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Brève rencontre au musée du Louvre

Je ne connais qu’une seule personne à Paris, eh ben tu me croiras si tu veux, mais je tombe nez à nez avec elle par le plus grand des hasards.

« Portrait de jean II le Bon, Anonyme, vers 1340. Nous voici maintenant face au premier portrait d’un roi de France réalisé de son vivant. Il s’agit de celui de Jean II. Surnommé « Le Bon », il succède le 22 août 1350 à Philippe de Valois, son père. Très vite, Jean est confronté au complot d’une partie de la noblesse prête à se rallier à Édouard III, roi d’Angleterre. Jean II va laisser son nom dans l’histoire lors d’un fameux épisode de la guerre de 100 ans, la bataille de Poitiers. Cerné par les Anglais, le roi est lâchement abandonné par trois de ses quatre fils. Seul le dernier, Philippe, reste à ses côtés. Père et fils combattent courageusement, le fils protégeant son père en prononçant ces paroles restées célèbres et enseignées à tous les écoliers de France : « Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! » L’héroïque résistance du roi n’y peut rien, il est fait prisonnier. Traité avec les plus grands égards par Édouard III, il est néanmoins transféré à Londres pour plus de sûreté. Édouard lui offre la liberté à la condition que Jean reconnaisse le royaume de France comme relevant de la couronne d’Angleterre. « J’ai reçu de mes cieux un royaume libre », répond Jean, « je le laisserai libre à mes descendants. Le sort des combats a pu disposer de ma personne, mais non des droits sacrés de la royauté ». Après de longues négociations, il est libéré moyennant une rançon de trois millions d’écus d’or. Des otages de sang royal sont envoyés à Londres pour garantir le paiement de la somme. Or, l’un deux, le duc d’Anjou, fils du roi, s’enfuit de Londres. Homme d’honneur, Jean II retourne se constituer prisonnier à Londres, où il décède l’année suivante à l’âge de 56 ans. Son courage, sa droiture, son infortune, le firent aimer de ses sujets qui le surnommèrent « Le Bon » pour lui prouver leur attachement. C’est donc la représentation d’un roi bien infortuné qui constitue le premier portrait individuel de la peinture française. Le roi est représenté de profil, un profil sombre, à la ligne épurée sur un fond d’or, d’une rigidité comparable à celle des médailles et pièces de monnaie. Mais contrairement à celles-ci, cette représentation respire la vie et l’humanité. En effet, l’idéalisation est absente de ce portrait et c’est la simplicité qui émane de cette œuvre. Le front bas, l’œil en amende et la lèvre charnue semblant esquisser un sourire… Le roi est humain, profondément humain, et peut-être si peu royal. On peut en effet s’étonner que Jean II soit représenté sans couronne, et sans attributs royaux. Peut-être est-ce dû au fait que ce portrait a été peint alors que Jean n’était pas encore roi mais duc de Normandie. De même, il est fort probable que l’inscription ait été rajoutée a posteriori. C’est donc pour ces raisons que cette œuvre constitue un tournant dans l’histoire de la peinture. En désacralisant le roi, c’est sa vraie nature qui transparaît, celle d’un monarque courageux, d’un roi à la bonté profondément humaine qui le fait aimer de son peuple, et dont l’éclat du nom a quelque peu fait oublier l’histoire de son règne. »

Source : audioguide du Musée du Louvre.

  1. 06/11/2008 à 10:00 | #1

    Je viens d’entendre à la radio que Barack Obama serait un lointain descendant bâtard de Jean II le Bon. Par le sang bleu ! si c’est exact, il faut que je creuse la question…

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