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Oh oui Ferdinand, fais-moi peur !

Si vous êtes dans les petits papiers du Fond du Tiroir, vous avez déjà reçu le courriel ci-dessous, rédigé façon spam pour rire. Pourquoi un tel exercice de style ?

Primo parce que j’aime bien les spams. Je lis consciencieusement ceux que je reçois, du moins lorsque je ne reçois rien d’autre, ça me fait toujours un écho du monde, et quel écho. J’aime les spams. Je l’avoue franchement, j’aime leur roublardise pataude comme un gyrophare posé sur un piège à loup, j’aime leur irréductible absurdité qui rappelle l’étymologie montypythonnienne du mot spam, j’aime même leur débilité candide, symptôme de la dégradation fatale à l’oeuvre dans la « communication » moderne… Suis-je pervers ? Les spams m’émeuvent très sincèrement, j’y perçois une certaine poésie désespéréehouellebecquienne en quelque sorte.

Secundo parce que, comme toujours, à l’heure d’annoncer publiquement quelque évènement me concernant, l’idée même de la publicité me dégoutte à un point tel que j’enrobe névrotiquement ma réclame au sein d’une quasi-illisible satire anti-réclame… On s’amuse comme on peut. Si le Fond du Tiroir disposait d’un directeur marketing, je me serais fait virer depuis lurette. Heureusement, c’est moi le patron. Or donc voici ce que, dans un premier temps, j’ai envoyé à tout mon carnet d’adresse :

Bonjour cher ami de mon coeur.
Je est une Russe jeune de 21 années et je est joyeuse de fait ta connaissante.
C’est tout a fait un réel plaisire pour moi de t’écrire car mon plus grand désire est de faire des connaissantes et de partager mes idées avec d’autres.
Je ne fume pas et je voudrais corresprondre avec tu parce que je…

Oups ! Pardon ! Ce n’est pas ça du tout ! Au temps pour moi, le message ci-dessus ne vous était pas destiné, j’ai mélangé mes fiches ! J’escomptais vous soutirer du pognon pour un tout autre prétexte. Pour des livres, comme d’hab. Je reprends.

Vous êtes toujours là ? Si vous n’avez pas encore classé ce mail en « indésirable » d’un clic distrait, sachez que : Rome n’est plus dans Rome, et le Fond n’est plus dans le tiroir. Je m’exporte dans un pays frère. En effet, ma prochaine publication n’adviendra pas sous l’enseigne maison « Le Fond du tiroir », mais sous celle du Pré#Carré de mon estimé confrère Hervé Bougel.

A paraître, donc, en mars prochain : une élégante plaquette intitulée « Dr. Haricot, de la Faculté de médecine de Paris » au sein de la série « Un pas à la fois » qui, selon la présentation de l’éditeur, est « une collection de lettres adressées par des auteurs à d’autres auteurs ». À qui écrirais-je ? Au Dr haricot, bien sûr. Soit un écrivain-médecin dont il convient de se méfier parce qu’il sait faire rire. Il ne s’agit pas de François Rabelais, mais d’un rude tricard dont on ne fêtera pas le cinquantenaire de la disparition, sous prétexte que ça énerve Serge Klarsfeld, et que ça émeut Frédéric Mitterrand (le même Frédéric Mitterrand qui, toute bonne conscience politique dehors, déclarait il y a peu « La Tunisie, une dictature ? Allons allons c’est très exagéré… »). C’est bon, vous voyez qui ?

L’objet est à commander (6 euros franco de port) auprès du Pré#Carré… ou au Fond du tiroir.

Par ailleurs, toujours dans le registre « Le Fond du tiroir hors les murs », vous êtes invités à admirer l’affiche ci-jointe conçue par le trop rare (c’est de ma faute, c’est moi qui ne lui donne pas assez de boulot) Patrick « Factotum » Villecourt et à assister en masse, si vous êtes dans le coin, au lugubre spectacle que ce poster promeut : « Fais-moi peur ! saison 2 », vendredi 18 février 20h30, auditorium l’Odyssée d’Eybens, avec les élèves du CRC d’Eybens, entrée libre, composition et direction musicale : Olivier Destephany / lectures : moi-même en personne et de noir vêtu. Au programme : Bram Stoker, E. A. Poe, Maupassant, Lovecraft, Joseph Delaney. Et vous pages pervers, courez au cimetière, prévenez de ma part mes amis nécrophages que ce soir nous sommes attendus dans les marécages.

En revanche, si vous avez lu ce long message jusqu’au bout uniquement émoustillé par la perspective d’une jeune femme russe honnête et fidèle pour une relation épistolaire suivie et peut-être davantage, un jour, qui sait, voyez plutôt ici.

Si vous voulez que je vous réponds dans l’immédiat à mon adresse personnelle fvigne(arobase)fonddutiroir.com, je serai heureuse de te lire ta réponse mon amour à très bientôt. (Je est non fumeuse blonde.)
Fabrice « Irina » Vigne

… Ensuite, lorsqu’un destinataire de ce pseudo pourriel mordait à l’hameçon et me répondait d’un petit mot, je ferrais, comme les vrais ! J’amorçais la seconde étape, le ton plus direct, la demande explicite, et j’envoyais même la photo d’Irina. Qu’est-ce que je suis marrant.

Merci cher [Coller ici l’adresse de l’interlocuteur] !
Je très contente de ton message. Tu est quelqu’un avec quoi j’adore
discuter de mes idées et d’autres choses ! Je t’envoies ici ma photo (cf.
pièce-ajoutée
), j’espère qu’elle à ton goût ! Malheureusemente ma mère est
rès malade et j’est besoin de 10000 roubles pour l’opérer. Donne-moi vite
ton numéro de carte bleue pour que je puisse la soigner !
Tenderement,
Irina

Et une fois que j’ai fini de rire, je regarde à nouveau la photo de cette fille qui existe à peine, que je ventriloquise, et je reste perplexe. Qui est-elle, au juste ? Un roman à écrire, comme on dit.

  1. fred paronuzzi
    02/02/2011 à 20:35 | #1

    Moi j’aime pas trop les spams… mais j’aime bien tes parodies de spams… elle a un truc un peu triste dans les yeux, Irina, ‘tain elle s’inquiète pour sa mère, une bonne fille quoi… où j’ai foutu ma carte bleue?

  2. 02/02/2011 à 21:51 | #2

    Deux personnes (dont Mme la Présidente du Fond du Tiroir) m’ont déclaré à propos de la jeune Irina :
    « Au lieu de faire des plaisanteries douteuses sur les filles de l’Est, tu ferais mieux de lire Purge de Sofi Oksanen »..
    Ah bon ? Deux personnes, voilà un faisceau de présomption, et un conseil de lecture à prendre au sérieux.
    En voici un autre : je viens de lire le formidable « Sans la télé » de Guillaume Guéraud, suite de souvenirs d’enfance et d’adolescence liés au cinéma. En le lisant je me suis dit « Je suis sûr que ça plairait à Fred autant qu’à moi… Voilà un cousin du Frédéric-10 ans 3/4… »
    Alors tu vois ce qui te reste à faire, camarade…

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