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Archives pour 06/2020

Seconde vie

27/06/2020 3 commentaires

J’ai longtemps eu sous les yeux, façon liste de courses aimantée à la porte du frigo, une citation de Gérard de Nerval : « Le rêve est une seconde vie » . À force de relire la même phrase au petit matin, on finit par la comprendre. Puis la recomposer de diverses manières et l’extrapoler, la varier comme on ferait d’un standard de jazz, en ajoutant une note à l’accord. J’ajoutai dans ma tête un troisième terme, la fiction, pour démultiplier les sens. La fiction est une seconde vie. La fiction est un second rêve. Le rêve est une seconde fiction… Toutes ces jongleries étaient vraies et réversibles sans besoin de préciser qui était le double de quoi. Puis un quatrième terme : le cinéma. Que le cinéma soit une seconde vie m’apparaissait une telle évidence, un tel truisme, que Nerval l’avait sans le moindre doute pressenti. J’imaginais Nerval prophétisant les films, je le rêvais rêvant et peu importe qu’il se soit pendu à une grille d’égout 40 ans avant l’avènement de l’invention des frères Lumière.

Durant le confinement, le 22 mai dernier, tombait l’anniversaire de Gérard de Nerval. Certes, ce n’était pas un chiffre rond, Nerval fêtant ses 212 ans. Tout de même, je n’allais pas souffler les bougies tout seul, aussi à tout hasard j’ai feuilleté (.fr) mon journal (.fr) quotidien (.fr) de référence (.fr)… Hélas, à la une ce jour-là, aucune mention de Nerval. Cependant un autre anniversaire était célébré : les 40 ans du jeu Pac-Man. Moins classe, mais… Un jeu vidéo est une fiction. Donc une seconde vie. Donc ça marche. Un jeu vidéo est un second rêve, etc. J’ai pensé à tous les no-life, mes frères gamers, qu’on appelle sans-vie parce qu’en réalité ils délaissent la première pour jouer dans la nuit la seconde. J’ai pensé aussi à Chris Marker, pionnier de la réalité virtuelle, qui vantait la plateforme Second Life, l’habitait sous la forme de son avatar, donnait là ses rendez-vous, ses entretiens, ses expositions.

Puis j’ai lu le dernier Pennac, La loi du rêveur. Selon la couverture il s’agit d’un roman mais Pennac y parle à la première personne de ses rêves, de ses souvenirs, surtout de ses souvenirs de rêves. Car le rêve est un second souvenir, le souvenir est un second roman, réciproquement et ainsi de suite, le vrai le faux le rêve tout fait histoire.

Peu de temps auparavant, j’avais lu son gigantesque Journal d’un corps (cf. ci-dessous, au jour 45 de ma confine), qui peut-être restera comme le chef-d’œuvre de son auteur, même s’il faudra attendre sa mort pour en être sûr, et à comparaison cette Loi du rêveur m’est apparue au premier abord plaisante et mineure, négligeable. Composer un livre à partir de ses rêves me semblait une facilité, une pirouette, un trop simple ego-trip, presque une complaisance (quoi, c’est moi qui juge ainsi ? Je ne manque pas de culot ! J’en ai fait un autrefois, de livre de mes rêves) et je jugeais l’inspiration de ce prétendu roman bien courte. Quoique pas désagréable lorsque l’on goûte le style et les archétypes pennaquiens (chez lui le scribe, de fiction ou de mémoire, se fait systématiquement chroniqueur d’une tribu bigarrée et parfaite où chaque individu à la personnalité très marquée occupe sa juste place, le monde de Pennac est une utopie politique où chacun est différent et complémentaire, et l’unité est donnée par celui qui écrit – comme le lui dit l’un des personnages du livre : Toi et tes instincts de chien de berger…)

Sauf que non, ce n’était pas ça, pas ça du tout, la loi du rêveur, j’avais été induit en erreur, j’avais dû rêver. Attention, ce livre est piégé comme un rêve. Oui, bien sûr, il raconte les rapports entre notre première, notre seconde, notre troisième, notre ixième vie… mais pas comme on le croit en premier lieu, les articulations entre les strates sont plus subtiles et plus passionnantes. Il faut aller au bout. J’ai commencé en appréciant distraitement le livre, j’ai terminé en l’adorant. Et la nuit suivante, il m’a valu un rêve. Un livre qui fait rêver est un bon livre (axiome).

Federico Fellini tient une place majeure dans ce livre comme dans les rêves de Pennac. Fellini, grand rêveur, filmait ses rêves, ce qui peut expliquer que l’on rêve à la Fellini. Pour ma part, même si j’aime Fellini (cf. une autre entrée de mon journal de confine, jour 23), mon cinéaste de rêve est David Lynch. Ainsi, cette fameuse nuit sous influence du livre de Pennac, j’ai fait un rêve réalisé par Lynch. Le décor réagençait des éléments de mon enfance dans une maison déserte et un cadavre était caché dans une horloge comtoise aussi haute que le mur, horloge que je connais fort bien mais qui n’a rien à faire là (qui, dans la première vie, repose pour l’heure, démontée, désossée, neutralisée dans mon garage). Tandis que les va-et-vient du pendule étaient ceux de mon coeur dont les battements allaient crescendo, un zoom avant final révélait par transparence, sur le disque de cuivre qui oscillait lentement, un visage, le visage d’un homme, mort, moustachu, et hurlant.

Je me suis réveillé haletant et tremblant du cou aux orteils. Les frissons montaient et descendaient par vagues, alors même que depuis quelques jours la canicule s’est bien installée, même la nuit. Ces convulsions n’étaient pas de froid mais d’effroi. J’étais saisi par une fulgurante sensation de révélation, et même de vérité, une vérité essentielle qu’on m’avait cachée et que le rêve me rendait enfin avec les frissons, une clef qui expliquait tout. J’avais reconnu le moustachu mort et hurlant sur le battant de l’horloge. C’était Gérard de Nerval.

En quatorzaine (coda)

06/06/2020 un commentaire
« Demi-portrait d’un déconfiné progressif », juin 2020

Jour 76

Un clou de cercueil chasse l’autre. Nous vivons un temps où les disparitions s’enchaînent à une telle cadence que nous prenons à peine le temps de pleurer. Je pleure pourtant jours-ci Franck Prévot, homme et écrivain admirable, fauché à 52 ans, âge qui me menace personnellement. L’un de ses livres portait comme titre un programme en alexandrin, Je serai cet humain qui aime et qui navigue. Je n’ai aucun doute, il a accompli avant de partir cette ambition à douze pieds. Je l’ai croisé souvent, il était drôle, généreux, partageur, poète, et merde.
Dans ce contexte de deuil un peu perpétuel, quelle joie de découvrir que Boris Vian est vivant ! Il vient de publier, peu avant le confinement mais juste à temps pour son centenaire, son dernier roman, On n’y échappe pas (ed. Fayard). Bon, en réalité, sur la totalité du volume, il n’aura écrit que les quatre premiers chapitres, laissant des consignes à ses amis putatifs de l’Oulipo pour achever l’ouvrage. Ma foi, 45 pages inédites de Vian à se mettre sous la dent, c’est toujours ça que l’ennemi n’aura pas. La mort, je veux dire. Il s’agit d’une franche et dure série noire, qui eût plutôt été signée Vernon Sullivan que Boris Vian, une plongée dans la mythologie américaine des années 50 avec humour hardboiled, jazz, whisky, automatiques et petites pépées. Ce fond de tiroir (et je m’y connais) est délicieux, daté mais pas désuet puisqu’il y a l’écriture éternellement jeune de Vian.
À noter : la belle couverture, à la manière des éditions du Scorpion, est signée par l’excellente Clémentine Mélois, artiste, oulipienne, contributrice de Mon Lapin Quotidien, et auteure de livres tous originaux et tous stimulants (Cent titres, Sinon j’oublie, et le petit dernier, délicieux, lisez-le je vous prie, vous me remercierez ensuite : Dehors la tempête). Honneur aux vivants, tout de même.

Jour 77

Les cinémas, salles de spectacles et de concerts entrouvriront leurs portes courant juin, avec parcimonie et paranoïa de circonstance pour juguler tout excès dionysiaque (les rave parties ? parties). Fiesta rationnelle = oxymore. Invitation à un festin où l’on compterait une à une les calories, veillant scrupuleusement au mètre social entre chaque. C’est une demi-bonne nouvelle. Ou un quart, un huitième peut-être, les études sont en cours.
On sait que les concerts avec zéro public sont une alternative créative aux concerts avec trop de public : le Live at Pompeii des Pink Floyd joué pour personne était une réplique à Woodstock, d’un extrême l’autre.
Là, je viens de voir avec délice sur youtube Histoires de Rodolphe Burger. On y voit Burger partir en « tournée » en duo avec la contrebassiste Sarah Murcia dans la cambrousse alsacienne, et jouer pour une ou deux personnes à la fois, dans des fermes, des ateliers, des jardins. Le résultat est un beau et étrange court-métrage zen et musical qui sans mal console de la foule, mêlé à un documentaire délicat sur la vie à la campagne.

Jour 78

Le lipogramme (du grec leipein « enlever » et gramma « lettre ») est un exercice d’écriture consistant à se priver volontairement d’une ou de plusieurs lettres juste pour voir l’effet que ça fait. Les variantes sont innombrables. L’une d’elles, particulièrement sévère, consiste à n’utiliser que les voyelles, soit six lettres seulement (le Y, semi-voyelle, est toléré car nous ne discriminons pas les métis). Les circonstances de se prêter à cette contrainte difficile sont rares, mais voici qu’une d’elles surgit toute armée de l’actualité : la commission européenne a rendu public un livre blanc intitulé Intelligence artificielle, une approche européenne axée sur l’excellence et la confiance.
Une occasion rêvée pour interpeller le Secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, à propos de l’attitude européenne vis-à-vis de l’intelligence artificielle et de ses dangers, sur laquelle nous aurons entendu des informations extrêmement contradictoires :

« Ô, O ! A.I. ? Yoyo ouï à U.E. ! Oui, ou… aïaïaïe ? »

Et à part ça, quoi ? Il paraît que l’épidémie marque le pas. Le virus est en repli. Peut-être même en voie de disparition. Allons-nous assister à son éradication les bras croisés ? Serions-nous devenus mous, fatalistes, résignés, avachis par deux mois de confinement ? Je réponds non ! Réapprenons les gestes qui sauvent.
Merci Bernard ! Merci Claude Piéplu !

Jour 79

Halte au déconfinement ! La Confine poursuit sa route et propulse dans le cyberespace (ah, tiens, ça faisait des années que je n’avais pas entendu le mot cyberespace, je me le prononce à voix haute pour savourer, totalement démodé, déjà vintage !) propulse dans le cyberespace, le cyberespace, le cyberespace, son 10e épisode, couvrant les couplets 41 à 45 d’une chanson qui, je le rappelle aux oublieux, en comptera coûte que coûte 108. On n’en est pas à la moitié, les amis.
La dreamteam a encore frappé : Marie Mazille auteur-compositeur-interprète, Capucine Mazille illustratrice, Franck Argentier co-arangeur et magicien de l’animation, Fabrice Vigne qui, déconfiné, passait par là et a poussé la porte parce qu’il a vu de la lumière.
Qu’on se rassure, le n’importe quoi est loin d’être fini : le prochain numéro samplera le Boléro de Ravel, le suivant ce sera du hard-rock avec guitare saturée, celui d’après c’est du chant grégorien et de l’orgue, on a aussi en réserve des tambours japonais et du shakuhachi… Y’en a bientôt marre, de la confine, ou quoi ?

Jour 80

À la médiathèque, les livres sont placés en quarantaine comme des pestiférés ou, pire, comme des étrangers. Après la quarantaine seulement on est autorisé à se servir. Je viens de me servir et de lire un roman indisponible depuis l’automne, le dernier Amélie Nothomb, Soif.
Dans le paysage de la littérature française, la Nothomb est une tradition comparable au Beaujolais Nouveau : même quand ce n’est pas très bon, ça fait plaisir par où ça passe, en somme ça rassure comme un doudou, remplissant la fonction essentielle de toute tradition, la preuve de la stabilité de l’ordre cosmique. On espère tous que des repères cosmiques tel le Nothomb annuel et le Beaujolais nouveau existeront encore dans le monde d’après.
Nothomb sort un livre à l’automne, le temps que ses fans se l’arrachent je réussis à le lire au printemps. Bon, là, un petit délai supplémentaire s’est imposé pour des raisons connues de tous, mais l’effet qu’elle me fait est constant : je l’adore toujours et elle m’horripile parfois.
Je l’imagine écrire. Je la vois, elle a une illumination, une idée, une seule à la fois, elle fonce, elle écrit, elle bâcle, c’est torché avec des fulgurances et des facilités, davantage une grosse nouvelle qu’un roman, merci salut à l’année prochaine, à peine relu bon à tirer, et alors quel goût ce cru-ci fraise cerise banane.
Pourtant cette année le buzz était plus flatteur que d’habitude, Soif a été longtemps goncourable, on le prétendait plus ambitieux, personnel, profond, risqué… Eh bien, pas du tout, la tradition est intacte : délicieux et facile, une seule idée par livre. En l’occurrence, la passion du Christ réécrite à la première personne et selon une obsession unique, une sensation, une incarnation, une métaphore de l’élan vital, de l’amour autant que de la foi : la soif. Jésus, personnage à qui l’on a fait dire dans un autre best-seller Buvez, ceci est mon sang refuse, dans cet apocryphe, de boire la veille de son supplice afin de mieux éprouver ce qui lui arrivera le lendemain. Ma comparaison initiale entre le narrateur nothombique singulier qui transforme l’eau en vin pour complaire à la noce, et le Beaujolais nouveau, vin de soif, s’en trouve plutôt renforcée.
Des facilités, il y en a – ce roman lu pratiquement aussi vite qu’il a été rédigé n’arrive bien sûr pas à la cheville (clouée) de La Dernière Tentation du Christ de Níkos Kazantzákis.
Mais des fulgurances aussi. Tiens, cette phrase-ci parmi d’autres, qui m’a paru superbe pour décrire une histoire d’amour : « Madeleine avait connu beaucoup d’hommes et je n’avais connu aucune femme. Néanmoins, notre absence d’expérience nous mettait à égalité. »
Et puis, elle est intelligente, la Nothomb. Elle dont les meilleurs livres sont les fragments autobiographiques réinventés, elle réussit à se glisser en Jésus pour clouer le bec à ses détracteurs littéraires (p. 52) : « Ma parole est d’une simplicité telle qu’elle déconcerte. C’est si simple que c’est voué à l’échec. L’excès de simplicité obstrue l’entendement. Il faut connaître la transe mystique pour avoir accès à la splendeur de ce que l’esprit humain, en temps normal, qualifie d’indigence. »
Bien joué. Merci, santé, à l’année prochaine.

Jour 81

Voltaire disait, en alexandrins, « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » La question théologique en fut décalée, de « Qui a créé l’horloge ? » à « Qui a créé l’horloger ? ». Aujourd’hui lorsqu’on a une question, on la pose à Google.OK, mais qui a créé Google ?
Si on vous le demande, vous n’aurez qu’à répondre Raymond Queneau, ici, à 6 mn 45. On trouve également dans ce court-métrage (Pierre Kast, 1951) cette sentence définitive qui, allez savoir, est peut-être une leçon politique : « Le zéro est un opérateur qui ne fonctionne qu’à droite ».

Et sinon quoi ? Sinon, un article du Monde que je maraude sur la page Farcebuick de M. Hervé Bougel. « Un français sur 10 s’est mis à écrire pendant le confinement. » Ce qui nous fait 6,7 millions de manuscrits en souffrance. Et moi, et moi, et moi.
Et moi : 4e tranche de récap sur le blog du Fond du tiroir, jours 61 à 75.

Jour 82

Mais où est passé le professeur Raoult ?… Le professeur Raoult au clair de lune ?… On a retrouvé le professeur Raoult !
Où donc ?
Les musées eux aussi ont entrouvert leurs portes. Je me rue. Quelle joie de poser à nouveau l’œil sur des vieilleries patinées plutôt que sur des écrans fabriqués l’an dernier en Chine ! L’expo qui vient de débuter au Musée de Grenoble, décalée de trois mois pour les raisons que l’on sait, est consacrée à Grenoble et ses artistes au XIXe siècle.
Entre autres merveilles invisibles depuis des éternités, un extraordinaire Berlioz mourant grandeur nature en marbre, par Pierre Rambaud, qui n’a pas fini de me hanter ; entre autres enseignements utiles, un annuaire de 1882 de la société Le Gratin, association des artistes dauphinois montés à Paris, qui semble expliquer le transfert sémantique du mot, depuis son sens initial de spécialité culinaire locale à celui d’élite mondaine.
Mais surtout, surtout, le clou de cette expo est le professeur Raoult lui-même. On tombe nez à nez avec un portrait imposant, peint par Édouard d’Apvril (1843-1928) de François-Marie Raoult (1830-1901), titulaire de la chaire de chimie à l’université de Grenoble et membre reconnu du monde scientifique dans les domaines de la physique et de la chimie. le cartel nous apprend que « Le peintre, mettant en évidence l’intelligence et la profondeur du modèle, le représente vêtu de la robe et de la toge professorale et arborant ses décorations universitaires ». Sic transit gloria mundi.

Jour 83

83 jours déjà ? On n’aura pas vu passer le temps, finalement.
C’est bien, 83. C’est presque une saison entière. C’est massif, c’est un bail, c’est le Var (préfecture : Toulon), il suffit d’être un peu tordu dans sa tête et 83 devient un chiffre parfaitement rond.
Dès l’annonce du confinement je me suis mis à rédiger sur Fichtreboc un petit mémo sur la vie à travers ma fenêtre, continue et confinée, connectée et contiguë, ce que j’y vois ce que j’y fais, ce qui m’a mu ce qui me meut, ce qui me met hors de moi puis hors de chez moi quitte à comprendre ensuite pourquoi. Exercice de consignation (être consigné c’est être confiné) renouvelé 83 jours, hygiène quotidienne un peu genre se laver les dents. Et voilà c’est fini. L’époque est bizarre, inquiétante, révoltante, indécise, je ne sais pas ce qui va se passer, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir mais mon envie à présent que nous nous déconfinons vers le mur à grande berzingue, ce n’est plus de causer, c’est d’agir. Je veux chaque jour en me lavant les dents (figurez-vous qu’à présent que j’en ai pris l’habitude, je compte continuer de me laver les dents chaque jour) réfléchir à ce que je pourrais faire, non plus à ce que je pourrais écrire sur Facheberk, donc j’arrête là. Merci à qui m’aura lu une fois, ou deux fois, ou vingt fois, et gros bisous à celle qui m’aura lu 83 fois. C’est beau l’amour.
Mais pour la route, j’ajoute ce 83e caillou, un ultime paragraphe à cette liste façon Sei Shōnagon des « choses qui ont fait battre mon cœur confiné ».
Coup sur coup j’ai vu une série, Unorthodox, et j’ai lu un roman, La Promesse d’Oslo de Gilles Rozier, ayant pour cadre une communauté juive ultra-orthodoxe. Les deux m’ont passionné. Je crois profondément que de telles œuvres peuvent faire beaucoup contre l’antisémitisme, en montrant que les Juifs, fûssent-ils ultra-ceci-cela, sont des gens comme tout le monde – c’est-à-dire des cons et des génies et tous les possibles entre les deux, des fanatiques, des héros, des individus qui, comme le dit Shylock dans le Marchand de Venise, « saignent quand on les pique, rient quand on les chatouille et meurent quand on les empoisonne » . Et que croyez-vous qu’il advienne lorsqu’ils chopent le corona ? Ils tombent malades. Lu sur lemonde.fr :

Il n’y a plus d’îles coupées du monde. Les juifs ultra­orthodoxes, la communauté la plus fermée d’Israël, sont en train de l’apprendre. Eux, les haredim, ceux qui « tremblent » devant Dieu, sont les premières victimes de l’épidémie due au coronavirus dans le pays. A Jérusalem, ils représentent les trois quarts des cas de contamination. Ils ont tardé à comprendre que la nuée fondait sur eux comme sur les autres, ces juifs égarés, laïques ou traditionnels, qu’ils regardent de si haut. Leurs quartiers, leurs villes sont les principaux foyers d’infection. L’armée et la police les ont même bouclés pour Pessah, la Pâque juive.

Conclusion, dimanche 14 juin 2020

Attention : l’événement du week-end n’était pas le discours-très-attendu d’un président de la République en pré-campagne électorale qui met fin officiellement au Confinement et nous renvoie au boulot afin de sauver la France unie derrière son Chef, discours dont les mots clefs martelés étaient faciles à repérer : « fort », « force », « historique », « leçons tirées », « sans relâche ».
L’événement du week-end était bien sûr la mise en ligne du 11e épisode de la Confine.
La Confine est cette épopée signée Mazille/Mazille/Argentier/Vigne, qui a perdu sa fonction de miroir de l’actualité mais qui tire-toutes-les-leçons et restera un témoignage, historique, fort, sans relâche.