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Buznik a encore frappé

L’individu Buznik, autoproclamé « iconosémiophage procrastinateur », et pourquoi pas je vous le demande, est un drôle d’animal, barbu, curieux, rigolard et obstiné, qui manie le crayon, le stylo, la photo, et divers outils de même registre. Il a notamment orné de ses illustrations un conte de Voltaire (écrit en 1748 à propos de la guerre USA/Irak, oui, sans charre, vérifiez) et un recueil de blagues scatologiques, c’est dire si sa palette et son esprit sont larges. Entre ces deux tendances, il m’a en outre refait le portrait (qu’on peut voir à la fin de cet article-là). C’est parce que nous nous fréquentons. Nous nous donnons des nouvelles de loin en loin, en quelque sorte il me surveille, il a un plan caché, il attend qu’une adaptation cinématographique de TS voit le jour : il tient à jouer le rôle de M. Bernardini, il se l’est mis de côté, me le rappelle à l’occasion… (Pourquoi pas, chacun son truc. La date du casting n’est pas encore fixée.)

Dans le civil, c’est à Madame l’Éducation nationale qu’il vend ses talents de bricoleur pince-sans-rire, à un poste spécialisé, un peu protocolaire et beaucoup anar, particulièrement acrobatique, de vigie dans les naufrages scolaires. Aussi l’ai-je naturellement prié de lire et, le cas échéant, de commenter mon petit naufrage perso en terre enseignante l’an dernier, dont j’ai fini par rédiger le compte-rendu avec six mois de retard. Pour ceusses qui n’étaient pas là à l’époque, il s’agit de ma participation à l’opération À l’école des écrivains au collège de la Villeneuve de Grenoble, à la suite de laquelle j’avais écrit un feuilleton en quatre épisodes (l’épisode-clef se trouvant ici, pour les autres vous n’avez qu’à suivre les flèches).

Quelques semaines plus tard, je reçois par la poste les « commentaires » du gars « Johnny » Buznik. Il ne s’est pas contenté de m’envoyer trois lignes de courriel. Il s’est fendu d’un livre, carrément, l’homme est fort généreux sous ses dehors nounours, un livre rien que pour moi, un livre intitulé Petit traité de microsociologie scolaire (pourquoi pas etc). Une centaine de pages, disposées dans un porte-vues avec un art consommé du sampling, du cut-up, et de l’ironie, où il dévide à loisir ses bobines icono-sémio-truc, où il déploie et annote maintes sources documentant en vrac la politique éducative, nationale et locale, le quartier sensible de la Villeneuve, les gens qui y travaillent, ceux qui y vivent, Jo Briant « dernier des Mohicans » , et jusqu’à ma personne publique et privée (il a même dégoté une photo où paraît-il je suis le sosie de Françoise Sagan). L’effet regard éloigné : j’ai beaucoup appris dans cette somme exemplaire, dans cette recherche en réseau minutieuse et taquine, y compris sur moi, y compris sur nous. J’ai appris entre autre qu’il est bon de diffuser son propre ressenti d’une situation de crise. On diffuse, on reçoit les retours, on partage, on ouvre ! On arrive même à en rire… Ça ne guérit pas la société, mais ça soulage l’individu. Un peu.

Merci Buznik

(Et pendant que la crise sociale et éducative se poursuit, la crise nucléaire fait diversion, pas du tout incompatible, on cumule, les psychés finissent atomisées, l’uranium aussi, champs de ruines toxiques l’un sur l’autre… Mais on n’a pas envie de filer des métaphores, on a envie de se taire, là. En réalité je ne pense qu’à ça. Que dire ?…)

 

  1. fred paronuzzi
    16/03/2011 à 18:56 | #1

    Ce Buznik m’a l’air fort facétieux…

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