Bibliomane


Comment ne pas avoir de la sympathie, voire de l’empathie, pour ce bibliomane dont la maison est décorée de livres et qui désire toujours des livres nouveaux y compris ceux auxquels il ne peut rien comprendre ?
Cette image est extraite de La Nef des fous, best-seller de la Renaissance, publié initialement en 1494, écrit par Sébastien Brant et illustré par divers artistes, dont Dürer.
Il est remarquable que dès les débuts de l’imprimerie, inventée rappelons-le vers 1454 d’abord pour diffuser la Bible et autres écrits saints, les ouvrages les plus célèbres et les plus diffusés étaient non pas les pieux et les austères, mais ceux qui faisaient marrer leurs lecteurs.
Celui-ci, puis l’Éloge de la folie d’Erasme, Rabelais un peu plus tard…Dans le cas du Bibliomane, nous avons de surcroît sous les yeux une délicieuse mise en abyme : les livres existent à peine que déjà nous pouvons nous foutre gentiment de la fiole de ceux qui compulsivement les accumulent.
Le saviez-vous ? L’étymologie du mot incunable, qui désigne les livres imprimés au XVe siècle, entre 1454 et 1500, a partie liée avec le grand éclat de rire scatologique, puisqu’il signifie littéralement dans le berceau, voire dans les langes, dans les couches… Me revient cet aphorisme de Borges : La vie se termine comme elle commence, dans les cris et le caca.
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