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Actualité du spam

02/09/2013 un commentaire

Reçu ça.

Regarding « fonddutiroir »Asia, Cn, Hk domain name and Internet Keyword

Dear Manager,

(If you are not the person who is in charge of this, please forward this to your CEO,Thanks)

This email is from China domain name registration center, which mainly deal with the domain name registration and dispute internationally in China and Asia.
We received an application from Huafeng Ltd on September 2, 2013. They want to register  » fonddutiroir  » as their Internet Keyword and  » fonddutiroir .asia « 、 » fonddutiroir .cn « 、 » fonddutiroir .com.cn  » 、 » fonddutiroir .hk « 、 » fonddutiroir .com.hk  » domain names etc.., they are in Asia, China, Hong Kong domain names. But after checking it, we find « fonddutiroir  » conflicts with your company. In order to deal with this matter better, so we send you email and confirm whether this company is your distributor or business partner in China or not?

Best Regards,

Jim
General Manager
Shanghai Office (Head Office)
3002, Nanhai Building, No. 854 Nandan Road,
Xuhui District, Shanghai 200070, China
Tel: +86 216191 8696
Mobile: +86 1870199 4951
Fax: +86 216191 8697
Web: www.ygregistry.com.cn

Je me tâte. Je n’ignore pas, en tant que manager responsable, que l’avenir économique doit se conquérir (avec les dents) en Chine (non parce que la France c’est pu possible franchement avec tous ces impôts et ces charges on nous asphyxie en France on n’aime pas les winners on préfère les whiners je veux pas me la péter mais la France c’est trop petit pour moi oh oh bien trop petit trop mesquin j’ai des ambitions). L’expansion de ma petite entreprise bénéficierait sans aucun doute de parts du marché asiatique, le site fonddutiroir.cn serait une excellente vitrine et je ne peux décemment pas laisser des businessmen opportunistes sans scrupule me manger la laine sur le dos. D’un autre côté, j’ai un petit doute. Et s’il s’agissait d’un spam ? Se foutrait-on de moi ? Ce serait salaud.

(Sinon, pour de vrai : lisez Une vie chinoise, de Li Kunwu et P. Ôtié, c’est excellent, on en sort on a compris ce qu’est la Chine.)

Dans l’enfer des magasins d’usine (Troyes épisode 92)

15/12/2011 un commentaire

Edouard Levé écrit dans son Autoportrait : « Pour me rassurer, si je suis perdu dans une ville étrangère, je vais au supermarché, c’est un endroit familier » . Oui, je connais et expérimente cette louche familiarité, mais non sans bouffées de chaleur. Les grandes surfaces commerciales m’angoissent. Or, elles sont l’une des spécialités de Troyes : la ville est encore plus célèbre pour ses trois gigantesques zones de magasins d’usine que pour son andouillette. Malgré mon urticaire, je ne pouvais faire autrement qu’aller les voir de près, après tout c’est pile mon sujet d’étude.

Je m’attendais, dix jours avant Noël, à une cohue extraordinaire, une marée humaine indescriptible, un avant-goût de l’enfer et de ses cohortes de damnés passant la porte, per me si va tra la perduta gente… Et puis non, en fait, pas trop, parkings clairsemés, boutiques semi-désertes. Tiens. La crise partout-partout, par conséquent ici aussi. Ce qui m’a frappé davantage que la relative affluence, c’est l’architecture du lieu. Cet amas de logos est agencé comme un village de vacances, ou un parc à thème, avec animations perpétuelles, décorations qui clignotent, sourires professionnels, facilité d’entrée, difficulté de sortie. On quitte un endroit, on est orienté vers le même en face, « Pensez aux 40 boutiques de l’autre côté de la rue » , on est surveillé, on aura du mal à fuir le Village.

J’avais emporté de quoi écrire, on ne sait jamais, comme pour IKEA, si quelque chose devait venir sur place… Mais rien de spécial. Traverser l’enfer pour n’y gagner qu’un peu plus soif, comme dit Céline.

Plutôt que s’entasser dans ces camps de rééducation qui sauveront coûte que coûte le pays, son euro à poil ras, sa croissance dépressive, son ministre du Budget (ah, tiens, à propos du ministre du Budget et de la Consommation de masse, n’espérez pas voir le spectacle de Michèle Laroque à Troyes, les 2200 places pour les deux séances se sont vendues en quelques heures), et ses andouillettes AAAAA labellisées Moody’s, autant recourir à la vente par correspondance. Et puisqu’on en parle veuillez prendre à présent connaissance de mon spam d’hiver, que vous avez peut-être reçu par mail, mais peut-être pas, parce que je l’ai envoyé au petit bonheur et pas à vous :

Le Fond du Tiroir vous souhaite une bonne Saint-Glinglin !

Non, c’est pour déconner. En fait, Le Fond du Tiroir vous souhaite un joyeux noël, comme tout le monde, pardon.

Et en outre vous signale, au cas où vous n’auriez pas encore achevé vos corvées de cadeaux, que son catalogue fourmille de livres chics, bon marché et cependant de bon goût.
Téléchargez ici le bon de commande.

Puis imprimez ou recopiez à la main (en vous dispensant de reproduire tout le baratin), et choisissez le cadeau qui comblera de plaisir celui ou celle à qui vous ferez la bise à côté du sapin. Le Fond du tiroir ? Un succès garanti triple AH du fond de la gorge par les agences de notation les plus sérieuses et les moins corrompues !

* Pour la frangine qui aime lire des nouvelles parce que c’est moins long que les romans et franchement c’est une motivation suffisante : offrez sans hésiter le recueil Voulez-vous effacer/archiver ces messages ?
* Pour le neveu altermondialiste et bricoleur : le livre en kit-à-monter-soi-même, ludique et pédagogique, J’ai inauguré IKEA pour jouer à se moquer des franchises d’ameublement suédoises et globalisées.
* Pour le tonton né en 1969 : le mini-livre Le Flux s’impose. No comment. Il vous remerciera plus tard.
* Pour la cousine qui est toujours célibataire et bientôt catherinette : ABC Mademoiselle, livre d’art et de sensualité pour tous, mais SURTOUT pour les cousines toujours célibataires et bientôt catherinettes.
* Pour la grand-mère qui s’est endormie avant la bûche : L’échoppe enténébrée afin de faire de beaux rêves.
* Pour le petit dernier qui, depuis qu’il a appris à lire, commence a trouver cette histoire de père noël trop chelou, ce serait les parents qui attendent qu’on roupille pour poser les paquets que ça ne l’étonnerait pas : La Mèche, bien sûr, conte de noël terriblement (quoique perpétuellement) de circonstance.
* Pour le cousin intello à lunettes qui relit une fois par an La vie mode d’emploi de Georges Perec afin d’en percer tous les mystères : Ce qui stimule ma racontouze, un (presque) inédit dudit Georges Perec qui explique (presque) tout.
* …

Après, vous pouvez intervertir comme vous le sentez, la Mèche pour le tonton, le Flux pour la cousine, ABC Melle pour la grand-mère, je ne sais pas, je ne connais pas votre famille.

Le Fond du tiroir vous souhaite de bonnes prises de tête de fin d’année, et il prend la vôtre juste le temps de vous embrasser affectueusement.

Oh oui Ferdinand, fais-moi peur !

30/01/2011 2 commentaires

Si vous êtes dans les petits papiers du Fond du Tiroir, vous avez déjà reçu le courriel ci-dessous, rédigé façon spam pour rire. Pourquoi un tel exercice de style ?

Primo parce que j’aime bien les spams. Je lis consciencieusement ceux que je reçois, du moins lorsque je ne reçois rien d’autre, ça me fait toujours un écho du monde, et quel écho. J’aime les spams. Je l’avoue franchement, j’aime leur roublardise pataude comme un gyrophare posé sur un piège à loup, j’aime leur irréductible absurdité qui rappelle l’étymologie montypythonnienne du mot spam, j’aime même leur débilité candide, symptôme de la dégradation fatale à l’oeuvre dans la « communication » moderne… Suis-je pervers ? Les spams m’émeuvent très sincèrement, j’y perçois une certaine poésie désespéréehouellebecquienne en quelque sorte.

Secundo parce que, comme toujours, à l’heure d’annoncer publiquement quelque évènement me concernant, l’idée même de la publicité me dégoutte à un point tel que j’enrobe névrotiquement ma réclame au sein d’une quasi-illisible satire anti-réclame… On s’amuse comme on peut. Si le Fond du Tiroir disposait d’un directeur marketing, je me serais fait virer depuis lurette. Heureusement, c’est moi le patron. Or donc voici ce que, dans un premier temps, j’ai envoyé à tout mon carnet d’adresse :

Bonjour cher ami de mon coeur.
Je est une Russe jeune de 21 années et je est joyeuse de fait ta connaissante.
C’est tout a fait un réel plaisire pour moi de t’écrire car mon plus grand désire est de faire des connaissantes et de partager mes idées avec d’autres.
Je ne fume pas et je voudrais corresprondre avec tu parce que je…

Oups ! Pardon ! Ce n’est pas ça du tout ! Au temps pour moi, le message ci-dessus ne vous était pas destiné, j’ai mélangé mes fiches ! J’escomptais vous soutirer du pognon pour un tout autre prétexte. Pour des livres, comme d’hab. Je reprends.

Vous êtes toujours là ? Si vous n’avez pas encore classé ce mail en « indésirable » d’un clic distrait, sachez que : Rome n’est plus dans Rome, et le Fond n’est plus dans le tiroir. Je m’exporte dans un pays frère. En effet, ma prochaine publication n’adviendra pas sous l’enseigne maison « Le Fond du tiroir », mais sous celle du Pré#Carré de mon estimé confrère Hervé Bougel.

A paraître, donc, en mars prochain : une élégante plaquette intitulée « Dr. Haricot, de la Faculté de médecine de Paris » au sein de la série « Un pas à la fois » qui, selon la présentation de l’éditeur, est « une collection de lettres adressées par des auteurs à d’autres auteurs ». À qui écrirais-je ? Au Dr haricot, bien sûr. Soit un écrivain-médecin dont il convient de se méfier parce qu’il sait faire rire. Il ne s’agit pas de François Rabelais, mais d’un rude tricard dont on ne fêtera pas le cinquantenaire de la disparition, sous prétexte que ça énerve Serge Klarsfeld, et que ça émeut Frédéric Mitterrand (le même Frédéric Mitterrand qui, toute bonne conscience politique dehors, déclarait il y a peu « La Tunisie, une dictature ? Allons allons c’est très exagéré… »). C’est bon, vous voyez qui ?

L’objet est à commander (6 euros franco de port) auprès du Pré#Carré… ou au Fond du tiroir.

Par ailleurs, toujours dans le registre « Le Fond du tiroir hors les murs », vous êtes invités à admirer l’affiche ci-jointe conçue par le trop rare (c’est de ma faute, c’est moi qui ne lui donne pas assez de boulot) Patrick « Factotum » Villecourt et à assister en masse, si vous êtes dans le coin, au lugubre spectacle que ce poster promeut : « Fais-moi peur ! saison 2 », vendredi 18 février 20h30, auditorium l’Odyssée d’Eybens, avec les élèves du CRC d’Eybens, entrée libre, composition et direction musicale : Olivier Destephany / lectures : moi-même en personne et de noir vêtu. Au programme : Bram Stoker, E. A. Poe, Maupassant, Lovecraft, Joseph Delaney. Et vous pages pervers, courez au cimetière, prévenez de ma part mes amis nécrophages que ce soir nous sommes attendus dans les marécages.

En revanche, si vous avez lu ce long message jusqu’au bout uniquement émoustillé par la perspective d’une jeune femme russe honnête et fidèle pour une relation épistolaire suivie et peut-être davantage, un jour, qui sait, voyez plutôt ici.

Si vous voulez que je vous réponds dans l’immédiat à mon adresse personnelle fvigne(arobase)fonddutiroir.com, je serai heureuse de te lire ta réponse mon amour à très bientôt. (Je est non fumeuse blonde.)
Fabrice « Irina » Vigne

… Ensuite, lorsqu’un destinataire de ce pseudo pourriel mordait à l’hameçon et me répondait d’un petit mot, je ferrais, comme les vrais ! J’amorçais la seconde étape, le ton plus direct, la demande explicite, et j’envoyais même la photo d’Irina. Qu’est-ce que je suis marrant.

Merci cher [Coller ici l’adresse de l’interlocuteur] !
Je très contente de ton message. Tu est quelqu’un avec quoi j’adore
discuter de mes idées et d’autres choses ! Je t’envoies ici ma photo (cf.
pièce-ajoutée
), j’espère qu’elle à ton goût ! Malheureusemente ma mère est
rès malade et j’est besoin de 10000 roubles pour l’opérer. Donne-moi vite
ton numéro de carte bleue pour que je puisse la soigner !
Tenderement,
Irina

Et une fois que j’ai fini de rire, je regarde à nouveau la photo de cette fille qui existe à peine, que je ventriloquise, et je reste perplexe. Qui est-elle, au juste ? Un roman à écrire, comme on dit.

Correspondances ahoutiennes

21/08/2009 7 commentaires

Tomi Ungerer, érotomane et poète

Août, calme plat. Rien n’arrive, ou si peu. Ma boîte aux lettres au Fond du tiroir (fvigne, arobase, fonddutiroir.com) s’encombre  presque exclusivement de spams. Alors, je les lis, les spams, et je joue avec, comme on joue avec les miettes quand on s’ennuie au restaurant entre deux plats.

Bonjour bien aimé Je suis Madame Sandrine Charlier mariée à Monsieur Jean Charlier investisseur immobilier français. N’ayant aucune famille car mon mari et moi n’avions pas eu d’enfant avant son décès et atteinte d’une grave maladie cancéreuse incurable, j’ai prise la décision de léguer gracieusement la totalité de mon héritage s’élevant à 2.5 millions d’euros à un individu de bonne moralité ou une association caritative afin que cet argent serve à la construction d’orphelinat, d’hôpital ou de toute autre action allant dans le domaine d’action charitable envers les déshérités. J’espère fortement avoir une réponse de vous à ce propos, n’hésitez pas à me contacter le plus rapidement possible si vous êtes une personne de bonne moralité afin que nous puissions échanger et entamer la procédure du transfert des fonds. Contactez-moi s’il vous plait à cette adresse : avec les informations suivantes : Votre nom complet; adresse exacte; votre numéro de téléphone ou fax. Votre numéro de compte en banque (Relevé d’Identité Bancaire) Que Dieu vous bénisse, Mme Sandrine Charlier

Ces foutus « scams », selon l’utile taxinomie de Hoaxbuster, cauteleusement mélodramatiques (notez la subtile périssologie, par laquelle la maladie, en plus d’être grave, est cancéreuse et incurable), ces maudits attrape-gogos à la 6-4-2 (ou plutôt à la 4-1-9) existent en de très nombreuses variantes, souvent africaines. Il en tombe à la pelle, et la sagesse commande de ne pas mettre le doigt dans ces plantes carnivores, de les mettre à la corbeille sans les lire. Pourtant, celui-ci, je l’ai lu, et j’ai même répondu, pour voir. Peut-être aviez-vous rêvé de le faire vous-même quelque jour ? J’ai, en somme, testé pour vous. Exclusif :

Chère Sandrine, mon amour Votre histoire m’a ému aux larmes. Sans déconner, je suis inconsolable, je me traîne d’une pièce à l’autre et je gémis « Mais comment tant de malheur est-il concevable ! incurable en plus d’être cancéreuse ! », et je mouille vingt mouchoirs par jour. Je suis prêt à recevoir le chèque de 2,5 millions afin de soulager vos souffrances. Moi, si c’est pour rendre service, hein… Bien à vous, Votre bien aimé déshérité mais béni par Dieu (grâce à vous ! parce que jusque là, je dois dire, sans vouloir me plaindre, que Dieu s’est fort peu soucié de moi).

À ma grande surprise, j’ai reçu une réponse de « Sandrine Charlier » moins de deux heures plus tard, ce qui prouve que ces saloperies sont bel et bien écrites par de vraies gens à l’affût, et non par de froids logiciels dans de froids disques durs. J’ignore si cette intéressante information est propre à rassurer ou bien à inquiéter derechef.

Bonjour Je vous remercie d’avoir répondu à mon message que Dieu vous bénisse. J’aimerais que vous sachiez que mon vœu le plus cher est de pouvoir vous faire don de mon argent pour que vous meniez des actions sociales. Vous savez, il existe plusieurs organismes dans le monde que j’aurai pu contacter. Mais j’aimerais plutôt que ça soit une personne comme tout le monde, à qui je confierai cette lourde responsabilité. Il y a beaucoup de souffrance dans le monde, et il faudra que nous les êtres humains qui ont la possibilité d’aider un temps soit peu les personnes qui sont dans les difficultés le fassent. Cet argent je l’ai eu à la sueur de mon front et c’est 20 années de ma vie. La seule chose que je pourrai faire de bien sur cette terre avant de m’en aller c’est de savoir que cet argent va servir à rendre heureux des personnes qui seront dans le besoin. J’espère sincèrement que vous ne refuserez pas ma proposition et que vous m’aiderez à réaliser ce rêve. Je remercie Dieu pour tout ce qu’il a fait pour moi dans ma vie. J’ai vendu toutes mes affaires et j’ai décidé de me retirer loin du monde afin de profiter du peu de temps qu’il me reste à vivre. Je souhaiterais que ces fonds servent à mener des actions à l’endroit des personnes démunies. Vous êtes donc la personne indiquée pour gérer et distribuer mes fonds en faveur de ceux qui vont vous solliciter. Je vous prie de croire en ma sincérité et en ma bonne volonté. Dans l’attente de vous lire très bientôt je vous souhaite de passer une agréable soirée Que Dieu vous benisse. Sandrine Charlier.

J’ai répondu ceci, estimant qu’il fallait à présent jouer franc jeu, au risque de mettre un terme précocement à notre prometteuse idylle :

Chère Sandrine, chère pauvre âme Je suis navré, il va falloir être courageuse. J’ai pris la décision d’interrompre cette correspondance. Nous devons cesser de nous voir. Croyez-moi, c’est mieux, pour vous comme pour moi. Je ne souhaite pas poursuivre plus avant une relation biaisée par un malentendu initial. Vous attendez tellement de moi, chère Sandrine, chaste et innocente créature ! Vos poignants accents de sincérité m’obligent à tomber le masque. Je ne suis pas l’homme que vous croyez, Sandrine ! Vous espérez que je consacre votre argent à des œuvres sociales, que je devienne le bienfaiteur de personnes démunies ?… Mais que savez-vous de moi, et de mon passé ? Il est temps d’ouvrir les yeux ! Sachez que si j’acceptais votre argent, je trahirais immédiatement votre si belle, et si pure confiance, en moi-même, et, par extension, en tout le genre humain. Car je dois vous avouer, même si cela m’est pénible, mon mode de vie. Tout l’argent dont je dispose, et c’est aussi l’usage que je destinerais à votre fortune, je le consacre à boire de l’alcool, fumer des cigarettes (qui ne contiennent pas exclusivement du tabac), jouer au poker jusqu’à deux heures du matin, puis aller voir des prostituées (parfois sans utiliser de préservatifs…) Parfois, même, je participe à des rites sataniques, lors desquels mes amis et moi utilisons des crucifix pour jouer aux fléchettes en ricanant, et même il m’arrive, en cachette, de jouer au Loto et à divers jeux de grattage. Voyez, je ne vous cache plus rien ! Je sais que c’est mal… Que voulez-vous… J’ai tout ce vice en moi, et le vice est plus fort… J’ai essayé de m’amender, plusieurs fois, mais toujours je suis retombé… J’ignore si vous êtes en mesure de comprendre ceci, pauvre Sandrine, vous qui n’êtes que bonté et désintéressement. Cependant, le bien n’est pas tout à fait mort en moi, et c’est sans doute à vous que je le dois. Chère Sandrine ! Un sursaut (sera-ce assez pour sauver mon âme ?) me pousse à refuser énergiquement votre argent, l’argent sacré d’une sainte, un argent trop facile que je dilapiderais en mes vains et égoïstes plaisirs. La leçon m’est dure, mais précieuse, et j’espère qu’elle sera pérenne : l’argent, il vaut mieux que je le gagne durement, « à la sueur de mon front », comme vous le dites si profondément. Cette résolution que je vous dois, peut-être, me remettra sur le droit chemin. Je vous recommande le Secours Populaire, plus digne que moi de gérer votre héritage. Avec mes regrets que notre histoire s’interrompe aussi abruptement, mes sincères salutations et mon intacte admiration… Je sens déjà que, à votre contact, si fugace fût-il, je deviens meilleur. Je vous embrasse, Votre bien aimé au cœur brisé mais neuf.

« Sandrine Charlier » ne m’a pas répondu. Si elle le fait, je ne manquerai pas d’interrompre les programmes pour vous tenir informés.

Bon, nous avons bien ri, mais quel rapport avec l’illustration ci-dessus ?

Comme je le disais, au mois d’août je ne reçois presque que des spams.

J’ai également reçu le message d’une libraire alsacienne, qui souhaitait commander un livre du « Fond du tiroir ». Chic ! me suis-je dit ! Et puis finalement, pas du tout. Las ! Encore une déconvenue par mail !

Bonjour
Je suis libraire et un de mes clients souhaite se procurer le livre ‘En attendant Obama’, que vous éditez. Pourriez-vous m’indiquer vos conditions de vente aux
librairies (remise, port éventuel), ainsi que le délai sous lequel je pourrai obtenir ce livre ??
d’avance, merci
Librairie Le Libr’air , 67210 OBERNAI

En attendant Obama ? Après enquête, ce livre que je n’ai pas édité est un polar écrit par un certain Baudoin Pzerdorff, qui se publie, est-ce assez spirituel, sous l’enseigne « Au fond du tiroir ». Ce livre s’offre une couverture signée Tomi Ungerer, excusez du peu. La grande classe. Ah, il s’en passe de belles, aux fonds des tiroirs. Salut, collègue homonyme !

De l’énergie pour votre pénis (Le retour du roi de la réclame)

04/07/2009 3 commentaires


Ici, c'est M. Sébastien Joanniez qui fait son show au paradis des chaises longues, et on aperçoit Melle Marilyne Mangione assise au premier rang


Comment occuper l’été qui s’installe et dedans et dehors ?

Comme justement cette question me taraudait, à point nommé je recevais un mail provenant d’un ami, enfin, un ami, disons une lointaine connaissance, pour être franc je ne me souviens plus exactement de lui, heureusement que son mail est signé, « Benoît », il ne met pas son nom de famille, c’est dire si nous sommes intimes, ça va me revenir d’une seconde à l’autre, d’où le connais-je, en tout cas il est très sympa Benoît, bon vivant mais relax, bonne franquette, un parfum de vacances d’été déjà, sacré Benoît, ah ah, son mail s’intitule « Pour la plage », et je vous en fais profiter bien volontiers :

Bonjour,
Ca va etre le moment d'aller a la plage
et de faire des rencontres.
Comme tu le sais les filles vont te regarder
et voir de suite comment tu es "membré"
Alors fais une bonne impression de suite avec
http://lescalbutsquidebordent.com et tu verras
de suite la difference dans leurs regards.
Crois-moi, ton taux de reussite va etre accentue de suite.
Benoit

Je n’arrive pas à mettre un visage sur son prénom, c’est énervant. Benoît, Benoît, tu es une énigme pour moi ! Cette évocation des plages, des filles… Est-ce là l’un de nos souvenirs communs ? Je me souviens vaguement d’un type, à Palavas-les-Flots, en 1997… S’appelait-il Benoît ?

Je ne sais trop quoi lui rétorquer, je ne voudrais pas commettre un impair. Je compose alors une réponse sur un ton que j’espère cordial, tout en dissimulant diplomatiquement, afin de ne le point froisser, que je ne le remets pas du tout  :

« Cher Benoît, merci pour ton précieux conseil, que je ne manquerai pas de suivre. C’est tellement vrai, nous sommes jugés avant tout sur la façon dont nous sommes membrés ! On sent que tu as roulé ta bosse et que tu connais la vie ! En échange, je te donne à mon tour un bon tuyau d’été : si tu ne sais pas quoi faire en juillet, je te recommande de surveiller la programmation du Cabaret frappé de Grenoble, et particulièrement celle des lectures à la roseraie. Figure-toi que, dans ce cadre, je donnerai mon spectacle adapté des Giètes, le mercredi 22 juillet, à 20 heures, dans le jardin de ville de Grenoble. J’avais prévenu Carine d’Inca (j’espère que tu connais Carine ? si tu la croises sur la plage, ne manque pas de bomber le slip et de la saluer) que notre spectacle, dans sa formule complète, durait 1h15 et aurait donc du mal à s’insérer dans la case  « roseraie  » où les prestations sont priées de ne point dépasser 45 mns, mais Carine nous a aimablement autorisés à pulvériser le créneau tout à notre aise, quitte à décaler le reste de la soirée, imagine un peu l’honneur qu’elle nous fait ! J’espère que je te verrai à cette occasion, (ça me fera plaisir, depuis le temps… combien de temps, au fait ?), et je te présenterai mon camarade Christophe Sacchettini.
A bientôt cher Benoît, porte-toi bien ! que ce soit à droite ou à gauche ! Ah, moi aussi j’aime la rigolade !
Fabrice
»

(Bon sang, mais d’où est-ce que je le connais, ce Benoît ? Cet ami oublié ? Quelle honte, quel ingrat je fais… Mais un doute me pénètre insidieusement… « Benoît  » n’est… tout de même pas… un « spam  » ? Je n’ose l’envisager ! Un message aussi chaleureux et personnalisé qui masquerait un pourriel ? ce serait abuser de la crédulité, et du besoin de tendresse, et du fantasme de membritude ! Du reste, on ne me la fait pas, je m’y connais, en spam… Spécial archives : le 4 juillet 2006, il y a trois ans jour pour jour, j’étais jeune et bien membré, c’était le bon temps, je n’avais pas de blog, j’avais annoncé à la cantonade ma précédente prestation en cette même roseraie par le spam que voici. Où l’on constatera que mon sens de l’humour ne s’amende pas tellement avec l’âge.)