Ukulélé sous cerisier en fleur
(Illustrations : j’ai demandé à une intelligence artificielle une image représentant « Bashō, le grand maître du haïku japonais, jouant du ukulélé sous un cerisier en fleur. » Oui, Bashō a six doigts, comme tous les japonais jouant du ukulélé.)
Comme nous l’a dit approximativement un ami après un concert de Marie Mazille et moi-même : « On n’est jamais déçu, avec vous. On sait que ce sera débile mais on est tout de même surpris par la manière. » C’est le plus beau compliment que nous avons jamais reçu.
Donc ! Nouvelle aventure surprenante du Débile-Duo !
Marie invente un nouveau jeu, me demande si je veux jouer, je dis oui avant même d’avoir entendu la suite, comment dire non.
Marie crée des mots valises et des expressions à tiroir, à base de jeux de mots terrifiants et d’à-peu-près éhontés. Je réceptionne et je suis chargé de donner à chacun de ces « mots que nous avons inventés et dont le besoin se faisait généralement sentir » une définition acceptable. (Car ainsi, pour vous révéler le secret, notre duo fonctionne, au fond très traditionnellement : un Auguste fantaisiste met le bazar, un clown blanc réintroduit un peu d’ordre dans le chaos et fait mine que tout est normal.)
Feu.
Un connastère : monastère où toutes les nonnes sont systématiquement abruties par une discipline dictatoriale.
Un carambariolage : délit consistant à s’introduire par effraction dans un domicile privé et à repeindre tous les murs de couleurs criardes.
Un appétit de Doisneau : envie de pratiquer l’art très vite rassasiée, et dissipée dès le premier déclic, dès la première image.
Oui-Oui l’ourson : jouet qu’autrefois on déposait sur les tablettes arrière des voitures, ours en peluche dont la tête montée sur ressort hochait au gré des cahots de la route.
Charles-se-Magne : célèbre « message personnel » diffusé sur Radio Londres le 14 juin 1944, avertissant de façon cryptée que de Gaulle a bien posé le pied en Normandie et qu’il est en route pour Paris.
Hercule poireaute : proverbe signifiant que même les personnes les plus courageuses hésitent devant une épreuve trop épineuse. Allusion à l’attitude d’Hercule qui, après avoir accompli onze de ses travaux, se reposa avant d’entamer le douzième, le plus difficile, la descente aux enfers. Il prononça alors devant la porte des enfers ces paroles immortelles : « J’y vais ou j’y vais pas ? ».
La nuit tous les ch’tis sont gras : polar publié en 2008 par Quinquin Bodard, la star des écrivains de Roubaix, qui raconte une enquête de police particulièrement délicate. Le seul indice révélé par la vidéosurveillance est que l’assassin est obèse. Mais que faire de cette piste puisque le meurtre a eu lieu dans le Nord-Pas-de-Calais où une personne sur quatre est atteinte d’obésité ? Heureusement, l’assassin a laissé des traces de maroilles…
Le petit pou sait que le petit pouce hait : proverbe signifiant que l’on trouve toujours plus fort que soi et que nos vies tiennent à un cheveu. Allusion au fait qu’un pou se promenant paisiblement sur un cuir chevelu peut se faire exterminer en un clin d’œil, sans avoir rien vu venir, par le passage d’un pouce rageur, pourvu d’un ongle tranchant, et ainsi le destin s’abat et qu’y pouvons-nous, pauvres créatures ? Rien. C’est la vie. Une seconde on est vivant, la suivante on est mort. On est quand même peu de chose.
L’heureux narre et le corps beau : proposition morale audacieuse contrecarrant le cliché selon lequel « les gens heureux n’ont pas d’histoires » . Eh bien, si ! Lorsqu’on est heureux, on peut raconter, le bonheur est même une disposition très favorable à la narration ! En revanche, ce sont plutôt les gens beaux qui, se contentant d’être posés là et jouissant de leur propre beauté, n’ont rien à raconter. Rien d’intéressant, du moins. C’est du reste la leçon du conte Riquet à la Houppe.
Lady de Nantes : surnom moqueur, brièvement donné à la duchesse Anne de Bretagne (1477-1514), au moment où la presse people colportait les ragots sur ses prochaines fiançailles avec le roi d’Angleterre Edouard V. Des manifestations populaires devant son château de Nantes, au cri de « Pas d’alliance avec les rosbifs », ont mis un terme au projet de mariage. Cette rupture de noces est un évènement historique demeuré célèbre sous le nom de révocation de Lady de Nantes.
La bille ne fait pas le moine : proverbe qui rappelle qu’il ne faut pas rentrer dans les ordres si l’on sort à peine des jeux de cours de récréation.
Variante ! La bile ne fait pas le moine : proverbe qui rappelle qu’il ne faut pas rentrer dans les ordres sur un coup de colère.
Un haïku-lélé : genre poétique traditionnel japonais célébrant, en 17 pieds répartis sur trois vers, la nature, l’évanescence du monde, le passage des saisons, et la musique hawaïenne. Exemple fameux tel qu’écrit par le grand maître Bashō : « Au bord de l’étang/Une grenouille qui plonge/Guitare hawaïenne. »
Un haïku-cikuça : genre poétique traditionnel japonais célébrant, en 17 pieds répartis sur trois vers, la nature, l’évanescence du monde, le passage des saisons, et l’indécision. Exemple fameux tel qu’écrit par le grand maître Bashō : « Au bord de l’étang/Une grenouille qui plonge/Je reste ou je pars. »
Un Haï-couille : genre poétique traditionnel japonais, célébrant, en 17 pieds répartis sur trois vers, la nature, l’évanescence du monde, le passage des saisons, et une paire de couilles. Exemple fameux tel qu’écrit par le grand maître Bashō : « Au bord de l’étang/Une grenouille qui plonge/Et j’ai froid aux couilles. »
Un fesse-maker : complément médical ou alimentaire promettant un regain de libido mais ne réussissant, parfois, qu’à enfler la couche de graisse à l’arrière-train. (Exemples : Viagra, gingembre, chocolat, fruits de mer…)
Un tire-messe : terroriste islamiste faisant un carton à la Kalashnikov sur une église le dimanche en fin de matinée.
Le tiroir-fesse : département du Fond du Tiroir entièrement dédié à la pornographie (exemple : Trois filles de leur mère).
La fesse de minuit : métaphore qui désigne l’heure où les corps emmêlés des vieux amants, autrefois carrosse, se transforme en citrouille. Blette, en plus.
Le palinceste : logique sociale fataliste selon laquelle une personne abusée sexuellement dans son enfance par un membre de sa famille, devient agresseur sexuel à son tour, et ainsi un nouveau drame recouvre l’ancien.
Un mic mackintosh : confusion ou quiproquo engendré lorsque, pendant une visioconférence sur Mac, on ne parvient pas à éteindre son micro.
La gratatouille : recette traditionnelle des Hautes-Alpes, dans laquelle les légumes, trop rares en montagne, sont remplacés par des orties.
La carte vitam æternam : certificat d’immortalité décerné par l’administration française, à condition d’avoir cotisé au denier du culte à tous les trimestres durant sa carrière, de fournir l’attestation du contrôle technique de son âme révisée tous les 20 000 kms, et d’être à jour, le cas échéant, de ses démarches de don d’âme. Comme l’État, en dépit de ces précautions, ne saurait garantir tout-à-fait la vie éternelle, il est fortement recommandé de souscrire, en sus, à une mutuelle, afin de préparer son immortalité par capitalisation.
Loire-Désir : appellation médiatique, inventée par un spécialiste en communication chevronné, du jumelage entre les communes de Loire-sur-Rhône (département du Rhône, région Auvergne-Rhône-Alpes) et de Saint-Désir (département du Calvados, région Normandie). Depuis que ce jumelage a été officialisé par un vin d’honneur réunissant les deux fanfares municipales, les maires des deux communes, très régulièrement agressés physiquement ou verbalement, et empêchés de monter sur scène, ne cessent de publier dans la presse des démentis : non, ils ne sont pour rien dans la mort de l’actrice Marie Trintignant.
Le ku-klux-klandestin : immigrant, souvent à peau noir, entré illégalement sur le territoire des États-Unis, qui a trouvé refuge sous l’uniforme du Ku-Klux-Klan (longue robe blanche et cagoule à sommet pointu) afin de ne pas se faire importuner par tous ces cons de racistes.
La période chose de Picasso : maturité artistique de Picasso durant laquelle celui-ci ne pouvait plus se contenter de peindre des tableaux, mais éprouvait le besoin de fabriquer des objets (sculpture, céramique, tapisseries, macramé, vannerie, broderie, poterie, bracelets de couleur pour aller au bal…). En réalité, comme Picasso a été mûr très tôt et très longtemps, sa période chose a débuté quand il avait 20 ans et s’est achevée à sa mort à 91 ans.
Une piste d’atterri-stage : promesse formulée à un(e) jeune stagiaire qu’on exploite gratuitement, en lui faisant miroiter que grâce à cette expérience formidable et bénévole, il pourra voler de ses propres ailes et ensuite se poser où bon lui semble. La réalité est souvent moins rose, les stagiaires parfois se crashent et on parle alors de « piste d’atterri-sképéril ».
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