Et ta sœur
Cette nuit se tenait chez ma mère une réunion de famille et de crise. Ma sœur a disparu depuis plusieurs jours. Nous nous demandions s’il fallait encore l’attendre ou bien lancer l’alerte sans plus tarder, nous échangions nos impressions et théories ainsi, nous énumérions les signes avant-coureurs qui auraient dû nous inquiéter, nous comparions nos souvenirs, quand et comment chacun de nous l’avait vue pour la dernière fois.
Elle avait été aperçue juste avant sa disparition, rôdant dans les parages d’un centre commercial aux fresques recouvertes et nous décidions qu’il fallait débuter l’enquête à cet endroit, mon frère et moi étions prêts à nous mettre en route malgré la nuit et le couvre-feu. Mais je m’effondrais en larmes.
Je me suis réveillé rongé par l’anxiété et il m’a fallu plusieurs minutes pour réaliser que non seulement je ne me souvenais même pas du prénom de ma sueur, ce qui a redoublé ma terreur, mais que je n’avais d’ailleurs jamais eu de sœur.
Lumières : ce rêve a été induit d’une part par la lecture d’une extraordinaire enquête de Florence Aubenas Dans les Cévennes, sur les traces de la femme des bois, où est interviewé un frère à propos de sa sœur disparue ; d’autre part par une récente conversation avec mon frère où l’on se demandait l’un à l’autre si l’on se souvenait des très curieuses fresques, variations sur le Radeau de la Méduse, qui ornaient le centre commercial Grand’Place (Grenoble) dans les années 70 (cf. illustration ci-dessus) et qui ont disparu lorsque ce centre commercial alternatif, à gestion municipale et à vocation culturelle, a été entièrement vendu au privé et normalisé. (Pour en savoir plus sur les 11 fresques réalisées par la Coopérative des Malassis en 1975, cliquer ici.)
Je tiens à ta disposition LE livre de référence « Les Malassis, une coopérative de peintres toxiques » avec plein de photos (en couleurs) de leurs regrettés Radeaux de la Méduse en forme de steacks-frites à la dérive. Autre chose : en parlant de coquilles, le lapsus de la ligne 11 (si c’en est un) est magnifique.
Ah ben c’est malin, maintenant que tu l’as commenté je ne peux plus corriger ce lapsus ! Oui je le veux bien ce livre…