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D’autres mondes possibles

29/12/2024 Aucun commentaire
Bienvenue dans l’expo « Pays Bassari », musée Dauphinois.
Photo Laurence Menu

« Où tu es allé pendant les vacances ?
– En Afrique, presque. Mais juste à côté de chez moi. »

Je suis grenoblois depuis 38 ans, oh comme c’est amusant, 38 comme l’Isère, et depuis 38 ans je m’époustoufle des expositions du Musée Dauphinois.

Vu là-haut aujourd’hui l’expo « Pays Bassari » consacrée à ce territoire certes non dauphinois mais africain, qui se déploie à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali (car la cartographie des populations et des civilisations a peu à voir avec les frontières tracées à la règle et au compas par les colons). Territoire dont la richesse humaine est telle qu’il est inscrit depuis 2012 sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
L’expo est à voir au Musée Dauphinois jusqu’en septembre prochain.

Il n’y a rien de mieux (au monde, hein) que l’ethnologie. L’ethnologie est à la fois une méthode scientifique, une pédagogie, un art de la narration (on comprend un peuple avec ses contes : avec ce qu’il se raconte à lui-même), une ouverture d’esprit, un enregistrement du temps qui passe ici comme partout, des constantes qui demeurent ici comme partout et des changements qui adviennent ici comme partout, une prise de conscience que si l’humanité compte huit milliards d’individus alors chacun des huit milliards est une possibilité de l’humanité, et enfin, par-dessus tout, fondamentalement, l’ethnologie est un exercice de pur accès à la beauté, et si elle n’était pas cela aussi elle ne serait rien de tout le reste.

Une fois la beauté assimilée, et peut-être seulement à ce moment-là puisque le contact avec le monde est d’abord sensible, l’ultime vertu de l’ethnologie est bien sûr politique : l’accès à l’idée même que « d’autres mondes sont possibles » .
Ainsi, nous autres occidentaux baignons tellement dans la société de classes, bien complète de ses rapports de domination et de ses inégalités systémiques, nous encourons le risque calamiteux de croire que cette construction par classes sociales est « normale » voire « naturelle » ; or une salle de l’expo, particulièrement bien conçue, décortique la construction sociale des ethnies du pays Bassari non par classes socio-économiques mais par classes d’âge. Dans certaines d’entre elles, on change de catégorie, et donc de rôle et de fonction sociale, tous les trois ans. Et ça marche ? Ça ne marche pas plus mal que chez nous.

Quand j’étais étudiant je pensais qu’ethnologue était le meilleur métier du monde. Je ne suis pas devenu ethnologue, je suis devenu fainéant, mais cela ne m’empêche pas de lire de l’ethnologie, encore heureux, ce n’est pas parce qu’on n’est pas poète qu’on n’a pas le droit de lire de la poésie.

Je t’en ficherai, des fonds de tiroir !

27/12/2024 Aucun commentaire
Catherine Vautrin, fond de tiroir, enchanté.

Depuis l’annonce, le lundi 23 décembre 2024, du nouveau gouvernement sélectionné à la main par le premier ministre François Bayrou, l’une des expressions récurrentes employées par la presse pour qualifier les impétrants ministres est Fonds de tiroir. J’en prends ombrage. J’en fais une affaire personnel. Je n’ai rien à voir là-dedans. Not in my name.

Le Fond du Tiroir tient à affirmer solennellement n’avoir donné aucune consigne de vote et n’avoir pas été appelé par Matignon. Si cela avait été le cas, il aurait conseillé à Bayrou, par souci d’apaisement, un authentique gouvernement d’union nationale incluant Jean-Pierre Raffarin, Jérôme Cahuzac, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Georges Pompidou, Guy Mollet et Edouard Herriot. Bayrou n’a hélas pas jugé bon de solliciter les conseils du Fond du Tiroir, mais il faut reconnaître avec fair-play qu’il s’en est très bien tiré tout seul, avec un résultat très comparable.

Les journalistes manquent peut-être de vocabulaire ? On pouvait dire, oh ! Dieu ! bien des choses en somme, par exemple, tenez. Le gouvernement que François Bayrou a offert à la France au pied du sapin, remarquable non-événement, aligne les increvables opportunistes, les losers repêchés, les droitards qui font comme si de rien, les fantoches utiles, les ringards retourneurs de chemise, les zombies politiques à la gamelle, non, pardon, je retire ce que je viens de de dire, c’est désobligeant pour les zombies, car les zombies y en a des bien.

Parmi ces éternels de retour, Catherine Vautrin, ex-RPR, ex-UMP, ex-mise en examen (en 2014, en tant que trésorière de l’UMP), ex-LR, actuelle Renaissance, hérite de ce qui est qualifié de « super ministère social » : la voici Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles . Elle était déjà en charge de ce portefeuille fourre-tout en début d’année et avait déjà commencé à nuire en préparant une réforme de l’assurance chômage toujours plus sévère envers les chômeurs.
Entre elle et le « social » l’histoire d’amour est fort ancienne, puisqu’elle fut « Ministre de la cohésion sociale » dès 2005, sous Chirac.

Or d’où vient cette ministre super-sociale ? Elle a suivi une formation de droit des affaires et, avant de se vouer à la politique, a appris la vie à la dure, en tant que cadre, cheffe de produit, directrice du marketing et de la communication pour la branche européenne d’une grande compagnie d’assurance américaine – c’est dire si c’est une pro, et qu’elle a à la fois la fibre nécessaire et les références suffisantes pour incarner le « social » dans le gouvernement Bayrou : nous pouvons être certains qu’il ne se passera absolument rien dans ce domaine, à part peut-être des économies sur le dos des maudits fainéants que sont les assistés sociaux.

Voilà qui m’a donné l’envie de republier au Fond du Tiroir, dans une énième version revue, corrigée et copieusement augmentée, l’enquête au long cours (qui est tout, sauf un fond de tiroir) menée sur ce mot passionnant et insaisissable, cet adjectif qui peut signifier tout et son contraire selon le substantif qu’il qualifie : social.
Que veut dire social, au juste ?

Spéciale dédicace, bon courage et bonne année, à Catherine Vautrin.

Gravitation universelle

27/11/2024 Aucun commentaire

Je préfère ne pas savoir si c’est un indice de ma santé mentale, mais je me suis abonné à la page Facebook « Hydraulic Press Channel ». Dix millions d’autres individus dans le monde, à la santé mentale discutable, ont également souscrit (à titre de comparaison, la page Facebook du Fond du Tiroir compte 248 foloheurs). On n’y peut voir absolument rien d’autre que les objets les plus divers (bibelots, buches, savons, bonbons, ballons, balles de fusil, outils, piles et batteries, bougies, verres, livres, canettes ou autres emballages, aliments variés, pièces de monnaie, et même une fois, une enclume…) se faire écrabouiller par le mouvement inexorable et lent d’une presse hydraulique. Rien vu d’aussi fascinant sur les rézos depuis longtemps. Aucun suspense : juste un mouvement de haut en bas implacable et bizarrement magnifique. Si je ne me surveille pas, je peux rester fasciné pendant des heures devant ce memento mori industriel et archi-conceptuel, cette métaphore du destin, de l’obsolescence, de la colapsologie, de nos propres cerveaux mangés par Facebook, de la fragilité universelle ou de la « fin de toute chose ».
Et vous, ça va, sinon ?

Réaction de Madame la Présidente du Fond du Tiroir :

C’est effectivement un indice de ta santé mentale… et de procrastination ! Alors que tu pourrais plutôt avoir une fascination pour passer le balai ou le chiffon sur la poussière qui revient inexorablement… ça me.fascinerait vraiment !

Tant bien que mal, j’ai tenté d’élever les apparences ou de sauver le débat en citant Simone Weil :

« Tous les mouvements naturels de l’âme sont régis par des lois analogues à celles de la pesanteur matérielle. La grâce seule fait exception. Deux forces règnent sur l’univers : lumière et pesanteur. »
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, 1947

… Mais je n’ai guère fait illusion, tant pis.
Si jamais un scrolleur de passage en vient à lire Simone Weil, ce sera toujours ça de pris.
Tiens, à son attention, j’en remets un peu, juste histoire de rappeler qu’il n’y a pas que des presses hydrauliques, dans la vie.
Extrait du livre de Simon Weil L’Enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, publié en 1949 dans la collection « L’Espoir » dirigée par Albert Camus

Les Français sont affamés de grandeur.
[Parmi les] obstacles [qui] nous séparent d’une forme de civilisation susceptible de valoir quelque chose, notre conception fausse de la grandeur (…) est la tare la plus grave et celle dont nous avons le moins conscience comme d’une tare. Notre conception de la grandeur est celle même qui a inspiré la vie tout entière d’Hitler. […] L’idolâtrie est une armure ; elle empêche la douleur d’entrer dans l’âme. Quoi qu’on inflige à Hitler, cela ne l’empêchera pas de se sentir un être grandiose.
Surtout cela n’empêchera pas, dans vingt, cinquante, cent ou deux cents ans, un petit garçon rêveur et solitaire, allemand ou non, de penser qu’Hitler a été un être grandiose, a eu de bout en bout un destin grandiose, et de désirer de toute son âme un destin semblable. En ce cas, malheur à ses contemporains.
Le seul châtiment capable de punir Hitler et de détourner de son exemple les petits garçons assoiffés de grandeur des siècles à venir, c’est une transformation si totale du sens de la grandeur qu’il en soit exclu.
C’est une chimère, due à l’aveuglement des haines nationales, que de croire qu’on puisse exclure Hitler de la grandeur sans une transformation totale, parmi les hommes d’aujourd’hui, de la conception et du sens de la grandeur. Et pour contribuer à cette transformation, il faut l’avoir accomplie en soi-même. Chacun peut en cet instant même commencer le châtiment d’Hitler dans l’intérieur de sa propre âme, en modifiant la distribution du sentiment de la grandeur. C’est loin d’être facile, car une pression sociale aussi lourde et enveloppante que celle de l’atmosphère s’y oppose. Il faut, pour y parvenir, s’exclure spirituellement de la société.

En 2024, ces réflexions de 1949 sur les notions de force et de grandeur, sur l’hubris et sur le fascisme, sont toujours aussi foudroyantes et ne nécessitent guère de mise à jour. On pourrait éventuellement remplacer le mot « Hitler » par une figure plus contemporaine. Elon Musk ? Poutine ? Un des quelconques dictateurs de notre temps ?

Bloc-notes, comme disait l’autre

06/11/2024 Aucun commentaire

Petits commentaires sur l’actualité, ni tout à fait indispensables ni terriblement palpitants ni foncièrement originaux mais tout de même un petit peu, enfin je trouve, si je peux me permettre :

1 – Et le Goncourt 2024 va à… Houris de Kamel Daoud. Je n’ai pas d’avis sur ce livre que je n’ai pas lu. Mais je fais très grand cas du premier roman de Daoud, Meursault, contre-enquête qui prouvait qu’il est possible d’écrire un grand livre à l’ombre d’un grand livre, et j’ai la plus profonde admiration pour ses intrépides prises de position anti-islamistes qui lui ont valu, quoique moins spectaculairement qu’à Salman Rushdie, une condamnation à mort via fatwa par un imam à la con. Avant le Goncourt, le précédent prix que lui avait remis la France est celui de la laïcité, en 2021.
Ex-islamiste, Daoud est devenu en quelque sorte un fervent islamophobe avec ses déclarations à propos de :

« (…) ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir. (…) Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux : la vie. » (source : Le Monde)

2 – Quincy Jones est mort ! Ah ben alors, ça m’étonne beaucoup, au point que je vérifie sur Wikipedia, on n’est jamais trop prudent. Je croyais qu’il l’était déjà (mort, pas prudent).
En 2018 j’ai vu le documentaire Quincy réalisé par sa fille Rashida Jones, qui le présentait comme un génie, cette info-ci était rigoureusement exacte, et comme moribond, cette info-là était « très exagérée » comme disait Mark Twain. Depuis je m’étais fait à l’idée et voilà que, ah, non, au temps pour moi. Bon, désormais que la nouvelle n’est plus prématurée, on peut avec profit regarder « Quincy » juste pour se souvenir de quel génie c’était. Qu’écouter, tout de suite, en hommage et pour mémoire ? Allez, je choisis Summer in the City.

3 – Arnold « I’ll be back » Schwarzenegger, ex-gouverneur républicain de Californie, est bien vivant (j’ai vérifié sur Wikipedia) et a déclaré : « C’est vrai, je suis républicain, mais je suis américain avant d’être républicain et c’est pourquoi je vote Kamala Harris« . Merde, j’espère que ça ne va pas porter la poisse à Kamala Harris.

4 – Une étudiante iranienne nommée Ahou Daryaei, terriblement courageuse ou suicidaire, s’est assise en sous-vêtements et (pire encore, en matière d’obscénité) en cheveux, au bas d’un escalier et a déambulé à moitié nue sur le parvis de son université, attendant apparemment que les Gardiens de la Révolution viennent la cueillir (l’enlever ? la torturer ? la tuer ?).
Une fois encore, c’est sur le profil d’André Markowicz que je trouve les mots justes pour décrire correctement cet événement hallucinant.
Mais également sur celui de Véronique Stouls, qui a publié une chanson intitulée Épaules nues.
Véronique écrit des chansons, depuis longtemps, mais ces temps-ci elle le fait avec nous, durant les ateliers de création co-animés par Marie Mazille et ma pomme.
Véronique écrit des chansons très marrantes.
Enfin, parfois.
Pas aujourd’hui.
Chapeau bas.

5 – On se le prend, le mur Trump II.
Victoire d’une alliance indestructible : la brutalité, l’argent, le mensonge, le cynisme, le réseautage, l’opportunisme, l’avidité, l’inconscience, le machisme, le climato-scepticisme, la bigoterie de circonstance, le racisme, la vulgarité.
Autant de vertus cardinales pour faire de l’argent ! Et, malheureusement, pour réussir en politique.
Le Fond du Tiroir peut bien rediffuser en hommage électoral son feuilleton consacré à l’histoire littéraire de la fake news, dont le premier épisode était largement squatté par la gigantesque figure de Donald Trump.
Trump avait théorisé la « post-vérité » dès 1987, bien avant de l’imposer en politique, dans son opus magnum Art of the deal : mentir est une méthode marketing ultra-efficace, tout simplement.
Cette nuit de dépouillement, Donald Trump a cessé de dénoncer « des élections truquées » dès le moment de la publication des premiers résultats, lorsque sa victoire était acquise.

Deux illustrations de la victoire de Trump :

– deux figures du mal emblématiques des comics américains (The Joker, Darkseid) manipulent des poupées à l’effigie de Donald Trump, in « Dark Knight: The Golden Child » (Frank Miller/Rafael Grampá, 2020). On remarque que le Joker porte une veste avec un slogan imprimé dans le dos : « J’en ai vraiment rien à foutre, pas vous ?« 

– cette phrase sur le dos du Joker était une citation. La veste originale ornée de ce même slogan était portée par Melania Trump en 2018. Melania Trump qui redevient « première dame » pour quatre ans.

6 – Ce n’est pas pour me vanter, mais je suis désormais donateur de la BNF.
Expérience qui me manquait.
J’ai contribué à une bonne oeuvre : l’acquisition d’une oeuvre exceptionnelle, les originaux de La Bête est morte de Calvo.
(Je suis aussi donneur de sang mais ça, ça fait longtemps, ce n’est pas pour me vanter.)

7 – Paix au Liban ! Et à Gaza, et en Ukraine ! Et à Paul Watson ! Et dans nos coeurs.

De rien

04/11/2024 Aucun commentaire

Le sentiment dépeint par Lewis Trondheim dans cette page m’est profondément familier.

Extrait de « Les petits riens de Lewis Trondheim » tome 9 : Les chemins de désir (Delcourt, 2024)

On peut s’instruire en s’amusant ! Le titre ainsi que l’illustration de couverture du livre me font découvrir une fort belle locution, issue du vocabulaire des urbanistes, que j’ignorais et que j’espère retenir. L’immédiate joie d’apprendre une telle expression compte parmi lesdits « petits riens » qui font que la vie, ou au minimum la journée, mérite d’être vécue.

Une ligne de désir, appelée aussi chemin de désir par les géographes, urbanistes et architectes, est un sentier tracé graduellement par érosion à la suite du passage répété de piétons, cyclistes ou animaux. La présence de lignes de désir (à travers les parcs ou terrains vagues) signale un aménagement urbain inapproprié des passages existants. » (Wikipedia)

Et à propos de petits riens, le Fond du Tiroir se passionne pour un rien et c’est même à ça qu’on le reconnaît.
Là, tiens, par exemple, ce matin je me passionne pour une curiosité linguistique tout-à-fait stupéfiante, qu’il conviendrait peut-être de poser sur la table dans les débats sur le genre, même si je ne sais pas au juste à quoi ce serait utile.

Lorsque le nom générique d’un animal est masculin, le terme désignant sa femelle existe pratiquement toujours :
Le lion a pour femelle la lionne.
Le renard a pour femelle la renarde.
Le dauphin a pour femelle la dauphine.
Le cochon a pour femelle la truie.
Le sanglier a pour femelle la laie.
Le lièvre a pour femelle la hase.
Existent aussi la rate, l’écureuille, l’hérissonne, la paonne, la manchote, la cygnesse, la phoquesse, la bisonne, la corbelle, la perroquette, la zébresse, la ponette, la daine, la rossignole, la crabesse, etc.
(Je n’ai trouvé comme contre-exemple que le hibou qui est sans féminin, célibataire lexicologique, nulle hibolle et on est en droit de le regretter.)

En revanche, lorsque le nom générique d’un animal est féminin, le terme désignant son mâle N’EXISTE PAS ! Ainsi…
Le mâle de la souris est UNE souris mâle.
Le mâle de la tortue est UNE tortue mâle.
Le mâle de la panthère est UNE panthère mâle.
Le mâle de la chouette est UNE chouette mâle.
Le mâle de la baleine est UNE baleine mâle (libérez Paul Watson, au fait).
Le mâle de la hyène est UNE hyène mâle.
Une salamandre mâle, une hulotte mâle, une antilope mâle, une marmotte mâle, une truite mâle, une taupe mâle, une chauve-souris mâle, une otarie mâle, une tourterelle mâle, etc.

Cette distinction grammaticale s’applique jusqu’aux races imaginaires : on parlera de la dragonne mais de la licorne mâle…

Reste le cas, rare et élégant, des épicènes : un aigle/une aigle.

(Illustration ci-dessous : un blaireau et sa blairelle. Le mâle et la femelle sont difficiles à distinguer, madame est seulement un peu plus petite que monsieur. D’ailleurs, sauvegardons les blaireaux, si mal-aimés.)

Léborébu

03/11/2024 Aucun commentaire

Les beaux rébus tout en couleurs du Fond du Tiroir !
Commentaire de madame la Présidente du Fond du Tiroir : « Si quelqu’un trouve la solution de tes rébus, ça voudra seulement dire qu’il est aussi tordu que toi. » Voilà un défi à relever !
Élucide donc celui-ci, pour voir (niveau expert) :

C’est fait ? Alors c’est parti pour la variante (niveau supert-expert) :

Et voici les solutions pour ceux qui sèchent ou qui fainéantent éhontément (c’était pourtant pas sorcier) :

I – La une du CHARLIE Hebdo de cette semaine ; ELLA Fitzgerald en concert, circa 1980 ; CHOCOLAT, biopic réalisé par Roschdy Zem en 2016 avec Omar Sy dans le rôle-titre ; un portrait du dessinateur Jean-Louis TRIPP ; vue sur la Son, rivière indienne et deuxième plus grand affluent du Gange en rive droite, depuis le District d’ARWAL dans l’état du Bihar ; vue sur la DALLE de La Défense (Île-de-France).
Soit : « Charlie et la Chocolaterie, par Roald Dahl » .

II – La une du CHARLIE Hebdo de cette semaine ; ELLA Fitzgerald en concert, circa 1980 ; CHOCOLAT, biopic réalisé par Roschdy Zem en 2016 avec Omar Sy dans le rôle-titre ; représentation de TRIPES humaines tirée de la De Agostini Picture Library ; Luis ARTIME (1939-), footballeur argentin, quatre fois meilleur buteur du championnat argentin (1962, 1963, 1966 & 1967) ; affiche originale du long métrage Big Trouble in Little China (John Carpenter, 1986), distribué en France sous le titre Les Aventures de Jack BURTON dans les griffes du Mandarin avec Kurt Russell dans le rôle-titre.
Soit : « Charlie et la Chocolaterie, par Tim Burton » .

Chat casher, chat halal

13/10/2024 Aucun commentaire
Chambéry, rue Croix d’Or, dimanche 13 octobre 2024 – Photo Laurence Menu

« Même les végétariennes peuvent manger de la chatte. »

Ce slogan m’a fait éclater de rire lorsque je l’ai lu hier sur une pancarte, au-dessus de la tête d’une jeune fille qui défilait fièrement et c’est le cas de le dire.
De passage à Chambéry, je me suis trouvé, sans l’avoir cherché, dans la même rue que la Gay Pride.
Comme j’aime partout la Gay Pride, qui est à la fois une bonne cause et un événement théâtral, joyeux et excentrique, un carnaval plus sympathique que celui d’Halloween, je me suis calé sur le trottoir et sourire aux lèvres j’ai regardé passer le trémoussant cortège. Je me suis trémoussé avec lui.
Et puis soudain j’ai interrompu trémoussement et sourire.
J’ai tendu l’oreille vers des mots scandés un peu plus loin et s’approchant pas à pas au son du tambour : « Soli ! Soli ! Solidarité ! »
Jusque là rien à redire, puisque je me sens parfaitement solidaire avec les LGBT-etc. ainsi qu’avec quiconque réclame qu’on lui foute la paix. Je suis pour qu’on foute la paix aux gens, en général.
Sauf qu’une fois les scandeurs parvenus à mon niveau, j’ai entendu leur revendication jusqu’au bout : « Solidarité avec les Palestiniens ! »
Et j’ai tiqué comme d’une fausse note dans le concert. Cette convergence des luttes m’a semblé suspecte, et ce mot d’ordre beaucoup plus problématique qu’un appel à bouffer la chatte d’une végétarienne. Incongru, par exemple, comme un slogan anti-trump dans une manif anti-nucléaire.
(J’ai surtout l’impression que dans une manif anti-trump comme dans une manif anti-nucléaire, ou une manif anti-séquestration de Paul Watson, anti-disparition des abeilles, anti-limitation de la vitesse sur le périph, anti-nuisances sonores après 22h etc., on trouverait quelqu’un pour scander « Solidarité avec les Palestiniens ! »)

Entendons-nous.
Bien sûr que je suis solidaire avec les Palestiniens et je n’avais pas besoin de la Gay Pride pour le savoir (je ne vais pas me dédire : je viens d’affirmer que je me sentais solidaire avec quiconque réclamait qu’on lui foutât la paix)… Bien sûr que ce qui se passe à Gaza est un cauchemar absolu (quiconque devrait pour s’informer visionner le film Gaza depuis le 7 octobre d’Aymeric Caron, en accès libre chez les Mutins de Pangée)… Bien sûr que Netanyahou est un criminel de guerre et un fou dangereux… Mais quel rapport entre le martyre palestinien et le combat pour la reconnaissance des droits des LGBT ?
Sauf bien sûr si le sens implicite de ce louche slogan était : « Solidarité avec les gays, lesbiennes et trans persécutés et assassinés par le Hamas »… mais je crains que non, pas du tout, ce n’était pas là où ils voulaient en venir. Le sens du slogan était plus basique et mieux partagé : « les Palestiniens sont des braves gens, les Israéliens sont des salauds et peut-être même des Juifs » .

Je sais qu’existent des mouvements nommés « Queers for Palestine » ou « LGBT+ avec les Palestiniens » (groupuscules battus en brèche par d’autres associations LGBT qui les comparent à des dindes qui seraient à fond pour Noël, autre métaphore pas spécialement vegan-friendly – ce sont là des guerres internes, bon courage à vous les gars et les filles) mais pour ma part, vu depuis mon coin de trottoir d’hétéro, ce que j’y entrevois c’est seulement du parasitisme (une lutte profitant d’une brèche pour s’engouffrer dans une autre), de l’entrisme, de la manipulation de militants de bonne foi réduits au rôle d’« Idiots utiles », en fin de compte de la pure confusion, qui n’aidera aucune des deux causes. Peut-être même la confusion, la métonymie de toute la confusion de notre temps.

Pour rappel : le Hamas prône une inflexible sévérité envers l’homosexualité, pour lui « une déviance et une décadence morale », et certains gays palestiniens en viennent à fuir leur terre afin de trouver refuge en Israël (cf. cette affaire sordide de 2022).

Eugénie n’est pas seule

05/10/2024 Aucun commentaire
P. Reboud, M. Mazille, F. Vigne, sur fond de Parc de la Villeneuve l’automne

Assénons d’abord ceci pour dissiper tout malentendu : les stages de création de chansons que j’anime avec Marie Mazille (et parfois avec Patrick Reboud) ne sont pas (allez, ne sont pas uniquement) des prétextes sympas à calembours et à mirlitons, d’effrénées parties de rigolade et de gaudriole, d’aimables et inoffensifs divertissements pour bobos rimailleurs. On y trouve aussi, lorsque le besoin s’en fait sentir, de la tripe et du coeur. De la vache enragée et du drame. Du sang de la sueur des larmes. La rue et les affres. Des hymnes de deuil, de tragédie, ou de soutien au martyre de Gaza (oui, on a eu ça la dernière fois). Puisque les chansons sont aussi faites de ces ingrédients.

Quand faut y aller.

Une fois n’est pas coutume, je présenterai ici une chanson née en stage qui mérite, afin d’être mieux entendue, son petit making-of : Pas seule, par Eugénie MBoyo (à écouter sur Soundcloud).

En accord avec nos propres valeurs aussi bien qu’avec celles des structures qui nous hébergent (Solexine, les Épicéas), Marie et moi essayons, chaque fois que cela est possible, de réserver dans nos stages une inscription gratuite : le « couvert du pauvre » ajouté au banquet, la place offerte au stagiaire solidaire qui, quelles que soient sa misère, sa figure cabossée et sa vie tourmentée, aurait l’envie, comme les autres, de pousser avec nous sa chansonnette. Lui aussi a des choses à chanter, bienvenue. Chacun ses impedimenta, comme dit Anne Sylvestre.

C’est ainsi que cette fois-là nous avons accueilli Eugénie, SDF, congolaise, sans papiers, sans revenus, portant en elle les terribles violences subies dans son pays d’origine (rappelons qu’on n’immigre pas en France pour le pur plaisir du grand remplacement mais parce qu’on est en danger de mort) puis dans les rues françaises.
Très gentille mais très timide, Eugénie ne s’est pas livrée facilement. C’est à force de patience, de pudeur et de méthode pour qu’elle a accepté de nous confier son histoire et d’en faire la matière de sa chanson.

J’avoue avoir ramé la première fois que j’ai travaillé avec elle pour tenter d’élaborer un texte personnel :
Tu as l’habitude de chanter ?
– Oui, je chante Jésus.
– Et aujourd’hui, tu aimerais chanter sur quoi ?
– Sur Jésus.

Je bloque, je me cogne à la clôture de ma zone de confort : a priori je me sens capable d’accompagner à peu près toute sorte de chansons, y compris de confession… mais pas confessionnelles. Nos ateliers sont laïques, entre autres choses. J’ai tenté de faire valoir à Eugénie qu’elle ne pourrait pas, du moins dans ce cadre-ci, consacrer une chanson à Jésus parce que je souhaitais qu’elle consacre sa chanson à elle-même ; Jésus appartient à tout le monde (y compris à moi qui l’admire sans croire une seconde à sa nature divine – nuance que j’ai évidemment gardée pour moi), tandis que nous attendions qu’elle livre plutôt quelque chose qui n’appartient qu’à elle.

Elle m’a alors raconté en détails son histoire.
Et c’était tellement poignant, tellement brutal à chaque étape que j’avais du mal à prendre des notes. J’ai fini par lui demander :
– Mais comment as-tu fait pour tenir pendant tout ce temps, pour ne pas te décourager ?
– J’ai tenu grâce à Jésus.

Sa réponse était tellement franche, rapide et bienveillante, comme si elle énonçait de bonne grâce une évidence à un mal-comprenant, que j’ai admis que, de son point de vue, parler de Jésus, c’était parler d’elle-même. Moi qui suis athée comme un arbre qui aurait poussé dans une chapelle en ruine (c’est-à-dire pas aussi absolument qu’il semble l’être), je respecte néanmoins la foi des autres et je vais même jusqu’à l’admirer lorsqu’elle est à ce point une force vitale.
Il nous restait donc, à elle et moi, à agencer une chanson qui raconte bel et bien l’histoire d’Eugénie, qui n’esquive pas la présence décisive de Jésus à ses côtés tout au long de ses épreuves, mais qui ne cite pas Jésus. Comprenne qui pourra parmi ceux qui l’entendront. Une chanson (un poème, un texte en général) ne doit rien à personne et certainement pas d’être explicite.
Voici le résultat :

Pas seule

Je souffrais trop dans mon pays
J’ai décidé, je suis partie
Je souffrais trop de mon mari
J’ai décidé, je suis partie
Mais je n’étais pas seule

J’ai vécu longtemps dans la rue
Sans soutien, je n’étais pas crue
Lorsque j’étais trop angoissée
Lorsque j’étais abandonnée
Mais je n’étais pas seule

Ce jour où j’étais déboutée
Ce jour où j’étais dégoutée
J’ai tourné les yeux vers le ciel
Un seul ami m’était fidèle
Et je n’étais plus seule

Je cherchais le sommeil en vain
La paix du cœur, l’amour enfin
J’ai demandé que faut-il faire
Je cherchais un conseil, un frère
Et je n’étais plus seule

J’ai regardé ma vie passée
La patience il m’a conseillé
J’ai regardé ma vie future
J’ai l’espérance même si c’est dur

Jamais seule
Jamais seule
Jamais seule
Jamais seule

Ma proposition de texte a semblé lui convenir et j’en étais soulagé (dans ce genre de configuration ma mission la plus délicate consiste à ne pas trahir) pourtant elle l’a mise de côté, sur le moment j’ai même cru qu’elle l’avait jetée. Car elle a préféré se consacrer à une chanson qui la fouaillerait moins douloureusement, et en guise de chanson personnelle, elle a réécrit et adapté une berceuse de chez elle, Un petit bébé, qu’on peut également écouter sur Soundcloud pour juger à quel point cette joyeuse centrifugeuse d’énergie est assez peu susceptible d’endormir qui que ce soit et tant mieux

Je croyais que l’histoire s’arrêterait là… Mais quelques semaine plus tard, lorsque son tour est venu d’entrer en studio pour enregistrer une chanson, Eugénie a ressorti ma feuille de papier. Et elle a eu le cran de chanter Pas seule. Tant mieux, on peut l’écouter, désormais.
Bravo, Eugénie. Grâce à cet enregistrement tu es moins seule que jamais.

Rappel : prochain stage de création de chansons à Solexine les 14-15 décembre 2024.

Madeleine 6128

02/10/2024 Aucun commentaire
À peine trois secondes de recherche sur leboncoin et on tombe sur ce genre de photo en souriant bêtement de tendresse

Cette nuit (en plus de trucs déprimants sur l’Abbé Pierre, Michel Barnier ou Hassan Nasrallah) j’ai lu un article du Monde que j’ai dégusté comme une petite madeleine : l’épopée française de l’ordinateur anglais Amstrad qui célèbre ses quarante ans.

Je me suis parfaitement retrouvé dans les cinq étapes de ce récit qu’il faut bien qualifier de générationnel :

1 – Dans les années 80, un ordinateur à soi (comme n’a pas dit Virginia Woolf) était un fantasme d’émancipation adolescente. Or, puisque le Macintosh d’Apple était dix fois trop cher, puisque le PC d’IBM et son système d’exploitation de Microsoft n’étaient pas encore hégémoniques, puisque les autres bécanes qui circulaient en concurrence (ZX81, Commodore, Atari, Sinclair, Thomson…) ressemblaient plutôt à des calculatrices améliorées… C’était bien l’Amstrad qui faisait rêver les collégiens, le tout-en-un moniteur + clavier + lecteur de cassette (version CPC 464) ou de disquettes trois pouces (version CPC 6128, nec plus ultra).

2 – La grande distribution seule permet de toucher le grand public. L’article du Monde me remémore ce que j’avais complètement oublié : l’importance sociale et démocratique du catalogue de la Redoute, qui avait fait le choix intrépide de consacrer sa quatrième de couverture à l’Amstrad CPC ! Plus précisément, son catalogue automne-hiver paraissant l’été pour préparer les emplettes de noël… Eh oui, c’est bien à la Redoute que ma grand-tante m’a commandé mon Amstrad CPC 6128 (avec la contribution financière de ma mémé et de mes parents, gros investissement collectif) pour m’en faire un cadeau de noël !

3 – Une fois l’objet acquis et exploré seul dans sa chambre, la socialisation (la reconnaissance mutuelle) se structurait au-dehors, à la fois dans la cour de récré (on échangeait les disquettes), par voie postale, et par la presse en kiosque qui en ce temps-là créait des communautés : ah, le journal Hebdogiciel, son mauvais esprit et ses dessins de Carali ! Ah, les concours de « deulignes » ! Je retrouvais là l’esprit du fanzinat et du DIY qui m’attirait aussi dans d’autres branches de la culture underground, la bande dessinée ou la musique. « Emulation, collaboration, autogestion » dit Le Monde… Et piraterie : la joie de (cr)hacker, de faire des copies y compris de logiciels prétendument incopiables fait partie de la scène.
Il existait aussi des rassemblements de fans (de nerds ? de geeks ? le vocabulaire aussi était en train de s’inventer), des festivals, ce genre de choses, je savais que ça existait mais je ne faisais pas à ce point partie du milieu.

4 – Mettre la main à la pâte. La micro-informatique n’était pas que pure consommation de jeu, loin de là. La passion était aussi de comprendre et de faire. On apprenait à coder, on passait des heures (et des nuits) à programmer, à recopier des pages de codes incompréhensibles reproduites dans la presse (quelle folie, quand on y pense – mais aujourd’hui on clique sans rien déchiffrer de ce qui se passe réellement sous nos doigts, cette folie-là est peut-être plus grande encore) et même, enfin, à inventer ses propres programmes. Quant à moi, mon chef d’oeuvre a été un jeu de rôle de type « livre dont vous êtes le héros » que j’ai programmé de A à Z intitulé La boucle infernale. J’avais notamment, en plus de l’architecture du jeu, consacré un temps démentiel à comprendre comment coder de la musique pour qu’une fois le jeu terminé le joueur soit récompensé par une version midi infâme du Solfeggietto de CPE Bach… Des semaines de boulot : chaque note de chaque accord = une ligne de code et douze occasions de faire une faute de frappe. Je réalise aujourd’hui que la maniaquerie obsessionnelle que j’ai éprouvée à cette époque était le prototype de ce que j’allais vivre plus tard, à chaque fois que j’ai entrepris d’écrire un roman.

5 – Les plus tenaces usagers de l’Amstrad, dont je ne ne suis pas, sont devenus informaticiens… C’était, alors, un métier d’avenir… Et les Français, dont en revanche je suis bon gré mal gré, ont ancré l’habitude d’avoir un ordinateur à la maison.

Triangle d’or

25/09/2024 un commentaire

Aujourd’hui au Fond du Tiroir, dans la série La publicité c’est de la merde :

J’attends le bus.
Comme il n’arrive pas, mon regard se détourne et divague ailleurs que sur la chaussée ou dans le caniveau. Je me laisse piéger dans la publicité sous vitre, plus grande que moi, à l’intérieur de l’abri.
Un visage de femme marqué d’un triangle d’or, pointe en bas, haut de près d’un mètre de hauteur, me regarde dans les yeux. Le visage de la géante est posé, sûr de lui, quoiqu’un peu défraîchi, ridé, et on distingue même un léger duvet au-dessus des lèvres discrètement peintes en rose. Et ce triangle jaune comme un tatouage tribal.
Le slogan :

Avec la crème anti-âge, resculptez en un mois votre triangle de jeunesse !

Je vois parfaitement clair dans leur jeu.
J’ai compris ce qu’étaient ce triangle et ces lèvres poilues. Il s’agit évidemment d’une publicité pour une opération promettant la restauration de la virginité, en un mois seulement.
Je pense à Hitchcock, qui parlait de certaine catégorie d’actrices portant leur sexe sur le visage.
Je pense aussi au film Emmanuelle d’Audrey Diwan qui sort aujourd’hui même, je me demande si j’ai vraiment envie de le voir, sans doute que oui puisque Noémie Merlant est ma préférée actrice.
Je me souviens qu’Emmanuelle, plus gros succès en salle de 1974 (loin devant Céline et Julie vont en bateau de Rivette, qui plaida au moins aussi fort pour l’émancipation des femmes) possédait DÉJÀ une suite : dès 1975, forcément, était tourné Emmanuelle l’antivierge (de même que dès 1960, un an après la publication du premier roman, l’autrice Emmanuelle Arsan utilisa ce titre-là pour un tome deux).
Je me demande si Sylvia Kristel utilisait une crème anti-âge.
Enfin mon bus arrive.