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À dossier de presse, presse de dossier

Trois ans après sa première, le spectacle musical adapté des Giètes vit toujours, pour la grande surprise et grande joie des deux duettistes, Christophe Sacchettini et moi-même. Des enseignants ou bibliothécaires ou organisateurs de spectacles nous le réclament de ci-de là, et comme nous espérons qu’il nous le réclameront encore, il était temps de nous fendre d’un petit dossier de présentation, à la fois cahier des charges techniques et dossier de presse, téléchargeable ici même. Il paraît que ça se fait, dans le milieu du spectacle vivant. Mais il paraît que ça ne se fait pas tout à fait ainsi, que j’ai été trop long, un chouïa « trop littéraire »… Baste ! C’est bien de littérature qu’il s’agit ! Zarma-jarnicoton ! (oui, j’aime les jurons composés.)

Également au registre « relations de presse », j’ai été récemment contacté par un journaliste du magazine grenoblois, gratuit et en ligne Gre-News (qui incidemment vient de changer de nom, et s’appelle désormais, pour plus de clarté, Gre-City-Urban-Metro-Local-Agglo-Zentrum-Public-Urban-Cheflieudkanton-News ou quelque chose d’approchant). Cet organe prépare un dossier sur « les Isérois qui écrivent », ma foi pourquoi pas, et m’a adressé un petit questionnaire. J’ai répondu de mon mieux mais hélas, ziva-ventrebleu ! il est à craindre que je me sois montré, dans mes réponses, à nouveau « trop long et trop littéraire ». Comme j’ignore comment ce journal pressé pour gens pressés va condenser mes propos, j’en refourgue ci-dessous l’intégralité. Fuck-saperlipopette !

Comment  et quand a débuté votre histoire avec les mots, quels  sont vos  premiers souvenirs d’histoires que vous avez imaginées  ?
Je crois que j’ai découvert très tôt, avant dix ans, qu’on n’exprimait pas la même chose en parlant et en écrivant. Étant peu bavard de nature, j’ai compris que l’écriture était une excellente façon, idéale pour moi, de réfléchir, et d’inventer. Je ne sais plus ce qui est venu en premier, inventer ou réfléchir, mais il me semble que c’était un peu pareil. Je me souviens qu’en CE1 ou CE2, un instit nous donnait comme devoir à la maison d’écrire des phrases avec des mots que nous venions d’apprendre. J’ai pris cela pour une contrainte oulipienne (je n’avais jamais entendu parler de l’Oulipo, bien sûr), et avec le mot du jour je construisais jour après jour un feuilleton compliqué dont les héros récurrents étaient « M. X et Bruno l’asticot ». Je suppose que c’est là « les premières histoires que j’ai imaginées ».

A  quel moment vous êtes-vous dit « Je me lance: je veux  partager ça avec  les gens » ?
Bonne question. Le désir d’écrire est, en effet, distinct du désir de publier. J’aurais pu me contenter du premier, la beauté du geste, la fin en soi. À quoi bon publier ? Je vois deux motivations principales : le pur et simple narcissisme (voir son nom imprimé, ça fait plaisir, on tient une preuve qu’on existe), et l’envie de rembourser ce que l’on a reçu. On écrit parce qu’on a lu (j’énonce là une banalité). Les livres des autres m’ayant marqué à vie, publier à mon tour, faire partie de ce monde de l’imprimé, était comme une reconnaissance de dette, ou un passage de flambeau.

Quelle a été la réaction de votre entourage  ?
Personne dans mon entourage n’était au courant que mon premier livre existait avant de l’avoir entre les mains. Je leur ai fait la surprise. Les réactions ont été très diverses. Ma mère ne m’a plus adressé la parole pendant six mois. Tant pis. On n’écrit pas pour faire plaisir à sa famille. Il y faut des motivations plus solides.

Rétrospectivement, quel regard portez-vous sur cette aventure  que fut la rédaction de votre premier roman ?
Je me rappelle cette période d’écriture comme d’un très long moment de tension, neuf mois de concentration. Commencer un livre, c’est plutôt facile. Le terminer demande beaucoup d’entêtement.

Comment décririez-vous votre rapport à l’écriture et votre  univers?
Je ne considère pas l’écriture comme un métier, mais incontestablement comme un travail. Et des plus rudes. Je suis lent et laborieux, je remâche, je corrige, j’affine sans fin, je recommence. J’ai davantage l’habitude de réécrire que d’écrire. Mais depuis que j’ai ouvert un blog, je teste aussi une écriture plus lâchée, plus directe et nerveuse. Et puis j’édite, aussi. Contrairement à certaines idées reçues, je suis venu à l’auto-édition non par dépit de ne pas trouver preneur dans l’édition traditionnelle, mais après avoir été édité ailleurs. J’ai découvert, depuis que je suis « éditeur », que faire le livre me passionnait tout autant que l’écrire.

Quels sont vos projets actuels ?
Je sors ce mois-ci une plaquette en hommage à Louis-Ferdinand Céline, aux éditions du Pré-Carré. Je trouve tout à fait judicieux que Céline ait été retiré des célébrations officielles, parce que cela donne champ libre pour le célébrer officieusement. Plus globalement, j’espère à l’avenir continuer à alterner des livres « grand public » (tout est relatif)  chez des éditeurs ayant pignon sur rue, et des expériences plus personnelles, plus underground, au sein de ma maison d’édition, « Le Fond du tiroir ». En l’occurrence, je prépare à la fois un roman RELATIVEMENT traditionnel, inspiré d’une vieille histoire paraguayenne, et un livre tout à fait impossible, peut-être même illisible, un OVNI où j’entreprends de traduire le quotidien en alexandrins rimés, c’est-à-dire repeindre l’éphémère aux couleurs du sublime.

Que diriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans une  aventure comme celle-ci ?
« Ecoute tout le monde, et ne sois d’accord avec personne. Évite aussi, si possible, d’être d’accord avec toi-même. »

  1. Alinoé
    18/02/2011 à 13:40 | #1

    J’ai lu par dessus l’épaule d’une dame dans le tramway mercredi 16 février
    l’article dans le journal gratuit, attirée par la photo accompagnant l’article.
    Mais c’est Fabrice Vigne, parle-t-on du spectacle de vendredi 18 février ? Non,
    on présente deux écrivains locaux.
    Et bien, l’article prend la même place que la photo, à savoir il ne reste
    qu’environ 10 % de ce que vous avez envoyé.
    Vous avez bien fait de mettre vos réponses in extenso ici !

  2. fred paronuzzi
    19/02/2011 à 12:33 | #2

    « On n’écrit pas pour faire plaisir à sa famille. Il y faut des motivations plus solides. »
    C’est absolument vrai. Mais la famille (dont l’avis, malgré soi, importe beaucoup trop) vous le fait parfois payer… sans aucune mauvaise intention, d’ailleurs. Publier un livre, c’est quand même se mettre à poil…

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