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Aménagement du territoire

08/03/2013 Aucun commentaire

(L’aimable illustration ci-dessus est sans lien avec ce qui suit. C’est juste qu’entre temps le 8 mars nous tombe dessus, et que je souhaite contribuer, ne serait-ce que d’un geste, à la Journée de la femme.)

Madame, monsieur, chers administrés.

C’est dans un contexte de crise partout-partout, tel qu’il touche aujourd’hui chacune et chacun, qu’il nous revient d’aller de l’avant avec détermination. Aussi, dans le cadre d’un partenariat programmé de territorialisation des axes prioritaires, favorisant la mise en valeur des talents et aspirations légitimes des populations rurales, et du projet innovant de démocratisation participative doublé du développement citoyen, impactant fortement le réseau social riche de ses différences en dépit d’implications accusant de fortes disparités régionales, MAIS, naturellement, sans la moindre langue de bois, que le Fond du tiroir s’est brusquement souvenu qu’il habitait quelque part. Il a donc décidé qu’il s’ancrerait dans la proximité, et qu’il tiendrait stand lors de la prochaine fête de son village, dite Foire aux escargots, le samedi 16 mars prochain.

Charabia de côté, la perspective est plaisante : un stand juste à côté de chez moi. Comme si je changeais seulement de pièce. J’irai à pied, tiens, empreinte carbone zéro, simplement muni de ma valise à roulettes chargée de livres. J’espère qu’il fera beau. Je siffloterai sur le chemin, transportant, pieds ailés, le fruit de mon petit artisanat. J’aurai aussi fière allure que, je ne sais pas, mettons, me vient une autre image épique et poétique de l’aménagement du territoire culturel, un bibliothécaire dans une pirogue.

D’après le programme, je ferai stand commun avec Stéphane Girel, illustrateur invité par la bibliothèque. Je ne connais point l’homme, mais j’apprécie de longue date les livres, notamment ceux qu’il a faits avec Rascal.

Et dans le même mouvement, pour mieux faire connaissance avec les autochtones, le journal local intitulé Le Bruyant m’a commandé un petit texte de présentation de la singulière association loi-1901 sise sur la commune, Le Fond du tiroir, et de ses activités. J’ai écrit ceci, qui ne devrait être pour vous qu’un résumé des épisodes précédents :

J’ai publié mon premier livre en 2003 (TS, éditions l’Ampoule).
Ont suivi quelques autres titres ici et là (Jean Premier le Posthume ed. Magnier 2005, Voulez-vous effacer/archiver ces messages ed. Castells 2006…).
Le tournant a été Les Giètes (ed. Magnier, 2007), photoroman écrit à partir de photos d’Anne Rehbinder, qui a connu un certain retentissement. Il a reçu le prix Rhône-Alpes du livre jeunesse 2008, et cette reconnaissance a eu au moins deux conséquences : primo les projecteurs braqués sur mon roman m’ont donné envie de le faire vivre autrement, et je me suis lancé dans le spectacle vivant, avec un ami musicien, Christophe Sacchettini. Depuis tantôt cinq ans nous tournons le spectacle adapté du roman, et je me suis entre temps diversifié en donnant des lectures, musicales ou non, de divers autres de mes textes.
Secundo, le fameux Prix Rhône-Alpes du livre était doté d’une forte somme, que j’ai décidé d’engloutir en 2008 dans la création d’une maison d’édition associative, au sein de laquelle je publierais ce que bon me semble, comme bon me semble. Depuis, ce terrain de jeu nommé Le Fond du tiroir et doublé d’un blog du même nom, est presque devenu mon unique éditeur (dix titres actuellement au catalogue, soit deux parutions par an).
Même si le Fond du tiroir est un projet très personnel avant tout destiné à donner forme à mes propres textes, il est loin d’être autiste : il est avant tout un lieu de rencontres où je m’épanouis dans le jeu et la collaboration avec diverses personnalités choisies, qu’elles soient poète et éditeur (Hervé Bougel), photographe et graphiste (Patrick Villecourt), dessinateur de bande dessinée (Philippe Coudray), artiste-graveuse (Marilyne Mangione), ou illustrateur tout-terrain (Jean-Pierre Blanpain, pour les deux derniers livres parus en 2012 : « Double tranchant » et « Lonesome George »).
Mon projet en cours : un roman d’épouvante intitulé Vironsussi qui est aussi un spectacle, réalisé en compagnie du musicien Olivier Destéphany et du dessinateur Romain Sénéchal.

Dans ta face

04/06/2010 2 commentaires

Jean-Pierre Blanpain appelle ça « Fesse Book ».

Hervé Bougel, « Face de bouc ».

Jean-Christophe Menu, « Fessbollocks ».

Tant de spirituels sarcasmes n’auront pas empêché cette triplette de distingués gentlemen d’ouvrir, comme un Français sur trois, leurs pages respectives sur ledit « réseau social ».

Quant à moi, non. Ainsi que de multiples autres aspects de la vie contemporaine, Facebook, ce lupanar 2.0, me fascine, mais ne m’attire pas le moins du monde. Je ne vois pas pourquoi j’irai recompter mes 400 « amis », moi qui n’ai jamais eu qu’un ou deux amis à la fois, et encore, dans les bonnes périodes. Rien à faire, je ne brûle pas d’impatience de savoir que mon « ami » Jean-Paul s’est rendu aujourd’hui chez le dentiste ouyouyouye ça fait supermal lol, pendant que mon « ami » Jean-Jacques (celui qui m’a offert le cadeau « poulet en caoutchouc ») m’invitait à faire un jeu en ligne trop sympa pour savoir lequel des sept nains je suis et avec quelle présentatrice météo je ferais le plus beau couple lol, alors même que mon « ami » Jean-Luc a offert un CD à sa maman pour la fête des mères mais qu’elle l’avait déjà lol, au moment précis où mon « ami » Jean-Pierre kiffait trop le dernier clip de Lady Gaga lol (qu’est-ce qu’il est jeune, ce Jean-Pierre), et où mon « ami » Jean-Fabrice a chialé comme une midinette en matant une vidéo sur Youtube lol, mais bon sang avec tout ça que devient mon « ami » Jean-Jean ? Je suis très inquiet, je n’ai plus de nouvelles de lui depuis au moins six heures. J’espère qu’il n’a pas oublié de prendre ses cachets, qu’il n’est pas retombé dans sa dépression et qu’il n’a pas sauté par la fenêtre. Lol !

Je ne suis pas de mon temps. On va encore me traiter de misanthrope. (Alors que pas du tout : je reconnais que, potentiellement, Facebook est aussi un outil de mobilisation extraordinaire, comme l’a montré Thierry Lenain dans l’affaire Guillherme, par exemple).

Bref, l’ultramoderne présidente du Fond du Tiroir, elle, y est, sur la plateforme mondiale des voyeurs exhibitionnistes minute par minute. Et elle a fait mieux que de s’ouvrir une page Facebook : elle a fondé un « Groupe Le Fond du tiroir ». Pour orner cette vitrine communautaire (?), elle a publié un scoop, comme subtilisé par un paparazzi : la première photo officielle du vrai Tiroir éponyme (cf. l’entête du présent article). Vous pouvez entrer et voir de quoi il retourne si cela vous amuse. Je suppose que madame la prèz tiendra à jour. Moi, j’ai le blog, cela me suffit.

Tant que vous y serez, il y a aussi le groupe « Starsky et Hutch Memorial Orchestra ». Et puis aussi sa page Myspace, sur lequel au moins on peut écouter de la musique.

(La suite, et la fin, parce que tout de même il y a des sujets plus intéressants, on ne va pas y passer huit jours, de mes considérations sur Facebook : ici.)

Ouf.

31/12/2009 un commentaire

I'm on my way

L’année du Flux se parachève avec et sans nous. L’élégant marque-page conçu par Patrick « Factotum » Villecourt pour orner ce libretto se périme simultanément, tant pis, il est là, il demeure, élégant pour toujours.

Un bilan du vieil an 9 ?
– Trois livres publiés (deux au FdT et un
nulle part, mais très beau tout de même),
– 50 articles postés sur le blog,
– des commentaires de visiteurs à la pelle (davantage lorsque je cause politique que lorsque je cause littérature, tant mieux ? tant pis ?),
– deux ou trois cuisantes polémiques,
– une bonne douzaine de représentations des Giètes pour mon registre « intermittent sans cachet »,
– de la fécondité et de la stérilité par intermittence,
– l’asso FDT
créée en bon et due forme,
– quelques bonnes rencontres,
– quelques beaux voyages, dont un à Copenhague au mois d’août avant tout le monde, quand on avait espoir qu’il s’y passe quelque chose en décembre,
– des demi-nuits d’insomnie passées à faire des réussites débiles, ou à regarder sur Youtube des trucs comme ci ou comme ça, non mais je vous demande un peu,
– des citations dans ma besace (la palme de la phrase qui condense au mieux l’année 2009 revient à Hugo Chavez : « Si le climat était une banque, vous l’auriez déjà sauvé »),
– des joies,
– des frustrations,
– la grippa,
– une crise (partout-partout) aigüe d’eczéma,
– des « nouveautés » et leur contraire (c’est quoi, le contraire de la nouveauté ? c’est un truc qui disparaît discrètement – exemple :
Zazieweb, le seul site littéraire coopératif qui recensait le Fond du tiroir dans son annuaire de petits éditeurs, et qu’on a le droit de regretter pour mille autre raisons),
– des lectures, des écritures, du pain sur la planche, la vie.

De feu 2009, retenons aussi un film souvenir : la « géniale » fête du livre de Villeurbanne a mis en ligne un clip de poétique autopromotion où l’on m’entend me fendre d’un petit compliment. Une caméra se baladait dans le salon, qui demandait à chaque stand « Si vous deviez définir la Fête de Villeurbanne en un seul mot, ce serait ?… » J’ai improvisé une gentillesse paradoxale, j’ai fait le malin, et cela a eu l’heur de plaire au monteur de ce film, puisque ma contribution est finalement la seule reproduite in extenso.

Et demain ? L’an qui vient ?

La Mèche sera peut-être le prochain livre publié par le FdT. Entre temps un autre livre sera rapatrié dans le tiroir…

Les démêlés judiciaires avec l’éditeur initial de deux de mes ouvrages, Castells, sont récemment parvenues à un tournant, qui permet au FdT d’envisager en toute sérénité l’édition de la version revue et corrigée, définitive, de La Mèche – du moins, dès que les phynances le permettront. Je ne vais pas vous déballer comme ça aussi sec le bilan financier (vous n’êtes pas adhérent de l’association, que je sache), mais sachez qu’une certaine somme dort sur le compte de l’asso, et que nous visons au moins le double avant d’entreprendre une production (et une distribution ?) correctes de la Mèche. Mais dans l’intervalle, une autre source ponctuelle de revenus pourrait surgir : Castells a rendu les droits non seulement sur la Mèche, mais aussi sur mon recueil de nouvelles, Voulez-vous effacer/archiver ces messages. Il existe quelque part un stock d’invendus de ce livre introuvable, quelques 400 volumes. Si je parviens (à quel prix ? on verra…) à mettre la main sur ce trésor, j’en ferai don illico à l’association, et ainsi ce recueil deviendra le cinquième livre du catalogue. Ce retour au bercail serait non seulement très heureux, puisqu’il rendrait cette œuvre de jeunesse (que je suis loin de renier, oh câlibouère, bien loin) à nouveau disponible, mais également tout-à-fait cohérent : cet ouvrage a beau avoir été conçu pour le compte des défuntes éditions Castells, il n’en constitue pas moins la première collaboration entre le précité Factotum et moi-même. Il s’agit donc, en quelque sorte, d’un livre « pré-FdT » sans lequel les suivants n’eussent tout bonnement pas existé.

Parfois, l’on me demande « Alors, tu sors bientôt un livre ? », et je réponds tant bien que mal, « Ben, regarde, je viens de faire quatre livres en un an, là, au Fond du tiroir… », mais l’argument semble irrecevable lorsque l’on s’intéresse, fort aimablement du reste, davantage à ce que je « sors » qu’à ce que je « fais », et l’on me rétorque, « Non, mais des VRAIS livres, je veux dire ? » Ah, oui, d’accord, ces livres-là…

Au chapitre du « vrai », doit-on attendre une publication sous mon nom en 2010 ? Oui, j’espère bien. Je viens de terminer (d’où le titre du présent article – presque « ouf » à dire vrai, puisque quelques bricoles restent à fignoler) un roman dont la conception aura été ridiculement longue, presque trois ans pour en venir à bout, des allers et retours incessants entre certaines idées qui me chatouillent et des agencements romanesques d’autant plus laborieux que je les veux impeccablement fluides. Bref, ce roman, cette séquelle, pourrait paraître chez Magnier l’an qui vient – si tout va bien, c’est-à-dire si Magnier en veut, car la question n’est pas absolument réglée. Je crois que ce bouquin sera très bien, même avec son gros défaut : deux ans de retard.

Allez, l’histoire avance, avec, et sans nous. « I’m on my way ! »

Je me souviens du film Dick Tracy de Warren Beatty, kitsch et clignotant comme un sapin de noël. Je me souviens d’une interview de Beatty, à qui un journaliste demandait quelle mouche l’avait piqué, pourquoi diable un type aussi sérieux que lui, acteur respecté, auteur capable de Dix jours qui ébranlèrent le monde, mais pourquoi donc le prestigieux Warren Beatty s’était-il entiché de cet héroïsme régressif de comic strip, de ce défenseur de la loi au premier degré pop, de cet archétype infantile en imper jaune ? Pourquoi ne sortait-il pas de vrais films, plutôt ? Beatty avait répondu un truc du style : « Poser un chapeau sur ma tête, enfiler un imper, regarder ma montre, m’exclamer I’m on my way !, et partir en courant à l’aventure, figurez-vous que ça m’excite. » Je cite de mémoire, mais j’ai parfaitement retenu l’esprit de cette explication alors que j’ai pour l’essentiel oublié le film lui-même.

I’m on my way, c’est suffisant, c’est optimiste tout de même, c’est énergique, c’est juvénile, c’est disponible, c’est solaire comme un ciré, c’est fort judicieusement naïf, c’est parfait, en guise de vœux pour un nouvel an.

Séquelle

28/08/2009 un commentaire

(oui, je sais, c'est la seconde fois que je publie cette image)

Révolution de coulisse : le Fond du Tiroir a désormais son compte en banque – au Crédit Mutuel, seul établissement bancaire, semble-t-il, qui manifeste  encore un certain soutien (et non un simple intérêt) à l’activité économique des associations, en leur accordant un compte courant sans le moindre frais de gestion.

Le bon de commande de nos précieux ouvrages a donc été dûment retouché, afin d’enjoindre le client-roi à libeller son chèque à l’attention du FdT, au lieu de mentionner le citoyen Fabrice Vigne, ce qui épargnera peut-être à celui-ci quelque tracasserie fiscale.

Un compte en banque, presque vide, hélas. Pas de quoi mettre en branle le grand projet d’automne du FdT, dont je vous entretiendrai prochainement.

Mais, bah ! L’argent ? Qu’est-ce que l’argent ? Surtout en période de crise (partout-partout) ? Quelle surnaturelle calculette dira la valeur des livres ? Le livre le plus cheap du FdT, trois euros, soit environ trois fois rien, le plus bref aussi, douze pages emballées-c’est-pesé, est peut-être bien son plus profond.

Je repense souvent à ce Flux, et je me demande ce que j’ai fait là. Chaque fois que je regarde ma fille, et que je comprends que la voir grandir est la seule consolation possible quand, simultanément, je me vois vieillir. Je la vois vivre, je me vois mourir, nous nous embrassons, et j’écrase une larme, oui, je l’écrase celle-là, bien fait pour sa gueule. Voilà tout ce qu’il ne dit pas, mais ce qu’il contient, ce « livre » infime à trois euros. Alors, l’argent, hein…

Et pendant ce temps ? Pendant que le Flux nous emporte ?

Eh bien, pendant ce temps, j’écris, figurez-vous. Me voici jusqu’au cou dans Jean II le bon, séquelle, suite naturelle (comme on dit d’un enfant) de Jean Ier le Posthume, roman historique. J’ai commencé ce livre il y a plus de deux ans, puis je l’ai mis de côté parce que, comme on sait, à un moment donné j’ai jugé bon de me consacrer à l’exploration de mes tiroirs. Cet été je me suis replongé dans l’Histoire et dans mon histoiriette, je me suis remis, pour la première fois depuis lurette, à travailler chaque jour sur un même roman, et ça marche, je m’amuse. Vous en voulez un extrait ? Bon, très bien, parce que c’est vous. Un extrait pittoresque, distrayante saillie, guise de bande annonce, scène de comédie parce-qu’il-n’y-a-pas-que-les-larmes-écrasées-dans-la-vie… mais qui ne trahira rien de l’intrigue réelle du livre. Éh, oh, je n’aime pas qu’on lise par-dessus mon épaule. À plus tard…


STAN – Souvenez-vous ! Nous avions laissé pour mort Jean Ier le Posthume à l’âge de cinq jours… Il est mort, quel suspense ! Que va-t-il lui arriver ? Le destin est en marche : en secret, le bébé avait été échangé avec Giannino Baglione, le fils de sa nourrice italienne… C’est l’Italien qui est mort à cinq jours sur le trône, tandis que le véritable monarque de France est exilé, à l’insu de tout le monde, y compris de lui-même, en Italie… Quarante ans plus tard, pendant que le roi de France en titre, Jean II le Bon, fait tranquille pépère la guerre contre les Anglais, le Giannino apprend qu’il est en fait l’héritier légitime du royaume de France ! Il lève une armée et fonce à Paris… Mais c’est la déroute ! Le cachot et les désillusions ! En prison, Giannino écrit un mémorandum dans lequel il estime son propre prix, que l’on peut réclamer au roi de France Jean II : 100 000 florins d’or s’il est vivant, 500 florins s’il est mort. Quelques pages plus loin, moins vantard, il propose 50 florins…
Toujours est-il qu’en 1362, Jean II envoie un ambassadeur à Naples. L’ambassadeur visite la prison de la Vicaria. Il s’entretient longuement avec le prisonnier pour préparer son transfert… Mais l’affaire ne se fera pas pour cause de décès soudain de Giannino… Tiens tiens ! Comme c’est commode ! QUI l’a assassiné, et pourquoi ?
J’en suis là de l’enquête… Sept cents ans que l’énigme perdure… Eh bien, les gars, là où les historiens capotent, commence le travail de l’imagination. Gianinno n’est pas mort du tout dans son cachot mais en héros, sur le champ de bataille, l’arme au poing… Je verrais bien un duel au sommet, le clou de notre film ! Jean II himself contre Giannino-qui-se-prétend-Jean-Ier ! À l’aube, ou plutôt, non, tiens, au crépuscule, quand les ombres s’allongent… Chacun des deux apparaît sur la crête d’une colline, et toise son rival… Puis ils se mettent à crier, tous les deux, chacun tentant de couvrir la voix de l’autre, « Je suis le seul vrai roi de France ! Usurpateur ! Salaud ! Ordure ! Je vais te faire la peau ! » Et là, ils dégainent leurs épées, ils courent dans la lumière du soir et la poussière, c’est le grand fracas des lames et des armures ! Moment de vérité ! Jugement de Dieu ! Un seul roi de France et de Navarre restera ! Au corps à corps Jean II prend l’avantage, parce qu’il est mieux entraîné, on mange mieux à la cour que dans un cachot, et alors… Stupeur ! Impitoyablement il tranche la main de son adversaire ! Giannino est à terre, diminué, en sueur, en larmes… En état de recevoir le coup de théâtre en même temps que le coup de grâce, le secret qui explique tout, la terrible vérité cachée depuis une génération : Jean II relève la visière de son heaume et il prononce ces mots, lentement, en contre-plongée : « Je suis ton père ». Explosion de désespoir de Giannino, qui hurle « Nooooooooooooon ! »
Qu’est-ce que vous en dites ?


ARTHUR– Extraordinaire.

ELSA – Éculé.

STAN – Hé, un peu de respect, oui ?

ELSA – Éculé ! On a déjà vu ça au cinéma.
En outre, historiquement, ce n’est plus de la libre interprétation, c’est juste n’importe quoi : Jean II et Giannino n’ont que quatre ans d’écart ! L’âge d’être frères peut-être, mais pas père et fils… Et pourquoi diable Jean II serait le père de Giannino ? Rien à voir ! On n’y comprendrait plus rien, ni à l’histoire de l’un, ni à celle de l’autre !

STAN – Pourquoi ? Ben, parce que ça fait une excellente scène, tiens !

ELSA (se rallumant une cigarette) – D’accord… Ce n’est pas avec tes élucubrations que je vais changer d’avis. Écrire une suite au Posthume, c’était forcément une mauvaise idée.

Le Fond du tiroir, deuxième époque

02/06/2009 un commentaire

tiroir sans fond (merci Cécile)

J’annonce un tournant dans l’histoire.

La première époque du Fond du tiroir est désormais close. Pour mémoire, elle aura duré un an et 5000 euros. Rappel de l’origine : une somme de 5000 euros m’échoit par surprise grâce à l’un de mes livres ; je décide d’engloutir la somme dans la conception d’autres livres, en un geste joyeux de flambante et flamboyante liberté. Mission accomplie : un an de consumation plus tard, mon bilan comptable établit grossièrement que les quatre ouvrages publiés par le FdT (toujours en vente), à savoir l’auto-crypto-portrait nocturne ; la carte de vœux tout-en-un/faire-part de naissance/avis de décès ; l’abécédaire en authentiques couleurs charnelles ; et le reportage viscéral en plein non-lieu, m’auront côuté quelques 8000 euros, et rapporté 3000. La cagnotte dépensée, passons à autre chose.

La seconde époque s’ouvre aujourd’hui. Les statuts de l’association loi 1901 « Le fond du tiroir » ont été déposés à la préfecture la semaine dernière. La présidente de l’association est Laurence Menu (merci beaucoup madame la présidente – vous pouvez en cas de besoin lui écrire à l’adresse presidente(arobase)fonddutiroir.com) ; le secrétaire en est Laurent Vigne (tiens ? ce nom me dit quelque chose) ; et la trésorière Sylvie Villecourt (tiens ? celui-ci aussi).

Dès que l’association aura son compte en banque, nous pourrons déclarer ouvertes les adhésions. Mais oui, mesdames et messieurs, vous pourrez adhérer au Fond du tiroir, pour la somme dérisoire de 5 euros. À quoi bon ? Eh bien, l’adhésion vous procurera, outre la superbe carte de membre en relief confectionnée par l’habile factotum de la maison, outre les 5% de remise que l’on vous offrira désormais gracieusement sur les ouvrages du FdT (non, vraiment, je ne peux pas faire davantage, la loi Lang, vous comprenez, et puis la crise, partout-partout), vous en tirerez l’inappréciable satisfaction de soutenir cette jeune structure de création et d’encourager ses prochaines publications.

Quant à moi, je confie à l’association les stocks de livres, et je me retire. Je vais travailler un peu.

Je m’en vais, donc, sans annoncer de date de retour. Les interventions sur le blog seront rares dans les mois qui viennent. Je sais, j’ai déjà fait mes adieux plusieurs fois ici, pas la peine de me chambrer, hein ! J’ai le droit de m’en aller ET le droit de me contredire si jamais je reviens dans trois jours. Je vous f’rai dire que « Parmi l’énumération nombreuse des droits de l’homme que la sagesse du XIXe siècle recommence si souvent et si complaisamment, deux assez importants ont été oubliés, qui sont le droit de se contredire et le droit de s’en aller. » (Charles Baudelaire, Préface à sa traduction des Histoires extraordinaires de Poe.)

Un peu d’accordéon avant de nous quitter : connaissez-vous Chamboultou ? Ce n’est pas que le titre d’un album des Têtes raides, c’est aussi le nom d’un petit groupe de « punk champêtre » disent-ils, en Normandie, un peu comme les Glaviots dans une chanson des Wampas… Ils ont commis une jolie chanson au titre évocateur, très écoutable ci-dessous :

Miaou

16/03/2009 un commentaire

Namedropping

Le grand jeu, mesdames et messieurs : je dégaine ci-dessus la dédicace que m’a offerte Philippe Geluck. Regardez : il a même écrit « amitiés », mot rarissime dans les rituels de dédicace, comme chacun le sait !

Je peux donc tenter de vous faire croire que Geluck, c’est mon pote, que lui et moi entretenons une relation privilégiée, une complicité de longue date, faite de respect mutuel et d’inoubliables fous rires (ah, il est super sympa, si vous saviez), et qu’il m’encourage sans cesse à persévérer au Fond du Tiroir, « si je peux te faire un petit dessin pour ton blog, c’est avec plaisir ».

Tout ceci n’est absolument pas vrai. En revanche, comme tout le monde, j’aime bien le Chat de Geluck, son humour charmeur, malin (qui donne l’impression d’être intelligent parce qu’on a saisi la finesse), et consensuel. Si je l’appelle à comparaître aujourd’hui, c’est pour me faire chat moi-même. Je veux me montrer charmeur, malin et consensuel, parce que j’ai un truc à vous demander.

Voilà : il est plus que temps que je régularise la situation du FdT, et que je le dote d’un vrai statut. D’abord, parce que le flou fiscal finit par être embêtant, et le retour de bâton serait pénible ; ensuite, parce que je m’achemine, à moyen terme disons, vers l’édition d’un livre qui, contrairement à mes expériences underground antérieures, mériterait une distribution digne de ce nom – qui nécessiterait, si jamais on arrive jusque là, une véritable identité pour ma petite entreprise (si j’ose employer ces trois mots, un jour de deuil).

L’identité la plus raisonnable pour le FdT serait l’association loi 1901. Avec des statuts déposés, un président, un secrétaire, un trésorier – même si ces rôles ne sont pas indispensables. Or, moi, je n’ai guère envie de m’occuper de ces démarches qui me semblent un peu fastidieuses. Pour la faire courte, j’ai envie d’écrire des livres, pas des statuts.  (et si je voulais la faire longue, j’ajouterais que symboliquement ET materiellement, c’est bon d’être épaulé.) Quelqu’un se sent de prendre en charge l’affaire, dans la salle ? J’en appelle aux bonnes volontés ! « Faites comme le Chat de Geluck : soutenez le Fond du Tiroir ! »