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Articles taggués ‘Le Fond du Tiroir’

Ceci n’est pas une pipe, mais un cigare est un cigare. (Fume, c’est du belge.)

18/05/2010 2 commentaires

L’autre jour, mains ouvertes et yeux fébriles, porté par je ne sais quel sublime enthousiasme ou je ne sais quel apéro géant, je me suis, à mon propre étonnement, retrouvé en train de résumer à mon interlocuteur, en trois quasi-maximes concises et compactes comme autant de diamants, le projet éthique et esthétique non seulement du Fond du Tiroir, mais de toute littérature. Je vous en fais profiter, ce serait dommage de laisser perdre.

En tant qu’écrivain et éditeur, j’affirme qu’écrire et éditer sont deux tâches diamétralement distinctes, et peut-être même antagonistes, pour la raison ci-après énoncée.

1 – En littérature, l’on écrit ce que l’on peut.

2 – Et c’est déjà beaucoup (cf. Romain Rolland : « Un héros, c’est celui qui fait ce qu’il peut. Les autres ne le font pas. »)

3 – Mais l’on publie ce que l’on veut.

(Post-scriptum pour consoler ceux qui en lisant le titre s’attendaient à un article plus olé-olé : ceci est une pipe.)

Ils sont beaux ils sont frais ils sont neufs

16/01/2010 2 commentaires

… les livres au Fond du Tiroir.

Ce n’est pas qu’on s’ennuie mesdames et messieurs en la présence les uns des autres, mais nous ne sommes pas là pour bavarder aimablement. Vous aurez sans doute remarqué que nous avons des livres à vendre, aussi, sur ce blog, si nous espérons en publier d’autres. De votre point de vue, ce sont des livres à acheter.

Le catalogue 2010 du Fond du Tiroir est désormais en ligne, à imprimer, garnir et nous retourner. Aimablement.

Et puis voilà, sinon tant pis. L’autre matin, la chronique de François Morel m’a bien fait rire au passage de cette saillie : « … Et s’il a absolument besoin de s’exprimer, il n’a qu’à écrire comme tout le monde son blog, que de toute façon personne ne lira puisque chacun est occupé à écrire le sien. » Éternel ressort comique de la vanitas vanitatis 2.0 !

Ouf.

31/12/2009 un commentaire

I'm on my way

L’année du Flux se parachève avec et sans nous. L’élégant marque-page conçu par Patrick « Factotum » Villecourt pour orner ce libretto se périme simultanément, tant pis, il est là, il demeure, élégant pour toujours.

Un bilan du vieil an 9 ?
– Trois livres publiés (deux au FdT et un
nulle part, mais très beau tout de même),
– 50 articles postés sur le blog,
– des commentaires de visiteurs à la pelle (davantage lorsque je cause politique que lorsque je cause littérature, tant mieux ? tant pis ?),
– deux ou trois cuisantes polémiques,
– une bonne douzaine de représentations des Giètes pour mon registre « intermittent sans cachet »,
– de la fécondité et de la stérilité par intermittence,
– l’asso FDT
créée en bon et due forme,
– quelques bonnes rencontres,
– quelques beaux voyages, dont un à Copenhague au mois d’août avant tout le monde, quand on avait espoir qu’il s’y passe quelque chose en décembre,
– des demi-nuits d’insomnie passées à faire des réussites débiles, ou à regarder sur Youtube des trucs comme ci ou comme ça, non mais je vous demande un peu,
– des citations dans ma besace (la palme de la phrase qui condense au mieux l’année 2009 revient à Hugo Chavez : « Si le climat était une banque, vous l’auriez déjà sauvé »),
– des joies,
– des frustrations,
– la grippa,
– une crise (partout-partout) aigüe d’eczéma,
– des « nouveautés » et leur contraire (c’est quoi, le contraire de la nouveauté ? c’est un truc qui disparaît discrètement – exemple :
Zazieweb, le seul site littéraire coopératif qui recensait le Fond du tiroir dans son annuaire de petits éditeurs, et qu’on a le droit de regretter pour mille autre raisons),
– des lectures, des écritures, du pain sur la planche, la vie.

De feu 2009, retenons aussi un film souvenir : la « géniale » fête du livre de Villeurbanne a mis en ligne un clip de poétique autopromotion où l’on m’entend me fendre d’un petit compliment. Une caméra se baladait dans le salon, qui demandait à chaque stand « Si vous deviez définir la Fête de Villeurbanne en un seul mot, ce serait ?… » J’ai improvisé une gentillesse paradoxale, j’ai fait le malin, et cela a eu l’heur de plaire au monteur de ce film, puisque ma contribution est finalement la seule reproduite in extenso.

Et demain ? L’an qui vient ?

La Mèche sera peut-être le prochain livre publié par le FdT. Entre temps un autre livre sera rapatrié dans le tiroir…

Les démêlés judiciaires avec l’éditeur initial de deux de mes ouvrages, Castells, sont récemment parvenues à un tournant, qui permet au FdT d’envisager en toute sérénité l’édition de la version revue et corrigée, définitive, de La Mèche – du moins, dès que les phynances le permettront. Je ne vais pas vous déballer comme ça aussi sec le bilan financier (vous n’êtes pas adhérent de l’association, que je sache), mais sachez qu’une certaine somme dort sur le compte de l’asso, et que nous visons au moins le double avant d’entreprendre une production (et une distribution ?) correctes de la Mèche. Mais dans l’intervalle, une autre source ponctuelle de revenus pourrait surgir : Castells a rendu les droits non seulement sur la Mèche, mais aussi sur mon recueil de nouvelles, Voulez-vous effacer/archiver ces messages. Il existe quelque part un stock d’invendus de ce livre introuvable, quelques 400 volumes. Si je parviens (à quel prix ? on verra…) à mettre la main sur ce trésor, j’en ferai don illico à l’association, et ainsi ce recueil deviendra le cinquième livre du catalogue. Ce retour au bercail serait non seulement très heureux, puisqu’il rendrait cette œuvre de jeunesse (que je suis loin de renier, oh câlibouère, bien loin) à nouveau disponible, mais également tout-à-fait cohérent : cet ouvrage a beau avoir été conçu pour le compte des défuntes éditions Castells, il n’en constitue pas moins la première collaboration entre le précité Factotum et moi-même. Il s’agit donc, en quelque sorte, d’un livre « pré-FdT » sans lequel les suivants n’eussent tout bonnement pas existé.

Parfois, l’on me demande « Alors, tu sors bientôt un livre ? », et je réponds tant bien que mal, « Ben, regarde, je viens de faire quatre livres en un an, là, au Fond du tiroir… », mais l’argument semble irrecevable lorsque l’on s’intéresse, fort aimablement du reste, davantage à ce que je « sors » qu’à ce que je « fais », et l’on me rétorque, « Non, mais des VRAIS livres, je veux dire ? » Ah, oui, d’accord, ces livres-là…

Au chapitre du « vrai », doit-on attendre une publication sous mon nom en 2010 ? Oui, j’espère bien. Je viens de terminer (d’où le titre du présent article – presque « ouf » à dire vrai, puisque quelques bricoles restent à fignoler) un roman dont la conception aura été ridiculement longue, presque trois ans pour en venir à bout, des allers et retours incessants entre certaines idées qui me chatouillent et des agencements romanesques d’autant plus laborieux que je les veux impeccablement fluides. Bref, ce roman, cette séquelle, pourrait paraître chez Magnier l’an qui vient – si tout va bien, c’est-à-dire si Magnier en veut, car la question n’est pas absolument réglée. Je crois que ce bouquin sera très bien, même avec son gros défaut : deux ans de retard.

Allez, l’histoire avance, avec, et sans nous. « I’m on my way ! »

Je me souviens du film Dick Tracy de Warren Beatty, kitsch et clignotant comme un sapin de noël. Je me souviens d’une interview de Beatty, à qui un journaliste demandait quelle mouche l’avait piqué, pourquoi diable un type aussi sérieux que lui, acteur respecté, auteur capable de Dix jours qui ébranlèrent le monde, mais pourquoi donc le prestigieux Warren Beatty s’était-il entiché de cet héroïsme régressif de comic strip, de ce défenseur de la loi au premier degré pop, de cet archétype infantile en imper jaune ? Pourquoi ne sortait-il pas de vrais films, plutôt ? Beatty avait répondu un truc du style : « Poser un chapeau sur ma tête, enfiler un imper, regarder ma montre, m’exclamer I’m on my way !, et partir en courant à l’aventure, figurez-vous que ça m’excite. » Je cite de mémoire, mais j’ai parfaitement retenu l’esprit de cette explication alors que j’ai pour l’essentiel oublié le film lui-même.

I’m on my way, c’est suffisant, c’est optimiste tout de même, c’est énergique, c’est juvénile, c’est disponible, c’est solaire comme un ciré, c’est fort judicieusement naïf, c’est parfait, en guise de vœux pour un nouvel an.

La peau de la Mèche

18/09/2009 5 commentaires

la-primo-meche

Au départ, il y avait La Mèche, livre joyeux et crypté, délicieusement enluminé par Philippe Coudray, édité par les éditions Castells à l’automne 2006. Tout de suite après, les éditions Castells se sont évanouies dans l’éther, avant d’avoir jamais donné de distribution sérieuse à ses livres… et j’en ai le coeur brisé, parce que je considère La Mèche comme mon livre potentiellement le plus grand-public. Il n’a pas « trouvé son public », comme on dit pour se consoler. Je l’ai défendu autant que j’ai pu – cf. cette exégèse dont j’ignore si elle était judicieuse… Mais attention, si vous lisez ce mode d’emploi en entier, certains secrets vous seront dévoilés, tant pis pour vous… Il vaut mieux ne lire la résolution qu’après avoir lu La Mèche… Ce qui est difficile, puisqu’il est introuvable… Vous saisissez le truc ?

Je supposais que plus aucun exemplaire n’était en circulation, mais je viens de remettre la main sur 8 (huit !) exemplaires de la Mèche, des invendus qu’un libraire tentait depuis plus d’un an, le malheureux, de restituer à l’introuvable Castells… Si quelqu’un dans la salle est preneur, qu’il m’écrive. Bon, ce microstock tombé du ciel peut dépanner, souder pendant la disette, mais ce n’est pas lui qui va, à proprement parler, faire exister ce bel ouvrage.

Depuis trois ans, je frappe aux portes des éditeurs et j’essaye de les convaincre de la beauté, de la malice, et de l’originalité de ce conte post-moderne… Peine perdue. Personne, personne, personne n’en veut. Pire que la fin de non-recevoir ordinaire, on me déclare à l’occasion : « Oui, c’est très bien. Mais je n’en veux pas, parce qu’il a déjà été édité… Je veux de l’inédit, je suis un éditeur qui découvre, pas un recycleur… » Double peine, donc : les éditions Castells n’ont pas permis de faire vivre ce livre, mais l’empêchent, de facto et post-mortem, de renaître ailleurs.

Je me résous, non sans soupirs, à l’éditer au Fond du tiroir. Mais je sais pertinemment que c’est un contre-sens : le Fond du tiroir a été conçu pour des expériences confidentielles et underground, pas pour des romans jeunesse grand-public (ces romans fussent-ils eux-mêmes très expérimentaux, et bizarroïdes). Intégrer La Mèche au catalogue du FdT certes m’attire (revendiquer enfin pleinement la production de cet opus qui m’est cher), mais change mes plans… Pour bien faire, c’est-à-dire pour donner à ce livre la visibilité qu’à mon sens il mérite, il me faudrait travailler avec un distributeur… Modifier très sensiblement la structure et les ambitions du tiroir ailé… « Fond du tiroir distribué » est un oxymoron.

J’en suis là de mes réflexions ( « Vive l’oxymoron nom de Dieu ! »), qui achoppent sur l’aspect financier des choses… Un distributeur, ça coûterait cher… De toute façon, les caisses du FdT sont vides (la crise que voulez-vous, la crise partout partout), et si je réimprime, ce sera quelque part, loin, en 2010… En attendant cette résurrection fantasmatique, je remets une dernière fois le texte sur le métier, je relis et recorrige La Mèche… Puis une nouvelle dernière fois… Puis une autre dernière fois… Puis une quatrième… Je l’aime énormément, ce livre, comme si je l’avais écrit ce matin. Et j’échange quelques mails avec Philippe Coudray. Sa couverture (ci-dessus) me convenait parfaitement, mais Philippe me suggère (Patrick F. Villecourt abondant dans son sens) qu’un changement d’édition se marque plus naturellement et plus fermement par un nouvel emballage.

Philippe : Le fait de changer la couverture est peut-être nécessaire si le livre a déjà été distribué (sinon les libraires risquent de le refuser parce qu’il reconnaîtront un livre qu’ils ont déjà vu). Maintenant, il faut trouver une idée de dessin de couverture. Je vais y réfléchir. Si tu as des idées, n’hésite pas !

Mézigue : Voilà la première idée qui me vient, brainstorming sous un crâne à moi tout seul. La mèche, c’est à la fois la bougie et le secret… Ce double sens m’évoque des jeux d’ombres et de lumière… Reprendre les deux personnages qui se font face, et jouer sur les secrets qui se cachent dans leurs ombres, de part et d’autre puisque la bougie est au centre… En outre, l’un des « secrets » en jeu dans le livre, c’est l’âge de Lila : au début, elle fait croire qu’elle est une petite fille, et à la fin elle avoue qu’elle est une adulte – or les ombres permettent des illusions sur la taille des personnages… Est-ce que cette improvisation te cause ?

Eh bien oui, elle lui a causé : en un rien de temps, ce grand professionnel m’adresse la maquette suivante :

la Mèche bis

J’émets des remarques : Effectivement, les ombres portées donnent à la couverture un aspect beaucoup moins premier degré. C’est intéressant, et pertinent pour une réédition : variation sur le même thème, mais avec une ambiguïté en plus… En outre, graphiquement parlant, j’aime bien l’ajout de la base bleue au sol.
J’ai toutefois une réserve, qui porte sur les deux « visages » des ombres :
– Lila « adulte » semble porter une coupe afro, et on se demande pourquoi. Je suggère qu’elle porte plutôt une queue de cheval, comme celle que porte sa maman telle que tu l’as dessinée. Ainsi, une autre ambiguïté s’ajoute, sous-jacente : le couple d’ombres, sont-ce les parents de Lila, ou alors Lila plus tard, avec son mari, qui sait ?
– Quant à l’ombre du visage du père Noël, je la préfèrerais de profil : ainsi, on pourrait voir en majesté le tarin proéminent (voire, les lunettes) qui est (qui sont) le (les) signe(s) distinctif(s) du papa.

– Mais surtout, je trouverais préférable que les deux ombres soient de profil pour qu’on ait l’impression qu’elles se regardent ! qu’elles partagent le secret, en silence, mais sans se quitter des yeux… une complicité père-fille, une relation « de mèche » dans l’ombre, au fil du temps… Qu’en dis-tu ?

Et cet immense professionnel de me renvoyer ceci, dans la foulée, intégrant scrupuleusement mes desiderata :

la-meche-ter

Cette fois, sans nous vanter, nous sommes bons. Plus qu’à.

Plus qu’à ronger son frein, oui, attendre Noël… Pour tromper l’impatience, intéressons-nous à autre chose. Le monde est si vaste. Philippe Coudray, authentique original, à l’ancienne, s’intéresse ainsi à la cryptozoologie, et en a fait le sujet de son dernier livre. Hé ben mon vieux.

Ou bien, pour faire le lien avec l’article précédent, on peut continuer de s’intéresser au sort des sans-papier et prendre dans ses bras le petit Chama Dieumerci, 6 ans. Comme Philippe Coudray (photo 10 du diaporama) ou moi-même (photo 30).

Le Fond du tiroir, deuxième époque

02/06/2009 un commentaire

tiroir sans fond (merci Cécile)

J’annonce un tournant dans l’histoire.

La première époque du Fond du tiroir est désormais close. Pour mémoire, elle aura duré un an et 5000 euros. Rappel de l’origine : une somme de 5000 euros m’échoit par surprise grâce à l’un de mes livres ; je décide d’engloutir la somme dans la conception d’autres livres, en un geste joyeux de flambante et flamboyante liberté. Mission accomplie : un an de consumation plus tard, mon bilan comptable établit grossièrement que les quatre ouvrages publiés par le FdT (toujours en vente), à savoir l’auto-crypto-portrait nocturne ; la carte de vœux tout-en-un/faire-part de naissance/avis de décès ; l’abécédaire en authentiques couleurs charnelles ; et le reportage viscéral en plein non-lieu, m’auront côuté quelques 8000 euros, et rapporté 3000. La cagnotte dépensée, passons à autre chose.

La seconde époque s’ouvre aujourd’hui. Les statuts de l’association loi 1901 « Le fond du tiroir » ont été déposés à la préfecture la semaine dernière. La présidente de l’association est Laurence Menu (merci beaucoup madame la présidente – vous pouvez en cas de besoin lui écrire à l’adresse presidente(arobase)fonddutiroir.com) ; le secrétaire en est Laurent Vigne (tiens ? ce nom me dit quelque chose) ; et la trésorière Sylvie Villecourt (tiens ? celui-ci aussi).

Dès que l’association aura son compte en banque, nous pourrons déclarer ouvertes les adhésions. Mais oui, mesdames et messieurs, vous pourrez adhérer au Fond du tiroir, pour la somme dérisoire de 5 euros. À quoi bon ? Eh bien, l’adhésion vous procurera, outre la superbe carte de membre en relief confectionnée par l’habile factotum de la maison, outre les 5% de remise que l’on vous offrira désormais gracieusement sur les ouvrages du FdT (non, vraiment, je ne peux pas faire davantage, la loi Lang, vous comprenez, et puis la crise, partout-partout), vous en tirerez l’inappréciable satisfaction de soutenir cette jeune structure de création et d’encourager ses prochaines publications.

Quant à moi, je confie à l’association les stocks de livres, et je me retire. Je vais travailler un peu.

Je m’en vais, donc, sans annoncer de date de retour. Les interventions sur le blog seront rares dans les mois qui viennent. Je sais, j’ai déjà fait mes adieux plusieurs fois ici, pas la peine de me chambrer, hein ! J’ai le droit de m’en aller ET le droit de me contredire si jamais je reviens dans trois jours. Je vous f’rai dire que « Parmi l’énumération nombreuse des droits de l’homme que la sagesse du XIXe siècle recommence si souvent et si complaisamment, deux assez importants ont été oubliés, qui sont le droit de se contredire et le droit de s’en aller. » (Charles Baudelaire, Préface à sa traduction des Histoires extraordinaires de Poe.)

Un peu d’accordéon avant de nous quitter : connaissez-vous Chamboultou ? Ce n’est pas que le titre d’un album des Têtes raides, c’est aussi le nom d’un petit groupe de « punk champêtre » disent-ils, en Normandie, un peu comme les Glaviots dans une chanson des Wampas… Ils ont commis une jolie chanson au titre évocateur, très écoutable ci-dessous :

Réunion = séparation

04/04/2009 3 commentaires

Lewis Trondheim à propos de "Ile Bourbon 1730" : "Grâce à ce livre, je vais sûrement me faire ré-inviter par le festival de la Réunion."

Une cat’ de couv’, je tourne le dos, la page aussi, au revoir, adieu, brisons là, je vous quitte, je pars, je suis parti. J’aurai la tête et le reste ailleurs, et n’alimenterai plus ce blog durant au moins une quinzaine – sans doute bien davantage.

Joyeux Presqu’anniversaire ! 9 avril 2008 – 4 avril 2009. Presqu’un an de travail de Fond dans le Tiroir, quatre livres s’il vous plait. Presqu’un an de blog, presqu’une centaine d’articles.

J’aime beaucoup les boucles bouclées, mais je crois que je leur préfère encore les boucles presque bouclées. Les cercles légèrement cabossés et discrètement ouverts, amorces de spirale, par ma chandelle verte. C’est dire s’il est grand temps, à un an moins cinq jours, de faire une pause.

Paradoxalement, l’occasion de cette séparation est fournie par la Réunion. Je m’envole voyez-vous, et c’est inespéré, vers ce gros bout de roche volcanique en plein océan indien qui, pour d’intéressantes raisons historiques, est français, département 974. Jamais encore mes livres ne m’avaient porté si loin, je me sens plein de chance, aussi de gratitude, et de curiosités, je vais voir du pays…  Moi qui, parfois, lors de rencontres scolaires, pontifie aux mômes : « Pourquoi j’écris ? Pourquoi je lis ? Parce que les livres sont un contact entre moi et le monde… On n’a pas tellement le choix, à dire vrai, pour chopper ce contact : soit les livres, soit les vrais voyages avec baluchon. Puisque je ne voyage pas, je lis, j’écris... » Bon, eh bien  je voyage, cette fois.

Je pars grâce au dispositif A l’école des écrivains, des mots partagés piloté par la Maison des écrivains. Je rencontrerai des classes du collège Terre-Sainte, de Saint-Pierre de la Réunion. À tout de suite, jeunes gens, jeunes filles.

Et j’en délaisse mon blog. Un bilan, tant qu’on y est ? Au terme de ce presqu’an de pratique, mon sentiment sur la blogosphère a-t-il évolué ? Eh bien, presque. Voilà comment je me figure la chose. Un blog, au fond, c’est Speakers’ corner, la liberté de parole en preuves et en cause-toujours, mais exponentialisée dans l’espace infini du virtuel… Tous les jours en dimanche, et le vert du gazon… Un hurluberlu débarque dans Hyde Park, déplie son escabeau, grimpe dessus, et clame à la cantonade les choses qu’il croit devoir clamer. Qui l’écoute ? Les badauds désœuvrés, les promeneurs en quête d’une diversion, une poignée d’amis aux oreilles pré-acquises, à l’occasion quelques adversaires de fortune, ravis de croiser le fer parce qu’eux aussi aiment s’exprimer le dimanche, et surtout la foule de hasard, incertaine, distraite et sans visage, en pardessus et adresse IP. La blogosphère est l’impressionnante juxtaposition de  centaines, de milliers, de millions (allez savoir) de Speakers’ corners simultanés, et d’autant d’hurluberlus. Avantage sur le vrai Hyde Park : la possibilité d’établir un lien d’un hurluberlu à l’autre, un clic d’un coin du parc à un autre. Ah, et puis dans le virtuel il ne pleut jamais, aussi.

Je descends de mon escabeau.

Hasard objectif : j’avais repéré un autre hurluberlu avec un autre message que le mien, mais avec le même porte-voix, un autre blog qui s’appelait le Fond du Tiroir… Homonyme non apparenté, vitrine d’un styliste-designer. Eh bien cet autre FdT vient de replier son escabeau, on n’aboutit désormais qu’à une page vide qui prétend « LE FOND DU TIROIR IS DEAD ! »

Dead ? Ça me ferait mal. Je le saurais. Pour évacuer l’effet néfaste de ce que l’on pourrait prendre pour un présage, on peut relire d’anciens articles ici même, alive and kicking. Sur la centaine d’articles, certains étaient par nature périssables, contingents, emportés par le Flux, à jamais illisibles ; d’autres cependant vieillissent bien, ou alors ne vieillissent pas encore, et peuvent être lus longtemps après. J’aime bien celui-ci, par exemple. Je le trouve bien balancé.  Un écrit « de contact entre moi et le monde », pour le coup. Bon équilibre entre « je parle de moi » et « je parle du monde ». Équilibre précaire, toutefois. Pensez : un escabeau.

À plus tard. À l’aventure !

Miaou

16/03/2009 un commentaire

Namedropping

Le grand jeu, mesdames et messieurs : je dégaine ci-dessus la dédicace que m’a offerte Philippe Geluck. Regardez : il a même écrit « amitiés », mot rarissime dans les rituels de dédicace, comme chacun le sait !

Je peux donc tenter de vous faire croire que Geluck, c’est mon pote, que lui et moi entretenons une relation privilégiée, une complicité de longue date, faite de respect mutuel et d’inoubliables fous rires (ah, il est super sympa, si vous saviez), et qu’il m’encourage sans cesse à persévérer au Fond du Tiroir, « si je peux te faire un petit dessin pour ton blog, c’est avec plaisir ».

Tout ceci n’est absolument pas vrai. En revanche, comme tout le monde, j’aime bien le Chat de Geluck, son humour charmeur, malin (qui donne l’impression d’être intelligent parce qu’on a saisi la finesse), et consensuel. Si je l’appelle à comparaître aujourd’hui, c’est pour me faire chat moi-même. Je veux me montrer charmeur, malin et consensuel, parce que j’ai un truc à vous demander.

Voilà : il est plus que temps que je régularise la situation du FdT, et que je le dote d’un vrai statut. D’abord, parce que le flou fiscal finit par être embêtant, et le retour de bâton serait pénible ; ensuite, parce que je m’achemine, à moyen terme disons, vers l’édition d’un livre qui, contrairement à mes expériences underground antérieures, mériterait une distribution digne de ce nom – qui nécessiterait, si jamais on arrive jusque là, une véritable identité pour ma petite entreprise (si j’ose employer ces trois mots, un jour de deuil).

L’identité la plus raisonnable pour le FdT serait l’association loi 1901. Avec des statuts déposés, un président, un secrétaire, un trésorier – même si ces rôles ne sont pas indispensables. Or, moi, je n’ai guère envie de m’occuper de ces démarches qui me semblent un peu fastidieuses. Pour la faire courte, j’ai envie d’écrire des livres, pas des statuts.  (et si je voulais la faire longue, j’ajouterais que symboliquement ET materiellement, c’est bon d’être épaulé.) Quelqu’un se sent de prendre en charge l’affaire, dans la salle ? J’en appelle aux bonnes volontés ! « Faites comme le Chat de Geluck : soutenez le Fond du Tiroir ! »

Et ton coeur et mon coeur sont repeints au vin blanc

09/03/2009 un commentaire

Rebelle en ayant un stand ?

« Il n’y a pas d’éditeur, il n’y a que des preuves d’éditeur ». (C’est de qui, ça, déjà ? Jean Cocteau, je crois, ou Pierre Reverdy, je ne sais plus, ou alors je me goure.) Quand j’ai reçu la plaquette du Printemps de Grenoble, j’ai bien ri en constatant que le Fond du Tiroir était coincé, par ordre alphabétique des éditeurs régionaux invités, entre les éditions du Dauphiné libéré, et la Maison de la poésie en Rhône-Alpes. Ah oui, c’est bien sa place, tiens, juste pile, je le saurai si on me demande.

C’est dingue : le Fond du Tiroir ressemble de plus en plus à un éditeur, puisqu’il tiendra un stand dans un salon du livre. Vous pourrez venir à ce stand, comme pour de vrai, faisons semblant de rien, pour discuter et vous faire dédicacer des livres, par mézigue mais également par Marilyne Mangione, qui a aimablement accepté de faire le pied de grue en ma compagnie (vous allez voir comme nous sommes gracieux en pieds de grue). Nous serons sous le chapiteau du salon de Grenoble, du vendredi 27 mars au dimanche 29, par intermittence, selon arrivage des produits frais, voisinant comme par un fait exprès avec celui qui m’a présenté à Marilyne, Hervé Bougel, autre cowboy solitaire et fringant.

Et le Tiroir, au Fond, comment va-t-il ? Eh bien, pas si fort, pour ne rien vous cacher. J’ai traversé une mauvaise passe, de tristesse et de découragement. Pour certaines raisons déjà évoquées, mais aussi, plus profondément parce que le troisième livre qui vole de ses propres ailes, ABC Mademoiselle, m’a coûté les yeux de la tête (je suis loin d’avoir fini de le payer, j’ai dû faire un emprunt) et ne s’est pratiquement pas vendu. La crise mondiale (et même partout-partout) se fait sentir ici aussi, finalement. Les temps sont durs.

Certains jours je me demandais mélancoliquement si tout ceci valait la chandelle, si cette auto-édition avait un autre sens qu’un caprice à long feu comme certaines bonnes âmes me l’ont susurré dans mon propre intérêt, et je me trouvais fort misérable d’être réduit à cette situation dégradante, douloureuse et vulgaire (vulgaire au sens de sort commun, hélas) : en permanence je pensais au fric – au lieu que de penser en permanence au sexe, comme n’importe quelle personne normale et libre. Merde, je n’avais tout de même pas créé le Fond du Tiroir pour en arriver là… Autant tout laisser tomber… La tentation était grande de fermer le tiroir, placer la clef sous le paillasson et passer à autre chose. Un an à m’amuser, c’était joli.

Mais je prends en main l’ABC, je le feuillette, je le trouve incroyablement beau, mon plus beau, et ça me revient : ah, oui, c’est vrai, c’est pour cette joie-là, que je l’ai créé, le Fond du Tiroir. Pour faire mon plus beau livre à chaque fois. Alors je me remets au prochain ; il est quasi-prêt. Sans blague, ce sera mon plus beau.

Envoyons d’l’avant, nos gens ! Retrouvons l’allant, le printemps, et la curiosité. Tiens, ceci : je note avec intérêt que, tandis qu’à Grenoble le salon du livre choisit d’honorer « les graines de rebelles », celui de Villeurbanne (j’y serai le mois prochain) vient d’annoncer son thème pour 2010 : « Résistances ». Attendez, c’est quelque chose dans l’air, ou quoi ?

Rubrique « Du pain et des jeux », suite : sur le blog dudit salon de Villeurbanne, vous trouverez un concours amusant, 22 trombines à reconnaître, 22 résistants-rebelles qui avancent masqués. Moi, j’ai vu où je suis, mais qui sont les 21 autres ? Sur ce, pardon, mais je vais plutôt faire du pain. Et en cadeau ci-dessous, la Cosa mentale de Marilyne Mangione, c’est beau comme du bon pain.

Culture de masse

01/03/2009 2 commentaires

fonciforme

Patrick Villecourt, facétieux et perspicace homme de main du Fond du Tiroir, n’a pas que des qualités : il lit aussi Télérama. Du moins, chaque mercredi, il remplit consciencieusement la grille de mots croisés de cette auguste revue de télé-, comme son nom l’indique, mais aussi de culture (c’est la partie –rama). Or voilà que tout soudain Patrick me tonitrue : « Télérama parle de nous ! Vise un peu les mots croisés de cette semaine ! » Et de m’envoyer l’irréfutable montage ci-dessus (vous pouvez cliquer pour l’agrandir).

Effectivement. Nous sommes sauvés ! Si le FdT a enfin pénétré les pages cet officiel bulletin de la culture comme-il-faut, alors sa fortune est faite ! Le Tiroir ailé a achevé son destin, il a pénétré le goût dominant ! Mieux : il est le goût dominant ! Merci Télérama ! Fort de cette heureuse nouvelle, nous allons nous consacrer sereinement à la fabrication de notre quatrième « livre », qui sera tiré à bon marché quoiqu’à 1000 exemplaires (à peu près autant que les trois premiers réunis), et dont le bon de souscription mesdames et messieurs pourrait être disponible dès la semaine prochaine.

Ah oui, on ne traîne pas, on ne fait pas que des mots croisés, le quatrième est pratiquement prêt (mais c’est le dernier avant longtemps – ensuite plus rien d’ici l’automne, au moins)… Que voulez-vous savoir sur ce livre ? Son ISBN ? Vous êtes bien curieux ! Bon, d’accord, mais c’est bien parce que c’est vous : 978-2-9531876-3-2. Ne le répétez pas à n’importe qui.

(Pour de vrai, et pour l’anecdote, sans vouloir me hausser du col ni la ramener avec mon bouc, j’ai déjà été cité une fois dans Télérama, qui m’a qualifié de « sociologue » dans son n°2794 de juillet 2003, à propos d’un article que j’avais publié en revue : « Dans « Une Iliade ou une Odyssée ? Le voyage et son double », très belle étude qui nous a donné l’envie de savoir ce que voyage veut encore dire, le sociologue Fabrice Vigne laisse à son lecteur le soin de conclure etc…« , alors hein, c’est dire si je suis autorisé à en causer, de la culture de masse. Mais je vous laisse le soin de conclure.)

Quoi d’autre ? Ah, oui : en attendant l’avènement du prochain livre, vous pouvez vous occuper en lisant l’instructif échange qui vient d’avoir lieu sous un précédent article : ça barde, au Fond du tiroir. Je suis tricard en Tricastin, et plutôt triste, je l’avoue… Cherchez pas plus loin, c’est pour ça que je fais le clown…

« Du pain et des jeux ! » (Juvénal, 45? – 128?)

22/02/2009 2 commentaires

stylo habile

Hé… Psst… Vous cherchez quelque chose, citoyen ?

Ne prenez pas cet air innocent… Si vous vous promenez tout seul ici, c’est que vous cherchez quelque chose… Une petite diversion en temps de crise, peut-être ? Allons, citoyen, deux mots ! La recette du divertissement est connue depuis 2000 ans ! Apportez votre pain, et je fournis les jeux !

L’an dernier, j’ai quasiment inauguré ce blog en lançant à la cantonade un grand concours, avec à la clé non pas des dizaines, non pas des centaines, non pas des milliers de cadeaux, mais tenez-vous bien un seul magnifique lot à gagner ; et puis la solution a été trouvée par une perspicace lectrice dès le surlendemain.

J’ai voulu rééditer l’émulation ludique voici quelques semaines… Mais cette fois-ci, nul n’a répondu à mon grand jeu international. Je ne sais que conclure de ce silence… Personne (ni moi non plus, au fait) ne connaît la réponse à la trop difficile question que j’ai posée ? ou bien tout le monde s’en fout ? ou alors vous n’avez pas pris au sérieux le superbe lot que j’ai mis en jeu, l’authentique stylo série limitée FdT en vrai plastique et sa bille qui écrit sans bavures ni fautes d’orthographe ? vous avez jugé hâtivement qu’il n’en valait pas la peine ? Je n’ose le croire. (Cf. sur le document exclusif ci-dessus, notre suggestion de présentation : l’objet, discret, efficace, aussi pratique qu’élégant, vous sera d’un précieux secours en cas de dédicace impromptue de l’ABC Mademoiselle).

Après, il en fera ce qu’il voudra, l’heureux lauréat, de ce beau stylo… Il écrira des livres ou il cochera des cases sur un bulletin de Loto…

De ce côté-ci du Tiroir, oui, merci, on joue, on écrit. Patrick F. Villecourt et moi-même planchons sur notre quatrième expérience. Elle est très bizarre, je vous préviens, une drôle de tête en kit. Mais quand réussirons-nous à la publier ? Pas demain la veille ! Plus un sou vaillant, au fond du Tiroir ! Et vous, ça va, sinon ? Alors ? Cette crise mondiale ? Partout-partout ?