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L’Effet Domino

20/07/2024 Aucun commentaire

Adieu les réseaux. Je décroche. Je me rends compte à nouveau que je perds trop de temps sur ces écrans qui font tout pour capter insidieusement mon attention alors que j’ai mieux à en faire. Les écrans font écran entre soi et soi.
Mon attention comme toutes les attentions du monde fait ce qu’elle peut : elle capte, elle scrolle, elle mouline, elle associe, elle passe à autre chose.
Là, tiens, je vois passer sur mon profil, parmi des tas d’images qui me rappellent de précédentes images que j’avais laïkées imprudemment, une question posée à la cantonade, comme un sondage sauvage surgi lui aussi du fin fond des algorithmes, comme un jeu brise-glace, question sociale pour réseau social : « Qu’avez-vous honte d’acheter en public ? »
J’arrête de scroller, je lève le nez, car c’est le nez en l’air qu’on réfléchit (qu’on se désécranne, c’est ça). De quoi aurais-je honte, si l’on me surprenait en train de l’acheter ? En tout cas, depuis que j’ai cessé d’acheter des revues porno à la fin du siècle dernier (ça existe encore, les revues porno ?) ?
Rien, peut-être ? Ou tout, puisqu’absolument tout participe de ce vaste suicide qu’est la société de consommation ? J’essaye d’être plus spécifique, de trouver un exemple. Je dirais bien « Mon billet d’avion » puisque je prends l’avion aujourd’hui même, mais la transaction ne s’est pas faite en public, tout est en ligne, les écrans cachent aussi les hontes, c’est leur fonction.
Je réfléchis mais je n’écris rien, je ne participe pas au sondage sauvage. Je consulte les réponses des autres. L’immense majorité est faite de « Rien », voire de « Rien du tout » qui enfoncent le clou, les consommateurs sont décidément des consommateurs heureux. Parfois une idée intéressante apparaît qui révèle où va se nicher la mauvaise conscience contemporaine, « le plein d’essence », « les grillades du barbecue ».
Je pourrais répondre dans la même veine « Un avocat » puisque j’adore ça alors que je sais que la culture intensive de l’avocat est catastrophique pour l’environnement. Mais merde, avoir honte pour un avocat acheté un euro cinquante alors que d’autres n’ont aucun scrupule à acheter un avocat (d’une autre sorte, plus véreux) pour des milliers d’euros en cash dans des valises !
Voilà qui me rappelle une récente polémique. La très respectée et immensément respectable Ariane Mnouchkine à la suite des scrutins qui propulsent l’extrême-droite, a écrit une tribune où elle battait sa coulpe, elle avait honte, elle en faisait une affaire personnelle, elle se demandait ce qu’elle avait échoué, qu’avait-elle donc fait ou pas assez fait. Alors que ce n’est pas du tout à elle d’avoir honte. Ceux qui devraient avoir honte, les vrais, n’ont pas honte.
Je me suis encore laissé aller à réfléchir et associer les idées à partir d’un scroll sur les réseaux sociaux. Vive Mnouchkine, au fait.
Bref.
Adieux les réseaux. Je déconnecte, je ferme le lap sur le top, je plie, je pars, je m’envole, je m’en vais imprimer le carbone en plein ciel transatlantique. Le Fond du Tiroir se volatilise, entre dans une période de vacances ET de travail, en tout état de cause une période de silence.
Je vous laisse sur une belle image à l’horizon : j’ai la joie de vous adresser ci-joint un faire-part de naissance, celui du collectif de diffusion de spectacles « L’Effet Domino ». Explorez son riche catalogue, et constatez, je vous prie, que non seulement je suis partie prenante de trois des quatorze spectacles présentés, mais que les onze autres sont drôlement bien aussi. Rendez-vous sur https://collectif-effetdomino.fr. N’ayez pas honte d’acheter un spectacle ! 

Mange tes morts

14/07/2024 Aucun commentaire

Tiens, c’est le 14 juillet, jour des défilés militaires à la con, alors moi aussi je parade au sujet de la guerre.

Comme précédemment avec les Trois filles de leur mère (vous ne connaissez pas ce spectacle ? c’est trop tard, nous ne le jouerons plus jamais, mais découvrez-le ici, il était génial !), l’artiste franco-québécoise Adeline Rognon (vous ne la connaissez pas ? découvrez-la ici, elle est géniale !) nous a offert le visuel incroyablement beau du spectacle Je t’embrasse pour la vie : Lettres à des morts (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !) créé par Stéphanie Bois, Christophe Sacchettini (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !) et Fabrice Vigne.

En contrepartie, nous offrons à Adeline un tirage de luxe de ce même visuel, numéroté-signé-hyperclasse, aux bons soins du Sérigraphe-Apothicaire Geoffrey Grangé (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !). Si quelqu’un dans la salle souhaite acquérir pour un prix dérisoire ce stupéfiant objet d’art, un brin mexicain mais évoquant cependant le suicide européen de 1914-1918, qu’il me contacte (vous êtes génial(e), je ne vous connais pas mais je ne demande qu’à vous découvrir !).

En attendant, la prochaine représentation du spectacle est fixée : le samedi 21 septembre à Talissieu (Ain). Jour de l’automne. Ce qui est assez pertinent, oh là là, les feuilles tombent à la pelle, je vois ça d’ici.

Chagall, sons et lumières

31/05/2024 Aucun commentaire

Oui, bon, j’ai bricolé cette affiche alors que je n’ai jamais dépassé le stade « débutant sur Photoshop » mais l’important est qu’elle soit informative. Soyez informés : la tournée Chagall, l’ange à la fenêtre passe bientôt près de chez vous ! (Du moins si vous habitez près de Claix, de Seyssinet, d’Oris-en-Rattier, de Grenoble ou d’Eybens.)

« La biographie de Marc Chagall (1887-1985) est un voyage. Né au sein d’une famille juive dans un shtetl de Biélorussie, il fait ses études à Saint-Pétersbourg et dès 1910 rejoint Paris, alors capitale mondiale des arts. Il retourne en Russie pour participer à la Révolution et sera même promu « commissaire aux beaux-arts » de la jeune URSS, avant de fuir définitivement son pays natal pour Berlin, les USA, le Brésil… La dernière partie de sa vie s’ancre en France, qui reste son pays de cœur.
Nous évoquerons ses pérégrinations, son art et son époque, en mêlant le récit biographique, les images projetées… et bien entendu la musique, si présente dans son œuvre, avec un répertoire dominé par la musique russe mais s’autorisant, comme lui-même, des détours par le klezmer, la musique française du début du XXe siècle, et même l’opéra : l’une des dernières grandes œuvres de Chagall n’est-elle pas la fresque au plafond de l’opéra Garnier à Paris ? »

Violon : Christine Antoine
Arrangements et piano : Bernard Commandeur
Texte et voix : Fabrice Vigne
Durée approximative : 1h10

Prochaines représentations :

– Dimanche 2 juin 11h, à Claix (mais c’est complet)
– Dimanche 30 juin 11h, dans le château de Seyssinet
– Vendredi 30 août 18h, dans la chapelle d’Oris-en-Rattier qui se trouve être le village natal de mon père mais ça n’a presque rien à voir
– Lundi 9 septembre en soirée, à l’Espace des Cultures Juives de Grenoble
– Mardi 10 septembre, 19h, au 170 Galerie de l’Arlequin, chez Mme Marie M. et M. Christophe S. (nous passons leurs noms sous silence par souci de leur vie privée)
– Jeudi 23 janvier 2025, à Eybens

La disquette et le métier

31/03/2024 Aucun commentaire

Je ne sais pas si cela m’était déjà arrivé… Le cas échéant j’ai dû finir dans un état tel que je n’en ai gardé aucun souvenir…
La semaine prochaine, je me produirai sur scène dans quatre concerts, avec quatre groupes distincts, pour quatre programmes n’ayant rien à voir.
Comme me le disait mon camarade Tofsac, plus coutumier que moi d’une pareille densité, usant d’une métaphore du siècle dernier strictement incompréhensible pour les moins de 40 ans, il suffit de « changer de disquette ». D’accord mais au bout d’un moment peut-être vaut-il mieux changer de métier. Je crois que j’en fais trop, des métiers. Heureusement, dans un peu plus de trois mois, j’en abandonne un, ouf. Ah mais attends c’était le seul qui me rapportait des thunes, zut. On ne peut pas tout avoir.
En attendant, je poste mon programme ici, ça me fera un agenda, car il est plus prudent de multiplier les agendas :
– Mardi 2, 19h, « Victor & Wolfgang alias Dizzy & Ella », duo avec Marie Mazille, Voiron, librairie au Bord du jour, dans le cadre du festival de jazz off.
– Jeudi 4, 20h, Micromegas (dir. François Raulin), Solexine, Grenoble.
– Vendredi 5, 20h, Orchestre Symphonique d’Eybens (dir. Christine Antoine), l’Odyssée : je trombone et je présente (ne venez pas, guichet fermé).
– Samedi 6, 18h, « Alice, Charles & les autres » , Grenoble.

Développons un peu ce dernier…

Le spectacle « Alice, Charles & les Autres » réinvente et (toute modestie gardée) sublime un répertoire de chansons, contes et même proverbes recueillis autrefois par les folkloristes Alice et Charles Joisten dans le Queyras.
Il fut conçu l’an dernier pour « jouer à domicile », c’est à dire pour répondre à une commande du festival MusiQueyras, afin d’être rendu à qui-de-droit tel un hommage.
Mais ô qu’il eût été dommage qu’il s’en tînt là, fût oublié, disparût, expirât en pleine jeunesse, et ne délivrât point au reste du monde ses trésors (sublimés) de sagesse et d’inventivité traditionnelles et comme ils sont charmants ces circonflexes du subjonctif, on dirait les toits d’un village de montagne dans les Hautes-Alpes !
J’ai la joie non feinte de clamer que mes camarades Marie Mazille, Laurence Dupré, Patrick Reboud, Christophe Sacchettini et moi-même redonnerons non pas une mais deux fois ce spectacle au mois d’avril.
– Samedi 6 avril à 18h, au 170 galerie de l’Arlequin à Grenoble (ceux qui savent, savent ; ceux qui veulent savoir peuvent encore demander et il leur sera répondu).
– Dimanche 14 avril vers 20h, à la MFR de Bourgoin-Jallieu dans le cadre du stage de printemps de Mydriase (ceux qui savent, savent ; les autres peuvent encore s’inscrire, il reste une ou deux places).

Tous les détails, y compris le teaser audio ainsi que l’appréciation que nous a délivrée Alice Joisten en personne (nous sommes validés, quel honneur !) au Fond du Tiroir.

Ella & Dizzy

17/03/2024 Aucun commentaire

À la faveur d’un malentendu tout-à-fait amical, Marie Mazille et moi-même sommes invités à donner un concert dans le Off du Festival de Jazz de Voiron.

Nous avons dûment averti que ce que nous faisons est assez peu qualifiable de « jazz » sauf bien entendu à s’en remettre à la définition extensive donnée par le regretté Howard Becker, sociologue et pianiste : « Si c’est intéressant, c’est du jazz » .

Comme nous n’avons peur de rien, et certainement pas du ridicule (où en serions-nous dans le cas contraire, je vous le demande), nous avons relevé le défi. Notre duo, intitulé jusqu’à présent Victor & Wolfganga, s’est sur le champ rebaptisé Ella & Dizzy, et ainsi nous irons faire swinguer nos chansons et mirlitons à Voiron, le mardi 2 avril à 19h, entre les rayons de la librairie Au bord du jour, 20 rue Dode, d’ailleurs mon correcteur orthographique à l’instant me suggère Rue Dodécaphoniste, et en voilà un signe propice.

(Pour faire connaissance avec cette admirable librairie et son excellente tenancière, Géraldine Hérédia, on peut cliquer ici.)

Le répertoire du jour sera constitué de nos fantaisies habituelles, augmentées de pas moins de trois créations mondiales conçues exclusivement pour l’événement : Bonne fête Sandrine (car nous consultons toujours scrupuleusement l’agenda avant d’accepter une date, et le 2 avril est bien Sainte-Sandrine) ; Le syndrome de l’imposteur (tango) (spéciale dédicace à J.-L. S.) ; et enfin, puisque nous sommes là pour jazzifier un minimum, Caravan, le standard orientalisant de Duke Ellington que nous avons sans vergogne outragé avec des paroles françaises.

Post-scriptum d’après coup : oui on l’a fait et oui c’était bien ! Photos ci-dessous Laurence « Sandrine » Menu.

Avec un témoignage exclusif de Marie-Wolfganga-Ella Mazille :

Il y a une vingtaine d’années, j’ai fait un cauchemar épouvantable : je me baladais dans les couloirs du Cargo (euh pardon de la Macu…euh pardon de MC2…) quand tout à coup sans comprendre comment ni pourquoi je me retrouvais dans les loges propulsée énergiquement par deux grands gaillards vers….vers…vers la plus grande scène de MC2 (190 m2), pour la soirée d’ouverture du festival de jazz de Grenoble, en piano solo. Au niveau public, noir de monde (donc 1000), au niveau enthousiasme : « Youpi, ça y est nous distinguons Carla Bley en train de se diriger vers son Steinwey ça va le faire grave, cris de joie, applaudissements à s’en choper des ampoules, tout le monde debout etc etc… » et moi, en train de protester contre cette erreur, me rapprochant à une vitesse vertigineuse du clavier, réfléchissant à combien de temps j’avais fait du piano dans ma vie (10 minutes ?) de jazz ? (un quart d’heure ?)…Réfléchissant au SEUL MORCEAU que je pouvais ne pas massacrer…Au clair de la lune (le A, pas le B, en do, pas en ré trop compliqué !)…à la main droite (je suis droitière)…mais que faire de la main gauche ???????? M’étaler de tout mon coude avec vigueur et conviction sur une vingtaine de touches aléatoires en m’imaginant virtuose de free jazz !!!!…Je transpire…Je tati-carde…Je suis au bord de l’évanouissement….DDDDDRRRRIIIIIIINNNNGGGGGG, avant l’attaque du do fatal, je me réveille……Mais HEUREUSEMENT grâce à mon ami et collègue Fabrice Vigne, 20 ans plus tard me voilà sur scène pendant le festival de jazz de Voiron….et je ne me suis jamais réveillée…Bonne nuit tout le monde !

Stages de chansons, c’est reparti

16/02/2024 Aucun commentaire

STAGES CRÉATION ET ENREGISTREMENT DE CHANSONS

9-10 et/ou 23-24 mars

Oyez, oh yeah ! Le dynamique duo Marie Mazille/Fabrice Vigne met à jour son agenda de formations 2024.
Depuis huit ans, Marie et Fabrice font, mais aussi font faire, des chansons.
Ils proposent des ateliers, des formations, des stages, pour une durée qui va d’un quart d’heure (formule Chanson à manger sur place ou à emporter) à une semaine, en passant par l’atelier « classique » de deux heures ou le week-end en immersion…
Vous portez en vous une chanson ? Vous l’entendez fredonner dans votre oreille interne, depuis deux jours ou depuis toujours ? Marie et Fabrice vous aident à l’extérioriser – avec doigté bien sûr, avec délicatesse, avec humour, avec technique et avec imagination.

Tout-terrain, Marie et Fabrice ont proposé leurs services à des écoles ou collèges, des musées, des bibliothèques, des associations de quartiers, des salons du livre, des MJC, des hôpitaux… Et quel que soit le format, à chaque fois chacun repart avec la joie de la chanson créée.

Sous ce lien Soundcloud, quelques-unes des maaaaagniiiifiiiiiques chansons nées pendant les stages de Marie et Fabrice, enregistrées aux bons soins de Patrick Reboud.

Deux prochaines sessions, mars 2024

* en duo (Marie Mazille + Fabrice Vigne) le week-end des 9-10 mars aux Épicéas (Méaudre) // Possibilité de monter à Méaudre dès le vendredi 8 mars au soir.
Les repas seront partagés, apportez vos spécialités. Prévoir trois repas (quatre si vous êtes présent dès le vendredi soir) : samedi midi (attention, repas froid pour cause cuisine inaccessible), samedi soir, dimanche midi. Restitution tranquille le dimanche en fin de journée, vers 17h : invitez vos amis et familles pour écouter vos chansons.

* en trio (Marie Mazille + Patrick Reboud + Fabrice Vigne) le week-end des 23-24 mars à Solexine, 12B rue Ampère à, Grenoble (38). Attention ! Celui-ci est un stage de niveau 2 : ouvert seulement à ceux qui ont déjà effectué un stage avec nous, qui ont déjà une chanson au moins en chantier, qui souhaitent la parachever et s’essayer à l’exercice de l’enregistrement.

Naturellement, il est possible, sinon chaudement recommandé, d’enchaîner les deux stages, dans la limite des places disponibles ! Venez créer votre chanson le week-end des 9-10 mars, et la peaufiner, l’arranger et l’enregistrer, le week-end des 23-24 mars.

Tarif pour chacun des deux stages :

Tarifs : 150 euro tarif normal / 100 euros tarif réduit (vous avez sûrement droit au tarif réduit).

Frais supplémentaires pour les nuitées du stage des Épicéas (9-10 mars) : 30 euros les 2 nuits (16 pour les QF inférieurs à 1000) / Seulement nuit du samedi au dimanche 22 euros (12 pour les QF inférieurs à 1000) / + adhésion aux Épicéas : 10 euros)

Renseignements complémentaires et inscriptions : Marie 06 60 88 95 84.

Musiciens bienvenus (amenez vos instruments), non-musiciens bienvenus aussi (amenez votre voix, votre cerveau, vos mains).

Et pour ceux qui en veulent plus (des références, des liens), encore plus (des biographies, de la gaudriole), toujours plus (le livre d’or de nos stagiaires reconnaissants), il vous reste à flasher le QRcode ci-dessous, et vous serez sans délai téléporté.e.s dans un monde merveilleux et une forêt magique gorgée de licornes et fées bizarres, où les poèmes et les mélodies vous sortiront en arc-en-ciel par tous les orifices, avec effet positif garanti ou remboursé sur la santé, les examens, la régularisation des papiers, la libido, la paix dans le monde, la caisse la plus rapide au supermarché, et le retour de l’être aimé en 14 jours chrono. Ou alors, au pire, vous aurez seulement créé une chanson rien qu’à vous, qui vous comblera de fierté, de joie, et de consolation.

Lettres à des morts : l’affiche

04/02/2024 Aucun commentaire

Stéphanie Bois, Christophe Sacchettini et moi-même avons donné deux représentations (allez, deux et demie si l’on compte la numéro zéro, encore plus confidentielle que les suivantes) de nos Lettres à des morts. Nous aimons tellement ce spectacle, et le public aussi, juré, que nous avons envie de le jouer jusqu’à ce que mort s’ensuive et oh la la c’est bien le cas de le dire. Ce spectacle pourrait être un marronnier du 11 novembre qui rappellerait sans relâche l’horreur de la prétendue Grande Guerre y compris à l’arrière, mais pas que. Comme nous l’a dit une spectatrice (merci Anne), Tout le monde devrait voir ce spectacle. Vous le voulez ? Contactez-nous.

Et puis voilà que désormais nous disposons d’un atout supplémentaire : le splendide visuel, signé Adeline Rognon. Pour le précédent spectacle du même trio, Trois filles de leur mère d’après Pierre Louÿs, nous avions sollicité Adeline qui nous avait offert une magnifique affiche… Rebelote : ci-dessous son premier jet, pour vous donner une idée du making of.

… Soit une encre bien noire et bien memento mori en surimpression d’un texte imprimé. Nous étions déjà emballés par l’idée, mais nous avons fait valoir à Adeline qu’il était dommage que le texte ne soit pas un écrit à la main, voire, justement, le manuscrit d’une des 26 lettres qui composent le spectacle…

Il s’agit d’un point hautement sensible : à chacune des représentation une question est soulevée par le public (nous pouvons déjà faire des statistiques, même au bout de deux et demi). Ces lettres, publiées pour la première fois en 1932, sont-elles d’authentiques témoignages de 14-18, ou bien l’œuvre apocryphe d’un écrivain transformiste et pacifiste ? Les tenants du vrai et ceux du faux ont tous de solides arguments, et quant à nous, même si nous avons une petite idée, nous n’avons pas de quoi dissiper l’énigme qui, selon moi, ne fait qu’ajouter à la fascination exercée par ces 26 terribles textes. En tout état de cause, le manuscrit original, personne ne l’a vu et personne ne sait où il est. Stéphanie et moi-même avons donc entrepris, pour les besoins du spectacle, d’entièrement réécrire à la main les lettres, 13 chacun.

Désormais, le manuscrit existe bel et bien puisque nous l’avons créé, et le théâtre est un espace d’illusion pour la bonne cause.

C’est ainsi qu’Adeline a recomposé son illustration, en utilisant cette fois comme fond l’une des lettres portant mon écriture. Comme pour les Trois filles, pour la remercier, nous allons en tirer quelques sérigraphies de luxe et cartes postales, objets rarissimes qui seront, comme de juste, en vente à l’occasion des spectacles ainsi qu’au sein du réseau (montréalais) d’Adeline.

Bonus : nos têtes de circonstances.

On t’embrasse pour la vie

23/12/2023 Aucun commentaire

Lettres à des morts, lecture musicale. Ce spectacle sera joué deux fois en début d’année : dimanche 7 janvier 19h à Grenoble ; dimanche 28 janvier 18h30 à Lyon. Deux environnements confidentiels – deux appartements. Nous contacter pour tout renseignement et toute réservation.

Lettres à des morts, 1914-1918 :
On t’embrasse pour la vie
Lecture musicale
Note d’intention

Une collection de vingt-six lettres, très variées dans les tons, dans les registres, dans les intentions, dans les orthographes mêmes, non datées, non localisées, où la plupart des noms propres sont remplacés par des initiales, se présente comme une archive brute, une source primaire ainsi que les désignent les historiens, selon les termes d’une préface ambiguë : Les lettres que l’on trouvera ci-après, dont il est inutile que nous garantissions l’authenticité

Inutile de garantir, inutile donc de débattre. Si l’on admet le principe de leur authenticité, ces vingt-six lettres ont en commun d’avoir été écrites à l’arrière, par des civils, et adressées au front, à des soldats, durant la guerre de 1914-1918. Aucun des destinataires n’a lu la lettre à lui destinée : ces vingt-six soldats sont morts (parmi 1,4 million d’autres tués, bilan officiel des pertes militaires françaises) avant d’avoir ouvert leur courrier. Précisément, peut-être, parce qu’elles ne furent pas distribuées, ces Lettres à des morts ont pu être compilées et soustraites à l’institution militaire par un certain Claude Berry, dont on ne saura rien de plus.

Elles ont paru une première fois en 1932 dans la revue pacifiste de Romain Rolland, « Europe » (n°113, mai 1932, pp. 5-33) ; une deuxième fois en 1978, sans davantage d’explication, aux éditions Roger Borderie, dans la collection « La Parole debout » ; une troisième fois, enfin, en 2004, aux éditions Cent Pages (Grenoble), au sein de leur collection « Cosaques ». C’est cette édition, toujours dénuée du moindre paratexte qui aurait pu éclairer les origines des vingt-six missives, que nous avons utilisée.

Ces vingt-six lettres constituent vingt-six micro-drames écrits à la première personne. Comme les vingt-six lettres d’un abécédaire qui décrirait, par fragments, un monde plongé dans le chaos.

Vingt-six histoires, à la fois intimes et documentaires, privées et sociologiques, révélant les préoccupations des Français de l’arrière, bourgeois ou paysan, instituteur ou bistrotier, prolétaire ou marchand enrichi par la guerre, prostituée ou bonne sœur… qui, tous, ont un frère, un mari, un fils, un amant ou un ami au front, qui donnent des nouvelles, en attendent en retour, parfois désespérément. Qui, tour à tour, se confondent en empathie pour les poilus sacrifiés dans l’horreur de ce grand suicide européen, ou au contraire, oubliant le sens des proportions, cherchent à se faire plaindre, justifiant que ce n’est pas facile pour eux non plus.

Vingt-six saynètes. Vingt-six échantillons de tragédie ou de farce ; souvent de tragédie et de farce combinées, puisque ce sont vingt-six aventures humaines. Vingt-six vignettes, vingt-six scandales, appelons-les comme on voudra, qui mettent en scène l’ordinaire de la vie quotidienne, non expurgée, non visées par la censure militaire, bien complète de ses outrances, violences, méprises, plaisanteries et trivialités. Il y est question d’obsessions alimentaires et sexuelles, bien entendu, mais également de maltraitance, d’oppression, de misère, de suicide, de jalousie, de sadisme, de pédophilie, de zoophilie, d’alcoolisme, de perversion, d’inceste, d’opportunisme, d’égoïsme, de patriotisme décérébré… Et aussi de quelques admirables grandeurs d’âme.

Vingt-six facettes d’un monde et d’une époque. Surtout, vingt-six caractères, vingt-six personnages à incarner par les deux comédiens qui, alternativement, prêtent leurs voix à ces hommes et à ces femmes. Simplement parce que ces vingt-six monologues méritent encore, plus d’un siècle après, d’être dits et entendus.

Les interventions vocales seront ponctuées à la cornemuse du Centre France : instrument à la fois inactuel (au sens historique) et intempestif (au sens sonore), témoin d’un temps révolu… propre à tremper nos oreilles d’une vérité explosive, littéralement « inouïe » : celle de voix disparues dans le fracas injuste de l’Histoire.

Durée indicative : 1 h 10 mn
Équipe artistique :
Stéphanie Bois, lecture
Fabrice Vigne, lecture
Christophe Sacchettini, musique

Ce trio travaille ensemble depuis plusieurs années, et a notamment créé en 2019 une adaptation théâtrale fort risquée du roman Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs, qui présente divers points communs avec le présent ouvrage : à tout le moins l’époque de la rédaction, la crudité, ou la viscéralité.

Alice, Charles et nous

29/11/2023 Aucun commentaire

En juillet dernier, le Marie Mazille Trio (Marimazille + Christophe Sacchettini + Patrick Reboud) a créé pour le festival MusiQueyras un drôle de spectacle intitulé Alice, Charles et les autres, conviant sur scène deux invités, Laurence Dupré au violon et moi-même à la voix.
On y a entendu, « à notre façon » , des chants et contes traditionnels du Queyras puisés dans le répertoire recueilli tel un trésor par le couple Charles et Alice Joisten, des années 50 aux années 70.
D’abord conçu comme un « one-shot » préparé et consommé sur place merci-bonsoir, tous comptes faits, tous contes refaits, ce spectacle nous emballe tellement qu’il a un goût de revenons-y, on adorerait le voir tourner ici et là et même loin de chez lui.
Invitez-nous !
Pour vous faire une idée, le voici compressé tel un César : un teaser de sept minutes, bande-annonce pour les oreilles.

Charles Joisten (1936-1981) n’est plus là pour nous applaudir… En revanche nous avons eu la joie de recevoir la bénédiction d’Alice, enchantée d’entendre ce que nous avons fait de son travail : « Ce sont ici quatre musiciens et un conteur qui nous transmettent fidèlement un répertoire traditionnel de chants et de contes, tout en leur donnant une nouvelle vie grâce au dynamisme et à l’inventivité musicale qui les anime. »
Merci Alice ! Bisous !
Signalons la parution de son dernier livre, dans lequel nous avons puisé alors qu’il n’était encore qu’en épreuves.

Un géant, une géante

10/09/2023 Aucun commentaire

Le week-end prochain, à l’occasion des Journées du patrimoine, je jouerai deux spectacles en trio, avec mes camarades Christine Antoine (violon) et Bernard Commandeur (piano).

Deux spectacles sons et lumières, deux évocations musicales et picturales, deux biographies de peintres écrites par mes soins : Goya et Chagall, si différents l’un de l’autre qu’il n’est pas commode de leur trouver un point commun. Voici, pourtant, l’une sur l’autre, deux de leurs peintures qui semblent avoir le même motif : un géant, grand comme une montagne, apparaît au-dessus de l’horizon et toise les humains. Il occupe les deux tiers supérieurs du tableau tandis que les humains sont écrasés dans le tiers inférieur.

Le Colosse de Goya (1808) montre en pleine nuit et de dos, une force tellurique nue et musculeuse, une force de destruction en marche, une fatalité mythologique qui fait trembler le ciel et la terre et pour qui les humains ne sont que des fourmis égarées, aveuglées, fuyant dans le chaos.

Bella au col blanc de Chagall (1917) montre en plein jour et de face, la toute puissance bienveillante et maternelle d’un éternel féminin, hautain comme une allégorie, couvant du regard une scène bucolique, un homme apprenant à marcher à son petit enfant à l’orée d’un bois ; la géante emprunte ses traits à Bella, le grand amour de Chagall, sa femme, qui vient de donner naissance à leur fille, Ida.

Récapitulons :

– Le samedi 16 septembre à 11h : Goya, démons et merveilles sur de la musique espagnole et latino-américaine, au château de Valbonnais. Réservations au 06 73 53 18 42.
– Le dimanche 17 septembre à 18h : Chagall, l’ange à la fenêtre sur de la musique klezmer, russe et française, en l’église Notre-Dame-des-Vignes à Sassenage. Réservations au 06 71 04 91 17.

Tiens ? Il a fallu que je l’écrive ici pour réaliser que le diptyque faisait s’affronter dans ses titres, que j’ai choisis sans la moindre préméditation, l’ange et le démon.

Ci-dessous, revue de presse, l’article des Affiches de Grenoble et du Dauphiné consacré à notre Goya :