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Irisation

Aimanté, six mois plus tard je me trouve à nouveau dans le plus beau pays du monde, mais cette fois-ci versant adriatique.

Je visite un somptueux palais ducal de la Renaissance, perché sur un rocher et transformé en musée car la démocratie exige que les chefs d’oeuvres des collections privées ducales soient mis à la disposition de la populace, dont je suis, bien qu’étranger.Je me suis gorgé les yeux d’Uccello, de Raphaël, de Piero della Francesca… Je n’ai pas pris de photos. Je ne prends jamais de photos dans les musées. À quoi bon prendre un cliché qui sera moins bon qu’une carte postale ou une reproduction sur Internet ? Pour « faire des souvenirs » ? Allons donc ! Mes souvenirs se font très bien sans cela, merci.

Mais aujourd’hui, par exception, j’ai eu l’impulsion, j’ai photographié. J’ai photographié ne oeuvre qui n’existait pas. Une oeuvre en train de se faire sous mes yeux. Que j’étais peut-être seul à voir. Que j’aurais voulu montrer à ceux qui l’auraient loupée, peut-être. Je me souviens que Doisneau répondait quelque chose dans ce goût-là quand on lui demandait pourquoi il prenait des photos : c’était disait-il pour que les absents, mais aussi bien les présents qui n’y avaient vu que du feu, puissent eux aussi profiter de ce que lui avait vu.

Un vitrail, une fenêtre composée de 60 carreaux en couleurs subtiles, se reflétait devant moi sur un voile qui frémissait doucement en protégeant les tableaux du soleil d’hiver. Oeuvre cinétique et éphémère, métamorphosée insensiblement et en continu. Celle-ci, ni moi ni personne ne la retrouvera jamais sur Internet. « Faire le souvenir » s’impose.

Clic.

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