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Archives pour 06/2016

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27/06/2016 2 commentaires

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Chant du cygne, rechigne. Reconnaissances de dettes, ultime parution du Fond du tiroir, aura subi les retards cumulés de toutes les personnes impliquées, rares pourtant, de ma pomme à l’imprimeur en passant par le graphiste. Trois mois dans la vue, presque. Trois mois à trépigner, à retoucher le texte puis à rager de ne le plus pouvoir, que croyez-vous c’est moi le plus impatient de tenir l’objet, qu’on en finisse. Mais aux souscripteurs je dois (car dans ce livre je dois, c’est un principe, une manie) des excuses ainsi qu’un aggiornamento du planning : je récupèrerai le tirage vendredi 1er juillet dans l’après-midi. Dans la foulée je passerai chez Patrick F. Villecourt pour que nous apposions nos griffes sur chaque exemplaire, et je posterai les souscrits dès samedi matin. Ou lundi si j’arrive trop tard à la Poste. Vous recevrez votre mini-pavé dans le courant d’une onde pure et de la semaine prochaine.

De même que le destinataire de l’UNIQUE service de presse. Un seul exemplaire gratuit a été prévu, moins à titre de promo que de souvenir amical, expédié à l’Agence Rhône Alpes (« Rhône Alpes Auvergne » désormais ?) pour le Livre et la Documentation. Le livre était accompagné de la lettre ouverte qui suit.

Association Le Fond du Tiroir
11 rue du Champa
38450 Le Gua
04 76 72 31 26
http://www.fonddutiroir.com
fvigne@fonddutiroir.com

Service de presse : Reconnaissances de dettes
À l’attention de L’ARALD
25 rue Chazière
69004 Lyon
Le Gua, le 1er juillet 2016

Chère Arald,
En 2008 tu me décernais le Prix rhône-Alpes du livre jeunesse, assorti d’une forte somme d’argent. Souviens-toi : je décidai d’engloutir cette somme dans la création d’une micro-maison d’édition associative, Le Fond du tiroir, au sein de laquelle je programmai de faire strictement ce que je voudrais, et d’inventer en chemin.
Huit ans plus tard… Merci beaucoup chère Arald, le plan s’est accompli, j’ai certes fait ce que j’ai voulu. Le Fond du tiroir affiche un catalogue de 12 livres, chacun singulier par son sujet, sa démarche, son apparence, son genre, sa taille, son ton… Je suis fier des 12 expériences. J’ai été comblé par cette chance exceptionnelle que tu m’as donnée : être autorisé à me prendre pour un éditeur, à imaginer la forme d’un livre plutôt que de seulement l’écrire et sous-traiter le reste, à rencontrer des partenaires de jeu talentueux voire géniaux, des illustrateurs, des graphistes, des imprimeurs, des musiciens.
Huit ans plus tard, toutefois, la mise de départ est engloutie depuis belle lurette, et le modèle économique du Fond du tiroir (modeste : vendre suffisamment de livres pour avoir de quoi faire le suivant) s’est fracassé contre le mur du réel. Enfin ruiné, je renonce et ferme boutique. Le Fond du tiroir accomplit cependant, pour la joie du parachèvement et la beauté du geste, un dernier tour de piste. Je publie un ultime livre, et l’imprime à un nombre minimal d’exemplaires : 50, soit à peine plus que que la somme des souscripteurs. Ce livre sera donc épuisé sitôt « paru ».L’occultation me convient : le plus intime de tous mes livres a la vocation du souterrain plutôt que de la tête de gondole.
Je t’en ai tout de même mis un de côté. Il s’appelle Reconnaissances de dettes, et il énumère méthodiquement, quoique dans le désordre, ce que je dois, et à qui. Pour le coup, je te dois tant ! Donc je te l’offre ci-joint, avec plaisir et, comme son nom l’indique, reconnaissance.
Chère Arald, merci encore, c’était bien, ces 8 ans. Et bon courage à toi, qui connais aussi la pénurie, la crise, le danger de marginalisation, de disparition, de défaut de reconnaissance. Je te souhaite bonne continuation. Je le souhaite pour toi, et pour tout ceux qui, comme moi ou d’une autre façon, vivent pour les livres.

Fabrice Vigne

Et puis voilà.

13/06/2016 Aucun commentaire

Couverture RdD complète

Cette nuit, j’étais installé parmi de nombreux convives à une grande table tout en longueur. Ma voisine de gauche se tourne vers moi, elle se présente comme une collègue (ça veut dire quoi ? elle écrit aussi ?), et me dit de but en blanc : « Je les ai lues, tes Reconnaissances de dettes ». Allons donc ? Comment ce serait possible ? Elles ne sont toujours pas parues ! Mais je n’ai pas le temps de lui faire l’objection, je la vois qui pleure. « Ce livre m’a bouleversée. C’est comme si on m’avait greffé ton cœur dans la poitrine ». On ne m’avait jamais fait un aussi gros compliment, ni aussi romantique, ni aussi ambigu. Je me réveille.

Deux mois de retard, oh ça va, je suis au courant, l’agonie fut longue, et agonie, TMTC, ça veut dire combat. Enfin le combat est clos, la chose est faite, les Reconnaissances de dettes sont chez l’imprimeur, et les souscripteurs, que je congratule pour leur patience et leur indulgence, recevront leur exemplaire dans, disons, pour éviter une fausse promesse supplémentaire, quelques jours.

Retardataires compris, nous avons reçu 31 souscriptions (sans compter quelques « ouais ouais bien sûr que je le veux mets-m’en un de côté mais là j’ai pas mon chéquier »). La hauteur du tirage est désormais fixée : le livre sera imprimé à 50 exemplaires (sans doute la semaine prochaine, au pire la suivante). Après calculette, règlement de l’imprimeur, rétribution pourtant scandaleusement basse du travail d’orfèvre et de factotum de Patrick V. (qui s’est surpassé) et frais de port, le prix de revient du livre à l’exemplaire sera d’un peu moins de 26 euros. Alors que, vous l’aurez remarqué, son prix de vente, décidé il y a lurette, est de 20. Ah ah ah ah, mrdr, mégalole et toute cette sorte de choses ! Pour chaque livre acheté, le Fond du tiroir vous file directo six euros ! C’est le meilleur coup du Fond du tiroir, pas la peine jamais d’espérer faire mieux que ce chef d’oeuvre de gestion éditoriale, après celui-ci on arrête, normal. Vous voulez gagner six euros ? Commandez vite !

Ci-dessus la couve-plus-quat’-de-couve définitive, ultime création de Patrick « Tout-vient-à-point » Villecourt pour le Fond du Tiroir. Vous admirerez l’harmonie générale mais également le sens du détail : remarquez je vous prie, sous le PQ, trônant au sommet de la composition quoique la tête en bas, subtil hommage à mon grand-père et à ceci, le 10 Francs Mineur. Ce billet qui eut cours légal de 1943 à 1951 fut imprimé, Wikipédia me l’apprend, à 515 millions d’exemplaires. Reconnaissance de dettes avoue quant à lui un tirage de 50 exemplaires, ce qui est nettement mieux. Quarante-deux d’entre eux sont attribués, offerts, achetés ou réservés. Restent huit, si un petit regret vous saisit et que vous souhaitiez entendre mon cœur battre dans votre poitrine. Tout doit disparaître.