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Cette fois mon vieux Spip je crois que c’en est fait de nous (Troyes épisode 97)

Quand même, dans cette volonté bien humaine de chercher prétexte à vivre, il y a deux trucs que je n’ai pas encore dits (…) : c’est, tôt le matin, lire d’un coup tout Thomas Bernhard (…) Ou alors, indéfiniment, dans les pins parasols devant la maison, regarder, ébloui, chahuter les écureuils. Alors, là, vraiment, c’est bien de la vie qu’il s’agit, oui.
Pierre Autin-Grenier, Toute une vie bien ratée, p. 56

Je sais bien que prolonger les adieux, ce n’est pas prolonger la présence, ce n’est que prolonger les adieux. Mais il y a quelques jours, l’écureuil du ginkgo a fait en courant le tour de mes fenêtres, il a retrouvé un gland à l’endroit où je l’avais planqué au moins un mois plus tôt, derrière le mentonnet où se replie la clenche… Et le petit animal est resté là, à quarante centimètres de moi derrière la vitre, pendant deux bonnes minutes, sur le rebord de la fenêtre qui fait face à mon ordinateur, à grignoter son gland. Je ne bougeais plus, je ne l’avais encore jamais vu si près ni si longtemps. Je suis sûr, parce que je suis sentimental et donc irrationnel, état psychologique propre aux adieux, qu’il est venu me dire au revoir

Sous ce lien, un documentaire animalier : la vie sauvage vue de ma fenêtre.

Rien à voir, ou alors peut-être que si mais je ne saisis pas : j’ai rêvé cette nuit un drôle de sketch qu’on aurait dit sponsorisé par le ministère de l’Intérieur, de l’Identité nationale et des Charters : j’avais reçu la mission d’éduquer un groupe de personnes, hommes et femmes hétéroclites et taciturnes. Nous nous retrouvions tous debout sur ce qui pourrait bien être une scène de théâtre, et je devais inventer quelque chose, exercice, animation, jeu de rôles, afin de socialiser ces inconnus vaguement inquiétants. Je leur fixai cet objectif, explicite comme une règle du jeu : Rentrez en contact avec un étranger. Et non pas une, non pas deux, mais trois fois, mon expérience échouait dans le sang : ils revenaient avec le cadavre d’une personne qu’ils avaient assassinée dans la rue. Usual suspects : le premier était un Arabe, le deuxième un Noir, le troisième un Anglais (avec à la main un guide touristique), je vous jure que je n’invente rien, même si j’invente tout. Ils me ramenaient, m’offraient en quelque sorte, leurs victimes étripées voire un peu grignotées en chemin (s’il y a un rapport avec l’écureuil il se trouve ici), ils avaient en outre tué dans la foulée une femme de leur propre groupe, à ce que j’ai compris parce qu’elle s’était mise à pleurer, et moi je me désespérais, je les disputais comme je pouvais, j’essayais de leur expliquer que ce n’était pas des manières, j’ai fini par me réveiller, il était temps.

  1. 27/12/2011 à 23:02 | #1

    Je crois même que l’écureuil s’appelle Spirou !

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