serons donc très nombreux sur scène. J’espère que vous serez plus nombreux encore dans la salle. Mais l’on n’est jamais sûr d’attirer les foules : un spectacle gratuit, ça n’inspire pas trop confiance. Ah oui au fait, c’est gratuit.
Autres guest-stars spéciales et extraordinaires de ce spectacle décidément total, nous aurons la joie de projeter sur grand écran trois oeuvres spécialement crées pour se fondre dans l’intrigue par trois artistes amis, trois auteurs (on peut le dire) publiés au Fond du tiroir, que nous avons fait plancher sur un sujet commun : Marilyne Mangione, Jean-Pierre Blanpain et Romain Sénéchal. Il a fallu, et c’était dur, choisir parmi leurs trois créations celle qui ornerait l’affiche du spectacle (ci-dessus), et c’est la peinture de Jean-Pierre qui a décroché la timbale.
Sous ce lien, une interview d’Olivier et moi-même par Jean Avezou dans son émission « Les rendez-vous culturels » sur RCF. Oui, RCF : nous prenons gentiment plaisir à invoquer le diable sur le réseau des Radios Chrétiennes Francophone. Attention, amis musiciens, repérez un gros raté durant l’enregistrement de l’interview : ce que nous présentons comme une quarte augmentée diabolique n’est en réalité qu’une banale tierce majeure. On se demande si nous ne l’avons pas fait exprès. Peut-être n’est-ce pas un lapsus, finalement. Nous aurons volontairement esquivé l’appel du diable à l’antenne bénitière.
Cette 6e saison sera, selon toute vraisemblance, la dernière. C’est comme ça. J’arrête tout en ce moment. J’arrête le Fond du tiroir. J’arrête de jouer à l’éditeur. J’arrête mon travail salarié, je veux dire que j’arrête à la fois mon travail et mon salaire (au 16 juillet je serai un héros sans emploi). Il ne me restera plus qu’à commencer d’autres choses. Qui verra saura qu’il vivra. Et en route fera péter du Faulkner :
« Dommage qu’il y ait autant de travail dans le monde. Une des choses les plus tristes, c’est que la seule chose qu’un homme puisse faire huit heures par jour, jour après jour, c’est travailler. On ne peut pas manger huit heures par jour ni boire huit heures par jour, ni faire l’amour huit heures par jour – tout ce que vous pouvez faire pendant huit heures, c’est travailler. Ce qui est la raison pour laquelle l’homme se rend et rend tout le monde misérable et malheureux. » William Faulkner, interviewé par la Paris Review, 1956.
J’ai passé une soirée….. étrange dans votre château peu recommandable!
J’hésite à confier mes élèves à un personnage aussi diabolique!
Bravo à vous et à tous les participants.